Décision (partie 2) :
1769, France…
Le mentor s’assit lourdement sur son siège de président du sommet. Il était encore très tôt, et la réunion devait durer toute la journée, bien que la Confrérie ait prévue une pause à midi ainsi qu’un banquet.
La plupart des Assassins présents avaient des visages ensommeillés et des cernes sous les yeux.
Il était évident que peu d’entre eux avaient dormis correctement.
Edouard frappa dans ses mains, en étouffant un bâillement.
-Je déclare ce sommet de nouveau ouvert.
Il y eut un instant de silence. Nathan Beaujardin avait posé ses pieds sur la table. Les McHubber se lançaient des regards de connivence. Le doyen des Shung-Lang donnait l’impression de somnoler. Igor Lenski avait la tête posée contre son poing, et affichait une expression de profond ennui.
-Je pense, dit le mentor, que l’évènement d’hier nous a tous choqués. Les traîtres se sont infiltrés plus profondément que nous le pension.
Mohammed Abdul-Seim leva la main.
-Nous suivons la Confrérie Française dans leur traque aux traîtres et nous mettons nos richesses à votre disposition.
-Merci, fit Edouard.
Pendant quelques secondes, toutes les familles se regardèrent. Puis, des mains commencèrent à se lever aussi. Une à une, dispersées, puis de plus en plus.
-Nous sommes avec vous, dirent les Selpio.
-La lignée des Rakish vous suit dans votre entreprise.
-Nous, les Okkopullos, nous acceptons votre demande d’aide.
-Les Enismel mettent leurs forces au service de la traque aux traîtres.
-Nous sommes à vos côtés, firent les Lagirard.
-Les Assassins de la Confrérie Américaine acceptent, lancèrent les McHubber.
-Les Elkow sont de votre côté, comme toujours.
Bientôt, toutes les familles acceptèrent la proposition de la Confrérie Française.
Le meurtre de la veille avait profondément secoués les Assassins, trop attachés à leurs individualités et trop sûrs d’eux. Personne n’avait vu le coup venir. Personne n’avait prévu que la famille Starshal cachait un véritable serpent. Ils avaient tous baissés leur garde, et ils ne se le pardonneraient jamais.
Leurs convictions avaient été ébranlées et ils s’étaient rendus compte que le danger était bien plus proche qu’ils ne le pensaient.
La mort du mentor Italien avait été le déclic.
Autours de la table, il ne restait que les Lenski et les Pietrchko qui avaient refusés de participer à l’opération.
Seuls les Shung-Lang ne s’étaient pas encore prononcés, ainsi que les Beaujardin.
La mère de Nathan se pencha vers son fils et lui souffla quelques mots. Le jeune homme ricana et se tourna vers le mentor Français.
-Nous acceptons.
Edouard Malroy lança un regard aux Shung-Lang.
Les Assassins Chinois se concertaient. Finalement, le porte-parole leva la tête.
-Nous aussi, nous sommes avec vous.
Quelques heures plus tard…
-Qu’avez-vous décidés ? fit Marie Malroy, alors que le soleil se couchait, faisant face à son époux.
-De créer une nouvelle branche dans la Confrérie, dédiée à la traque et à l’élimination des traîtres et des Assassins renégats. La particularité sera que cette branche comptera des Assassins de toutes les nationalités, de toutes les familles, et qu’elle sera financée non pas par notre seule Confrérie mais par toutes les lignées s’y étant engagées.
-Des Assassins d’élite ?
-Bien entendu. Ils seront triés sur le volet et subiront des tests éprouvants afin de déterminer si leurs aptitudes sont suffisantes pour intégrer cette unité. Le matériel et l’armement sera fourni par toutes les familles que je t’ai cité tout à l’heure, et chacune s’est engagée à fournir au moins l’un de ses membres pour qu’il entre dans l’escouade de chasse aux traîtres. Excepté les Lenski et les Pietrchko, bien sûr.
Marie Malroy haussa un sourcil.
-Tu peux répéter ?
Edouard soupira.
-Chacune des lignées participant à l’opération devra intégrer l’un de ses membres dans l’unité, afin que toutes y soient représentées, en plus des autres Assassins standards qui en feront parti.
-Et… Nous ? Les Malroy ?
Edouard resta un instant silencieux.
-Qui as-tu choisis pour faire parti de l’unité ? insista Marie.
-Lucien.
Marie regarda son époux dans les yeux.
-C’est un enfant…
-L’unité entrera en service dans trois mois. Lucien a encore le temps de se préparer. De plus, il a largement le niveau d’un Maître Assassin.
-Mais…
-Je ne compte pas l’y envoyer seul, Marie.
-Qui l’accompagnera ?
-Ca ne va pas te plaire.
-Dis le moi.
-Wyald.
La semaine se déroula sans encombre. De nombreuses activités furent organisées dans le Q.G, pour distraire les familles, telle qu’un tournoi, dans la cour d’entraînement. Les Assassins, de tous les pays, s’y affrontèrent à la course, à la lutte, au tir à l’arc ou au fusil, à l’équitation.
Le dernier jour avant le départ des grandes familles, la Confrérie Française prépara un somptueux banquet.
A l’occasion, des artistes virent divertir les invités. Les Djingi avaient amenés avec eux des jongleurs et des fakirs orientaux qui présentèrent des numéros à couper le souffle. L’un d’eux s’enfonça une dizaine d’aiguilles dans la gorge sans ressentir la moindre douleur.
La sœur aînée du porte-parole des Shung-Lang était une contorsionniste, et elle stupéfia toute l’assemblée en se pliant de diverses manières quasiment impossibles pour un être humain normalement constitué.
Des musiciens, des poètes et des comédiens passèrent à tour de rôle devant la gigantesque table où dînaient les Assassins.
En fin de soirée, les Lagirard organisèrent un petit numéro d’acrobatie équestre, dans la cour.
Enfin, le lendemain, les lignées firent leurs adieux. La cour se vida de ses chariots et de ses attelages. Les Elkow partirent en dernier et Ismard prit le thé avec le mentor Français.
Enfin, le dernier convoi disparut à l’horizon.
Lucien, à la fenêtre de sa chambre, sourit.
Enfin, il allait de nouveau pouvoir s’amuser.
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