It's Showtime !
- Voix d'annonceur japonais* : "Super Papy Rayman Deluxe Definitive Edition New Game Plus !"
- Regardez, Papy est revenu !
- Coucou Papy !
- Oh, ça alors, mais c’est les enfants ! Que j’avais hâte de vous revoir !
- Dit-il alors qu’il nous évite depuis plus de trois ans…
- Quelle méchanceté ! Et moi qui pensais que l’éloignement renforçait l’affection.
- C’est cela, oui. T’étais passé où, pendant tout ce temps ?
- Eh bien j’ai quitté la direction de mon entreprise familiale pour aller aider les démunis en Afrique.
- C’est vrai, Papy ?
- Bien sûr que non, abruti ! J’ai juste profité d’un long voyage pour me remémorer le bon vieux temps et pour régler deux-trois bricoles. Des amis à revoir, un nouvel air à respirer, une poignée de banques à braquer…
- Une poignée de quoi à quoi ?
- Comment, je ne vous ai pas raconté cette histoire ? Pourtant, il fut un temps où je braquais des banques tous les jours ! Je m’en souviens, même que je vivais à Los Angeles !
- Notre destination vacances !
- Continues comme ça, et je te promets que ta prochaine destination sera la dernière.
Bref, tout ça se passait en 2001, une année difficile où je m'étais installé dans un vieux pueblo perdu au fin-fond du Far-West pour échapper au fisc. Manque de pot, le patelin en question était dans la merde la plus totale ; on avait élu un banquier comme président, les gens crevaient de faim, et pour ne rien arranger, notre con de maire venait juste d'être envoyé en taule pour une affaire avec la justice.
- Quel genre d’affaire ?
- Oh, encore une sombre histoire d'emplois fictifs. La femme, les enfants, ce genre de choses.
Finalement, puisque tout le monde s’en donnait à cœur joie, je me suis dit qu'après tout, une carrière dans le menu larcin ne me ferait pas de mal. Bon, je l’avoue, il a bien fallu que je fasse jouer mes relations, mais au bout du compte, j’ai réussi à former une équipe de ploucs pour m’aider dans ma belle et noble tâche…
- …que tu étais donc incapable d’accomplir tout seul. Eh ben bravo.
- Mais tu le fais exprès, ma parole ! Tu crois que j'allais aller bien loin, avec mon épée en plastique et mon fouet de 10 mètres de long ?
- Pas faux. Et du coup, ta dream team ?
- Dream, dream... rapidement, hein. Il y avait Tornado, mon petit chouchou, véritable cheval-à-tout-faire de la bande, et Bernardo, le héros des tâches ménagères, muet mais fidèle. D’ailleurs, autant vous dire qu'avec un cheval et un handicapé, le butin était vite réparti.
- Et c’était pas trop dur de vivre la nuit ?
- Bof, il y avait bien quelques effets secondaires de temps en temps, des crises d'insomnie par-ci, des cauchemars à midi par-là, mais dans l’ensemble, ça allait. Mais puisqu'on en parle, j'ai tout de même le souvenir d'une fois où je me suis mis à parler à une chouette. Vous vous rendez compte ? Une chouette ! Ça me rappelle quelque chose, pas vous ?
Pour le reste, on dira ce qu’on voudra, mais braquer des banques, c’était tout de même une activité sacrément lucrative. De toute manière, qui a dit que le crime ne paie pas ?
- Papa ?
- Ah, oui, c’est vrai que le mien me le disait souvent également.
- Comment ? Il y a pas une loi qui dit que les justiciers sont censés perdre leur papa ?
- Ouais, je sais, moi aussi, je pensais que son heure était venue, mais c’est qu’il tenait bon, le barbon ! Il avait déjà le premier pied dans la tombe, mais pour ce qui est d’y mettre le deuxième, c’était une autre histoire ! M’enfin, avec ses 80 balais, il n’en avait plus pour très longtemps. Et puis, à part ça, j'avais pas à me plaindre ; j’étais jeune, j’étais beau, et en plus, je sentais bon ! Bref, je menais une vie plutôt tranquille, mais malheureusement, ça n’allait pas durer ! Car un funeste jour…
- “L’horrible Mister Dark déroba le Grand Protoon“ ?
- Quoi ?
- Non, rien.
Je disais donc que par une sinistre matinée, une voiture folle a saccagé tout le quartier et s'est écrasée en plein centre-ville après avoir renversé une dizaine de passants. Tout ce vacarme m’avait réveillé, et en plus, je me suis aperçu que la conductrice était une rousse ! Il fallait réagir, et vite ! N’écoutant que mon sang-froid, je suis sorti avec ma carabine pour l'abattre.
- Mais enfin, Papy, pourquoi avais-tu peur d’une femme seule et sans défense ?
- Oh, dis, sans défense, ça reste à prouver, hein ! C’était une rousse, après tout ! Et puis d’abord, elle n’était pas seule ! Il y avait une perruque sur pattes (ou l’inverse, je ne sais plus trop ) et un vieux sournois, tous les deux bien assortis. Même qu’il y avait une belle cruche, et comme chacun sait, tant va la cruche dans le lit qu’à la fin elle se…
- Abrège, on n’a pas toute la journée. T’as réussi à la séduire, oui ou non ?
- A votre avis ? Si j'avais réussi, j'aurais pas épousé un laideron.
Après cet incident, j’ai tout de même décidé de garder un œil sur nos étranges visiteurs, juste au cas où l’un d’entre eux aurait l’idée de foutre la merde dans mon pueblo. Eh bien figurez-vous que ça n’a pas manqué : le soir même, la rousse (encore elle !) a capturé un innocent au hasard et sans aucune raison ! Du coup, ni une, ni deux, je suis allé délivrer ce pauvre homme.
- Quoi ? Mais Papy, c’était pas ton boulot !
- Ouais, mais réfléchis un peu ; si ça se trouve, son portefeuille était bien garni ! Et puis un peu de publicité de temps en temps, ça entretient les affaires.