~ Mission : Insertion Tactique, Partie 3 ~
Le jeune homme se remit à courir à faible allure. Il avançait au hasard, tournant aux croisements sans trop savoir où il se dirigeait. Au bout d’un moment, alors qu’il commençait à douter de là où il allait, il entendit à nouveau des voix. Il s’en rapprocha et reconnut, à son grand étonnement, celles de la première garde du poste qu’il avait observé. « Allez, viens, déclarait l’un d’eux. C’est bon maintenant, t’as fini ? Faut qu’on rentre. » Liam vit les trois soldats passer devant lui. Et ils allaient sûrement se coucher, dans leurs baraquements. Liam sourit. Après tout, la chance faisait partie de la réussite d’une mission, pensa-t-il.
Avançant prudemment, le jeune Assassin suivit les soldats qui se dirigeaient tout droit vers leurs baraquements. Liam s’arrêtait à chaque croisement de rue, pour laisser de la distance entre les gardes et lui. Il essayait le plus possible de marcher au même rythme qu’eux, pour éviter que l’on distingue le crissement de ses pas dans la neige, même si le jeune homme savait qu’il était peu probable qu’ils l’entendent.
Après plusieurs minutes à les suivre dans les rues désertes de la ville, Liam atteignit enfin le bâtiment surplombé d’une tour qui servait de maison aux soldats de la cité. Il en resta cependant éloigné, préférant attendre que les soldats rentrent à l’intérieur. Il avisa une étroite fenêtre éclairée au sommet de la petite tour, et une seconde plus large au milieu de la façade, à environ six mètres du sol. Celle d’en haut devait être celle du Templier qui dirigeait les soldats. Cependant, la mission de Liam n’était pas de tuer ce Templier, et il n’était pas question qu’il s’introduise là-haut, sans compter la hauteur de la fenêtre. S’il voulait rentrer, ce serait par celle plus bas.
- On va pouvoir se détendre avec les autres, déclara un soldat.
- Bah, y aura pas tant de monde, parce qu’ils sont tous en postes, chez eux ou ils dorment, répliqua un second.
- Y a au moins l’équipe une et quatre toute façon. Allez, venez les gars, ils doivent être tous en bas à picoler et jouer aux cartes, faut les rejoindre !
Sur ces mots, les trois gardes rentrèrent dans la large bâtisse, illuminant la rue de lumière au moment où la porte s’entrouvrit. D’après ce que Liam avait entendu des gardes décidément bien bavards, les soldats présents dans les baraquements devaient être tous ensemble, en bas. Ce qui sous-entendait que la tour, hormis la lumière tout en haut, devait être vide. C’était à lui de jouer maintenant. Sa mission d’Assassin commençait réellement.
Liam s’avança prudemment vers le bâtiment. Ce dernier était composé d’une large maison d’un seul étage, relié à une tour plus haute, sur sa droite. Le jeune homme se dirigea vers la tour, afin de s’introduire dans les baraquements pas la large fenêtre ouverte, six mètres plus haut. Lorsqu’il fut au pied de l’édifice, il le regarda fixement. Les pierres dont il était composé offraient de larges prises, sures. Liam posa les mains sur l’une d’elle, et commença son ascension.
L’Assassin escaladait avec toujours autant d’agilité. Heureusement pour lui, il s’était habitué dans son enfance à gravir des falaises, pour mieux se retrouver seul face au paysage qui l’entourait, pour faire le vide dans son esprit, au calme. Le jeune homme agrippait désormais fermement les pierres, creuses au niveau de leurs jointures, ce qui permettait de se hisser aisément. Il posait ses pieds avec assurance, vérifiant la solidité de la roche en appuyant dessus. Heureusement, la tour était solide, et le garçon réussit à saisir le rebord de la fenêtre sans mal, après quelques minutes d’escalade. Liam poussa sur ses pieds et passa doucement la tête par-dessus l’encadrement en bois. Il regarda à gauche, puis à droite. Voyant qu’il n’y avait personne, l’Assassin pénétra dans la pièce par la fenêtre.
La salle était déserte. Il y avait une table au centre, et une bibliothèque qui couvrait tout un mur. Hormis ces deux meubles, la pièce était vide. Liam se dirigea directement vers la porte fermée, avançant néanmoins avec beaucoup de précaution, évitant de faire craquer le plancher, malgré son poids léger. Il posa sa main sur la poignée et la tourna d’une extrême lenteur. La large porte pivota sans résistance, et surtout sans bruit. Dès qu’il l’eut ouverte, de nombreux éclats de rire lui parvinrent. C’était les voix des soldats qui s’amusaient au rez-de-chaussée, l’Assassin en était sur. Sur sa droite se trouvait un escalier montant en colimaçon, et sur gauche descendait un second escalier, qui amenait directement au rez-de-chaussée dallé, et au bruit qu’on entendait.
Liam visualisa dans sa tête le bâtiment de l’extérieur. D’après ce qu’il avait vu, il devait se trouver dans le bâtiment principal, au second étage, comme en témoignait la présence de l’escalier qui descendait. S’il gravissait l’escalier en colimaçon, il serait de nouveau dans la partie de la tour, et arriverait plusieurs étages au dessus dans la salle où se trouvait sûrement le chef des soldats. Mais Liam ne voulait surtout pas se rendre là-bas. Il était ici uniquement pour trouver les plans des patrouilles. Mais cela restait encore à faire.
Le jeune homme regarda en contrebas, vers le rez-de-chaussée. Le couloir où débouchait l’escalier était dans l’ombre, néanmoins de la lumière venait de la salle d’à côté, qu’il ne pouvait voir, où se trouvait certainement les gardes. Face à lui se trouvait le palier, tout en longueur, avec sur la gauche la rambarde pour ne pas tomber dans le couloir du rez-de-chaussée, et sur la droite plusieurs portes qui devaient donner dans des salles différentes. Si le bâtiment suivait l’architecture habituelle, le rez-de-chaussée contenait uniquement de grandes salles à manger, cuisines, salles de vie où devaient être les soldats et les dortoirs. Le premier étage, où Liam était actuellement, devait contenir les bureaux, chambres des officiers, et salles plus importantes, et enfin la tour devait se composer de l’armurerie, et au sommet des salles de réunion des chefs, et la chambre et le bureau du chef lui-même. Ainsi, soit les plans se trouvaient dans un bureau du premier étage, soit ils étaient dans la tour, et Liam ne pourrait pas les dérober.
Le jeune homme observa à nouveau le couloir. Il ne savait pas comment il allait s’y prendre. Soudain, une voix se fit entendre en bas, plus forte que les autres. Liam se plaqua au mur, dans le coin sombre près de la porte de la salle de la tour. Il jeta un regard au rez-de-chaussée, et vit l’ombre d’un homme s’allonger au sol avant même que ce dernier n’arrive vraiment dans l’étroit couloir du bas. En tenue de soldat, l’inconnu se dirigea vers les escaliers, et entreprit de les monter. Liam retint sa respiration. Les torches au mur du couloir d’en haut étaient heureusement éteintes, et venant d’une salle abondamment illuminée, l’homme ne risquait pas de l’apercevoir, d’autant plus qu’il regardait au sol. Cependant, Liam tremblait de peur de se faire voir.
L’homme passa près de lui mais tourna directement sur le palier, sans le discerner dans l’ombre. Le garçon avisa l’insigne à son épaule, ce qui lui permit de voir qu’il n’était pas simple soldat. Il passa devant les deux premières portes, puis s’arrêta devant la troisième. Le garde sortit des clés et en inséra une dans la serrure de la porte. Liam avait omis ce détail : les portes devaient certainement être verrouillées !
Le soldat pénétra dans la pièce et disparut du champ de vision de Liam. Celui-ci resta néanmoins dans son coin, sans bouger, car il savait que l’homme pouvait ressortir à n’importe quel moment. Après quelques minutes, le garde ressorti de la salle, mais se contenta de claquer la porte derrière lui. Liam pourrait peut-être s’introduire dans cette pièce au moins. L’individu passa devant lui pour la deuxième fois. Alors qu’il s’apprêtait à descendre les marches, le jeune homme l’entendit soupirer : « Pourquoi c’est moi que le chef a chargé d’écrire ce truc, déclara-t-il. Enfin, on va d’abord aller faire plaisir à ces enfants gâtés et leur changer leurs tours. » L’homme soupira encore, et arriva en bas des marches. Sans se douter que Liam s’était trouvé là, il rentra à nouveau dans la pièce éclairée d’où provenaient les cris.
Le jeune garçon resta cependant immobile encore un peu. Il ne voulait pas se faire surprendre, et il n’aurait toute façon pas pu se lancer dans la salle immédiatement, après avoir failli se faire voir. Liam se décolla lentement du mur, et écouta les bruits alentours. Aucun signe d’une personne dans les parages, hormis les soldats en bas. Liam se dirigea vers la porte où était entré le garde, posant ses bottes le plus doucement de possible, et évitant au maximum de faire craquer le plancher. Alors que le soldat avait mis quelques secondes seulement pour atteindre la porte, Liam mit de nombreuses minutes à parcourir le chemin, tant il faisait attention d’être silencieux.
Le jeune garçon poussa la porte. Cette dernière était effectivement restée ouverte. Elle pivota lentement, et Liam s’introduit dans la pièce. Elle était plus petite que celle de la tour par où il était rentré, mais plus aménagée. Face à lui se trouvait un bureau plutôt bien rangé, avec quelques papiers par-ci par-là. Les armoires, fauteuils, bibliothèques et autres étagères indiquaient clairement que le jeune homme se trouvait dans une pièce de vie. Liam avança un peu, et remarqua une petite pièce sur le côté, séparée du reste par un rideau à moitié fermé. D’ici, il ne pouvait voir qu’un lit, mais cela en disait déjà long. Cette pièce comportait le bureau et la chambre de l’officier qui était monté.
Liam regarda rapidement tout ce qui l’entourait. Il n’allait pas pouvoir tout fouiller. Cependant, il remarqua qu’au milieu du bureau rangé se trouvait une seule et unique enveloppe. L’Assassin se rapprocha afin de voir ce qui y était écrit. Le nom d’une ville était inscrit, et en dessous, Liam put lire « Thomas Blackwood » Aucune autre indication. Néanmoins, la curiosité du jeune garçon avait été piquée. Il retourna l’enveloppe, mais cette dernière était déjà fermée. Mais Liam voulait savoir ce qui était écrit, car il était étrange qu’elle soit placée ainsi au centre du bureau. Le jeune homme décolla lentement la languette. Etonnamment, celle-ci se décolla sans difficulté. Liam sortit la feuille qui était à l’intérieur et la déplia. Lorsqu’il vit l’encre encore fraîche dessus, le garçon comprit qu’elle avait été mise dans l’enveloppe peut de temps auparavant, et que donc l’officier avait fermé l’enveloppe lors de sa venue, ce qui expliquait qu’elle se soit facilement décollée. Liam posa les yeux sur la fine écriture qui parcourait le papier.
Comme il l’avait deviné, c’était la date d’aujourd’hui qui était inscrite en haut à gauche. L’homme écrivait plutôt bien. Liam parcourut rapidement les lignes rédigées à la plume. Au fur et à mesure de sa lecture, son visage devenait plus grave. En effet, dans cette lettre, l’officier s’adressait à un homme qui n’était autre que le chef d’une garnison de soldats d’une autre ville, et il lui demandait d’envoyer d’autres unités ici, pour renforcer la défense de la cité. C’était l’une des pires choses qui pouvaient arriver. Si des renforts venaient ici, il serait presque impossible pour les Assassins de prendre la ville. Mais plus que tout cela, c’était la dernière phrase qui intrigua le plus Liam. La lettre se terminait par « Puisse le père de la Sagesse nous guider. »
http://rp-l-heritage-des-ombres.forumjv.com/1-105416-1635-1-0-1-0-liam-johnson.htm