Le Boucher (partie 1) :
1250, France…
Il pleuvait. Anastasia Magerlan entra dans la pièce sombre. Elle devina tout de suite que quelque chose n’allait pas. Le silence était… trop pesant. Non. Pas un silence. Elle distinguait parfaitement le son d’une respiration.
Une respiration calme, profonde, sereine.
-Qui est là ?
La respiration s’accéléra légèrement et devint un rire léger. Une silhouette bougea, dans l’ombre.
-Qui es-tu, connard ? lança Anastasia. On ne rentre pas chez une dame sans autorisation, et sans se présenter.
La silhouette sortit quelque chose de sa poche, puis, un petit grattement retentit, et une lueur s’alluma à l’extrémité d’une allumette.
L’homme, car c’était un homme, alluma une par une les bougies dans la pièce, l’éclairant d’une douce lumière jaune. Anastasia haussa un sourcil.
L’individu était pour le moins étrange. Un véritable colosse de muscle, sans une once de graisse, la dépassant d’au moins trente à quarante centimètres. Pourtant, sa démarche était souple comme celle d’un félin. Et son visage…
C’était un vieillard. Une moustache drue et une barbe grise lui cachait à moitié la bouche, et ses yeux étaient entourés de rides. Il portait un foulard jaune autours du cou.
Anastasia nota qu’une petite hache pendait à sa ceinture. Elle calcula combien de temps il lui faudrait pour la dégainer et la lancer vers elle. Et combien de temps il lui faudrait, elle, pour esquiver et contre-attaquer.
-Tu vas répondre ?!
Le vieillard souffla sur l’allumette et éteignit la petite flamme. Puis, il la jeta au sol et l’écrasa avec son talon. Anastasia fronça les sourcils et se mit en garde, la main posée sur la poignée de son épée, les genoux fléchit.
-Dernière chance.
-Je m’appelle Rodrigue Weldez.
-Inconnu au bataillon.
-On m’a affublé de biens des noms. « Le Boucher », « Le Chasseur d’Assassins », « Le Mercenaire du Diable », et d’autre sobriquet amusants. Moi, je préfère mon nom.
-Très intéressant. Ca ne répond pas vraiment à ma question. Qui es-tu ?
-Je suis quelqu’un comme toi. Je tue des gens pour de l’argent.
-Un tueur à gage ? Un chasseur de prime ? Alors comme ça on a mis une prime sur ma tête ?
-Pas vraiment. Je ne travaille pas de cette façon. La plupart des chasseurs de prime bossent dans la rue, repérant les avis de recherche des malfrats du coin, accrochés sur les murs de la prison de la ville, et se font payer par la garde municipale, après avoir ramené la tête du brigand en question. Moi, je travaille en privé. Il faut me contacter et me donner en face à face ma mission, ainsi que mon salaire. Je suis engagé par des gens dégoûtants qui cherchent à éliminer d’autres gens dégoûtants, et qui me paient pour cela. Comprends-tu ?
-Ouais, t’es un chasseur de prime. C’est bien ce que j’ai dit.
-On peut voir les choses comme cela.
-Ecoute, on ne va pas tourner autours du pot pendant trois heures, hein ? Ce n’est pas la première fois qu’on essai de m’assassiner et qu’on m’envois des tueurs. Dégaines, et faisons parler l’acier. Et le sang.
Le vieillard sourit.
-L’acier parlera, pas d’inquiétude. Pour l’instant, tu ne m’intéresses pas.
-Ah.
-Je cherche Fenn Jalmar. Une fois que tu m’auras révélé sa position, tu commenceras à m’intéresser.
Anastasia cracha par terre.
-Tu veux m’interroger ? Tu as mal choisit la personne. Si tu es venu me voir moi, c’est que tu sais que j’ai eu des relations avec lui dans le passé. Or, ça fait des lustres que j’ai coupé les ponts avec lui. Et que je ne me tiens plus au courant de ses activités. Tu devras chercher par toi-même, tueur.
-Merci de ton honnêteté. C’est une qualité rare chez les Assassins. Bien. L’acier peut chanter.
Anastasia tira sa lame, à une vitesse éblouissante, et lança le premier assaut.
Rodrigue saisit sa hache et fit un pas en arrière. Les lames s’entrechoquèrent en provoquant des pluies d’étincelles. Pendant quelques instants, on n’entendit plus dans la pièce que le cliquetis métallique des armes.
Anastasia exécuta une pirouette, puis, un demi-tour aérien accompagné d’un coup d’estoc meurtrier, à la gorge.
Le mercenaire, malgré sa carrure imposante, esquiva avec une grande agilité et fit un pas chassé en avant. Il fléchit les genoux, se plaça de profil en plein mouvement et frappa. Trois fois. Faisant siffler sa hache dans les airs.
Anastasia bondit vers l’arrière et se rétablit dans une position acrobatique. Tous ses réflexes d’entraînement lui revinrent en mémoire.
Un pas de danse, une pirouette, une feinte vicieuse, un coup rapide, une esquive, une parade, un souple pas chassé, un saut, et une botte aérienne. Viser les points vitaux. La carotide.
Le vieillard se mit en mouvement, irréel de rapidité. Sa main, énorme, se referma sur le bras de la jeune femme juste avant que sa lame ne touche sa gorge. Il la projeta en arrière. Elle fusa à travers la pièce et heurta violemment un mur.
Elle retomba au sol avec agilité mais en grimaçant.
Puis, elle s’élança une nouvelle fois.
Rodrigue se remit en garde, surpris que son adversaire utilise sans cesse la même tactique. Mais Anastasia, au dernier moment, se laissa tomber et glisser sur le sol. Elle traversa la distance qui la séparait du tueur à gage et, arrivé à son niveau, détendit brutalement sa jambe.
Celle-ci fouetta l’air et percuta avec une violence inouïe l’endroit qu’elle visait.
Les parties génitales.
Le vieillard émit un cri bref, étouffé, les yeux exorbités de douleur. Il se plia en deux et porta la main à son entrejambe.
Anastasia roula, se redressa et se mit en position pour asséner un revers dévastateur à son adversaire, et lui décoller la tête des épaules. Mais celui-ci commença à ricaner, toujours plié en deux, le visage tourné vers le sol.
-Bien tenté, petite Magerlan. Mais les miennes sont en acier trempé.
Il se releva soudainement et bondit, écartant l’épée de la jeune femme d’un coup de hache nonchalant, comme on écarterait le coup d’un bambin. Puis, il lui enfonça son genou dans les côtes. Anastasia tituba en arrière et s’écroula, roulé en boule, toussant et crachant du sang.
Le vieillard se lissa les moustaches du bout des doigts.
-Tu es redoutable, gamine. Une vraie teigne. Qu’est-ce que tu vas tenter, maintenant ? Viser les yeux ? La pomme d’adam ? M’aveugler avec de la poussière ? Ou encore me faire un croche-patte ? Je suis impatient.
Anastasia se mit sur un genou, et essuya le filet de salive qui coulait au coin de ses lèvres.
-Tu es une belle enflure, Rodrigue Weldez. Tu cachais bien ton jeu. J’ai cru que tu étais un vulgaire chasseur de prime.
-Je me suis tué à te le dire.
-Je ne t’oublierais pas. Crois-moi sur parole, on se reverra.
-Ah, je me demandais ce que tu allais faire. Tu vas essayer de t’enfuir ?
Anastasia se redressa et attrapa son épée par la lame avant de la lancer dans la direction du tueur à gage. Celui-ci se décala rapidement et la lame ne fit que le frôler.
La jeune femme fit volte-face et sauta à travers la fenêtre. Rodrigue n’esquissa pas le moindre geste. Il aurait pu la rattraper. Il aurait pu la tuer un nombre incalculable de fois avant même qu’elle ne lance son épée. Mais il ne l’avait pas fait.
Une traque n’était pas amusante si la proie mourait trop vite.
La chasse était le moment le plus excitant. Puis, à la fin, la mise à mort.
Rodrigue se dirigea vers la fenêtre et s’y pencha. En contrebas se trouvait un fleuve. Le tueur ignorait par où elle était partie. Quel courant elle avait suivit. Il s’en moquait. Il ne doutait pas une seule seconde qu’il la retrouverait.
Il avait le temps.
Le vieillard remit sa hache à sa ceinture et éteignit les bougies, plongeant la pièce dans le noir.
-Moi non plus je ne t’oublierais pas, Anastasia Magerlan.
Je te donne un peu de boulot, destroyers.
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j'voulais le finir vite ce chapitre parce qu'il me saoulait 
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