Mellissa : Nous avons interrogé des mages de passage, la moitié d'entre eux ne croyaient pas à l'existence d'une quelconque secte et l'autre moitié n'en ont aucune idée.
Amroth : Il y a toujours eu des gens naïfs chez les mages. Ou plutôt...il faut le voir pour y croire...
Sollen : Pas forcément moi. Meli et moi, nous vous croyons.
Angelica : Poursuivez les recherches, nous faisons de même.
Sollen reprend Mellissa par le coude et Amroth et Angelica font de même pour poursuivre leur chemin. Le lieutenant et son épouse quittent l'ombre de la vigne pour se mettre en plein Soleil. Il croise à nouveau deux mages, Gorvelin et Carcia, cette dernière passant le plus clair de son temps avec lui depuis la mort d'Odos. Cependant, leur relation demeure dans le domaine de l'amitié. Les deux jeunes mages ont eu comme devoir de farfouiller dans le passé de certaines personne afin de mieux comprendre, et c'est eux-mêmes qui se sont donnés cette mission.
Carcia : Des nouvelles de la capitale ?
Amroth : Pas grand chose, à vrai dire...
Angelica : Nous avons pourtant essayé.
Amroth : Si je me souviens bien, vos recherches étaient moins...légales, non ?
Gorvelin : Oui, mais ça a été plus pratique.
Amroth : Vous avez des informations sur la position de la secte ?
Gorvelin : Pas vraiment...
Amroth : Quelles informations avez-vous obtenues, dans ce cas ?
Carcia : Nous avons enquêté sur le passé de beaucoup d'anciens mages de l'association qui sont restés ici. La plupart d'entre eux nous ont semblé fiable, il ne manquerait plus que ça qu'ils jouent un double jeu !
Angelica : Mon mari est fiable, pour vous ?
Carcia : Pourquoi Angelica, tu doutes de lui ?
Angelica : Non, je veux juste avoir votre avis !
Gorvelin : Bien sûr que oui ! Le lieutenant le plus fiable de tous, selon moi !
Carcia : Il n'en reste plus beaucoup.
Amroth : Mais parmi les anciens mages, vous êtes-vous intéressé à...
Avant que Amroth ne puisse terminer sa phrase, c'est l'espion qui intervient : Aaron Lodert a toujours été bon pour recueillir des informations et il est là, l'air souriant et la foi optimiste.
Aaron : Mes péripéties à la capitale n'ont pas été vaines.
Amroth : Tu as eu de la chance. Toi qui m'as interrompu et qui as souvent espionné pour nous, que sais-tu ? Comment tu t'y es pris ?
Aaron : Lieutenant, lorsque vous êtes allés à la capitale avec votre épouse, avez-vous pensé à aller dans le château des seigneurs ?
Gorvelin : On ne peut pas y entrer n'importe quand...
Angelica : Non, nous estimions qu'ils n'avaient pas assez d'informations.
Aaron : Pourtant, ils m'ont laissé entrer, je leur ai montré le sigle de l'association et on m'a donné beaucoup d'informations. N'oubliez pas que les Valien ont un intérêt à trouver cette secte, je rappelle qu'un membre de leur secte a tué leur seigneur. Il se trouve qu'avant de mourir, Havor et Dotos ont pris une précaution.
Carcia : Laquelle ?
Aaron : Havor avait écrit une lettre codée seulement compréhensible par le seigneur pour qu'il puisse intervenir au cas où il périrait. Cependant, Dotos est mort à son tour et j'ai eu une entrevue avec Talia, notre dame, elle n'a pas pu comprendre. Elle m'a donc confié cette lettre, en espérant que mes talents me permettront de déchiffrer cette lettre.
Amroth : Et tu y arrives ?
Aaron : J'ai commencé à décoder. Apparemment, la secte serait dans la forêt de Zéliak.
Carcia : Si proche que ça ? C'est inquiétant !
Angelica : Proche est un bien grand mot. N'oubliez pas que la forêt de Zéliak est grande...
Aaron : Je vais finir de la déchiffrer, cela risque de prendre plusieurs jours. Croyez-moi, la vérité sera bientôt établie.
Amroth : Nous pouvons terminer cette journée positivement. Tu viens, ma chérie ?
Pendant qu'ils se séparent, Girlac les regarde un peu dépité car malgré ses déclarations, il se sent seul et déboussolé. Se tenant sur la ballustre du balcon que Pilan a fait installer ces dernières années car les derniers étés ont été particulièrement chaud à Graef, il réfléchit à ce qu'il devra faire pour que sa famille soit de nouveau unie.
Pilan : Ne te perds pas dans tes pensées, Girlac. Reviens dans mon bureau.
Comme son maître le suggère, le jeune homme retourne à l'intérieur. Pilan est assis sur une chaise en face de son large bureau, en train de lire quelques déclarations et lettres. Il est seul avec Girlac, puisque sa femme s'occupe de son fils avec Julia.
Girlac : Maître, réservez-moi le droit d'être perdu. Je me suis fait quelques amis ici, mais ce n'est pas la même chose que la famille !
Pilan : Les amis, on les choisit, pas la famille. Pour ma part, je n'ai jamais été très proche de ma famille et désormais, je n'ai plus aucun compte à leur rendre.
Girlac : Je suis plus jeune que vous, c'est différent.
Pilan : Mais tu as 18 ans et tu es censé être totalement indépendant. De plus, je croyais que tu n'appréciais pas ta mère et ta sœur.
Girlac : Ce n'est pas que je ne les apprécie pas, c'est juste que...elles sont trop différentes. Ou plutôt, c'est moi qui ne suis pas le fils tant espéré. Si c'était le cas, ma mère m'aurait emmené aussi.
Pilan pose ses papiers sur son bureau afin de s'adresser totalement à Girlac.
Pilan : Vu le discours que tu as prononcé l'autre jour, tu te rends compte de ce qui va t'arriver ?
Girlac : Qu'insinuez-vous, maître ?
Pilan : Tu as accusé avec vergogne ta mère, tu vas peut-être devoir l'affronter.
Girlac : Je ne veux pas en arriver là.
Pilan : Mais si jamais tu dois en arriver là ?
Girlac : Je...j'improviserai.
Pilan : Tu ne peux pas.
Sur ces mots, Pilan se lève directement.
Pilan : Tu as vu les capacités de ta mère. Elle possède des pouvoirs terrifiants. A présent, imagine-toi qu'elle a caché ses sorts les plus puissants. Espères-tu avoir la moindre chance face à elle ?
Girlac : J'ai appris à me battre.
Pilan : Mais tu es le seul Turban à ne pas maîtriser la magie.
Girlac : Qu'est-ce que cela peut faire ? Vous pensez réellement que j'ai besoin de la magie pour la vaincre ?
Pilan : Tu ne peux vaincre la magie qu'avec la magie. Je peux te l'apprendre.
Le maître se rapproche de Girlac, ouvre sa main et une orbe lumineuse bleue apparaît.
Pilan : La magie est puissante, elle existe depuis la nuit des temps et elle est illimitée. Tu n'as que 18 ans, il n'est pas encore trop tard. Apprends la magie, Girlac et tu deviendras l'être que tu as toujours voulu être.
Girlac : Je n'ai jamais voulu être cet être.
L'orbe lumineuse bleue disparaît.
Pilan : Dommage, tu rates une sacrée opportunité.
Girlac : L'opportunité de me monter contre ma famille ?
Pilan : Tu n'as pas besoin d'elle pour évoluer, tu l'as toi-même admis.
Girlac : Ce n'est pas une raison ! Je ne veux pas faire de mal à ma famille ni à personne d'autre...je ne veux pas apprendre la magie, car je ne pourrai pas la contrôler.
PIlan : Si c'est cette raison qui t'empêche de l'apprendre...le monde va s'écrouler autour de toi, Girlac.
Girlac : Il ne s'écroulera pas. Je ferai tout pour l'en empêcher, mais je n'utiliserai pas la magie.
Comprenant qu'il ne peut pas le raisonner, Pilan se rassied. Il laisse le jeune homme partir et user de divers techniques pour accomplir sa vengeance contre sa mère, un motif de taille pour devenir plus fort, puisque Girlac a bien l'intention de régler ses différends avec sa famille, de devenir un véritable homme et de venger Havor. Pour cela, il n'a pas beaucoup de temps.
L'archer Kodor est parti le lendemain pour accomplir la mission donnée par sa grande sœur Revia et son grand frère Torgran qui consiste à enquêter sur les mouvements aux pieds des montagnes des Sitrick. Il a quitté à l'aube le village de Menalia et il l'a fait seul puisque il n'a pas trouvé de compagnon qui sache manier une arme. En revanche, il a enfilé une tenue de pur archer : vêtements bleus ornés, grande cape, capuche qui laisse entrevoir son visage et ses deux mèches blondes, il a pris avec lui son arc favori parmi sa collection, puisque sa passion était de fabriquer des arcs avec les bois des lieux environnants à l'époque où il était encore un enfant innocent, et il fait tournoyer régulièrement avec ses mains les deux dagues affûtées qu'il a acheté chez le forgeron du village de Menalia. D'un pas léger mais rapide, il est parti vers le sud et a fait des escales dans plusieurs villages qu'il n'avait jamais visité malgré leur proximité. En revanche, l'archer a tenté de se monter le plus généreux possible avec ses hôtes, puisqu'il a bien l'intention de devenir quelqu'un avant la fin de sa quête. Après être passé par tous ces villages, il a enfin atteint les pieds des montagnes des Sitrick.
Kodor : L'escalade ne m'a jamais plu, à vrai dire...
Kodor se retrouve dans un autre environnement. Le sol commence à devenir pentu et l'archer aperçoit des immenses arbres au tronc plus foncé qu'il n'avait jamais vu, notamment des séquoias. Il reconnaît les sapins cependant, conifère pour ses pommes de pin qu'il adore manger. Le rythme de ses pas ralentit, d'abord parce qu'il a toujours eu plus du mal avec les chemins en pente, mais en plus parce qu'il souhaite s'accorder des moments contemplatifs, le paysage montagnard lui plaît. Néanmoins, l'archer a peur des animaux sauvages qu'il craint de rencontrer et malgré tout, il suit des chemins peu emprunté.
Kodor : Dire qu'il y a des gens qui habitent dans ces contrées. La montagne est idéale pour se promener, mais y vivre ? C'est une très mauvaise idée.
En poursuivant sa route, Kodor entend un cri strident.