Bahlouli, cœur de Lyon
Cette saison, la classe biberon lyonnaise montre toute l’étendue de son talent sur les terrains de France. Une véritable marque de fabrique, puisque l’OL possède encore de sacrées ressources en son sein. Farès Bahlouli, 19 ans, en est la parfaite illustration. Rencontre avec un jeune doué, qui rêve de rayonner avec le club de sa ville.
Le 4 novembre 2012, à Limoges, l’équipe de France U18 remporte le tournoi Lafarge (tournoi international organisé par le club JS Lafarge). Dans les travées du stade de Beaublanc, de nombreux recruteurs français et étrangers ont été impressionnés par un jeune milieu de terrain répondant au nom de Farès Bahlouli. Le jeune Lyonnais attise alors les regards de nombreux clubs européens (Juventus, Séville, Dortmund). Toutefois, rien n’y fait, le jeune homme ne cède pas aux sirènes. Une ligne de conduite parfaitement assumée par le principal intéressé : « Lyon, c’est ma ville, l’OL mon club de cœur, explique-t-il. J’ai fait des sacrifices pour pouvoir un jouer porter ce maillot. Mon souhait est de laisser une trace ici, que les gens se souviennent de moi comme d’un grand joueur de l’OL. »
« Un sacré joueur »
Le ton est donné, l’ambition affichée. Farès Bahlouli, 19 ans, qui a grandi et vit encore dans le quartier de Mermoz Nord (Lyon 8e) a toujours impressionné son monde. Michel Lugot, son entraîneur en poussins 1re année au club de l’Elan sportif (8e), ne peut guère prétendre le contraire : « Je me souviens très bien de l’arrivée de Farès à l’Elan. Nous étions complets et son père a tellement insisté pour qu’on prenne son fils… Et je peux vous dire qu’on ne l’a pas regretté : il était au-dessus de tout le monde. » Un talent brut qui va s’illustrer d’emblée sur les terrains de la région lyonnaise : « Lors des tournois, les gens étaient unanimes, c’était déjà un sacré joueur. Il enchaînait les dribbles, les passements de jambes… Franchement, c’était un phénomène. Je ne suis pas surpris de le voir à l’OL. » Farès Bahlouli, dont les modèles sont Zidane – « LE joueur par excellence » - et Ronaldinho, a toujours tapé dans un ballon rond. Après un passage d’un an à l’Elan sportif du 8e puis au FC Lyon, l’OL le repère et il intègre les poussins 2e année du club de Jean-Michel Aulas. « Au départ, je jouais pour le plaisir, j’étais passionné par le foot. Puis, dès les U14, je me suis dit que je pouvais en faire mon métier. »
Lacazette croit en Bahlouli
Entouré par sa famille, à commencer par son père Abès qui est un ancien footballeur (il a notamment été pensionnaire du centre de formation de Toulouse), ses petits frères et sa petite sœur qui jouent également à l’OL, Farès peut également compter sur le soutien des jeunes de son quartier. En particulier d’un certain Alexandre Lacazette, qui brille actuellement avec les pros. « Farès, je l’ai connu à l’âge de 8 ans. Il a toujours joué avec des joueurs plus âgés que lui, confie l’international français. Techniquement, il est très habile, au-dessus de la moyenne. Il a des facilités et, s’il continue de travailler et mûrit bien, il peut devenir un très grand joueur. » Et d’ajouter : « Lors des séances d’entraînement, c’est l’un des meilleurs footballeurs que j’aie vu. » Le milieu de terrain Saïd Mehamha, formé à l’OL et également originaire de Mermoz, abonde dans le sens de Lacazette : « Farès possède une technique supérieure à la moyenne, il est très costaud, je suis sûr qu’il va réussir. En tout cas, comme je suis passé par là, je lui donne quelques conseils. Je lui parle comme un grand frère. Comme je lui dis souvent : pour ne rien regretter par la suite, il faut être deux fois plus meilleur que les autres !"
Une fausse mauvaise réputation
Si les louanges sont unanimes, pour l’heure, Farès Bahlouli doit se contenter des entraînements avec les pros. Hubert Fournier ne semble pas vouloir offrir davantage de temps de jeu à sa jeune pépite (38 minutes en 3 matchs de L1 depuis le début de la saison). Forcément, Bahlouli piaffe d’impatience : « Je suis prêt à jouer, confie-t-il, plein d’assurance. Maintenant, je suis lucide. Je sais que je dois me donner à fond aux entraînements. Je me dois d’être plus régulier et de ne pas tomber dans la facilité. » Les suiveurs et fans de l’OL, très friands du joueurs sur les réseaux sociaux, s’interrogent sur son cas. Jusqu’à se demander s’il n’a pas fauté en dehors des terrains. Le joueur, lié à l’OL jusqu’en juin 2017, accepte de s’expliquer : « Ce sont des préjugés, argue-t-il. Je ne suis pas du genre à mal me comporter. Je suis plutôt quelqu’un de sociable et de respectueux. Au sein du vestiaire, je m’entends avec tout le monde. Je discute autant avec Alex, Steed, Yo que Max. Par contre, oui, j’ai du caractère. Si on me manque de respect, je ne vais pas me laisser faire. » Et de poursuivre : « Après, je comprends qu’on puisse s’interroger sur mon cas, car l’attente est forte. Les gens se posent des questions. » Son père confirme les dires de son rejeton : « Farès vit toujours sous mon toit, et je suis attentif à ce qu’il adopte une bonne attitude. Comme n’importe quel père, mon premier souhait, c’est qu’il devienne un homme. »
Le Real, comme un certain Benzema
Farès Bahlouli n’a pas encore explosé en Ligue 1, mais sa vie a déjà quelque peu changé. Statut de footballeur professionnel oblige. « Il y a certaines choses que je ne peux plus faire, mais sincèrement je n’ai pas changé. C’est plutôt le regard des autres qui évolue. » S’il avoue ne pas être trop dépensier et « aider au mieux sa famille », Farès Bahlouli est très attentif à son look. « On va dire que j’essaye d’être « stylé », lâche-t-il, tout sourire. C’est important de renvoyer une bonne image et de ne pas se laisser aller. » Le Franco-Algérien (ses parents sont originaires de Sétif) ne pense pas encore au choix cornélien de la sélection française ou algérienne. « J’ai fait mes gammes avec les équipes de France de jeunes [quelques matchs avec les U16, U18 et espoirs, NdlR] et franchement mon seul désir est de jouer avec l’OL. Pour le reste, je ne ferme la porte à personne. »
Lorsqu’on lui narre notre première interview à Tola Vologe avec Karim Benzema, alors âgé de 15 ans, qui nous avait confié son désir de jouer un jour au Real Madrid, Farès Bahlouli a les yeux qui pétillent. Et il enchaîne sans s’arrêter : « Le Real, oui, moi aussi, depuis tout petit, c’est le club de mes rêves. Ce serait une belle consécration d’évoluer un jour au sein de la « maison blanche ». Si un jour j’ai le choix, je fonce direct au Real ! » En attendant, peut-être, un jour, de réaliser son rêve, Farès Bahlouli s’est fixé un défi de taille : devenir un joueur incontournable du club de sa ville, l’Olympique lyonnais.
Razik Brikh