Episode 298 (Epilogue) : Une page se tourne... pour laisser place à une autre
Pour Julian, les carottes sont cuites. En quelques jours, à peine, les témoignages affluent à charge. Mike qui raconte comment il a essayé de le tuer. Mon témoignage et ceux des personnes à Barcelone ne font aucun doute non plus quant à une tentative de meurtre. Et puis, il y a tous les complices et tous ceux qui ont été embarqué dans ses combines par le chantage. Il y a notamment Emily, la fille qui s’est retrouvé dans ma douche. C’est d’ailleurs pour ça que Mike a été renversé. Il a assisté à la séance photo d’Emily par Julian dans mon mobil-home alors qu’il passait me féliciter pour ma victoire. Il a alors confronté Julian et ils ont eu une altercation violente, c’est alors que ce salaud a engagé Bernheim pour tuer Mike. L’assassinat de Bernheim est aussi un chef d’accusation à son encontre. Au final, il prendra plus que probablement une peine à perpétuité avec une peine de sûreté assez longue. Je crois que le mieux pour la société est que cette ordure ne sorte jamais du trou dans lequel il s’est mis.
Après quelques mois de convalescence, très loin de la F1 où j’ai retrouvé petit à petit toutes mes facultés mentales et physiques et où j’en ai profité pour organiser mon mariage, j’ai fini par refaire surface sur les circuits de F1. A l’initiative du RACB (Royal Automobile Club de Belgique) et poussé par quelques amis, j’ai accepté de remettre la coupe du vainqueur à Spa lors du Grand Prix, remporté par un Lewis Hamilton étincelant ce jour-là. Ricciardo a terminé deuxième tandis que mon remplaçant, Bruno Senna, complète le podium.
C’est d’ailleurs ce jour là que les patrons d’Honda ont absolument voulu que je réintègre l’équipe, ne fut-ce que comme conseiller pour apporter mon expérience qui leur manquait encore cruellement. J’ai fini par accepter. C’est con, mais je me sentais un peu responsable. Clairement la voiture avait le potentiel pour gagner mais Senna n’est pas un top pilote et Bottas malgré quelques exploits, aura souvent manqué le coche ! Bruno a d’ailleurs prévenu l’écurie qu’il ne continuerait pas en 2018. J’ai alors ajouté une clause à mon accord. J’ai insisté pour qu’ils engagent Stoffel Vandoorne, mon compatriote qui a réalisé une formidable saison avec sa Williams, se hissant plusieurs fois sur le podium malgré la lutte entre McLaren, Ferrari et Red Bull.
Au vu des résultats qui en ont découlé, je crois que ce choix fut la meilleure idée que je n’ai jamais eue ! Mais ça, c’est une autre histoire, tout simplement pas la mienne et pas celle que j’ai décidé de raconter. Pour ma part, dès 2018, j’ai repris le volant d’engins mécaniques. J’ai commencé par le karting pour le plaisir. Et puis, j’ai décidé d’organiser une course annuelle de karting, un peu à la manière de ce que l’on voyait à Bercy avant, tout cela pour récolter des fonds pour les personnes à mobilité réduite comme Mike. J’y ai même participé durant quelques années en mettant un point d’honneur à remporter l’édition 2021. J’ai aussi repris le rallye pour le plaisir. Aussi bien avec des ancêtres qu’avec des voitures modernes. La glisse, il n’y a que ça de vrai !
Mais je m’égare, je suis déjà trop loin. Ma carrière en F1 aura duré 7 ans avec 4 titres sur 3 voitures différentes et des victoires sur 5 différentes. Je détiens le record du nombre de Pole Position, alors est-ce que j’ai marqué l’histoire de ce sport ? Oui peut-être. Est-ce que je suis le plus grand pilote de tous les temps ? Je ne le pense pas. Bien d’autres exploits dans d’autres contextes sont tout aussi extraordinaires voire plus encore car il faut l’avouer, les pilotes jusqu’aux années 90 étaient des gladiateurs qui savaient qu’ils ne finiraient pas tous l’année vivants. Ce qui est sûr, c’est que je suis fier de mon parcours et que je ne renierai jamais rien ! Même si j’aurai aimé encore continuer quelques années et pourquoi pas encore gagner un titre avec Honda, je n’en garde aucune amertume. Je suis déjà bien heureux de ce que j’ai accompli et je n’aurai jamais imaginé arriver là où je suis arrivé !
Et pourtant, lorsque l’on me demande quelle est ma plus belle victoire, je réponds toujours la même chose : Anna ! Non seulement, j’ai trouvé l’amour de ma vie mais c’est aussi grâce à elle que je suis toujours en vie et je lui dois tous les moments de bonheur qui ont suivi ce début de saison 2017. Sans elle, rien de tout ça n’aurait été pareil. Sans elle, ces sept années auraient peut-être pris une toute autre tournure. Peut-être n’aurai-je jamais trouvé la force et l’inspiration pour devenir un champion. Ce petit bout de femme a changé à jamais ma vie et, je le pense, aura été responsable de ma réussite.
Nous sommes quelques jours après la fin du championnat 2017, Lewis a remporté un troisième titre de champion du monde. Il ne le sait pas encore mais ce sera son dernier à 32 ans. En raison, une McLaren moins performante sur les dernières années de sa carrière et puis la relève qui est, elle aussi, pleine de talent. Bref, nous avons pris quelques jours de bon temps à Madrid avec Anna. Nous allons fêter la fin de cette année 2017 là-bas. Son cousin Enrique y vit désormais avec Sophie. Il sera d’ailleurs le témoin de notre mariage prévu en mars 2018. Les illuminations de la ville sont magnifiques, un vrai décor romantique. Anna voulait absolument que l’on se fasse une soirée rien que pour nous deux et comme je ne peux rien lui refuser…
Après un bon resto et une balade en ville, elle m’emmène dans un endroit reculé où l’on peut avoir une vue imprenable sur les lumières de Madrid. Nous nous asseyons quelques instants pour admirer le spectacle. Je me tourne vers elle, ses yeux sont rivés vers l’horizon et je peux y voir briller dans ses yeux le reflet des luminaires au loin. Elle finit par remarquer que je la regarde et se tourne vers moi. Je lui dis « Je t’aime » et puis je l’embrasse. Assez étonnement, elle semble vouloir écourter nos baisers. Elle me regarde droit dans les yeux, avec cette expression dans les siens qui traduit tant d’amour tout en se plongeant dans les miens. Elle passe sa main sur la joue et me dit :
- J’ai quelque chose de très important à t’annoncer.
- Oui ?
- Je suis enceinte…
Fin.