Je pense que je suis tombé amoureux d'Amelie Nothomb à cet instant pour ma part .
Maman croyait nécessaire de me contrarier, puisque j'étais mon père, et que mon père devait être contrarié. "C'est pour que tu ne deviennes pas comme ton père", me disait-elle. Ce n'était pas logique, puisque, selon elle, j'étais déjà Patrick.
En plus, mon père n'était pas particulièrement attiré par le sucre.Il n'avait pas ailleurs aucune prétention à la divinité.Des disparitées si flagrantes n'ouvrirent pourtant pas les yeux de ma mère sur ma différence fondamentale.
Si dieu mangeait, il mangerait du sucre, Les sacrifices humains ou animaux m'ont toujours paru autant d'abérations: quel gaspillage de sang pour un être qui aurait été si heureux d'une hécatombe de bonbons.
Il faudrait raffiner. Au sein des sucreries ,il en est de plus ou moins metaphysiques. De longues recherches m'ont menés à ce constat: l'aliment théologal, c'est le chocolat.
Je pourrais multiplier les preuves scientifiques, à commencer par la théobromine qu'il est le seul à contenir et dont l'éthymologie est criante.
Mais j'aurais un peu l'impression d'insulter le chocolat. Sa dvinité me semble précéder les apologétiques.
Ne suffit-il pas d'avoir un bouche du très bon chocolat non seulement pour croire en Dieu, mais aussi se sentir en sa présence ?
Dieu, ce n'est pas le chocolat, mais la rencontre entre le chocolat et un palais capable de l'aprécier.
Dieu, c'était moi en état de plaisir ou de potentialité de plaisir: c'était donc moi tout le temps.