Les ordres du Roi avaient été très clairs : « Protégez cette chambre coûte que coûte. Ne laissez personne entrer ni sortir. » Les deux gardes postés devant la porte semblaient inquiets et jetaient des regards furtifs de chaque côté du couloir. A moins de 10 mètres, la pénombre prenait le dessus sur la lumière des chandeliers.
-Tu crois que quelqu´un va tenter de libérer la prisonnière ? Chuchota un des gardes.
-Des intrus rôdent dans le château. C´est possible. On doit rester vigilants. Je ne laisserai personne faire échouer la mission que le Roi nous a confié.
Il tenait fermement son épée, près à riposter en cas d´attaque. Ses mains tremblaient.
-Si la surveillance de la prisonnière est si importante, pourquoi on n´est que deux à monter la garde ? Demanda l´autre.
-J´en sais rien, tais-toi un peu. J´entends quelque chose.
Les deux gardes tendirent l´oreille. En effet, on percevait un frottement régulier qui semblait se rapprocher. Les gardes écoutèrent, et soudain celui qui tenait son épée chuchota avec effroi :
-Des pas ! Sors ton épée, quelqu´un vient !
Le deuxième garde tenta tant bien que mal de sortir sa lame de son fourreau sans faire de bruit. Les pas se rapprochaient. Ils fixaient les ténèbres devant eux. D´un moment à l´autre, quelqu´un allait sortir de l´ombre. Les deux soldats se mirent en position de combat, tenant leur lame fermement au-dessus de leur tête, prêts à foncer. Les pas étaient tout proches. On aurait même pu deviner la forme qui s´avançait à quelques mètres rien qu´au son répétitif et angoissant des pas. Mais aucune forme ne se dessina jamais. Le bruit s´arrêta soudainement alors que le coeur des gardes battait à tout rompre. Le silence était encore plus inquiétant. Il y avait comme une présence, cette impression que quelque chose que l´on ne peut pas voir nous observe. Le premier garde comprit enfin que son compagnon et lui étaient totalement visibles, mais pas ceux qui se trouvaient dans l´ombre. C´était logique, quand on est dans la lumière, on ne voit que le noir aux alentours. Mais quand on est dans l´ombre, on perçoit mieux que quiconque ce qui est éclairé tout en restant caché. Le garde s´élança dans le couloir, traversa le seuil de lumière délimité par la portée de la flamme du chandelier, et se retrouva dans le noir. Au milieu de ce noir, il vit une forme bleue, beaucoup plus petite que lui. Il hésita, puis attendit que ses yeux s´habituent à l´obscurité. Il éclata alors de rire. Un renard. Un vulgaire renard. Le garde sentit son coeur retomber lourdement dans sa poitrine, soulagé. L´autre garde s´approcha, rassuré par le rire de son compagnon. Rien qu´un renard... qui tenait une arme. Les gardes mirent du temps avant de s´en rendre compte.
-Qu...
Mais c´était déjà trop tard.
Dans les jardins intérieurs, Onilink et Zelda attendaient avec d´autres personnes sous un portique les nouveaux ordres du Roi. Encapuchonnés, ils restaient méconnaissables aux yeux des Hyliens. Le Roi avait exigé que les habitants se rassemblent dans les jardins, estimant que c´était le lieu le plus sûr pour protéger le maximum de personne. L´agitation mettait à mal les soldats qui tentaient de faire respecter l´ordre. Les gens étaient affolés. D´une certaine façon, ils avaient raison, une servante s´était bien faite assassinée peu de temps avant. Quatre silhouettes enveloppées dans de grands manteaux vinrent rejoindre les deux « pauvres » qui attendaient sous le portique.
-Onilink, Zelda, tout va bien ? Demanda le manteau en s´asseyant en face d´eux.
-Ah, Igor, dit Onilink. Nous allons bien. Combien de temps tout cela va-t-il durer ? Le Roi n´a pas accepté mon aide, il veut que je reste avec les Hyliens.
-Il n´y a pas grand-chose à faire, dit Igor. Si nous nous séparons, nous serons des cibles faciles pour les intrus qui se sont infiltrés dans le château.
-Mais nous ne servons à rien ici !
-Au moins les agresseurs n´oseront pas s´attaquer à nous.
-Et que viennent-ils faire ici si ce n´est pour nous tuer ?
-...
-GOOD LORD ! SAMUS !
Onilink se leva d´un bond et voulut courir, mais une force mystérieuse l´empêcha de faire le moindre pas. Le bras puissant de Ganondorf le retenait par la capuche de son manteau.
-Lâche moi, gros porc !
-Onilink, calme-toi, dit Igor. La précipitation n´est jamais un bon moyen de régler les choses. Fais preuve d´intelligence, de réflexion. Au lieu de te ruer sur l´ennemi... anticipe ses mouvements.
-Mais ils vons sûrement libérer Samus et...
-En effet. Et ensuite ? Ils devront bien quitter le château, non ?
-Mais...
-Ce doivent être Fox et Falco. Ils sont venus chercher Samus. Nous les attendrons à la sortie.
-Quelle sortie ? Il y en a plus d´une dizaine dans le château ! On ne sait même pas par où ils sont entrés !
-C´est vrai, malheureusement. Mais nous avons encore une chance de les arrêter. Si tu voulais t´enfuir d´ici, Onilink, par où sortirais-tu ?
-Euh... par les douves, c´est l´endroit le plus répugnant du château.
-Très bien, allons-y, alors.
-Mais... mais j´ai dit ça comme ça moi, ils ne vont peut-être pas sortir par là !
-Fais confiance à ton instinct, mon jeune pad... Bon, allons-y.
Ils s´éclipsèrent alors en silence et rejoignirent les vieux escaliers glissants pour descendre dans l´eau vaseuse où arrivaient les égoûts.
Pendant que les aventuriers tentaient désespérément de barrer la route aux fugitifs, une énorme créature ébranlat la muraille du château et fit fuir les gens qui se trouvaient dans les jardins intérieurs. Le monstre de ténèbres rugit et son souffle fit trembler la terre et le ciel. Au milieu de la confusion, trois formes discrètes se glissèrent derrière les buissons de l´allée centrale et sortirent tranquillement par le pont-levis du château. La créature s´éloigna alors et tout redevint calme. Ou presque...
...dans les douves :
-Erk, ça pue !
-C´est normal, t´as ouvert la bouche !
-AhahAHahAHHAHahAhahHAHAhAHAhha...
-VOS GUEULES ! Cria Igor. Si vous vous taisiez, on aurait pu entendre ce qui se tramait là-haut. J´ai entendu comme un rugissement.
-Ah...
Enfin ils arrivèrent à l´air libre, là où la petite parcelle de terre de chaque côté de l´eau s´arrêtait pour laisser place à un marais répugnant en dessous du pont-levis. Bouche-bée, ils regardèrent trois formes, 2 petites et une plus grande, parcourir la distance qui les séparait de la liberté, précédé par un amas de cruauté qui n´était autre que le monstre que Samus avait ramené de Serb.
-Vive l´anticipation, fit remarquer Onilink.