Prologue
Lieu Inconnu, Heure inconnue
27 Octobre 2500
J'émerge petit à petit de mon sommeil. J'ouvre doucement les yeux. Ma tête est orientée vers le haut. Tout est si flou. Je distingue à peine une boule lumineuse blanche au-dessus de moi. Peu de temps après, je retrouve une vue normale et me rends compte qu'il s'agit d'une ampoule.
Je me sens faible, comme si l'on m'avait pris toute mon énergie. J'aimerais me lever. Mais le petit diable rouge – sorti tout droit de mon imagination – posé sur mon épaule me convainc de rester allongé.
- Jayden, me fait une voix douce.
C'est bizarre. Je sens quelque chose de moelleux collé sur mon bras gauche. Et j'ai l'impression qu'un objet est accroché à mon poignet. D'ailleurs, quelle est cette chaleur que je ressens ? La salle dans laquelle je me trouve est pourtant climatisée. Enfin je crois. J'ai tellement de mal à me réveiller...
- Jayden ! Hurle-t-elle.
Je tourne la tête lourdement, comme si j'avais des courbatures. Et là, je vois le paradis. Une jeune femme – une brune super sexy aux cheveux longs et aux yeux marrons portant du rouge-à-lèvres – menottée à moi. Je mets quelques secondes à la reconnaître – pas facile lorsqu'on est encore dans les vapes en même temps –. C'est Victoria Ellis, une amie de longue date.
- Tory ? J'ai bien failli ne pas te reconnaître, articulé-je difficilement.
Je l'observe plus attentivement. Tory porte un t-shirt blanc décolleté à longues manches, un pantalon noir et des bottes à talons en cuir. Elle a toujours son pendentif en formant de croissant de lune autour du cou. Ça lui va tellement bien.
- Vu la tête que tu fais, ça me surprend pas. T'as l'air encore plus débrayé qu'après une gueule de bois.
- Merci, ça fait plaisir à attendre.
Elle sourit. Cette fille ne peut s'empêcher de me charrier, et c'est l'une des choses que je préfère chez elle.
- Bon, bref. C'est toi qui nous as mis dans cette situation ? M'interroge-t-elle.
Je mets quelques secondes avant de saisir.
- Les menottes et ta poitrine collée sur mon bras ? C'est coquin, mais non, ça ne vient pas de moi. Je pensais que c'était toi...
- Génial, c'est ce que je craignais, soupire-t-elle.
Effectivement, je commence à comprendre ce qui se passe. Nous sommes enfermés dans une pièce presque vide et menottés ensemble, ce qui signifie que nous avons été enlevés. Et pour couronner le tout, je ne me souviens même plus des derniers événements. Que de bonnes nouvelles aujourd'hui.
Soudain, Ellis tente de se lever retombe immédiatement à côté de moi en poussant un faible cri de douleur. Quelle génie cette fille. Même moi je n'aurais pas fait quelque chose d'aussi stupide.
- Décidément, ton cerveau ne fonctionne que lorsque t'es devant un ordinateur, lui fais-je remarquer avec un sourire narquois. Nos bras gauches sont liés.
Elle se frotte l'arrière du crâne en grimaçant. Pas étonnant vu le coup qu'elle vient de prendre.
- Au lieu de te foutre de moi, aide-moi à me lever.
- Pas de problème. J'en avais marre de rester allongé aussi.
Nous essayons de nous lever chacun de notre côté. Et comme prévu, nous échouons et retombons l'un sur l'autre. C'est une situation coquine, mais surtout chiante.
- Merde ! Se plaint Tory.
- Allez, on réessaie ! Insisté-je.
Il va falloir faire preuve de coordination. Nous nous rapprochons l'un de l'autre, nous prenons appui sur nos mains libres, puis nous nous levons simultanément.
- Je pensais qu'on aurait réussi à se coordonner, dis-je.
- Moi non plus. Pas mal, pour un individualiste.
J'observe minutieusement la pièce dans laquelle nous nous trouvons. Une chose est sûre : il s'agit d'une cellule. Sans fenêtre et avec une porte métallique blindée. Les murs, le sol et le plafond sont blancs. Ceux qui ont construit cet endroit ne se sont pas cassés la tête niveau décoration.
La pièce est assez grande, mais vide. Il n'y a rien hormis un gros coffre dont nous ignorons le contenu. Je serais tenté de l'ouvrir.
- Tu sais ce qu'on fait ici ? Me demande Tory.
- Pas plus que toi. Je crois qu'on nous a drogués parce que mes souvenirs sont flous.
- Fantastique, soupire-t-elle en passant sa main libre devant son visage.
J'avoue que cette situation m'agace un peu. J'aimerais au moins savoir où nous nous trouvons, ce que nous faisons ici et pourquoi l'on nous a enfermés. Ce serait le minimum. J'ai beau essayé de me souvenir, rien de ce qui s'est passé avant mon réveil ne me revient. Étrange.
Un silence pesant s'installe. Tory et moi tournons en rond pendant cinq minutes en nous regardant de temps à autre. Elle attend que je lui fournisse des explications, on dirait. Malheureusement, je n'en ai aucune. Et Dieu seul sait à quel point je rêverais d'en avoir.
Maintenant que j'y pense, ce serait stupide de réfléchir debout. On se fatiguerait pour rien. Pourquoi ne pas déplacer ce coffre métallique jusqu'au mur du fond ?
- Suis-moi, ordonné à mon amie.
Elle lève un sourcil en signe d'incompréhension.
- Qu'est-ce que tu comptes faire ?
- Aide-moi à déplacer ce coffre vers. On réfléchira à ce qui s'est passé lorsqu'on se sera assis et adossés.
- Pas bête.
C'est normal, cette idée vient de moi. Nous nous plaçons derrière la malle, l'un à côté de l'autre. Je me mets de dos et elle de face. Je compte jusqu'à trois, puis nous poussons de toutes nos forces... sans succès. Ça commence bien.
Il faut changer de tactique.
- Attends, dis-je en me plaçant derrière elle.
- Eh ! Mais qu'est-ce que tu fais ?
- En poussant au même endroit, on aura plus de force. Plaque-toi sur moi et pousse de toutes forces.
C'est la seule solution qui me vient à l'esprit. Tory hésite, mais sa réticence laisse finalement place à de la résignation.
Quant à moi, j'essaie de rester concentrer sur notre objectif. Il faut dire que ses atouts me déstabilisent un peu.
- T'as pas intérêt à aimer ça, me menace-t-elle.
- C'est déjà trop tard. Maintenant va-y !
Après nous être placés, nous donnons tout ce que nous avons jusqu'à le coffre soit collé au mur. Ceci fait, nous asseyons en respirant bruyamment. C'était quand la dernière fois que j'ai fait un tel effort ? Je ne m'en souviens même pas.
En tout cas, je me sens mieux. M'asseoir me fait beaucoup de bien et je suppose que c'est aussi le cas de Victoria.
- Bon, et maintenant ? Demandé-je.
- On essaie de savoir ce qui s'est passé. Peut-être qu'en mettant nos souvenirs en commun, on parviendra à reconstituer l'histoire.
- Ouais peut-être. Et si ça te dérange pas, je veux bien commencer...
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Brun , cheveux mi-long 
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