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Sujet : Peut-on parler de sciences économiques ?
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0k823
Niveau 10
01 décembre 2013 à 12:52:09

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Peut-on parler de sciences économiques ? - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

- - - - - Pour le développer, prenons un thème : « La crise est-elle une fatalité ? » Voilà certainement l'une des question les plus pertinentes économiquement pour quelqu'un qui veut opérer sur le long terme mais, « In the long run we are all dead. » Je ne vais pas me lancer dans une critique ou une éloge du présumé courtermisme du keynésianisme. Je ne suis déjà pas, je me dois de l'avouer, suffisamment calé pour ça et surtout, c'est un sujet que je considère comme parfaitement secondaire, finalement. En effet, la question du long terme dépasse largement le cadre de ce que certains économistes considèrent trop souvent comme un compendium propre, normé, rigoureux et organisé du monde, c'est-à-dire, les sciences économiques.

- - - - - Depuis le début du XXe siècle, la concordance entre les disciplines fait figure de Fata Morgana méthodologique, tous avancent, ou veulent avancer, en sa direction sans jamais vraiment l'atteindre. Mais la pluridisciplinarité est-elle le nouveau fil d'Ariane pour évoluer dans le labyrinthe de la complexité moderne ; les grands changements d'échelles ne rendent-ils pas ces tentatives d'unification vaines, de la même manière qu'entre la mécanique quantique et la relativité générale ?

- - - - - Penser le long terme en économie est une façon de quitter, sous l'alibi de la formulation d'hypothèses et l'élargissement de la zone d'étude disciplinaire, le champ strict de l'étude des échanges marchants pour tâtonner dans le secteur ambigu et souvent malfamé des prédictions sociologiques où les idéologies politiques s'exacerbent, les interprétations se clivent et finalement, les conclusions s'opposent. Peut-on encore, alors, parler de science ?

- - - - - Pour réfléchir économiquement sur le long terme il faut donc assumer de quitter la sphère scientifique, avec ces observations, sa construction d'hypothèses et ses procédés expérimentaux pour pénétrer dans celle de la politique, avec ces grilles de lectures et biais explicites. Mais la politique en économie ne se retrouve pas uniquement dans les projections.

- - - - - Poser la question de la fatalité de la crise c'est poser la question de son état. Structurelle ou périodique ? En sciences sociales, ce sont les écoles qui font la loi. L'école Keynésienne et l'école Autrichienne ne s'opposent pas seulement sur l'interprétation des données, mais sur l’existence, ou la légitimité même, des données.

- - - - - Pour certains, c'est une crise structurelle, pour d'autres, c'est une crise périodique. Je ne vais pas trancher le débat, bien sûr, mais comme vous pouvez le constater, cela s’apparente plus à une controverse politique que scientifique.

qeaq
Niveau 10
01 décembre 2013 à 12:57:15

Je ne vais pas faire parler mon égo en disant que tout cela est un peu technique pour moi.
Mais sur ta question, moi j'estime que l'énorme arnaque actuelle est de nous vendre l'économie comme une science mathématique alors que ce n'est qu'une science humaine.
A mon sens notre crise actuel n'est en rien une fatalité scientifique mais l’aboutissement des décisions catastrophiques prises par nos élites.

kotaro123
Niveau 10
01 décembre 2013 à 13:07:47

La science, c'est le débat.

Donc non, ton argumentation n'est pas valide. Ce qui valide la scientificité d'une thèse, c'est l'examen par les pairs de la science, et donc, le débat. C'est comme ça que la science avance, par le débat et la confrontation d'idées.

Là où en revanche tu as raison, mais tu le sous-entend fortement, c'est que les sciences sociales sont nécessairement normatives, et donc s'opposent aux sciences positives dites "dures", puisque toute tentative d'analyser l'objet d'une science sociale part du constat, d'un biais subjectif sur ses déterminants.

De fait, l'étude d'un phénomène en sciences sociales est nécessairement un manifeste, l'expression d'un combat politique.

Si l'on part de cela, il convient de dire que la science économique au sens propre du terme n'existe que comme outil destiné à l'élaboration de politiques : elles donnent un cadre théorique et une orientation selon le biais choisi, mais sont des explications ou des solutions partielles d'une réalité. En un mot, le désencastrement du marché est une illusion. Il est impossible de considérer le marché comme étant une entité autonome de la politique et de la société, comme un objet donc, à part entière. C'est pourtant là le critère qui détermine en partie la scientificité d'une pratique. En un mot dans cette optique : la science économique perd son objet, et par là même, sa scientificité.

Cela dit, il est également nécessaire de souligner le caractère spécifique des sciences en général, leur interdépendance (impossible de considérer la biologie sans physique) et donc, de souligner que le fait même que l'objet d'une science soit un parti pris n'enlève en rien son caractère scientifique : cela veut simplement dire qu'un champ scientifique ne se suffira jamais à lui seul. Ainsi, je conclus que la sciences économique est une discipline de la science politique, tout comme la sociologie. Et donc, j'en conclus que la science économique ne se suffit pas à elle seule, que sa vraie puissance vient de sa combinaison avec d'autres disciplines de la science politique : ce qui fait la science économique, c'est son inter-discpilinarité.

qeaq
Niveau 10
01 décembre 2013 à 13:13:10

:d) kotaro123

+1

0k823
Niveau 10
01 décembre 2013 à 13:19:22

« La science, c'est le débat. »

- - - - -

Je pense que la science c'est avant tout une méthode de manipulation et d’association de données qui consiste à combattre les biais via des techniques expérimentales.

Le débat ne suffit pas à définir le caractère scientifique, sinon la politique serait de facto de la science. Il ne faut pas confondre le débat scientifique et intellectuel.

kotaro123
Niveau 10
01 décembre 2013 à 13:22:40

Mais le débat garantit la scientificité d'un thèse, grâce à l'examen par les pairs. C'est un des déterminants scientifiques.

kotaro123
Niveau 10
01 décembre 2013 à 13:23:42

Et non, la science n'élimine en rien les biais : c'est un biais sur le réel, une tentative de réduire une de ses manifestations à un objet dont on présuppose la cohérence et la logique.

Onafaitletour
Niveau 4
01 décembre 2013 à 13:25:49

Bien sûr. Le principe de la science est d'observer et puis de porter une conclusion, ce qu'on peut faire avec l'économie.

[Magean]
Niveau 68
01 décembre 2013 à 13:26:11

Pour une fois nous sommes d'accord sur l'essentiel kotaro, sur l'interdisciplinarité, même si je n'irais pas jusqu'à dire que toute recherche en économie est un combat politique.

La recherche en économie n'est pas simplement au service de l'activité politique et de la production du droit. Un chercheur peut réaliser un travail d'enquête sur un secteur, à destination d'entrepreneurs par exemple. L'objectif est bien de guider une prise de décision, mais cette prise de position ne relève pas nécessairement du champ politique. C'est juste que les médias sont saturés d'économistes qui prétendent "éclairer le débat public", donc on a cette vision...

kotaro123
Niveau 10
01 décembre 2013 à 13:29:08

Pour moi la base même de la théorisation économique, à savoir la modélisation, est une posture normative. Même la microéconomie, les behavioral economics, la théorie des jeux etc... qui sont autant de méthodes économiques utilisées par les entrepreneurs partent toutes d'un biais sur le réel, et donc d'une posture normative.

[Magean]
Niveau 68
01 décembre 2013 à 13:39:36

Mais à partir d'un même biais, des positions normatives opposées peuvent parfois être déduites. Je te donne à nouveau l'exemple de l'utilisation du modèle de CPP aussi bien par des libéraux que par des socialistes planistes.

kotaro123
Niveau 10
01 décembre 2013 à 13:45:12

En quoi est-ce que ça change quoi que ce soit à mon propos?

[Magean]
Niveau 68
01 décembre 2013 à 13:50:59

Si un même point de départ peut aboutir à des positions normatives différentes, alors l'affirmation selon laquelle tout biais de départ est lié à une prise de position politique s'en trouve affaiblie, n'est-ce pas ?

Bref, comme toi je pense qu'une science économique purement neutre et positive, à l'image des sciences de la nature, est un mirage. Mais je ne pense pas que toute base théorique contienne déjà des prescriptions normatives.

kotaro123
Niveau 10
01 décembre 2013 à 14:05:25

pas faux, mais le fait qu'on puisse déduire des postures normatives différentes d'un même biais ne change rien au fait que le biais lui-même a une valeur normative qui suggère un manifeste politique

DanMillman
Niveau 10
01 décembre 2013 à 14:14:14

apres avoir lu le premier post je me sens stupide :hap:

qeaq
Niveau 10
01 décembre 2013 à 14:29:04

:d) DanMillman

Tu sais, même Bourdieu à une prose très impressionnante dans le caractère très technique des mots employés, cela ne veut pas dire pour autant que ce qu'il dit est intelligent...
Il ne faut pas tomber dans le piège de l’esthétique du style quand ce qui compte avant tout est le fond.
Mais je reconnais moi aussi que le post de l'auteur du topic est très intéressant.

DanMillman
Niveau 10
01 décembre 2013 à 14:44:49

quelqu'un pour m'expliquer :

« In the long run we are all dead. »
:d) wut :hap:

présumé courtermisme du keynésianisme
:d) wut :hap:

En effet, la question du long terme dépasse largement le cadre de ce que certains économistes considèrent trop souvent comme un compendium propre, normé, rigoureux et organisé du monde, c'est-à-dire, les sciences économiques.
:d) wut :hap:

- Depuis le début du XXe siècle, la concordance entre les disciplines fait figure de Fata Morgana méthodologique,
:d) wut :hap:

les grands changements d'échelles ne rendent-ils pas ces tentatives d'unification vaines, de la même manière qu'entre la mécanique quantique et la relativité générale ?
:d) wut :hap:

kotaro123
Niveau 10
01 décembre 2013 à 15:14:24

qeaq :d) si tu sous-entend que ce que Bourdieu dit est con, c'est toi le con dans l'affaire :hap:

qeaq
Niveau 10
01 décembre 2013 à 15:17:19

:d) kotaro123

Oui je sous entends parfaitement que ce que Bourdieu est con.
Après le fait que je sois con moi même n'est pas chose impossible :ok:

qeaq
Niveau 10
01 décembre 2013 à 15:17:38

"ce que Bourdieu dit"

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