Spleenager J'espère que tu es au courant que Napoléon à abandonné son armée en Egypte après la campagne et que celle-ci s'est dissoute petit à petit.
T'inquiete je suis etudiant en Histoire.
Petit à petit pas vraiment.
Elle a tenu le choc tant que Kléber était là.
Après sa mort, le général Menou, qui n'avait aucun talent militaire, a assuré le commandement jusqu'au débarquement anglais et à la défaite de Canope.
Nous finîmes par atteindre le village. Il ressemblait à tous ces villages des montagnes d'Aragon, à ceci près que le fin manteau blanc dont le couvrait décembre naissant lui donnait une beauté irréelle.
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La grâce de l'endroit était telle qu'elle n'était qu'à peine dérangée par un vieux panneau brun. Il fut sûrement autrefois raide comme la justice, mais il est aujourd'hui vermoulu et d'un autre âge. Pourtant l'écriture paraît neuve, il est écrit "Sancio peble, propietat privada". Pas besoin de traduire. A côté de ce panneau, puisque apparemment il ne devait pas suffire, se tenait un garde. Lui aussi avait l'air vermoulu et d'un autre âge, mais son fusil était flambant neuf.
- Comment il fait lui tout seul pour tenir le village ? Demandais-je à Yago.
- Les paysans savent que si il arrive des emmerdes à ce pauvre type, Sancio demandera au capitaine Baudrillart et ses sous-hommes stationnés près d'ici d'intervenir.
Alors qu'il me disait ces mots, le garde s'approcha, nous toisa du regard et déclara :
- Ce village est la propriété privée du señor Sanció. Quiconque habite ici ou y passe habite ou passe, en quelque sorte, chez le señor Sanció. Personne n'y est autorisé sans sa permission. Or vous n'avez pas de semblable permission ou du moins vous ne l'avez pas présentée.*
- Tu sais ou tu peux te la foutre ta permission, répondis Yago du tac au tac en pointant son fusil sur le garde. Il l'imita, ils se regardèrent en chien de faïence. Moi, surpris, je ne bougeais pas, et au moment où j'allais à mon tour pointer mon fusil sur le garde, une voix hautaine nous interrompit :
-Laissez-les donc Hèctor.
Le garde mit crosse à terre en poussant un léger grognement. Je commençai à ranger mon fusil, Yago fit de même tout en conservant son regard en joue pointé vers le garde.
L'homme qui avait parlé s'approcha de nous. Il avait un corps fin, la posture droite et des yeux verts qui lui donnaient un regard de rapace, à mi-chemin entre celui de l'aigle et celui du vautour.
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- Vous connaissez sûrement déjà Hèctor-Hipòlit Hortells, que l'on appelle plus communément H3, dit-il en désignant le garde qui resta stoïque à ces paroles.
- Écoute Hernandès, perd pas de temps à me présenter les chiens de garde de Sanció et viens en aux faits, qu'est-ce que tu veux ? Répondit Yago.
Hernandès le tempéra.
- Allons, allons, rien ne presse. Marchons donc jusqu'à la taverne et commence d'abord par me présenter ce petit gars.
Alors qu'il disait cela, il me montra du doigt. Avant que je puisse répondre, Yago rétorqua :
- Il s'appelle Ed. Il est avec moi, t'as rien de plus à savoir de lui.
- Si telle est ta volonté, je ne m'y opposerai pas, conclut Hernandès.
Nous entrâmes dans la taverne, elle était presque vide, Hernandès demanda une table dans une salle isolée.
Nous nous assîmes, Hernandès et Yago commandèrent un Sanció vi (vin de Sanksion, la région était viticole), je voulus moi aussi y goûter malgré le prix prohibitif afin de le comparer avec celui de mon père qui était assez réputé, même jusque dans la capitale où les rupins aimaient l'avoir à leurs belles tables. Ici, dans ce petit village sur une vieille table en bois, nous buvions la vulgaire piquette de Sanció.
Pendant que je jouais à l’œnologue, Yago dit à Hernandès sur son ton dur habituel.
-Bon maintenant qu'on a donné notre thune à cette saloperie de Sanció, tu vas peut-être me dire pourquoi tu as voulu qu'on se retrouves ici.
Hernandès sourit et répondit
-Tu sais Yago, de tout les nobles du coin j'ai toujours été celui qui me comportais le mieux avec mes employés...
-Nous ressorts pas ton baratin. Le coupa Yago d'un ton sec.
-Tu avoueras quand même que travailler pour moi c'était quand même plus sympa qu'avec les autres.
-On s'en passe très bien des miettes que tu daignais nous octroyer.
- T'étais bien content quand même de les avoirs les miettes à l'époque, non ? Dois-je dire à ton camarade que jusqu'au soulèvement c'est toi qui étais chargé de négocier ces "miettes" ? Alors, ton baratin révolutionnaire, à d'autres.
A ces mots, Yago perdit son assurance, il bafouilla pour finalement dire:
- Je m'y préparait moi à la révolution, sous mes airs dociles, j'apprenais à tirer, à me cacher, à surprendre. Demande donc aux 7 ordures fascistes dont j'ai, à ce jour débarrassé le monde, si la révolution c'est du baratin.
- Oui, tu es devenu très fort en matière de guérilla à ce qu'il parait, et c'est pour ça que j'ai besoin de toi. Répondit Hernandès qui n'avait pas cessé de sourire.
- Là tu deviens intéressant. Fit Yago que je vis sourire pour la première fois. Dis m'en plus.
-Tu connais Luis Ryuzaki ?
-Ouai, un aristo, c'est lui que je dois tuer ? Parce que je le ferais avec plaisir.
-Non, Luis est quand même 522èm dans la liste de succession des Bourbons, je lui dois un certain respect. Tu sais que je suis devenu un de ses proches conseiller ?
- Je m'en fous de ta vie, qui est-ce que je bute ?
-Attends, attends, calmes-toi, tu sais surement que Luis est à la tête d'une division carliste et que pour lui, la cible ce sont les bruleurs d'églises, pas les honnêtes paysans et ouvriers.
-Ce sont eux qui brûles les églises, il se débarrassent de leur opium.
-Là n'est pas la question mon bon Yago, si Luis est catholique, cependant économiquement, son avis n'est pas tranché et je pourrais bien faire pencher la balance du côté de l'interventionnisme, qui serait à coup sûr meilleurs pour tes camarades, mais...
-Mais quoi ?
-... il y a aussi BATista LEFIENTE qui le conseil, c'est un capitaliste extrémiste, il gagne de plus en plus d'influence sur Luis, je dois m'en débarrasser, et tu vas m'aider.
Yago prit un air faussement surpris.
-Calmes-toi Hernandès, si Luis devient interventionniste, à la limite, qu'est-ce qu'on s'en fout ?
-J'ai oublié de te dire que le Barón Ryuzaki est très proche d'un certain Francisco Franco Bahamontes, tu connais ?
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-Ouai, le chef des Maures.
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/images/espagne2.jpg
-Avec le capitaine phalangiste SANtos GLIERrino et le commandant NElson OCOÑo on les appels les trois ombres de Franco, ils ont beaucoup d'influence sur lui, Santos est partisan du repli sur soi patriote, Nelson lui est pour le libéralisme économique, donc si les nationalistes gagnes ce serait mieux qu'ils installent un nouveau régime un peu plus social que d'habitude, non ?
http://www.39-45.org/viewiewtopic.php?f=140&t=34789
-Désolé, mais encore une fois, je m'en fout, tu crois que Franco aura le pouvoir si les fascistes l'emportes ? Il y a Mola et Sanjuro quand même.
-Franco s'en occupe de ces deux là.** Dit-il avec un air malicieux. Fais moi confiance.
-Donc, si je résume, tu veux que je tue un gars pour que tu puisses influencer ton supérieur en ésperant que lui puisse influencer le sien de supérieur ? La voix hiérarchique quoi.
http://youtu.be/uLiNKaUp0AA?t=5m11s
Hernandès répondit alors sur un ton d'une extrême gravité.
-Tu préfères avoir un pays de fachos et de capitalistes ou un pays avec au moins une légère orientation socialiste ?
Yago paru hésiter.
-Tu sais que j'aime pas beaucoup les sociaux-traitres. Il soupira. Mais il faut être pragmatique, non ? Par contre je fais pas ça pour la gloire.
Hernandès sourit une nouvelle fois.
-500 pesetas*** maintenant, 500 après que tu ais fait ce que tu as à faire, et avec ça.
Il sortit une longue boîte de dessous la table, nous la présenta et l'ouvrit, dedans un magnifique fusil de précision.
-Un Lee-Enfield Mark III, flambant neuf, acheté sur le marché noir britannique. Dit-il.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lee-Enfield_Mark_III
-Je garde mon bon vieux Mosin-Nagant, par contre file-le à Ed, il va m'aider dans ma tâche.
Je le regardai surpris, qu'est-ce qu'il comptait faire d'un gamin de même pas 18 ans qui ne savait pas tirer, Hernandès me tendit le sniper, en le prenant et en l'observant j'avais surement l'air d'une poule qui avait trouvé un tournevis. Hernandès donna ensuite l'argent et une photo de notre cible à Yago, celui-si se leva, serra la main d'Hernandès en disant sur un ton solennel.
-Hernandès Ignasi Irene Isidor de BUGos, marché conclut.
-Marché conclut ! Répondit-il avec enthousiasme. Le 24 il y a une grande cérémonie de noël à la caserne, chacun des chefs, dont Moi et Batista, feront un discours. Vous n'aurez qu'à monter dans les hauts arbres près de la caserne, de là vous devriez pouvoir l'abattre quand il fera son discours.
http://www.monumentaltreeees.com/fr/records/esp/aragon/
Nous sortîmes alors de la taverne et partîmes, Hernandès d'un côté, Yago et moi d'un autre, Yago avait 20 jours pour m'apprendre à tirer, c'est ce qu'il fit. Il s'est avéré que j'avais un don pour le tir de précision, je n'égalais pas Yago qui avait des années de pratique, mais je n'avais pas à rougir de mes performances, nous avions trouvé des partisans dans les différents villages du coin, on nous avait cousu de quoi résister (un peu) au froid qui devenait de plus en plus problématique.
Puis vint le jour fatidique, Yago avait prévu que nous allions chacun dans un arbre différent et qu'à 23 heure pile, lors du discours de Batista, nous tirions tout les deux sur lui , il disait que ça doublerai nos chances de l'atteindre et que d'entendre 2 tirs de deux directions différentes déboussolerait les miliciens carlistes pendant que nous prendrions la fuite.
Je montait dans mon arbre, c'était difficile, surtout à cause des épines et l'encombrement du Lee-Enfield, mais bon ,je m'étais entraîné pour, et heureusement les branches étaient encore épaisses lorsqu'elles dépassaient l'assez bas mur de la caserne.
J'atteignais ma position et essayais tant bien que mal de me placer correctement, il était 22h55, à travers ma lunette je voyais celui qui avais l'air, par l'uniforme assez somptueux, d'être Luis Ryuzaki, il regardait pensivement un papier****.
Les miliciens finissaient de chanter.
https://www.youtube.com/watch?v=snes8UzAUx8
Batista s'avançait vers le micro, 22h57.
Merde, je le visais, je me rendais enfin compte que j'allais tuer quelqu'un, même si il était capitaliste 22h58, il ne m'avait rien fait, ouai mais il exploite des travailleurs, et Yago a dit qu'il fallait être pragmatique,l'Espagne socialiste quoi 22h59, c'est un être humain merde, mais c'est un capitaliste, un être humain qui ne t'as rien fait.
Il commence son discours.
-Je serais bref. Dit-il dans le micro.
Un capitaliste, un être humain. Belleville, Belleville, Belleville ! mais je n'osais pas appuyer sur la gâchette.
23h00
PAN ! J'entendis un tir, instinctivement je tirais à mon tour, je l'avais eu ! Je le voyais s'écrouler sur l'estrade à travers la lunette, j'avais vraisemblablement logé la balle dans la cage thoracique.
Je relevais mes yeux, je vis l'agitation dans la caserne, ils ne savaient plus où donner de la tête, aux vues des deux attroupements qui se formaient sur l'estrade Batista ne devait pas être le seul à avoir était abattu.
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http://ccec.revues.org/3501
Merci à Spicyviewer d'avoir en parti corrigée cet épisode
A la garde !
traquons cette raclure de bidet rougatre 10 pesos à qui me ramène leur tête
leurs têtes *
Continue ainsi (dommage battlefiente )
Les BG entrent en action.
Luis le chef de milice classieux.
Ton scénario est vraiment bien ficelé!
Continue! J'attends la suite avec une impatience grandissante!
Très bon épisode Edward!
J'adore les manipulations sournoises et les guerres de factions.
Et la recherche documentaire qui va avec...respect.
Merci les gars
"J'adore les manipulations sournoises et les guerres de factions. "
Moi aussi j'adore ça, y a pas assez de films/livres comme ça je trouve.
En tout cas, tu mêmes très bien fiction et réalité. C'est pas "Le Roi d'Ys" (personne ne comprendra cette référence ) mais quand même, c'est pas mal
Merci Edward, en plus j'ai un rôle important pour une fois.
Je sais pas si il parlait de toi ou d'HashTrois.
Mais tu avais déjà un beau rôle en catho fanatique dans ma chronique, seigneur de Bugues
Il y a une subtilité avec les 3 prénoms qui débutent avec un I ( H3I ) et BUGos, GG d'ailleurs pour ces jeux de mots. /
Oui je me rappelle de cette chronique, merci également.
Comble du hasard, j'ai habité dans le village sur la photo du Début. Il s'appelle Aragon et celui-ci se trouve...
...en France.
(Si jamais tu veux des infos sur le village dit le moi)
Sinon je sais pas si tu l'a déjà vu, mais voilà un bon documentaire sur les mouvements anarchistes en Espagne :
http://www.youtube.com/watch?v=ZtXv0QXBwBI
Voilà qui devrait enrichir encore plus ta chronique.
J'ai cherché sur internet Village+Aragon+neige
En tout cas il a l'air très beau, il se trouve où en France ?
Et j'étais justement en train de regarder ce documentaire, il est très bien mais j'aimerais trouver une source moins idéaliste.
J'attends la suite avec impatience, curieux de voir où tu vas me mettre et quel nom tu vas trouver pour mon pseudo.
Je viens de découvrir la chronique, pas mal pas mal. Dommage que je n'y figure pas (mais vu mon profil je peux comprendre)...
Merci jyme, c'est vrai que tu es difficile à caser dans cette période, mais j'essayerai de faire référence à toi quand même.