Il est en France des institutions que l’on a pas le droit de critiquer car elles se posent en défenseurs d’idées que nul ne peut publiquement critiquer. C’est le cas du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) qui, grâce au bouclier de l’antiracisme, peut se permettre des méthodes pour le moins discutables. Analyse du rapport sur le racisme sur internet en 2009.
Un but de ce rapport, d’une qualité assez médiocre il faut le dire, est de lister les sites internet supposés promouvoir des idées racistes. Au delà de la qualité très discutable du rapport, il y a surtout comme une forte odeur rance dans l’étalage des sites, un soupçon de dénonciation. L’auteur dresse des listes d’ennemis en leur collant l’étiquette infamante d’extrême droite, qui est généralement fausse à plus d’un titre. En cela il use d’ailleurs des méthodes fascistes qu’il entend dénoncer par sa belle indignation, indignation qui bien souvent n’est que prétexte à instaurer la tolérance répressive par le contrôle des opinions.
On y découvre cité notamment des blogs comme le Salon Beige, Extrême Centre ou Polydamas dont la présence dans une telle liste est bien pour le moins hâtive. Dans ce rapport sont également cités par la néo-inquisition comme suspects ou tendancieux : Aurel, Objectif Liberté, Liberté Chérie et d’autres blogs libéraux, d’Alternative Libérale à Simon Aubert. L’auteur de revendiquer l’inclusion dans sa liste de « sites à but culturel (art, histoire, dont le contenu n’est raciste au premier abord, mais qui sont souvent cités par des sites racistes, racisants, etc..) ». En effet, à ce rythme là, on peut lister la totalité de la blogsphère... Le simple fait de lier vers des sites suspects est en effet un motif pour être listé dans ce rapport du MRAP... Mon article sera-t-il dans le prochain rapport du MRAP comme raciste ?
De même, l’auteur révèle son manque de connaissance complet du sujet quand il range Les 4 Vérités dans le mouvement libertarien. Rappelons ce qu’on en dit sur internet : « il revendique une ligne éditoriale de droite et libérale, fortement teintée de conservatisme. Sur de nombreux sujets, le journal et ses intervenants sont ainsi bien plus de droite ou conservateurs que libéraux. » On a du mal à voir le libertarianisme là dedans...
On peut faire deux lectures de la démarche du MRAP :
- contreproductive, en faisant de la pub gratos à des sites majoritairement nuls, aux idées souvent, il est vrai, racistes.
- très productive pour le MRAP. En faisant de la pub a ces sites, le MRAP justifie ses futures subventions, comme la fonte des glaciers de l’Himalaya en 2035 permet au GIEC de justifier son utilité. Puisqu’il y a autant de racistes, qui oserait revoir à la baisse les subventions importantes que reçoit le MRAP ?
Personnellement, je penche pour la seconde analyse. Agiter le chiffon rouge du racisme, c’est renforcer sa légitimité pour le MRAP. Cependant ce qui est plus inquiétant, c’est la volonté de contrôle et de censure de l’internet qui en découle. Citons un communiqué de 2005 du MRAP : « Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) réclame auprès du Premier ministre la fermeture immédiate de sites sur lesquelles ont retrouve des écrits racistes. Le Mrap se déclare "horrifié par la prolifération des écrits racistes sur internet" ». Qui ne le serait pas ?
Mais y a-t-il réellement une prolifération ? Censurer, est-ce efficace ? Le MRAP a tout intérêt à présenter le racisme comme une menace plus importante qu’elle ne l’est réellement. essaie de augmenter taille réelle
D’un point de vue libéral, ce fichage systématisé pour désigner les bons et les méchants est inquiétant : ce rapport, étant donné le flou qui entoure ses critères et l’extension indéfinie du mot "racisme", vise à désigner des ennemis d’une manière inquiétante alors que prolifèrent les idées d’un futur flicage de la toile par le gouvernement, comme cela est confirmé par un autre rapport remis à Fillon cette semaine par la Commission des droits sur internet.
En outre, pour lutter contre le racisme, la censure que promeut le MRAP est une méthode complètement inefficace. C’est par les arguments que l’on combat la bétise ds arguments racistes. A les interdire, on ne fait que renforcer le sentiment de persécution par une minorité qui explique le sentiment raciste chez beaucoup et crée des martyrs, alimentant ainsi et alimente ainsi la cause des groupes néo-nazis. De plus, on rejette les idées racistes dans des endroits où on ne peut plus les affronter.
Brimer la liberté d’expression permet la survie de ces mouvements racistes, xénophobes et autres. La meilleure manière de combattre le néo-nazisme est d’utiliser la raison et le ridicule et non pas de criminaliser une telle expression. Si des propos néo-nazis perdurent, c’est à l’individu de les combattre en s’exprimant en toute liberté. La liberté d’expression elle-même est la meilleure arme contre les débordements de la liberté d’expression. Dans ce contexte, criminaliser l’expression des propos négationnistes ou révisionnistes revient à juger irresponsable le public, qui pourrait être "influencé" par de tels propos. Evidemment une telle expression n’est pas rendue impossible par l’interdiction, elle est seulement rendue clandestine, et d’autant plus intransigeante.
Voilà pourquoi je ne me montrerai pas solidaire de démarches visant à faire le même genre de listing nauséabond de sites anticapitalistes, staliniens, nationaux-communistes, etc. Je ne partage en rien les pulsions guépéistes de l’auteur de ce rapport, motivation indispensable pour recenser et décortiquer les sites ennemis. Ce fichage des sites infréquentables a comme tous ses antécédents des relants malsains. Ainsi des listes noires du PCF, analysées par Sylvain Boulouque et Franck Liaigre [1] qui visaient la même chose que ces listes du MRAP, en plus sinistre.
Point qui ne surprendra pas grand monde, Gaël Le Mignot, webmaster du MRAP et auteur du « rapport » concerné selon le site I Like Your Style est un habitué de l’extrême gauche, participant régulier de la Fête de l’Humanité. Le journal L’Humanité en faisait ainsi un éloge vibrant en 2004 : « Il n’a pas trente ans, mais c’est déjà un vieux routier de la Fête. Et pour cause, ce militant du MRAP est tombé dedans quand il était – petit. “J’étais encore en poussette quand j’ai fait ma première Fête de l’Humanité”, – explique Gaël. Depuis, ses motivations ont changé. “Gamin, j’y allais pour les autos tamponneuses et pour Pif. Après, j’ai pris conscience des enjeux politiques.” ». Tout cela en reconnaissant officiellement la volonté de lier antiracisme à la sauce MRAP et promotion du communisme : « Enfin, le MRAP espère s’appuyer sur la Fête de l’Humanité “pour relancer l’idée de faire en octobre une grande manifestation contre toutes les formes de racisme”, explique Gaël » [2]. Confirmation dans les faits de ce qui est dénoncé depuis longtemps, l’utilisation à des fins politiques par l’extrême gauche de la vitrine de l’antifascisme, de l’antiracisme, etc. Lionel Jospin, ancien trotskiste, reconnaissait lui aussi cela en 2007 : « Pendant toutes les années du mitterrandisme, nous n’avons jamais été face à une menace fasciste. Donc tout l’antifascisme n’était que du théâtre. Nous n’avons jamais été dans une situation de menace fasciste, même pas à un parti fasciste ».
Depuis Willi Münzenberg, bien peu a changé dans les méthodes de l’extrême gauche ; Münzenberg fut l’un des premiers artisans d’une technique qui allait être appelée à un grand succès dans le mouvement communiste, à savoir présenter le communisme comme le seul opposant légitime au fascisme, à l’impérialisme, au colonialisme, au racisme, etc. Cette rhétorique continue aujourd’hui à être très présente, par exemple dans le discours « antifasciste », ou « antiraciste » tout en visant à nier le rôle majeur d’autres courants politiques, dans l’opposition à ces mouvements.
L’antiracisme comme l’antifascisme sont de nobles causes. Leur récupération actuelle par des politiques est-elle à condamner absolument.
http://www.contrepoints.org/Rapport-sur-le-racisme-sur.html