A partir de ses perceptions, chacun (ou presque) se représente une image approximative de la réalité. Notre subconscient semble avoir tendance à construire un raisonnement à partir d'axiomes et de sophismes afin de déterminer nos opinions, nos choix, nos actes. Par conséquent, il est tout à fait normal qu'un quidam vous lance "J'ai raison" avec un raisonnement non valide en vous expliquant que "C'est logique". En effet, il sera persuadé que les propriétés utilisées sont des vérités. Or, en obéissant à toutes ces règles, il n'est pas rare de constater (si on l'accepte) un résultat ne correspondant pas à la vision que l'on s'était faite qui semblait pourtant tout à fait "logique" à nos yeux. Mais de quelle manière doit-on traiter ces informations, à la fin?
La première partie de l'étude se portera sur la "logique exacte" : parmi toutes les combinaisons possibles, celles qui correspondent à la définition de la chose forment un ensemble associé à la conclusion. La vérité ne peut s'obtenir que par la démonstration, c'est à dire un raisonnement déductif parfait à partir des axiomes que l'on a posé.
Ainsi, toute déduction dépend de ses conditions, le plus souvent de la définition du concept utilisé. Une conclusion n'est qu'une vérité au conditionnel.
Qu'ai-je posé comme axiome à ce sujet? "Je le perçois donc il existe sous forme de sensation." car si cette sensation n'existait pas, je ne la percevrai pas. Quoi d'autre? Le souvenir des précédentes sensations? Non, il ne s'agit qu'une sensation de se souvenir qui se produit au moment présent.
Maintenant que nous avons cette donnée, nous pouvons envisager un raisonnement logique, un vrai. Pour avoir une représentation fiable de cette réalité, il faut envisager TOUS les scénarios possibles auxquels correspondent la sensation présente. Je n'ai pas tout imaginé, mais je peux vous dire qu'il y en a un paquet. Avec un raisonnement objectif, on peut envisager tout et n'importe quoi sans avoir la possibilité de démontrer la non-validité. Mais alors, si tout est possible, pourquoi se creuser la tête lors de nos choix? Pourquoi ne pas se laisser simplement guider par le hasard?
C'est là que la probabilité, un concept bien plus complexe, entre en jeu.
Est-ce que j'existe réellement dans une durée ou ma perception présente n'est-elle qu'une donnée perdue dans un univers où le principe d'identité n'existe pas, où un moi dans deux secondes ne sera plus moi? Quel est le plus probable? Je n'en sais rien. Mais de toutes façons, je n'ai rien à y perdre donc j'admets que j'existe dans une durée, d'où la présence de mes choix et de la suite de ce raisonnement.
Après, tout part du raisonnement inductif. Admettant que nous vivons dans une durée, nous pouvons constater que l'ensemble de nos perceptions sont ordonnées. Un simple hasard? Possible. Mais face à une telle coïncidence, il nous semble plus probable qu'une logique, que des liens de causalité existent pour tout ordonner.
Ensuite, à partir des différentes combinaisons d'éléments que nous constatons à chaque instant, nous établissons des règles, des liens. Dans les exemples suivants, seul l'élément D sera présent à chaque instant.
Exemple 1 : chaque fois que les éléments A et B sont présents, nous observons la présence de l'élément C, nous pouvons établir plusieurs hypothèses :
-il n'y a aucun lien entre ces éléments, il s'agit du hasard
-A et B entraînent C
-A, B et D entraînent C
-A, B, C et D n'ont pas de lien direct, ils sont les conséquences d'autres éléments qui étaient également présents qui engendrent une grande probabilité de cette correspondance
Nous constatons que plus le phénomène est fréquent, moins la première hypothèse est probable.
Exemple 2 : Lorsque les éléments A et B sont présents, SOUVENT, nous observons la présence de l'élément C, nous pouvons établir plusieurs hypothèses :
-il n'y a aucun lien entre ces éléments, il s'agit du hasard
-A, B, C et D n'ont pas de lien direct, ils sont les conséquences d'autres éléments qui étaient également présents qui engendrent une probabilité de cette correspondance
C'est par un contre-exemple que l'on passe de l'exemple 1 à l'exemple 2. La loi "A et B entraînent C" garde un statut de probabilité à condition de D soit présent.
Pour faire un parallèle, une démarche scientifique a pour fonction d'établir un modèle qui puisse correspondre à toutes nos observations. C'est à partir du raisonnement inductif qu'elle a défini les lois les plus "probables" (comme les lois de Newton) pour ensuite déboucher sur différents modèles possibles.
Au passage, je porterai une critique sur un des comportements humains qui, en outre, a été un véritable obstacle à la science et plus généralement à la raison : le préjugé. Pour qu'une loi reste probable, il faut prendre en compte TOUS les exemples observés jusqu'à présent. Mais l'être humain, lui, en général, après avoir déduit une loi, a tendance à refuser les contres-exemples et à orienter une logique qui va à l'encontre de la probabilité. Ainsi, il faut au moins UN SIECLE pour qu'un nouveau paradigme puisse remplacer le précédent.
Toute loi probable ou approximative doit tenir compte de la totalité des exemples observés et tout sophisme au sein du raisonnement déductif qui s'en découle est impardonnable (lol).