Se connecter

Savoir & Culture

Philosophie

Sujet : Le divertissement
1
Davaroi
Niveau 9
24 juillet 2009 à 10:26:09

Ce que je nomme ici le divertissement, c'est un passe-temps dont la finalité première est le plaisir, ou l'agréable. Première car, en effet, elle n'est généralement pas un choix judicieux en vue d'une autre fin.
Par exemple, certains jeux-vidéos sur Wii permettent de dépenser une quantité (dérisoire) de calories, mais lorsque c'est ce but qui est recherché, pratiquer un sport est nettement préférable.
On peut aussi faire le parallèle avec la philosophie. Poster un topic sur jeuxvidéo.com est moins rentable que d'aborder des textes de philosophie mais exige moins d'effort.

Le divertissement concerne notre vie de tous les jours. Mon interrogation ici se portera sur son utilité. Que permet-il ? Qu'entraîne-t-il ?

Vous l'aurez deviné, il permet bien évidemment le plaisir. Le choix du divertissement implique donc un calcul des plaisirs, tant sur le présent que sur le long terme. En effet, il est préférable de prendre en compte les processus de désensibilisation (il faut varier les plaisirs et ne pas en abuser), leurs effets à long terme (l'ordinateur sur la vue, une alimentation déséquilibrée sur la santé, etc) ainsi que leur durée, un temps qui aurait pu être mis à profit en vue d'un plaisir plus lointain (après avoir gagné de l'argent par exemple).
Mais est-ce sa seule fonction ?

Lorsque l'on est surchargé de travail, le divertissement permet, moralement, de se "recharger". A l'école, hors mis une bouffée d'oxygène, il s'agit de la principale fonction de la récréation. Ce n'est pas non plus un hasard si certaines entreprises ont installé une salle de sport dans leur locaux. Le divertissement peut aussi s'insérer dans le processus d'un travail dynamique et rentable.

De manière plus générale, on supporte moralement mieux l'effort d'un travail plaisant, ou du moins moins agaçant. C'est un argument a prendre en compte lors de l'orientation dans le supérieur. En outre, lorsque l'on est un peu fatigué, mieux vaut se consacrer à quelque chose qui ne fait pas beaucoup réfléchir (comme regarder TF1 pour s'informer sur l'actualité).

Et pour vous, quelle place le divertissement occupe-t-il dans votre existence ? A quoi vous sert-il ? Dans quelle situation ? De quelle façon ?

cocoMOUCHE
Niveau 10
24 juillet 2009 à 10:57:37

Et tu ne parles même pas de Pascal. Bouh ! Bouh ! :o))

Sinon moi je vis dans le divertissement. :o))

Xen0gears
Niveau 6
24 juillet 2009 à 14:36:05

Meme remarque: ou est Pascal?
Ca aurait pu te faire avancer bien plus vite.
Divertir vient du latin Di vertere: se détourner... Donc le travail qu'il soit plaisant où non est un divertissement.

C'est une esquisse plaisante que tu nous propose du divertissement, peut-etre un peu trop limité a la vision commune. Le divertissement est un moyen d'échapper à des questions fondamentales que l'homme n'ose pas se poser: argument purement Pascalien mais auquel je me range volontiers.

-Arsher-
Niveau 46
24 juillet 2009 à 19:00:29

"Travail sans loisir rend Jack triste sire"

:ok:

Davaroi
Niveau 9
24 juillet 2009 à 20:40:41

Puisque vous insistez tant...

"Quand je m'y suis mis quelquefois, à considérer les diverses agitations des hommes, et les périls et les peines où ils s'exposent, dans la cour, dans la guerre, d'où naissent tant de querelles, de passions, d'entreprises hardies et souvent mauvaises, etc. j'ai découvert que tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. Un homme qui a assez de bien pour vivre, s'il savait demeurer chez soi avec plaisir, n'en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siège d'une place. On n'achèterait une charge à l'armée si cher, que parce qu'on trouverait insupportable de ne bouger de la ville; et non ne recherche les conversations let les divertissement des jeux que parce qu'on ne peut demeurer chez soi avec plaisir.
Mais quand j'ai pensé de plus près, et qu'après avoir trouvé la cause de tous nos malheur, j'ai voulu en découvrir la raison, j'ai trouvé qu'il y en a une bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faite et mortelle, et si misérable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de près.
Quelque condition qu'on se figure, si l'on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royauté est le plus beau poste du monde, et cependant qu'on s'en imagine, accompagné de toutes les satisfactions qui peuvent le toucher. S'il est sans divertissement, et qu'on le laisse considérer et faire réflexion sur ce qu'il est, cette félicité languissante ne le soutiendra point, il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent, des révoltes qui peuvent arriver, et enfin de la mort et des maladies qui sont inévitables; de sorte que, s'il est sans ce qu'on appelle divertissement, le voilà malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets, qui joue et se divertit
De là vient que le jeu et la conversation des femmes, la guerre, les grands emplois sont si recherchés. Ce n'est pas qu'il y ait en effet du bonheur, ni qu'on s'imagine que la vraie béatitude soit d'avoir de l'argent qu'on peut gagner au jeu, ou dans le lièvre qu'on court: on n'en voudrait pas s'il était offert...
Raison pourquoi on aime mieux la chasse que la prise
De là vient que les hommes aiment tant le bruit et le remuement, de là vient que la prison est un supplice si horrible; de là vient que le plaisir de la solitude est une chose incompréhensible. Et c'est le plus grand sujet de félicité de la condition des rois, de ce qu'on essaie sans cesse à les divertir et à leur procurer toutes sortes de plaisirs.
Le roi est environné de gens qui ne pensent qu'à divertir le roi, et à l'empêcher de penser à lui. Car il est malheureux, tout roi qu'il est, s'il y pense" (Blaise Pascal)

L'homme est donc condamné à travailler. Mais ce n'est pas ce concept-là auquel je renvoyais.

Le troisième paragraphe de mon précédent message comporte quelques idées simples sur le thème du plaisir. Lorsque l'on a le choix entre plusieurs d'entre eux, le choix doit intervenir.

Le quatrième paragraphe s'applique lorsqu'un groupe d'activités se départage en deux sous-groupes distincts : ceux qui donnent priorité au plaisir immédiat (que j'ai nommé "divertissements", ne connaissant pas de terme plus approprié) et ceux dont la finalité immédiate est autre (comme résoudre un exercice).
En gros cela correspond à l'image du type qui après une dure journée de travail s'assit devant la télé pour "souffler" un peu.

Le cinquième paragraphe met en relation le plaisir et l'effort que l'on est capable de fournir. Le plaisir satisfait ici le soucis de la rentabilité.

Avec Pascal, on voit que à défaut de travail, pour ne pas sombrer dans l'ennui, l'homme doit chercher une occupation. Cela concerne généralement ceux qui s'ennuient en vacances.

Mais on peut construire d'autres concepts et d'autres relations sur le mêmes thème. Ce que je souhaitais vous demander, c'était comment vous le conceptualisez pour votre quotidien à VOUS. Quelles relations conceptuelles créez-vous en pratique ? Pour quelque chose d'aussi concret, il n'y a pas besoin de pomper sur les auteurs.

cocoMOUCHE
Niveau 10
24 juillet 2009 à 20:50:26

All work and no play makes Jack a dull boy.

It's better in English. :o))

-Arsher-
Niveau 46
25 juillet 2009 à 13:01:10

Here's Johnny ! :fou:

Disra[For3v3r]
Niveau 10
25 juillet 2009 à 14:40:00

"Ce que je souhaitais vous demander, c'était comment vous le conceptualisez pour votre quotidien à VOUS."

Personnellement je tire beaucoup de plaisir de l'action créatrice, donc de ce qui s'apparente plus à du labeur qu'à du travail. Améliorer sa maîtrise, pousser plus loin ses performances pour fournir un meilleur résultat est une grande source de plaisir pour l'ego.

J'ai toujours l'impression dérangeante de perdre mon temps lorsque je me dirige vers des jeux, TV ou films, qui ne font que meubler le temps et me distraire lorsque je n'ai strictement rien à faire. Alors que je ressors bien plus satisfait et épanoui d'une activité qui aura vraiment sollicité mon intellect et apporté plus de bois à mon feu au niveau de la réflexion et construction de paradigmes, élaboration de connaissances spécifiques etc.

Si le travail est considéré comme un dur labeur déplaisant (ça transparaît tout au long de ton post) c'est parce que non seulement pour la plupart des gens il est routinier, rébarbatif et donc peu enrichissant; mais aussi parce qu'il est long et fastidieux, difficile. Mais on peut très bien tirer du plaisir, de l'enrichissement, un sentiment d'accomplissement par son travail. On peut très bien être passionné par son travail, et le préférer à toutes formes de loisirs, cela existe et c'est loin d'être anormal.

3scape
Niveau 4
30 juillet 2009 à 11:51:32

Une goutte de divertissement est nécessaire à l'homme
mais le fleuve du divertissement déborde
et inonde la société

Quand les digues sont rompues
la volonté d'en finir avec l'aliénation du travail
crée elle aussi une aliénation
du loisir
Et les fleurs ne sont plus contemplées en silence

1
Sujet : Le divertissement
   Retour haut de page
Consulter la version web de cette page