Plus les années passent plus je suspecte qu'une large partie de ma manière d'écrire vient de Monogatari, et je pense que je devrais même revoir toute la série juste pour essayer de saisir exactement comment il construit ses dialogues
En fait le gros problème du dialogue dans la fiction c'est soit que ça sert à rien et du coup ça n'a aucune raison d'être là, soit ça sert à quelque chose et les ficelles deviennent immédiatement visible (typiquement la fin de la dernière nouvelle d'esclave)
Mais lui il danse autour du problème en faisant de ses oeuvres du 90% dialogue (ce qui déjà empêche grandement de repérer ce qui est important, vu que c'est noyé dans du tout dialogue), et en faisant en sorte que l'essentiel de ce dialogue soit perçu comme du pur HS, jusqu'au moment où tu réalises à la toute fin que c'était de la construction thématique et qu'avec la chute tu débloques tout le reste du puzzle. C'est vraiment bien fait, c'est la même idée que quand t'écris une nouvelle en fait, mais appliquée au pur dialogue. C'est pas les évènements qui font avancer l'intrigue, c'est les réflexions et interactions des personnages sur des sujets mondains.
Et c'est quelque chose que tu peux réussir à construire comme ça à une seule condition ; un énorme travail sur la thématique et la psychologie. En fait je réalise que les auteurs qui me plaisent beaucoup et qui m'inspirent font du travail de thématique. Oda construit la plupart de ses arcs dessus (la cohérence de son récit repose plus sur de la cohérence thématique que sur de la cohérence réelle) , et NisioIsin aussi, et je fais pareil quand j'écris.
C'est pas nécessairement les éléments du récit en eux-mêmes qui ont un lien entre eux, c'est leur thématique générale. Sur ma dernière nouvelle du concours typiquement les différents éléments de la nouvelle semblent pour la plupart n'avoir aucun vrai lien entre eux, et peuvent sembler partir en HS, mais si t'as la chute t'as le fil d'Arianne
Et Nisio fait ça d'une manière qui est incroyable, il va avoir des persos discuter de randoms trucs du type "est-ce qu'il faut avancer du pied gauche ou du pied droit quand un feu routier passe au vert ?" puis ça semblera juste être du remplissage pendant un arc entier par des persos qui cherchent à tuer le temps, jusqu'à ce que tu réalises que l'arc portait essentiellement sur l'indécision à aller de l'avant et la peur de l'avenir et tu vas finir par le retrouver dans chaque petit dialogue du moment que tu connais les motivations/peurs des personnages. C'est énormément de non-dit caché dans du bavardage. Le mec est au-dessus du game
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