Zizou rit, le Real pleure
Au Real Madrid, tout est fait pour qu’on ne puisse pas faire grand-chose. Pour obtenir une autorisation, il faut obtenir l’autorisation d’avoir une autorisation. Mais pour ce jour particulier, il était interdit d’interdire à nos envoyés spéciaux.
David, je file. » Sous les yeux médusés de certains confrères qui ne comprennent pas que l’on puisse quitter la salle alors que le Maestro parle, je me faufile dans un ascenseur. Du deuxième étage, je passe au premier. Les non initiés ne savent pas que les joueurs du Real Madrid sortent à ce niveau, par derrière et en direction du parking où les gros bras surveillent avec zèle les grosses cylindrées allemandes. Pour accéder à cette zone, il faut normalement obtenir une énième accréditation du Real Madrid ou bien jouer son va-tout et éviter des paperasses inutiles qui se termineront avec un « lo siento no » (Ndlr : Je m’excuse mais non). Dommage car cet étage intermédiaire est le plus intéressant.
En sortant de l’ascenseur, on peut par exemple tomber sur Robinho, le jeune bijou brésilien. Habituellement protégé par les gardes du Real Madrid, il reste un gamin plein de plaisir quand on lui demande d’évoquer Zinédine Zidane. Le numéro 10 de la Seleçao aura en partie pour mission de faire oublier Zizou la saison prochaine. Avec un sourire, l’ancien prodige de Santos glisse que « Zizou a tout fait de bien, sauf les deux buts face au Brésil en 1998 ». Tranquille, Robinho lâche : « C’est une grande peine pour le football. C’est un homme grand et un joueur excellent. Nous avons appris énormément à ses côtés et je crois que nos adversaires apprenaient beaucoup contre lui. Moi, j’ai appris la simplicité à son contact. C’est un honneur d’avoir joué avec lui. »
Robinho s’en va et passe le témoin à un ancien du Real Madrid, Ivan Helguera, qui a joué en Italie comme Zizou. Il l’a connu dès son arrivée et s’est vite mis à son service. En bout de course au Real Madrid, il sait qu’une page d’histoire se tourne : « Tout le monde sait que c’est un grand joueur mais c’est surtout un grand homme hors du terrain. C’est un honneur d’avoir joué avec un des meilleurs joueurs de l’histoire mais surtout de l’avoir connu lui. Il avait des mouvements extraordinaires sur le terrain comme avec sa roulette, ce qui me fait dire pour plaisanter que c’est une ballerine. » Et Helguera d’insister : « Zizou a réussi en Italie et encore mieux en Espagne, où il y a plus d’espaces. Ce sont les deux championnats les plus durs. Maintenant, qu’il profite de sa famille ! Nous ne l’oublierons jamais et il restera les DVD pour l’admirer sur un terrain. »
Tout le monde où presque est parti. Zinédine Zidane et son clan sortent d’un ascenseur. Les amis de toujours et son frère Nordine sont là. Emus. Zinédine Zidane, lui, a l’air soulagé et signe un maillot pour un enfant. Malgré le pépin physique qui l’empêche d’être à 100%, il a l’air d’avoir rajeuni. Le visage austère et le regard froid du mois de mars ont disparu. Zinédine Zidane a dit au revoir au Madridisme. Raul sort du vestiaire en dernier, en bon capitaine. Un sourire, un bonjour aux proches de Zidane qui sont là et Raul s’en va après avoir salué son partenaire, sur le terrain comme dans la lutte contre les dystrophies. Mouss Mazzouz, son ami, est heureux. Zinédine va bientôt avoir le temps de se rendre en Algérie. Quelques échanges et puis nous nous séparons. Adios Madrid….
