GARE AU GRAIN DE SABLE
Tous les pilotes louent la qualité des infrastructures du circuit de Sakhir, sorti du désert en 16 mois seulement. Mais les dunes de sable qui entourent l´enceinte, et menacent de l´envahir en cas de vents forts, les inquiètent.
Malgré la tension qui règne au Moyen-Orient, le paddock s´est rendu sans crainte à Bahreïn. L´enjeu économique est tellement important que le petit Etat du Golfe persique a déployé les grands moyens pour assurer la sécurité des pilotes. L´armée et la garde nationale seront mobilisées tout le week-end.
En revanche, il est un autre ennemi que tous redoutent, à commencer par Michael Schumacher : le sable. Le circuit de Sakhir, sorti de terre en seize mois, est tracé en plein coeur du désert, à 30 km de la capitale, Manama. En théorie, les deux séances d´essais libres de vendredi devraient suffire à nettoyer la piste de la poussière. D´autant que six écuries peuvent aligner un troisième pilote le premier jour, ce qui augmente le trafic.
Mais la situation se compliquerait si le vent venait à s´en mêler. Sans parler d´une tempête de sable, qui pourrait totalement perturber la course. «La grande incertitude à Bahreïn concerne le sable, avoue Michael Schumacher. Tout le monde se demande quels seront ses effets, s´il influera ou non sur notre travail.» Le sextuple champion du monde peut quand même compter sur les techniciens de Ferrari pour lui préparer une voiture parfaite. Son dernier abandon sur problème mécanique remonte au Grand Prix d´Allemagne 2001. Une éternité en F1 !
Une solution originale
Mario Theissen, responsable du moteur BMW, est particulièrement inquiet pour son V10, l´un des plus performants du plateau. «Le sable réduira l´adhérence des voitures, mais il pourrait aussi perturber le fonctionnement des moteurs, explique le technicien allemand. Le filtre à air jouera un rôle encore plus important que d´habitude car il devra empêcher le sable de pénétrer dans le moteur.» Le problème est d´autant plus sensible qu´un pilote doit conserver le même moteur tout le week-end cette saison, sous peine d´être sanctionné. Sam Michael, responsable des opérations de l´écurie Williams, craint aussi que le sable n´abîme la peinture des carrosseries.
Pour éviter une hécatombe lors de la course, les responsables du circuit ont eu recours au système D. «Nous avons appliqué une colle spéciale sur les dunes entourant le circuit, explique le plus sérieusement du monde Martin Whitaker, porte-parole du circuit. Evidemment, nous ne pouvons pas en appliquer sur tout le désert mais cela devrait bien nous aider.»
Le meilleur allié des organisateurs devrait quand même être la météo. D´après les spécialistes, le vent ne devrait se lever que dimanche. Mais le zéphir devrait aussi amener de gros nuages au-dessus du circuit de Sakhir, qui pourraient éclater en averses et faire perdre au Grand Prix de Bahreïn son originalité. A moins que les djinns du désert, incommodés par le vacarme, n´entrent dans la danse.
