Chapitre 1 : La réunion secrète.
Dans l’une des modestes maisons du village d’Isélia, les rayons du soleil matinal s’insinuaient dans la chambre du fils. Il se réveillait tranquillement et à son rythme, quand la voix perçante de sa mère retentit :
« ALVEC ! »
Il grogna, et marmonna quelques mots difficilement compréhensibles… puis il finit par demander simplement :
« Qu’est-ce qu’il y a ? »
- C’est Klart… »
Le dénommé Alvec bondit hors de son lit.
Mais quel idiot ! Comment avait-il pu oublier leur traditionnelle séance d’entraînement dans la forêt ?
Il s’empressa d’enfiler son pantalon de toile marron et sa chemise à manches courtes bleue puis de se draper d’une cape beige fixée par une petite broche d’argent en forme d’aigle. Il tenta vainement de mettre un peu d’ordre dans sa masse de cheveux roux en bataille, puis écarta simplement quelques mèches qui lui gênaient la vue et descendit les escaliers quatre à quatre. Le jeune homme prit sa longue épée, cadeau de son oncle, le forgeron du village. C’était une épée que l’on pouvait qualifier de basique : le manche ne comportait aucune décoration mais la lame était légère et très tranchante. Elle était tout de même d’une certaine taille, mais Alvec était plutôt grand et musclé pour ses seize ans ; il la maniait donc sans difficulté.
Courageux et volontaire, il avait parfois tendance à se vanter ; il était en fait assez habile dans ce domaine et fanfaronnait indirectement, plus par ses actes que par ses paroles. Mais, au-delà de ses vantardises, il était assez intelligent.
Le jeune homme salua brièvement son père qui prenait son petit déjeuner puis sortit de la maison. Klart, le demi-elfe qui l’attendait, observa les cheveux ébouriffés de son ami, ses yeux à demi fermés et dit d’un ton sarcastique :
« Tu n’es pas très matinal, toi ! »
Les yeux verts d’Alvec semblèrent lui jeter des étincelles.
Le demi elfe aimait beaucoup charrier son meilleur ami, avec qui le courant passait toujours très bien. Klart avait le même âge, à quelques mois près, qu’Alvec ; ils faisaient à peu près la même taille, mais le demi-elfe était moins musclé que son meilleur ami. Il attendait les bras croisés et son regard bleu se perdait dans le vide. Sa cape d’un bleu presque noir ondoyait au rythme des souffles de la brise matinale, découvrant quelques parties de sa chemise bleue marine. Ses cheveux bleus clair perlaient à cause de la sueur ; en effet, les deux amis habitaient à deux extrémités du village et Klart avait couru toute la distance qui séparait les deux maisons.
Contrairement à son meilleur ami, il était quelqu’un de modeste. Il était aussi très rusé et, la plupart du temps, il perçait rapidement les faiblesses de ses ennemis.
« Bon, inutile de perdre encore plus de temps, allons-y ! s’impatienta Alvec.
- Et c’est toi qui me dis ça ? » plaisanta Klart tandis qu’il se baissait pour ramasser le bâton qui lui servait d’arme.
Ils prirent donc la route de la forêt d’Isélia. Il s’y promenaient régulièrement, surtout dans le cadre des « séances d’entraînement »… Ces « séances d’entraînement » constituaient plus une distraction qu’un entraînement, et dans ce petit village entouré de campagnes, la maîtrise des armes avait son utilité. En effet, de nombreux brigands rodaient dans les environs, profitant d’une région peu protégée par les autorités de Résania. De plus, ils n’avaient pas beaucoup d’occupations à part le combat, le combat et toujours le combat…
Les deux amis s’entendaient très bien, mais tout comme leurs caractères, leurs façons de combattre différait beaucoup. Tandis que Klart se battait avec une agilité et une vivacité surprenantes et en se centrant sur les esquives, Alvec utilisait un style plus classique, tantôt parant, tantôt esquivant, tantôt attaquant, il était tout de même très habile à l’épée.
Pendant leurs entraînements, il passaient souvent plus de la moitié de leur temps à parler de tout et de rien en marchant. Sinon, ils s’organisaient de petits duels amicaux et ils s’exerçaient à inventer de nouvelles techniques de combat. Ils mettaient du cœur à l’ouvrage et progressaient de façon conséquente.
Alors qu’ils marchaient paisiblement et se dirigeaient vers la clairière où ils avaient coutume de s’entraîner, ils entendirent des éclats de rire peu discrets… Le bras d’Alvec partit instantanément vers son épée et il était paré à s’élancer vers la clairière, mais Klart retint son geste.
« Bon d’accord, c’est louche tout ça, dit-il. Mais il vaut mieux rester discrets, et prudents… »
Le jeune homme réalisa qu’il avait été stupide et ils marchèrent à pas de loups vers une petite butte. Elle surplombait la clairière, offrant une bonne vue d’ensemble et surtout, un rocher volumineux pouvait aisément les cacher. Collés à la pierre, ils observaient deux hommes étranges… Alvec se rappelait vaguement de leur uniforme : une tunique verte, quelques plaques de métal et un casque d’acier… Ils ressemblaient comme deux gouttes d’eau à des désians. Le jeune homme se souvenait parfaitement de ce cours d’histoire, l’un des rares où il n’avait pas sombré dans un sommeil profond… Les désians étaient autrefois des demi-elfes, qui, sur l’ordre du Cruxis commandé par Mithos, semaient la terreur dans le monde en déclin. Ils maltraitaient les hommes dans des fermes humaines et créaient à partir d’eux les légendaires exsphères. Après la chute du seigneur Yggdrasil et la réunification des deux mondes, il étaient restés tenaces et pendant trente ans, ils avaient mené de nombreuses batailles contre les autorités de Résania.
Aujourd’hui encore, nombreuses étaient les familles qui avaient des ancêtres ayant subi les brutalités de cette organisation. Les épisodes de la vie en ferme humaine étaient encore racontés de père en fils.
Ces deux hommes s’entretenaient avec animation, Alvec et Klart tendirent l’oreille pour écouter leur conversation.
« Combien de temps ai-je attendu pour vivre ça ?! s’exclama le premier qui semblait un peu trapu. Demain, nous allons commencer la conquête du monde !
- Et quelle conquête ! renchérit l’autre, plutôt élancé. Surtout si Lord Fornius est élu grand cardinal ! Il ne lésinera pas sur le spectaculaire, lui !
- Oui ! Imagine un peu l’attaque du village d’Isélia programmée pour demain ! Je suis sûr qu’avec Lord Fornius, nous serons mis en valeur, le pillage et l’incendie ne se feront pas dans la discrétion, mais dans la grande fête ! »
Les deux amis écoutaient avec beaucoup d’intérêt cette conversation, avec tellement d’intérêt qu’ils ne remarquaient pas qu’un troisième désian s’approchait très dangereusement d’eux
, il était maintenant en train de gravir la petite butte.
Alvec tourna la tête en s’adressant à Klart :
« C’est très louche tout ça, mieux… »
Il bondit de surprise en voyant la dague qui se trouvait devant la gorge du demi-elfe.
« Je te conseille de te rendre… si tu tiens à la vie de ton ami… » dit le désian d’un ton sadique.
La visière de son casque était relevée et il fixait le jeune homme d’un regard mauvais. L’homme les conduisit vers la clairière où discutaient ses deux acolytes. Ces derniers ricanèrent de satisfaction puis ligotèrent solidement leurs prisonniers, et posèrent leurs armes près de la souche d’arbre à laquelle ils étaient attachés. Chaque désian gardait les prisonniers pendant dix minutes, puis un autre le remplaçait.
A Isélia, une jeune fille faisait les cent pas, dans tout le village et aux alentours de la forêt. Il s’agissait de Klara, la sœur de Klart, âgée de treize ans. Elle était alors tellement nerveuse qu’elle marchait deux fois plus vite qu’habituellement. A chaque pas, ses cheveux, de la même couleur que ceux de son frère, se soulevaient puis retombaient sur ses épaules. Son regard lumineux lui donnait un air espiègle, et les apparences étaient loin d’être trompeuses. Mais là, au lieu de la joie de vivre habituelle, la panique se sentait sur son visage.
Sa mère qui se promenait tranquillement dans Isélia reconnut sa fille à l’aide du blanc éclatant de ses vêtements, qui était accentué par le soleil. Après un énième tour du village, elle venait lui parler.
« Ils ne sont toujours pas revenus… »
- Mais arrête de te tracasser, Klara. Ils n’ont que cinquante minutes de retard, ça arrive à tout le monde…
- Mais as-tu déjà vu Klart arriver avec tant de retard ? s’inquiéta la demi-elfe. Il est super pointilleux pour ces trucs là… ( elle se lança dans une imitation très convaincante de Klart tournant la tête toutes les trente secondes avec anxiété vers l’horloge du village ). C’est décidé, je vais les chercher sur le champ ! »
Elle se précipita aussitôt vers le forêt, sans laisser le temps de répondre à sa mère.
« Ah… ces jeunes » marmonna celle-ci d’un ton désespéré.
Klara n’aurait pas su dire pourquoi, mais elle avait un pressentiment. De plus, Alvec et Klart étaient toujours un peu à la traîne en revenant de leurs promenades en forêt, mais jamais à ce point là. Elle parcourait maintenant la forêt d’Iselia, qui n’était pas très vaste et courait dans le chemin principal quand elle aperçut le désian de garde qui était assis près de ses prisonniers. Les deux autres étaient alors absents. Elle était un peu étonnée…
« Un désian ? Mais ils sont censés avoir disparu depuis très longtemps, songea-t-elle. Bon, pas le temps de me poser des questions, il faut agir au plus vite ! »
Elle se cacha derrière un arbre et tendit discrètement la main vers le désian qui gardait les prisonniers. Klara s’exerçait régulièrement à pratiquer la magie élémentale ; elle était d’ailleurs assez habile dans ce domaine. Elle disait parfois pour plaisanter qu’elle allait devenir la plus puissante magicienne de son temps. Après un court moment de préparation mentale, elle murmura :
« Boules de feu. »
Trois sphères flamboyantes se dirigèrent vers le désian, celui-ci, lorsqu’il les vit arriver, lâcha son épée, pour prendre la fuite plus rapidement. Mais il ne put échapper aux projectiles : ceux-ci s’abattirent sur son postérieur, il courut en se tenant les fesses, parvint finalement à se rétablir dix mètres plus loin, puis prit la fuite.
La demi-elfe saisit, non sans difficulté, l’épée d’Alvec et elle trancha les liens qui entravaient les deux adolescents. Sans prendre la peine de se parler, il se hâtèrent de joindre le village mais le désian revenait déjà, accompagné de trois acolytes qu’il avait prévenus. Ils brandissaient tous les quatre des fouets, même le garde qui s’était procuré une arme de rechange.
« Foudre ! » s’écria Klara.
Un mince éclair s’abattit sur l’agresseur, ce qui suffit à l’assommer. Pendant ce temps, les deux autres fonçaient sur Alvec. Ce dernier tournoya avec son épée, les désians, quelque peu apeurés, restèrent à distance du jeune homme. Klart profita de la situation et acheva le premier d’un coup de bâton rageur sur le crâne, mais reçut ensuite un coup de fouet de l’autre. Le désian courait vers lui pour l’achever, mais il en fallait plus pour impressionner le demi-elfe. Lorsque l’assaillant arriva, Klart fit tournoyer son bâton. Après s’être pris une mitraille de coups, le pauvre désian s’effondra.
Klara réutilisa avec son sort de foudre sur le dernier guerrier, qui se montra un peu plus habile que le premier ; grâce à une esquive improvisée ( il est inutile de décrire à quel point elle fut ridicule ) il reçut le choc électrique sur le bras au lieu de la tête. Alvec ne lui laissa pas le temps de se rétablir et l’acheva avec un coup latéral très violent.
« Je pense qu’ils ont eu leur compte » commenta Klara d’une voix joyeuse en voyant que tous les agresseurs gisaient à terre.
Cependant, elle grimaça à la vue du sang qui coulait du ventre de l’un d’entre eux ( à cause d’une entaille infligée par Alvec ). Elle détourna son regard et reprit :
« Je me suis quand même sacrément inquiétée, ce n’est pas du tout ton truc d’arriver en retard, Klart. »
Elle imita encore une fois son frère, mais cette fois en train d’évaluer l’heure à partir du soleil.
« Hum… dit-elle s’une voix faussement pensive. Si le soleil forme cet angle avec cet arbre, cela implique que… »
Elle se baissa pour éviter la gifle que voulait lui coller son frère, ce qu’elle devait faire souvent, quand on voyait la rapidité de son réflexe… Klart soupira en se disant dans son for intérieur « Elle ne perd rien pour attendre, elle ne perds rien pour attendre, elle ne perd rien pour attendre, … »
« Je pense que nous avons d’autres priorités que vos disputes là ! » cria Alvec avec colère.
Frère et sœur tournèrent aussitôt la tête vers lui.
Il rapporta tout ce qu’ils avaient entendu des différents conversation des désians, avant qu’ils se fassent capturer, et pendant qu’ils étaient prisonniers. Ils n’avaient pas compris un bon nombre de propos de leurs agresseurs, mais ils savaient en tout cas qu’il était question d’une attaque du village.
« Mais, il faut prévenir tout le monde, et vite ! s’exclama Klara, après avoir écouté attentivement et silencieusement Alvec et Klart.
- Ils ne nous croiront jamais… répliqua son frère.
- Ca ne coûte rien d’essayer » dit Alvec, d’un ton désespéré.
Ils prirent alors la route du village, encore sidérés par ces nouvelles étonnantes.
et vous n´aurez pas 11 chapitres sur la première page cette fois 
C´est la première fois que je lis une chose pareille 
Pour une fois ça passe, deux fois je râle plus fort et après j´entre dans une colère noire alors attention XD
) mais je n´ai même pas encore râlé