CHAPITRE DEUXIEME
" TU AIMERAS TON PROCHAIN COMME TOI-MEME "
LE QUATRIEME COMMANDEMENT
Honore ton père et ta mère afin d’avoir longue vie sur la terre que le Seigneur ton Dieu te donne (Ex 20, 12).
Il leur était soumis (Lc 2, 51).
Le Seigneur Jésus a lui-même rappelé la force de ce " commandement de Dieu " (Mc 7, 8-13). L’Apôtre enseigne : " Enfants, obéissez à vos parents, dans le Seigneur : cela est juste. ‘Honore ton père et ta mère’, tel est le premier commandement auquel soit attaché une promesse : ‘pour que tu t’en trouves bien et jouisses d’une longue vie sur la terre’ " (Ep 6, 1-3 ; cf. Dt 5, 16).
EN BREF
2247 " Honore ton père et ta mère " (Dt 5, 16 ; Mc 7, 8).
2248 Selon le quatrième commandement, Dieu a voulu qu’après lui, nous honorions nos parents et ceux qu’il a, pour notre bien, revêtus d’ autorité.
2249 La communauté conjugale est établie sur l’alliance et le consentement des époux. Le mariage et la famille sont ordonnés au bien des conjoints, à la procréation et à l’éducation des enfants.
2250 " Le bien humain et chrétien de la personne et de la société est étroitement lié à la bonne santé de la communauté conjugale et familiale " (GS 47, § 1).
2251 Les enfants doivent à leurs parents respect, gratitude, juste obéissance et aide. Le respect filial favorise l’harmonie de toute la vie familiale.
2252 Les parents sont les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants à la foi, à la prière et à toutes les vertus. Ils ont le devoir de pourvoir dans toute la mesure du possible aux besoins physiques et spirituels de leurs enfants.
2253 Les parents doivent respecter et favoriser la vocation de leurs enfants. Ils se rappelleront et enseigneront que le premier appel du chrétien, c’est de suivre Jésus.
2254 L’autorité publique est tenue de respecter les droits fondamentaux de la personne humaine et les conditions d’exercice de sa liberté.
2255 Le devoir des citoyens est de travailler avec les pouvoirs civils à l’édification de la société dans un esprit de vérité, de justice, de solidarité et de liberté.
2256 Le citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre les prescriptions des autorités civiles quand ces préceptes sont contraires aux exigences de l’ordre moral. " Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes " (Ac 5, 29).
2257 Toute société réfère ses jugements et sa conduite à une vision de l’homme et de sa destinée. Hors des lumières de l’Evangile sur Dieu et sur l’homme, les sociétés deviennent aisément totalitaires.
LE CINQUIEME COMMANDEMENT
Tu ne commettras pas de meurtre (Ex 20, 13).
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : " Tu ne tueras pas. Celui qui tuera sera passible du jugement. " Et moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère sera passible du jugement (Mt 5, 21-22).
2258 " La vie humaine est sacrée parce que, dès son origine, elle comporte l’action créatrice de Dieu et demeure pour toujours dans une relation spéciale avec le Créateur, son unique fin. Dieu seul est le maître de la vie de son commencement à son terme : personne en aucune circonstance ne peut revendiquer pour soi le droit de détruire directement un être humain innocent " (CDF, instr. " Donum vitæ "intr. 5).
EN BREF
2318 " Dieu tient en son pouvoir l’âme de tout vivant et le souffle de toute chair d’homme " (Jb 12, 10).
2319 Toute vie humaine, dès le moment de la conception jusqu’à la mort, est sacrée parce que la personne humaine a été voulue pour elle-même à l’image et à la ressemblance du Dieu vivant et saint.
2320 Le meurtre d’un être humain est gravement contraire à la dignité de la personne et à la sainteté du Créateur.
2321 L’interdit du meurtre n’abroge pas le droit de mettre hors d’état de nuire un injuste agresseur. La légitime défense est un devoir grave pour qui est responsable de la vie d’autrui ou du bien commun.
2322 Dès sa conception, l’enfant a le droit à la vie. L’avortement direct, c’est-à-dire voulu comme une fin ou comme un moyen, est une " pratique infâme " (GS 27, § 3) gravement contraire à la loi morale. L’Église sanctionne d’une peine canonique d’excommunication ce délit contre la vie humaine.
2323 Puisqu’il doit être traité comme une personne dès sa conception, l’embryon doit être défendu dans son intégrité, soigné et guéri comme tout autre être humain.
2324 L’euthanasie volontaire, quels qu’en soient les formes et les motifs, constitue un meurtre. Elle est gravement contraire à la dignité de la personne humaine et au respect du Dieu vivant, son Créateur.
2325 Le suicide est gravement contraire à la justice, à l’espérance et à la charité. Il est interdit par le cinquième commandement.
2326 Le scandale constitue une faute grave quand par action ou par omission il entraîne délibérément à pécher gravement.
2327 A cause des maux et des injustices qu’entraîne toute guerre nous devons faire tout ce qui est raisonnablement possible pour l’éviter. L’Église prie : " De la famine, de la peste et de la guerre délivre-nous, Seigneur ".
2328 L’Église et la raison humaine déclarent la validité permanente de la loi morale durant les conflits armés. Les pratiques délibérément contraires au droit des gens et à ses principes universels sont des crimes.
2329 " La course aux armements est une plaie extrêmement grave de l’humanité et lèse les pauvres d’une manière intolérable " (GS 81, § 3).
2330 " Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu " (Mt 5, 9).
LE SIXIEME COMMANDEMENT
Tu ne commettras pas d’adultère (Ex 20, 14 ; Dt 5, 17).
Vous avez entendu qu’il a été dit : " Tu ne commettras pas d’adultère ". Eh bien ! moi je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l’adultère avec elle (Mt 5, 27-28).
EN BREF
2392 " L’amour est la vocation fondamentale et innée de tout être humain " (FC 11).
2393 En créant l’être humain homme et femme, Dieu donne la dignité personnelle d’une manière égale à l’un et à l’autre. Il revient à chacun, homme et femme, de reconnaître et d’accepter son identité sexuelle.
2394 Le Christ est le modèle de la chasteté. Tout baptisé est appelé à mener une vie chaste, chacun selon son propre état de vie.
2395 La chasteté signifie l’intégration de la sexualité dans la personne. Elle comporte l’apprentissage de la maîtrise personnelle.
2396 Parmi les péchés gravement contraires à la chasteté, il faut citer la masturbation, la fornication, la pornographie et les pratiques homosexuelles.
2397 L’alliance que les époux ont librement contractée implique un amour fidèle. Elle leur confère l’obligation de garder indissoluble leur mariage.
2398 La fécondité est un bien, un don, une fin du mariage. En donnant la vie, les époux participent à la paternité de Dieu.
2399 La régulation des naissances représente un des aspects de la paternité et de la maternité responsables. La légitimité des intentions des époux ne justifie pas le recours à des moyens moralement irrecevables (p. ex. la stérilisation directe ou la contraception).
2400 L’adultère et le divorce, la polygamie et l’union libre sont des offenses graves à la dignité du mariage.
LE SEPTIEME COMMANDEMENT
Tu ne commettras pas de vol (Ex 20, 15 ; Dt 5, 19).
Tu ne voleras pas (Mt 19, 18).
2401 Le septième commandement défend de prendre ou de retenir le bien du prochain injustement et de faire du tort au prochain en ses biens de quelque manière que ce soit. Il prescrit la justice et la charité dans la gestion des biens terrestres et des fruits du travail des hommes. Il demande en vue du bien commun le respect de la destination universelle des biens et du droit de propriété privée. La vie chrétienne s’efforce d’ordonner à Dieu et à la charité fraternelle les biens de ce monde.
EN BREF
2450 " Tu ne voleras pas " (Dt 5, 19). " Ni voleurs, ni cupides ... ni rapaces n’hériteront du Royaume de Dieu " (1 Co 6, 10).
2451 Le septième commandement prescrit la pratique de la justice et de la charité dans la gestion des biens terrestres et des fruits du travail des hommes.
2452 Les biens de la création sont destinés au genre humain tout entier. Le droit à la propriété privée n’abolit pas la destination universelle des biens.
2453 Le septième commandement proscrit le vol. Le vol est l’usurpation du bien d’autrui, contre la volonté raisonnable du propriétaire.
2454 Toute manière de prendre et d’user injustement du bien d’autrui est contraire au septième commandement. L’injustice commise exige réparation. La justice commutative exige la restitution du bien dérobé.
2455 La loi morale proscrit les actes qui, à des fins mercantiles ou totalitaires, conduisent à asservir des êtres humains, à les acheter, à les vendre et à les échanger comme des marchandises.
2456 La domination accordée par le Créateur sur les ressources minérales, végétales et animales de l’univers ne peut être séparé du respect des obligations morales, y compris envers les générations à venir.
2457 Les animaux sont confiés à la gérance de l’homme qui leur doit bienveillance. Ils peuvent servir à la juste satisfaction des besoins de l’homme.
2458 L’Église porte un jugement en matière économique et sociale quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l’exigent. Elle se soucie du bien commun temporel des hommes en raison de leur ordination au souverain Bien, notre fin ultime.
2459 L’homme est lui-même l’auteur, le centre et le but de toute la vie économique et sociale. Le point décisif de la question sociale est que les biens créés par Dieu pour tous arrivent en fait à tous, suivant la justice et avec l’aide de la charité.
2460 La valeur primordiale du travail tient à l’homme même, qui en est l’auteur et le destinataire. Moyennant son travail, l’homme participe à l’œuvre de la création. Uni au Christ le travail peut être rédempteur.
2461 Le développement véritable est celui de l’homme tout entier. Il s’agit de faire croître la capacité de chaque personne de répondre à sa vocation, donc à l’appel de Dieu (cf. CA 29).
2462 L’aumône faite aux pauvres est un témoignage de charité fraternelle : elle est aussi une pratique de justice qui plait à Dieu.
2463 Dans la multitude d’êtres humains sans pain, sans toit, sans lieu, comment ne pas reconnaître Lazare, mendiant affamé de la parabole (cf. Lc 17, 19-31) ? Comment ne pas entendre Jésus : " A moi non plus vous ne l’avez pas fait " (Mt 25, 45) ?
LE HUITIEME COMMANDEMENT
Tu ne témoigneras pas faussement contre ton prochain.(Ex 20, 16).
Il a été dit aux anciens : Tu ne parjureras pas, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de tes serments (Mt 5, 33).
2464 Le huitième commandement interdit de travestir la vérité dans les relations avec autrui. Cette prescription morale découle de la vocation du peuple saint à être témoin de son Dieu qui est et qui veut la vérité. Les offenses à la vérité expriment, par des paroles ou des actes, un refus de s’engager dans la rectitude morale : elles sont des infidélités foncières à Dieu et, en ce sens, sapent les bases de l’Alliance
EN BREF
2504 " Tu ne témoigneras pas faussement contre ton prochain " (Ex 20, 16). Les disciples du Christ ont " revêtu l’homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité " (Ep 4, 24).
2505 La vérité ou véracité est la vertu qui consiste à se montrer vrai en ses actes et à dire vrai en ses paroles, se gardant de la duplicité, de la simulation et de l’hypocrisie.
2506 Le chrétien n’a pas à " rougir de rendre témoignage au Seigneur " (2 Tm 1, 8) en acte et en parole. Le martyre est le suprême témoignage rendu à la vérité de la foi.
2507 Le respect de la réputation et de l’honneur des personnes interdit toute attitude ou toute parole de médisance ou de calomnie.
2508 Le mensonge consiste à dire le faux avec l’intention de tromper le prochain.
2509 Une faute commise à l’encontre de la vérité demande réparation.
2510 La règle d’or aide à discerner, dans les situations concrètes, s’il convient ou non de révéler la vérité à celui qui la demande.
2511 " Le secret sacramentel est inviolable " (⇒ CIC, can. 983 § 1). Les secrets professionnels doivent être gardés. Les confidences préjudiciables à autrui n’ont pas à être divulguées.
2512 La société a droit à une information fondée sur la vérité, la liberté, la justice. Il convient de s’imposer modération et discipline dans l’usage des moyens de communication sociale.
2513 Les beaux-arts, mais surtout l’art sacré " visent, par nature, à exprimer de quelque façon dans les œuvres humaines la beauté infinie de Dieu, et ils se consacrent d’autant plus à accroître sa louange et sa gloire qu’ils n’ont pas d’autre propos que de contribuer le plus possible à tourner les âmes humaines vers Dieu " (SC 122).