Chapitre 0: Introduction
Partie_01:
[Edition: Les textes sacrés planqués de Maitre Luke]
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Cette chambre était comme tous les sanctuaires de petits garçons: Un véritable havre de confort et de paix, propice à l'imagination et à la naïveté infantile. Le sol ainsi que les murs étaient tapis du même parquet couleur miel, le tout sublimé par diverses rangées de lampes à la lumières orangées.
Bien qu'il fût enfant unique, le petit garçon résidant dans cette chambre possédait toute une panoplie de lits, superposés ou non car ses parents souhaitaient que leur progéniture s'habitue à combattre la routine quotidienne.
Parmi les nombreux oreillers, ce petit être haut comme trois pommes attendait patiemment son grand-père pour qu'il lui raconte sa petite histoire hebdomadaire. Le vieil homme, toujours à l'heure, arriva à point nommé devant la chair de sa chair pour commencer son récit.
-Pépé, tu peux me raconter une histoire de la guerre que tu as faite quand tu étais jeune?
-J'en ai un peu marre de cette histoire mon garçon.
-Allez!
-Ce serait vraiment inopportun, je te le dis. Mon petit, cette paix est ce pour quoi lutte tous les vrais guerriers. Tu comprendras donc que j'en ai un peu ma claque de te raconter tout le temps la même histoire. Les bagarres ne sont pas une fin en soi.
-Tu vas me raconter quoi alors?
L'homme à la chevelure grisonnante se leva, prenant difficilement appui sur ses vieilles rotules pour se déplacer en direction du tourne-disque. Après avoir choisi le 33tours adéquat, il s'assit de nouveau auprès de son petit-fils pour lui raconter un récit palpitant, le tout porté par le grésillement de la platine.
https://www.youtube.com/watch?v=8ifSUhwmIMU&list=RD8ifSUhwmIMU
-C'est quoi cette musique de merde pépé?
-Viens ici mon enfant, je vais te raconter une histoire. De ton grand-père, ta grand-mère, et de leur histoire d'amour. Et d’à quel point ils s'aimaient, sans le savoir réellement. On m'a ordonné, d'accomplir un véritable parcours. Et au lieu d'y perdre mon emploi, j'y ai trouvé l'amour.
-C'est trop la chancla pépé, je ne comprends rien de ce que tu me racontes.
-Ferme-là petit, et écoute mon discours.
-Mais ça veut dire que du coup, je vais savoir à quoi tu ressemblais jeune?
-En l'an de grâce 2017, j'étais un bellâtre fraichement sorti du chômage. Dans une radio de seconde zone j'y parlais de livre et littérature, faisant des louanges ou du torpillage.
-Cela veut dire que je vais être aussi beau-gosse que toi une fois adulte?
-Aucun risque mon garçon, ton père a épousé une maman aussi grosse qu'un bagage.
-Je lui dirais.
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Nous voilà arrivé à la fin 2017, dans cette bonne vieille ville de Paris. L’apparence de la cité lumière était bien différente de celle que nous avons actuellement. Le ciel gris, l'odeur des pots d'échappement, la tour Eiffel réduite de moitié, enfin bref, tu m'as compris, bienvenue dans le passé.
Je travaillais alors comme chroniqueur littéraire dans une radio dont nous tairons le nom. Me baladant le long de la seine pour me rendre à mon lieu de travail, j'étais encore loin de me douter que cette journée allait marquer ma vie à jamais.
-Quelle belle journée!
-Mo de quoi il mo parle celui-lo! Va t'faire!
Se faire insulter était après tout monnaie courante à Paris en ce temps-là, et à vrai dire, mon garçon, je l'avais bien cherché en m'exprimant ainsi tout haut. Mais, marchant la tête haute, je fis abstraction de cette agression et je me rendis à la maison de la radio.
-Salut Audrey. Tout baigne?
-Bonjour Philandrin. Yes, ça baigne grandement pour moi.
Le hall d'entrée de la radio était superbe, comme à son habitude. Le parquet recouvrant à la fois le sol et les murs dégageait un sentiment de chaleur bienvenue en plein mois de décembre et te rappelait l'ambiance cossue des salles d'amphithéâtre. La porte d'entrée donnait vue sur le bureau d'Audrey, la petite standardiste. Le teint mate et la chevelure sombre et soignée, elle était belle comme à son habitude, mais cette-fois si un élément divergea de d'habitude.
-Et moi tu ne me dis pas bonjour? Vraiment impoli•e.
Une deuxième agression verbale en moins d'une heure. Comme je te l'ai dit mon petit, on avait l'habitude, mais quelque chose m'avait dérangé dans le mode d'expression de ce jeune con. Mais quoi? Il était encore impossible de le dire à ce stade. Je baissa une nouvelle fois la tête pour clore cet embryon de conversation, et je me mis à observer le reste du hall d'entrée.
Plusieurs demoiselles ou dames s'y trouvaient. Cela tombait bien car mon émission ne commençait que dans une petite heure. J'avais du temps à perdre avant de rencontrer mon patron et j'avais donc décidé de ce fait d'entamer la conversation avec...
Mais avec qui vas-tu parler?
Attention les quais, voici le premier choix d'une longue série. Attention, chaque vote peut avoir des conséquences imprévues sur l'histoire, ne votez jamais à la légère, tel est la dure loi de la démocratie.
- 1) Audrey Safardi:
La jolie standardiste de la radio. Sa peau légèrement mate combinée à sa chevelure de charbon lui conférait un petit charme Pharisien qui ne me laissait pas insensible. Malgré une fâcheuse tendance à dire "YES" toutes les trente secondes, elle ne possède pour le moment aucun véritable défaut qui méritait d'être souligné. Au contraire, bien qu'elle ne soit que standardiste, cette jeune fille s'habillait toujours avec la plus grande des élégances.
Bien que pour le moment je n'avais dit bonjour qu'à deux personnes, il y en avait en réalité bien plus qui évoluait dans le hall d'entrée. Parmi tout ce beau monde se trouvait deux autres personnes qui m’intéressaient particulièrement.
- 2) Carole Beauchemin.
Tout était indiqué dans le nom de famille. Je ne savais pas réellement où se trouvait exactement cette femme dans l'organigramme de mon entreprise, mais elle était bien évidemment au-dessus d'une simple standardiste et d'un chroniqueur littéraire. Cette sublime plante d'âge mur possédait des cheveux de feu, et sa tenue dévoilait une constellation de taches de rousseur qui débutaient de ses omoplates pour s'aventurer plus profondément dans son anatomie. Elle avait une pile de dossier à la main, et bien que ce ne fût pas de la littérature à proprement parler, une femme portant des ouvrages m'avait toujours sacrément attiré.
- 3) Madame Ambiant.
Cette dame ne passait son temps qu'à se pavaner à travers les nombreux couloirs de la radio où je travaillais. C'est principalement pour cette raison que tout le monde se demandait ce qu'elle faisait ici, et qu'on a tous fini par découvrir qu'elle était en réalité l'épouse du grand patron. Son air suffisant et sa manie de rapporter tous nos écarts de conduite la rendait principalement agaçante, mais qui sait, peut-être qu'un cœur fondant se cache derrière cette façade de marbre?