Voilà très subitement cette idée me vient. Chacun la quantité qu'il souhaite et ensuite on essaiera par un travail de relecture de faire quelque chose de plus cohérent et de bien lié. Déjà essayons de proposer un récit qui soit dans la continuité, faisons de la matière, même quelque chose de très simple.
Il était une fois, en Autriche, un jeune homme qui vivait de bien peu de choses. Il avait très peu connu ses parents et gagnait son pain depuis plusieurs années en assistant les différentes tâches nécessaires au fonctionnement du Wiener Staatsoper (l'opéra de Vienne). Un matin qu'il arrivait à hauteur de la billetterie, il vit arriver une troupe de danseuses polonaises endimanchées et très raffinées. Cet arrivage de danseuses comme il en avait déjà vu des centaines de fois auparavant le frappait pourtant de façon particulière mais il ignorait pourquoi. La femme assise dans la loge d'acceuil rangeait des papiers, elle le regardait, elle lui fit signe "Les décors du sacre du printemps doivent être retirés avant ce soir et nous n'avons pas finit, veux tu aller aider plutôt que de rester planter là ?"
"Oui bien sûr Theresa" rétorqua t-il.
Et il monta d'un étage.
Petites notes sur le contenu et commentaires : (je pense que ce rite des petites notes et commentaires peut être bien utile, que ça peut nous aider à structurer tout au long), donc : n'ayons pas peurs des clichés, ils aident à donner de la saveur, ils donnent une évidence au récit, on peut partir aisément dessus pour enrichir progressivement. Et : n'ayons pas peur du travail imparfait.
Bien joué, c'est exactement ce dont j'ai besoin.
Et il monta d'un étage.
Les marches couinent vivement, puis le plancher vieillissant exagère le rythme de sa démarche par de longs râles.
"Votre rôle est pourtant bien celui de me porter !" chuchote t-il en s'adressant aux lattes sèches, avant d'ajouter : "Auriez-vous préféré rejoindre ma cheminée ? La pauvre est bien souvent abandonnée..." se lamente t-il, les yeux toujours rivés vers le planché bruni.
Il relève la tête, observe cet ameublement datant de la République, ces bibelots provenant de divers horizons, ce tansu à trois tiroirs typiquement japonais d'un bois noble et régulier qui a dû être oublié par un directeur musical trop pressé, un généreux foutoir sur une table trop grande, de nombreuses finitions en marbre.
Sur les murs s'alternent des semblables à la nymphe de la rivière Dargle avec des espaces vides sans arrangements dédiés, tout ceci semble très agité.
Depuis sa position fixe, il observe le mouvement qui réside dans ce lieu en friche.
L'ambiance y est celle des coulisses pendant le spectacle, lorsque la troupe entière est sur scène, que les miroirs se reflètent les uns dans les autres - faute de trouver plus purs objets à contempler qu'eux-même, en attendant le retour des ballerines - lorsque le lieu entre dans une étrange pause, venant d'être foulé de tous et s'apprêtant à l'être de nouveau, lorsque le silence propose au lieu un repos mérité, lorsque la qualité du travail en coulisse est intégralement montrée, rideaux levés, sur scène, lorsque le vrai subit une scission nette ; l'imparfait est abandonné dans les coulisses et le peu qui reste est sous le feu des projecteurs, lorsque les danseurs ne gardent que leur plus radieux sourire pour honorer la présence de leurs spectateurs, lorsque certains costumes se voient refuser l'accès à cet instant de gloire sur l'estrade à cause d'une trace de maquillage ou d'un froissement peut-être visible par le premier rang...
Ce grand bureau fait aussi parti des coulisses, Il en est une extension, où ceux de l'estrade ne vont pas... C'est peut-être de cela que les planches d'hêtres au sol se plaignent, c'est peut-être qu'aucune personne ne danse ici, jamais.
Ici on gronde, on tente d'imposer sa vision des choses ou de faire passer une idée quand bien même celle du collaborateur serait meilleure, ici la concurrence compresse, car un seul sera au devant de la scène, et on ne peut laisser cela à l'autre, et quand enfin c'est soi, c'est peu de temps avant l'autre.
Ils sont si compliqués, on croirait assister au défilement accéléré des règnes des empereurs romains, tout ceci se déroule avec une même fougue, pourtant il n'est pas question de guerre, non, c'est bien plus grave, il est surtout question de soi, chacun armé de l'importance qu'il se donne.
Soudain, un flot de notes émane d'un autre étage, au dessus, en dessous, il ne le sait pas, ah mais bien-sûr ! C'est l'heure des répétitions de l'orchestre, il reconnaît là un concerto pour piano de Schuman, avec sa structure folle qui lie le corps à l'esprit, tombant parfois dans une phrase simple très terreuse pour s'élever plus fort vers une pluie de délicatesse.
Il sent son cœur se réchauffer, il va danser, il le sait et ne le choisit pas, il est spectateur mais il va danser, ses jambes restent fixes mais déjà un bras se déroule, l'autre tout de suite, sa tête en avant suit cette évolution imprévisible, puis résonne dans son crâne du vocabulaire français qu'il a pu entendre des chorégraphes, il ne saurait pas bien les restituer mais qu'importe, toutes ces phrases donnent le même ordre : danse avec justesse et relâchement, il quitte cette pensée et reprend son corps qui déjà est emporté dans une délicate mais timide arabesque, Schuman est fou, pense t-il.
Personne ne le voit, personne ne lui demandera d'être parfait, tout à coup les violons se déchainent, alors il se retourne, réalise une jeté, tente de se poser sur une pointe mais sa cheville se tord et son corps est entrainé dans son mouvement jusqu'au planché.
Sans plus de bruit, le voilà en position fœtale, comblé... il a osé, sans efforts...
Puis la musique se calme, elle lui semble avoir une douceur maternelle, quelle drôle de ressenti. Il se lève, se dépoussière et part enfin se mettre au travail, ses mains sont maintenant réchauffées, les voilà prêtes à tirer sur des poulies et à retirer des sangles.
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Pour éveiller l'inspiration, on pourrait proposer une règle à laquelle l'autre se soumettra pour le poste suivant.
Par exemple dans le cas de ce que j'ai écrit, ça aurait pu être que le personnage principal n'était pas autorisé dans ce poste à parler avec un de ses semblables, pas d'humanoïde composé de chaire et d'os, et j'aurais respecté avec génie cette contrainte qui finalement, permet plus.
C'est plaisant d'écrire, je veux que l'histoire évolue vers quelque chose, vas-tu ressentir cela ? Cette question à elle seule m'excite.
Je n'ai pas (encore) choisi de prénom au petit autrichien, ça m'a manqué de ne pas pouvoir le désigner, mais c'est intéressant aussi.
Une correction : "La femme assise dans la loge d'acceuil"
Ça s'écrit accueil, c'est pas naturel, mais à force ça le devient.
Une autre, d'inattention I bet :
"veux tu aller aider plutôt que de rester planter là ?"
Pour un participe passé, on préférera "planté"
Attrapez-les tous ! Pense aux miennes aussi.
J'ai raconté l'histoire à Chiara, le petit autrichien lui a rappelé toi, ça m'a amusé, j'ai répondu que tu l'avais créé.
Ce petit bonhomme est-il mort ? Faut-il que je lui fasse porter des échasses ? Ou d'abord que je bouche le trou de sa tombe pour qu'il ne puisse pas s'y installer et qu'on lui fasse sauter les fixations du couvercle de son cercueil ?
Magnifique, j'ai aimé m'en imprégner :
http://www.telerama.fr/scenes/sylvie-guillem-nous-les-danseurs-avons-plus-conscience-du-temps-qui-passe,127430.php
Très bien, je vais renchérir avec un travail extrèmement imprafait sous de nombreux aspects. !
Bla bla
HAHA ! T'y as cru hein ! Le con.
"Bas les couilles frères"
- Kaaris
http://40.media.tumblr.com/b9cf139dfe543aa1c401f8c5e1b42606/tumblr_mo03cphug31sutuwgo1_1280.png
Le souhait de s'y mettre... Un vrai temps est à y consacrer pour poster.
[par iphone, en cours, peut ne pas ressembler à cela au final, mention sera faite de la finitude de mon passage quand il l'aura atteint, que j'aime écrire ainsi]
Il se lève, se dépoussière et part enfin se mettre au travail, ses mains sont maintenant réchauffées, les voilà prêtes à tirer sur des poulies et à retirer des sangles.
Sur sa gauche cinq sangles bien attachées, sur sa droite cinq autres. Il saisit fermement la première et en poussant péniblement mais méthodiquement le cliquet il obtint que celui ci lâche la lanière. Tout emporté par l'énergie qu'il vient de déployé il enchaina ainsi avec la sangle de gauche, puis celle sur sa gauche et subitement il entendit un cri en provenance du bas. Celui d'une jeune femme