Bonsoir
Après m'être récemment remis à Skyrim sur mon vieux PC, j'ai eu envie de me mettre à écrire une fiction dessus. Je tiens à prévenir que la première moitié de ce premier chapitre pourrait vous surprendre un peu à cause de son cadre (que je vais masquer derrière un SPOIL pour ceux qui désirent une surprise totale ) La fic raconte l'histoire d'une joueuse de skyrim qui pour des raisons inconnues, se retrouve plongée dans littéralement dans le monde des Elders Scrolls, à Bordeciel, plus précisément J'espère juste que ça ne vous découragera pas trop à ne pas lire même si ce genre d'histoire à déjà dû être écrite auparavant. Aussi, je ne compte pas écrire une fiction qui s'étalera sur un an avec beaucoup comme certains (talentueux) auteurs, je ne l'étalerai que sur quelques chapitres.
N'hésitez pas à me signaler des erreurs concernant le lore de Skyrim (je n'ai je dirais que 150h de jeu à vue de nez dessus et j'ai à peine touché aux opus précédents, ma culture sur l'univers des TES est assez limitée), ça me permettra d'en apprendre un peu plus sur le jeu et de rectifier le tir.
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture
_______________________________________________________________________
Chapitre 1 : Sauvegarde 136 - Rorikbourg
L’averse s’engouffrait dans la ruelle alors que le jour s’assombrissait. Je m’avançai dans la ruelle, seule avant de me frayer un chemin entre les poubelles qui encombraient la rue. Je tapais du pied dans une canette qui traînait par terre. Une journée comme la mienne, pour la majorité d’entre vous, ça aurait été un enfer : j’avais raté mon train ce matin pour me rendre au lycée, on m’avait racketté mon argent devant le lycée et enfin, j’avais réussi à me faire renverser mon plateau par trois cons. Quand ils se sont fait prendre par le surveillant, j’étais contente. Jusqu’à ce que je me rappelle que l’un de ces trois cons me haïssait particulièrement, et que tôt ou tard, j’aurais le droit à sa vengeance. J’avais déjà vu des élèves revenir avec un coquard qui se faisaient discrets après s’être frottés à lui.
Je distinguai alors trois silhouettes au milieu des gouttes qui arrivaient au bout de la ruelle. Immédiatement, je compris. Je m’arrêtai net, avant de tourner les talons d’un pas pressé. Le vent et la pluie me fouettaient maintenant le visage. Bien que je ne voyais plus le danger qui me poursuivait, il restait toujours audible au travers des bruits de pas et des chuchotements dans mon dos qui se rapprochaient. J’ai réagi alors stupidement : je me suis mise à courir. Mes poursuivants se mirent à courir à leur tour :
« -Ca sers à rien de courir ! On t’aura ! lança l’un d’entre eux dans mon dos. »
La pluie et le vent me forcèrent à plisser les yeux tandis que les claquements incessants des pas derrières moi s’intensifiaient, se rapprochaient de leur écho menaçant. Mon embonpoint doublé par des difficultés respiratoires ne m’aida pas dans ma vaine tentative de fuite. Un coup dans les jambes balaya mon élan et mes espoirs de fuite. Je m’étalai le long du sol détrempé, manquant de me cogner la tête. Je n’eus pas le temps de me relever, ni de reprendre mon souffle car un pied me frappa violemment au ventre, coupant momentanément ma respiration. Je toussotais en me tordant au sol :
« -Tu nous auras bien fait courir, connasse ! fit mon agresseur. »
Je relevais la tête et le reconnu immédiatement malgré les larmes qui brouillaient la vue : Max, une des personnes qu’on pouvait qualifier de « brute » au lycée. Il m’arracha mon sac à dos sans ménagement avant d’envoyer valser toutes mes affaires de cours hors du sac, déclenchant le rire de ses deux acolytes, un autre adolescent plus petit que lui et d’une autre fille : Jonah, le meilleur ami de Max et Amy, sa petite amie. J’eut envie de pleurer quand je vis mes feuilles de dessin se coller au sol. Des heures à dessiner des Khajiits, des Orques ou encore des Dragons ruinées en quelques secondes. Les dessins se déformèrent bientôt, avalés goulûment par la couche d’eau qui imbibait maintenant le papier blanc de sa noirceur maussade.
A ce stade, inutile de vous dire que l’univers de The Elder Scrolls était l’un des univers de fiction que j’appréciais le plus, à travers les jeux que je possédais tous et les nombreux livres que j’avais lu à ce sujet. J’appréciais l’héroïc-fantasy, et avec mon acné et mon embonpoint, je passais pour la victime parfaite auprès des autres. J’étouffais un gémissement :
« -On lui fait quoi ? demanda Jonah avec un sourire carnassier.
-On va lui apprendre à ne pas balancer, répondit Steve. »
Toujours en retrait, Amy me toisait néanmoins d’un regard proche du dégout. J’étais déjà mal en point, mais cela ne semblait pas suffisant. Jonah me frappa une fois au ventre avant de faire signe à sa petite amie de venir se défouler :
« -Allez, elle le mérite après tout ! A cause d’elle on est collés pendant un mois.
-Vas-y, fais toi plaisir, j’ai la flemme, soupira Amy en faisant un pas en arrière. »
Je sentais alors qu’elle commençait à regretter de les avoir accompagnés. Peut-être qu’elle m’aiderait ? Steve ne lui laissa pas le loisir :
« -Bah alors ? T’as peur ?
-Lâche là, Steve ! soupira Jonah, et occupe-toi plutôt de la grosse ! »
J’eus envie d’hurler quand le plus grand de mes agresseurs se tourna vers moi. J’aperçus toute la haine dans son regard. Il m’asséna un puissant coup de pied au visage. Le coup fut rude et me fit voir trente-six chandelles. Ce salaud m’empoigna par le cou avant de me plaquer sans retenue contre les briques du mur. J’entendis un clic et la seconde d’après, sentis la pointe d’une lame toucher mon ventre :
« - Excuse-toi. Maintenant, vociféra-t-il.
-Arrête, Steve ! s’écria Amy.
-Elle à compris ! ajouta Jonah. »
L’autre ne les entendit pas et accentua sa pression avec sa lame. J’étais sûre que son couteau m’avait déjà blessée puisque je sentais la lame sur ma peau. Mes mains tremblaient de peur tandis que mon cœur tambourinait dans ma poitrine comme un animal apeuré enfermé dans une cage. J’entrouvris la bouche tenta d’articuler un mot, une syllabe… Sans succès à cause de sanglots que j’avais de plus en plus de mal à retenir :
« -Qu’est ce t’as dit ? fit Steve en approchant l’oreille.
-Pardon… murmurais-je d’une voix à peine audible. »
L’adolescent me fixa droit dans les yeux avant de sourire. Il éloigna son visage du mien alors que je baissais la tête. J’eus le temps de voir briller la lame du couteau. J’ai su ce qui allait se passer et je ne pourrais rien y faire. Si j’avais su, je lui aurais dit d’aller se faire mettre. Je fermai les yeux et attendit.
Une fraction de seconde plus tard, le couteau s’enfonça dans mon ventre, à trois reprises. Je n’ai pas crié. Je lâchai juste un râle étouffé avant de m’effondrer sur le côté. A partir de là, tout devint flou. Je crus entendre Jonah et Amy se mettre à crier vers Steve. J’entendis les mots « ambulance » et « on se tire ». C’est ce qu’ils firent. J'aperçus alors leurs silhouettes floutées disparaître au coin de la ruelle en courant.
Je sentais le sang tiède s’échapper de mon corps, imbiber mes vêtements et le vit se fondre dans des serpentins pourpres sur la couche d’eau du sol. Mon cœur se mit à battre de plus en plus vite et de plus en plus intensément afin de combler sans succès le manque de sang qui s’échappait de mon corps encore plus rapidement. Je rassemblai mes dernières forces pour me rouler sur le dos, face au ciel gris. Mon regard se porta vers le ciel alors que je laissais les gouttes de pluie arroser mon visage de leur caresse humide.
Étrangement, pendant un instant, je me suis senti bien, allongée ici. Puis j’ai repensé à ma mère que je n’ai jamais connue, à mon père qui me faisait comprendre tous les jours que je n’étais pas une enfant désirée et à mon chat, peut être bien le seul être sur cette terre pour qui j’avais un peu d’affection. J’ai su que je ne quitterais probablement pas cette ruelle vivante, mes bras trop engourdis par la perte de sang pour m’emparer de mon téléphone.
Vous savez, votre vie ne défile pas devant vos yeux quand vous allez mourir. Tout ça, c’est des conneries. Ce sont les regrets qui vous hantent dans vos derniers instants. Tout ce que vous n’avez pas réussi à devenir. Tous ceux que vous avez laissé tomber. Tout ce que vous aimeriez changer si vous aviez juste une dernière chance.
Un voile rougeâtre s’abattit sur mes yeux. Je me suis dit qu’au final, mourir n’était pas si terrible que ça. Tout s’éteint d’un coup et c’est terminé. Le pire devait être le fait que je savais que j’allais mourir. Cela aurait pu durer une fraction de seconde. Mais cette fraction de seconde aurait quand même été un enfer.
Le voile rouge laissa place à des tâches multicolores qui semblaient flotter devant mes yeux. Elles s’assombrirent rapidement et me plongèrent dans l’obscurité la plus totale. Je ne sentais plus la pluie sur ma peau, ni les battements de mon cœur, ni le sang tiède qui imbibait mes vêtements. Je ne ressentais rien d’autre qu’un vide absolu. A ce moment-là, j’ai su que tout était terminé.
Il y eu d’abord un point blanc, lointain, comme une étoile. Je ne sentais toujours pas mon corps. Le point se mit à grossir, à s’élargir lentement, envahissant l’obscurité par une clarté immaculée, bientôt éblouissante. Je me demandais alors ce qui se passait et me mit à parier sur l’endroit dans lequel j’allais atterrir : Chambre d’hôpital ? Le Paradis ? L’Enfer ?
Je parvins à lever le bras et à placer ma main devant les yeux pour me protéger de la lumière. Mes yeux s’adaptèrent rapidement à la luminosité. La vue d’une charpente en bois ne m’aida pas à me donner une idée claire quant à l’endroit où je me trouvais. Je compris néanmoins que j’étais allongée sur un lit, moins confortable que celui de ma chambre habituelle, mais ça allait.
Une voix masculine retentit :
« -Ah ! Elle se réveille ! Erik, apporte-moi de l’eau, vite !
-Tout de suite, père ! fit une voix qui me semblait étrangement familière. »
Je levai la tête et faillit étouffer un cri : en face de moi se trouvait un homme chauve au teint pâle et à la forme du visage arrondie. Ses yeux marron me dévisageaient d’un air bienveillant en même temps qu’il se passait la main dans sa moustache. Il me fallut plusieurs secondes que j’avais en face de moi Mralki, l’homme qui tenait l’auberge de Rorikbourg, dans Skyrim. La même voix, le même visage mais… En vrai. Un jeune homme entra à son tour dans la pièce. Je faillis faire un autre arrêt cardiaque : cette fois, il avait la vingtaine, le crâne recouvert d’une longue chevelure blonde, une musculature assez développée de paysan ainsi que des yeux bleus clairs, presque translucides. Je reconnu immédiatement Erik, celui qu’on surnommait « Erik Le Tueur » par la suite après une quête. Il apporta un plateau avec une cruche et une choppe en fer posés dessus qu’il tendit à son père :
« -Merci, Erik, tu peux disposer. »
Erik sembla me dévisager d’un air un peu rêveur avant de quitter la pièce. L’homme à ma gauche reprit :
« -Je m’appelle Mralki, c’est moi qui tient cette auberge. Je vous ai trouvé sur une route, non loin d’ici, il y a cinq jours. Vous étiez mal en point… Comment vous appelez-vous ? »
Je regardais de haut en bas, essayant de comprendre ce qu’il se passait : est-ce que j’hallucinais avant de mourir pour de bon ? Est-ce que j’étais dans le coma ? Je me rappelais de mon agression par Steve et ses potes, le coup de poignard, le sang et… Maintenant ici. L’aubergiste redemanda :
« -Alors ? »
Je secouais la tête avant de commencer :
« -Je m’appelle… »
Je m’interrompis immédiatement, portant ma voix à ma gorge. Ma voix, d’habitude portée vers les aiguës, sonnait grave, comme celle d’une adulte. Après un instant d’hésitation, je lui demandai :
« -Ecoutez, je... Je vous remercie, Mralki, mais… Pourriez-vous me laisser seule je dirais… Une heure ? Le temps que je reprenne parfaitement conscience ?
-Comme vous voudrez, soupira-t-il. Je vais vous faire à manger, en attendant. »