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The Elder Scrolls V : Skyrim

Sujet : [Fic] Une vie d'élu
BlackDeViL24
Niveau 35
10 novembre 2020 à 21:28:53

Bonsoir bonsoir. https://image.noelshack.com/fichiers/2017/31/5/1501863678-risitas596bestreup.png

Voici donc, des années plus tard, le début de la dernière trilogie, suivant l'histoire déjà entamée par les 2 trilogies précédentes "Une vie à la Morag Tong" et "Une vie de criminel".
Pour des raisons techniques, cette fic ne sera pas immédiatement illustrée par des images (contrairement aux autres) mais cela suivra en temps voulu. Par ailleurs, comme toujours, je tiens à préciser que ça reste un projet hyper amateur, écrit pour le plaisir et vraiment sans aucune foutue prétention. Ne vous attendez donc pas à lire du Rimbaud. https://image.noelshack.com/fichiers/2017/10/1489248741-risitas-roi.png

Enfin, comme toujours, la relative simplicité du scénario permet sans trop de soucis de prendre le train en route, même si vous pourriez toutefois passer à côté de certaines références au début. Mais moi même, après des années d'arrêt, je vais avoir pas mal tendance à réexpliquer/re-raconter certains faits passés, donc nulle inquiétude. Quelqu'un qui démarre l'histoire par cette 3ème trilogie ne devrait avoir aucun mal à suivre. Nouveau perso, nouvelle intrigue...On part quand même sur quelque chose de nouveau et de différent, comme à chaque fois.

Et puis bon, à quoi bon préciser tout ceci vu que les années ont filé et que plus personne ne lira cette histoire à partir de maintenant. https://image.noelshack.com/fichiers/2017/19/1494260086-zoom3.png

Bon allez, malgré tout, ça me tenait à coeur, donc c'est parti !

BlackDeViL24
Niveau 35
10 novembre 2020 à 21:29:12

Chapitre 1: Novum semita

Le plan était assez clair. Très clair en fait : prendre la mallette en cuir, filer droit vers la place nouvelle Dagoth, y rencontrer les deux pontes de la Confrérie Dunmer, et les accompagner au rendez-vous fixé avec les contacts du gang des Sablards.
Un rendez-vous qui me stressait un peu, en fait, maintenant que je prenais la peine d'y réfléchir...
La Confrérie Dunmer évidemment, je la connaissais très bien. J'en faisais officiellement partie, du coup même si je ne connaissais pas personnellement les deux membres que je m'apprêtais à rejoindre, leur nom m'étaient déjà connus, et ils restaient des « frères » qui plus est, soit des personnes dont j'étais censée partager les valeurs et les règles.
Les Sablards par contre...De manière générale, je connaissais pas trop mal les criminels Khajiits. J'avais pas mal côtoyé le gang des Anéquiniens en prison, et contre toute attente, j'avais même développé une ébauche d'affinité avec certains d'entre eux. A première vue, j'aurais donc pu voir cette rencontre sous un angle optimiste...
Le problème, c'est que les Khajiits rompus à la vie en taule étaient bien différents de ceux restés en haut, dans les ghettos. Généralement, ils oubliaient un peu leurs embrouilles de l'extérieur et s'assagissaient, d'une certaine manière. Or les Sablards pour le coup, dans la rue, ils se tapaient vraiment une réputation de tarés...
Non franchement, j'étais pas tout à fait sûre qu'un rendez-vous organisé à la vite entre des Dunmers suprémacistes et des macaques ultra violents défoncés H24 au skouma soit une très bonne idée, surtout quand c'était moi qui était chargée d'amener la monnaie d'échange...
-Meuf t'as pas du sucre à me dépanner ?! M'apostropha subitement un Dunmer cadavérique alors que je tournais au coin de la rue des trois Kwamas, pratiquement vide en ce temps de midi.
-Ah désolé je prends pas. Répondis-je, un peu surprise, mais en gardant le ton le plus neutre possible.
-Ah bon d'accord d'accord...Marmonna mollement le camé en me laissant partir sans faire plus d’histoire, dépité. Putain...Nique sa mère...

Je continuais ma route sans prêter plus d'attention à l'individu. En même temps, des toxicos en manque, c'était pas ce qu'il manquait dans le Dun.
Le Dun...Véritable ode à l'immigration et à l'intégration ratée de plusieurs millions de Dunmers venus s'entasser à Cyrodiil, espérant y trouver une vieille plus douce que dans leur Morrowind ravagée par la crise d'Oblivion. Hélas, là où s'était autrefois érigée l'ancienne cité de Cheydinhal, entourée par ses prairies et ses collines verdoyantes, ne s'étirait désormais plus qu'un gigantesque ghetto fait de bidonvilles et de cités crasseuses, construites à la va vite pour mieux loger ces innombrables réfugiés dont l'Empire n'avait jamais su quoi faire. Exit la nature bucolique de la troisième ère, il n'y avait maintenant plus que du béton, du bois et de la ferraille sur des dizaines et des dizaines de kilomètres, s'étendant à perte de vue, et ce dans toutes les directions.
Un véritable tombeau socio-économique à ciel ouvert. Et ce tombeau, je devais me le coltiner tous les jours désormais...

La tactique du temps de midi m'avait paru judicieuse sur le papier. Maintenant que j'y étais en personne, les faits ne faisait que le confirmer : Les rues du Dun étaient vraiment vides à cette heure de la journée. En gros, ceux qui avaient la chance d'avoir un taff étaient probablement occupés quelque part dans un département économiquement plus viable, ceux qui avaient un taff mais qui ne bossaient pas aujourd'hui étaient sûrement en train de manger chez eux, et les autres...
Bah les autres, soit ils faisaient la grasse mat' parce qu'ils n'avaient de toute façon rien d'autre à foutre, soient ils récupéraient de leur nuit de racket et de trafic illégal.
Non franchement, midi, c'était vraiment le moment idéal pour ce genre de rendez-vous.
Personne ne nous ferait chier au moins.
-Ah, la voilà. Commenta une voix alors que j'arrivais enfin aux abords de la place nouvelle Dagoth, vide à cette heure, exactement comme tout le reste du Dun.

Là, au milieu d'une grande place de cité à l'architecture impersonnelle et bâclée, située au carrefour de deux des plus grosses artères du Dun, trônait nonchalamment la fontaine d'Indoril Nérévar. Ou du moins la représentation négligée qu'avaient mis au point les tailleurs Impériaux lors de la construction précipitée de ces immenses quartiers résidentiels à l'allure de zoo.
Enfin...A noter qu'ils avaient au moins fait l'effort de proposer quelques décorations sommaires faisant référence à la culture Dunmeri, sûrement pour que les immigrés Dunmer se sentent un peu chez eux. Quand on voyait la gueule du Khaj en comparaison...On aurait été bien culotté de se plaindre...
-C'est les titres de propriété ? Questionna Madras Romavel, l'un des deux Dunmers postés à côté de la fontaine, au moment même où je les rejoignais enfin.

L'individu en question, un Dunmer qu'une bonne quarantaine d'années au faciès tatoué et buriné par la dure vie de la rue, pointa mon cartable d'un doigt inquisiteur.
-Ouai, ils sont tous là. Répondis-je simplement en lui tendant la mallette.
-Non non, garde la. Répliqua ce dernier en refusant le colis d'un geste bref de la main. C'est moi qui discuterai avec leur chef en premier lieu, pour établir le contact, tout ça tout ça. Toi tu gardes la malette, ets i tu vois que ça tourne mal, ou si je me fais planter ou quoi, ben tu te tires avec. Pareil pour toi hein Mavon. On sait jamais...

Le dénommé Mavon, un autre Dunmer, nettement plus jeune que son acolyte ceci dit, acquiesça silencieusement de la tête. Pas l'air bien inquiet pour la cause néanmoins. Les transactions ratées qui se finissaient au couteau, il devait connaître...
-Bon, on a encore un peu le temps...Marmonna Madras Romavel en observant brièvement le gousset qu'il venait de sortir de l'une de ses poches. C'est dans dix minutes...

Il rangea rapidement sa montre, et me jeta alors un œil plus attentif, visiblement partagé entre la moquerie, et l'interrogation.
-...Alors...Reprit-il bientôt en désignant mon œil blanc. Tu nous explique ?
-Vous êtes déjà au courant non ? Répondis-je, perplexe.
-Oui mais j'ai envie de l'entendre de ta bouche, Teleri. Insista Madras, qui ne cachait même plus son amusement désormais.

Connard de sadique...
Madras Romavel, né ici, dans le Dun de Cyrodiil, était en fait l'un des rares derniers haut gradés de la Confrérie Dunmer encore en liberté. Et par « en liberté », j'entendais par là qu'il était surtout l'un des derniers à ne pas avoir encore été choppé par le programme de démantèlement ultra agressif que menaient les Impériaux contre les plus gros gangs carcéraux depuis de longs mois déjà, Confrérie Dunmer en tête.
Capturé après un règlement de compte foireux, et relâché presque aussitôt, contre toutes attentes, à la suite d'un énorme vice de procédure commis par la justice Impériale lors de son procès, il n'avait pour ainsi dire jamais fait de taule de sa vie, et était donc l'un des très rares membres de la Confrérie Dunmer a avoir presque toujours officié en dehors des pénitenciers. C'était probablement ce qui expliquait sa survie, et le fait qu'il soit systématiquement passé entre les mailles du filet, contrairement à beaucoup d'autres chefs de la Confrérie. Il faut dire, gang presque exclusivement carcéral oblige, la Confrérie Dunmer était surtout traquée au sein des pénitenciers de haute sécurité Impériaux, car c'était là qu'elle faisait véritablement la loi. Les quelques rares membres remis en liberté et officiant donc à l'air libre n'avaient pas été trop inquiétés pour le moment, faute de moyens pour les Impériaux, et même plus globalement faute d'intérêt à leur encontre.
En même temps, ils n'étaient vraiment pas nombreux. Tout juste quelques larbins esseulés qui se contentaient de faire passer de la came à l'intérieur, ou éventuellement de buter l'un ou l'autre élément indésirable pour mieux asseoir le règne de terreur de la Confrérie.

BlackDeViL24
Niveau 35
10 novembre 2020 à 21:29:49

Une tactique marginale, mais qui semblait porter ses fruits cela dit, la Confrérie Dunmer ayant effectivement la réputation de pouvoir facilement commanditer des meurtres et des trafiques de came à l'extérieur, et ce depuis l'intérieur même des prisons de haute sécurité Impériales.
Il y a quelques mois encore, j'aurais jugé que c'était surtout de la poudre aux yeux, mais les récents assassinats commis dans la rue, et la raison même de ma présence ici aujourd'hui tendaient malgré tout à démontrer qu'il y avait une évolution notable de ce côté. Madras avait beau manquer d'hommes et de moyens, il incarnait toutefois un élément devenu préoccupant pour la justice Impériale :
Le fait que, malgré les opérations de démantèlement menées avec succès dans les prisons, la Confrérie Dunmer, non contente de survivre, était belle et bien en train de s'étendre et de gagner en pouvoir dans la rue...
Du reste, Madras Romavel était un membre de gang relativement lambda en dépit de son haut statut. Quadragénaire raciste, tatoué, scarifié et bien rompu à la vie des criminels, il incarnait totalement le Dunmer lambda de la Confrérie...
-Arsyn Thirith, un des gars qui nous servait de larbin...Commençai-je enfin, racontant l'histoire qui m'avait valu de finir borgne d'un oeil. Un jour, au bloc, il a tout simplement pété un plomb. Il a choppé un chandelier et...
-Attends, attends ! Coupa brusquement Mavon en se mêlant à son tour de la conversation. Arsyn Thirith tu dis ? Mais je le connais ce fils de pute ! Il vient de la cité des quatre couronnes non ? C'est juste à côté d'ici ! C'était vraiment une de vos salopes ?!

Le jeune Dunmer éclata de rire. Visiblement, la situation l'amusait beaucoup. Mais sous quel aspect en particulier ?
-...Comment une baltringue pareille a pu te faire ça ? Reprit Mavon, confirmant que la moquerie m'était belle et bien destinée. C'est une grande gueule, mais c'est tout. C'est pas un bagarreur, loin de là !
-Il m'a choppé en traître. Répliquais-je, vexée. Je sortais de ma cellule avec Fendryn, et...
-Ah...Fendryn...Marmonna Madras, songeur. Lui non plus, on a jamais vraiment su comment il s'est fait buter...

Fendryn Ramarys, un ancien chef de la Confrérie Dunmer, que j'avais personnellement côtoyé durant de longs mois lors de mon incarcération à Fort Tharn, et parallèlement lors de nos missions d’intérêts généraux en Bordeciel, au bastion des vigiles de Stendarr.
Et justement moi, je savais très bien comment il s'était fait buter :
Comme une merde, sans que quiconque ne l'ai vu venir, et par la personne la plus improbable qui soit qui plus est :
Une toute petite Bosmer chétive nommée Eraldil...
-...Ouai bon et donc ? Tu lui a niqué sa mère au moins ? Insista Mavon en ignorant, avec pas mal d'irrespect d'ailleurs, le sort tragique d'un ancien chef de la Confrérie Dunmer pour mieux se focaliser sur mon altercation avec Arsyn.

Si Madras était à bien des égards l'archétype du vieux loup de mer blasé que plus rien n'étonnait, Mavon Hlaran, bien plus jeune quand à lui, incarnait plus volontiers le stéréotype du jeune criminel impliqué et efficace, né dans la violence des gangs et bien rompus à ses us et coutumes, mais malgré tout bien trop jeune encore que pour systématiquement parvenir à retenir sa fougue immature face à des sujets qui l'exaltaient. En l’occurrence, le fait de m'être prit un chandelier en pleine gueule et d'avoir perdu l'usage d'un œil semblait l'exalter tout particulièrement...
En fait, je ne connaissais vraiment pas bien Mavon. Madras non plus évidemment, mais lui au moins, j'en avais entendu parler. Il était plus vieux, plus expérimenté, bien mieux connu dans le milieu. Donc j'avais, sans le connaître personnellement, au moins pu appréhender un peu le personnage, son caractère, ses attentes et sa philosophie.
Mavon lui...Finalement je ne connaissais rien de lui. Il commençait à se faire un nom en temps que jeune officier ambitieux et astucieux de la Confrérie Dunmer, mais en l'état actuel des choses, j'avais bien plus de mal à trouver quelle attitude adopter face à lui. Madras, je savais d'ors et déjà ce que je pouvais dire, quelles questions je pouvais poser, et jusqu'à quel point je pouvais lui répondre et lui imposer mes contradictions.
Mavon...

Ben pour être honnête, j'avais un peu peur de lui. Je savais pas expliquer pourquoi...
Juste...Je le sentais pas...En fait, j'avais un peu peur d'être soudain face à l'un de ces tarés irrationnels qui se marre avec vous puis vous plante brusquement un couteau dans le bide parce que votre expression faciale ne lui convient pas. Et franchement, sa manière presque morbide d'insister au sujet de mon œil, et l'hésitation dont je faisais preuve dans mes réponses, ne me rendaient pas particulièrement sereine à cet instant précis...
-Bon bon, au pire on en reparle plus tard ? Coupa finalement Madras en regardant de nouveau son gousset. Il est l'heure, et les Sablards aiment pas trop attendre.

Sans réaliser qu'il venait en quelque sorte de me sauver d'une étrange et inconfortable situation, le Dunmer nous invita alors, Mavon et moi, à le suivre en direction du sud ouest, à la grande intersection qui servait de jonction entre le boulevard Arenim et la place du vieux Stendarr.
En fait, précisément là où les ghettos du Dun et du Khaj se rencontraient...
Ici non plus il n'y avait franchement pas grand monde à vrai dire. Juste une nouvelle place vide, un petit jardin central bourré de mauvaises herbes, quelques bancs...
...Et une dizaine de Khajiits avec des dégaines de malfrats comme on en faisait nul part ailleurs.
Les Sablards, des trafiquants de Skouma et accessoirement des meurtriers sans scrupules qui auraient fait passer les Anéquiniens de Fort Tharn pour des gentlemans...
-Bon euh...Donc je garde la mallette ? Répétai-je, en réponse aux directives énoncées plus tôt par Madras.
-Jusqu'à ce que je te dise d'approcher. Acquiesça la Dunmer. En attendant, vous restez ici. On sait jamais comment ça peut se terminer avec ces connards de macaques.
-Tranquille hein, ça va bien se passer. Tempéra Mavon. C'est juste des vieux cassos au final.
-Ouai mais des vieux cassos hyper dangereux. Insista Madras. Donc comme je disais, vous me laissez parler, et si ça dégénère, vous vous tirez fissa. C'est compris ?
-Il abuse. Il devient parano avec l'âge je crois bien. Souffla le jeune Dunmer au moment même où son aîné nous quittait pour mieux s'avancer d'un pas décidé en direction d'un Khajiit assis un peu à l'écart des autres, sur un banc usé par le temps et le manque d'entretien.
-Il a raison tu sais...Fis-je remarquer en sentant une pointe d'appréhension me tirailler le bas ventre maintenant qu'on se tenait à portée de regard d'une dizaine de Khajiits affublés de gueules pas possibles. Les Sablards c'est vraiment pas des gars nets. Ils sont tout le temps défoncés au Skouma et ils ont aucune putain de limites. Ils tirent à l'arbalète sur les gens en pleine rue, comme ça au pif, ils découpent les mecs des gangs rivaux à la machette...
-Ouai je sais, tu m'apprends rien hein. Répliqua Mavon, visiblement vexé qu'on lui fasse la leçon. Mais bon quoi ? On est la Confrérie Dunmer putain. En taule, on en démonte des bien pires qu'eux tous les jours. Attends, on va pas se mettre à avoir peur d'une banque de macaques accros à la fiole non ?

J'eus bien envie de lui faire remarquer sa connerie, et pour le coup, son flagrant manque d'expérience du milieu carcéral. Car oui Mavon, contrairement à moi, et bien malgré ta très bonne connaissance de la rue, tu n'avais jamais foutu un pied en taule, justement. Tu ne connaissais pas vraiment le nature et les circonstances du conflit qui opposait notamment la Confrérie Dunmer aux Anéquiniens. Tu ne connaissais pas les rapports de force, les moyens et le support dont disposaient les gangs carcéraux. A Fort Tharn bien sûr, entourés de milliers de peaux grises ultra déter prêts à planter du Khajiit à tour de bras, et avec, faut pas se mentir, un appui prononcé de pas mal de matons, c'était bien plus facile de faire régner la loi face à des poilus plus nombreux mais largement désorganisés que ici, dans la rue, où le rapport de force et l'expérience du terrain était totalement à leur avantage.
Ici Mavon, tu devais bien comprendre qu'ils nous étaient largement supérieurs en nombre et en moyens de toutes sortes, car ici Mavon, la Confrérie Dunmer, elle existait surtout dans ta tête, et n'avait clairement pas encore le poids et la réputation qu'elle avait en prison depuis des décennies déjà.
La rue et la taule, c'était des milieux très différents en fin de compte, avec des règles très différentes, et peuplés par des gens très différents. En l'état actuel des choses, on faisait pas le poids, clairement. Si ça tournait mal, on était dedans jusqu'à l'os...
-...amené les titres ? Questionna sans détour le Khajiit à côté duquel venait de s'asseoir Madras.
-Ouai. Et toi le matos ? Répliqua le Dunmer.
-A un de mes gars derrière. Répondit le chef des Sablards en désignant d'un geste bref l'un des Khajiits qui faisaient le guet de l'autre côté de la place déserte.
-Putain mais...Je le reconnais...Murmurai-je soudain tout en dévisageant avec attention l'interlocuteur de Madras, un Khajjit assez jeune en fait, affublés de plusieurs anneaux dans les narines et doté d'une fourrure brun sombre bardée de rayures d'un noir profond.
-Ah ? D'où ? Questionna Mavon, incrédule.
-C'est Vitus Dobellis, un des plus gros chefs des Sablards. Expliquai-je. Luther Jarol, un haut gradé chez les Anéquiniens, m'avait parlé de...
-Putain tu connais Luther Jarol ?! Coupa Mavon, impressionné. C'est pas n'importe qui lui. Parait que c'est un énorme taré, et un mec hyper important chez les macaques en taule...
-Oui comme de fait. Mais donc je disais : Luther m'avait parlé de lui. En fait, avant d'arriver en taule, Luther faisait partie des Baanides, et donc...
-Ah ben ouai, les grands rivaux des Sablards dans le Khaj...Releva Mavon.
-Ouai, et donc il avait déjà été confronté à ce Vitus. Expliquai-je. Parait que c'est un cinglé, mais un cinglé intelligent. C'est grâce à lui que les Sablards ont autant prospéré ces dernières années. C'est vrai d'un coté. Il y a dix ans encore, on entendait à peine parler d'eux, alors que maintenant, ils dominent totalement le trafic de drogue dans le Khaj, et même dans le nord d'Elsweyr. Non je te jure, c'est vraiment pas n'importe qui ce mec. Je suis étonné que ce soit lui qui soit venu au rendez-vous d'ailleurs...

Mavon et moi restâmes silencieux durant de longues secondes, perdus dans nos pensées respectives.
Pourquoi un gars aussi important s'était-il montré en personne pour un échange aussi anodin ? Au fond, on était simplement censé leur donner des titres de propriété falsifiés de plusieurs enseignes commerciales dans le Khaj en échange de plusieurs prototypes d'arbalètes a répétition, armes militaires expérimentales censées nous protéger et nous assurer un certain poids lors de toutes nos futures transactions illégales. Ce qui n'était pas un luxe vu le danger permanent que représentaient les échanges de drogues dans le Dun...
-Vitus Dobellis...Murmure finalement Mavon, pensif. Faudra m'expliquer pourquoi ces babouins d'immigrés ont pratiquement tous donné des noms Impériaux à leurs enfants.
-L'envie de s'intégrer je suppose...Répondis-je. A l'époque, les immigrés Khajiits ont dû se dire que donner des noms Impériaux à leurs gosses, c'était faire preuve de bonne foi face à l'Empire. Et la tradition est restée...
-Intégration mes couilles. Railla le Dunmer. Imagines on t'aurait appelé Catia, ou Valencia ? La traîtrise quoi.

BlackDeViL24
Niveau 35
10 novembre 2020 à 21:30:11

Mouai...Si il fallait bien laisser un truc aux Khajiits de Cyrodiil par rapport aux Dunmers, c'était bien leur intégration parfaite à la société Impériale justement. Plus de noms de bledards, plus de revendication d'une culture venue d'ailleurs. Les Khajiits nés en Cyrodiil après les grandes vagues d'immigration avaient été affublés de noms Impériaux, avaient embrassé sans broncher le mode de vie Impérial, et se considéraient aujourd'hui comme des Impériaux sans l'ombre d'un doute. Leur mise à l'écart était plus volontiers due à une lutte des classes en fait. Pauvre contre riches.
Ce qui changeait largement de l'immense majorité des descendants d'immigrés Dunmers, encore et toujours à fanfaronner avec leurs noms Dunmeri, leur culture Dunmeri, leur religion Dunmeri, et à rejeter en masse tout ce qui pouvait bien provenir de l'Empire alors qu'ils y étaient pourtant tous nés et n'avaient finalement plus rien en commun avec leurs ancêtres autrefois venus de Morrowind.
Deux immigrations, deux chemins totalement différents, les uns ayant tout laissé derrière eux pour mieux devenir les citoyens à part entière de leur pays d'accueil alors que les autres, au contraire, continuaient de fantasmer un bled qu'ils ne connaissaient pas, dans lequel ils n'avaient jamais mis les pieds, et qui d'ailleurs, ne voudrait jamais d'eux si il leur prenait l'envie folle d'y retourner...
-...Pas sûr de vouloir savoir...Fit remarquer Vitus Dobellis depuis l'autre côté de la place du vieux Stendarr, toujours assis à côté de Madras.
-Ça ne te regarde pas vraiment non plus...Répliqua le Dunmer.

J'oubliai un instant mes réflexions passagères pour mieux me recentrer sur la conversation qui animait désormais les deux criminels. Que pouvaient-ils bien se dire ? La transaction était anormalement longue, maintenant que j'y pensais...
-...Veux juste savoir si on va pas nous relier à tout ça. Expliqua calmement le Khajiit, qui en dépit de sa gueule de psychopathe, semblait effectivement pourvu d'un calme et d'une maîtrise inhabituelle pour un Sablard.
-Mais non voyons. Rassura Madras. La loi du silence. Je te connais pas, je t'ai jamais vu.
-Mais un peau grise qui vient nous acheter autant d'explosifs...Insista Vitus. Tu comptes pas nous prendre pour cible rassures moi ? Ce serait pas très commercial.
-Des explosifs ? Répéta Mavon dans un murmure interdit, confirmant par la même occasion que j'avais bel et bien entendu. Il m'avait jamais parlé d'explosif ce fils de pute...On était censé leur acheter des arbalètes a répétition, pas des putains de bombes...

J'admettais ne pas très bien comprendre moi non plus. D'une part parce que, effectivement, ce n'était pas du tout ce qui était prévu à la base, et d'autre part...
Pourquoi des explosifs ? Pourquoi des trafiquants de came auraient eu besoin d'explosifs ? Ça ne ressemblait absolument pas aux méthodes de la Confrérie Dunmer. D'ordinaire, on trafiquait, revendait, rackettait, tabassait et assassinait. On avait pas pour habitude de faire péter des trucs...
-Mavon...Risquai-je alors. T'es sûr que Madras s'est concerté avec les chefs de Fort Tharn sur ce coup là ?
-A toi de me le dire. Répliqua le Dunmer. Tu as passé pas mal de temps en taule, tu devrais en avoir entendu parler non ?
-Ben non justement...Admis-je.
-Ben moi non plus. Conclut Mavon, aussi dépité que moi.

A quoi jouait Madras en cet instant précis ? Dans quel coup foireux était-il en train de tous nous entraîner ?
-Ouuuh ça pue la merde cette histoire. Lâcha mon acolyte après quelques secondes d'un silence interloqué. Si jamais il essaie de nous entraîner dans une de ces guerres idéologiques à la con...
-Tu crois qu'il voudrait... ? Commençai-je.

Je n'eus jamais le loisir de terminer cette phrase.
-A TERRE ! A TERRE ! Gueula brusquement quelque sur notre droite.

Des tirs d'arbalète à répétition se mirent brusquement à fuser de part et d'autres de la place.
Tous cassos qu'ils étaient, les Sablards eurent au moins le mérite de réagir largement plus vite que nous. En effet, sans cirer gare, pas moins de trois sections anti banditisme de la Légion Impériale déboulèrent en formation au sein de la place du vieux Stendarr, aussitôt prises à parti et canardées sans ménagement par les sbires de Vitus Dobellis.
Vautrés à terre comme deux cons, totalement pris de cours, Mavon et moi ne purent qu'assister, impuissants, à l'échange de tirs ultra musclés qui opposa bientôt les Sablards à la division anti banditisme de la Légion Impériale.
-Putain mais... ! D'où ils sortent ! Beugla le Dunmer à mon oreille.
-Je...Je sais pas ! Répondis-je, choquée par la violence et la soudaineté de cette intervention coup de poing. Je sais pas...

Si l'un de nous deux eu à un moment donné l'envie de foutre le camps sans demander son reste, cette idée fut finalement très vite tuée dans l'oeuf. Sans plus de cérémonie, six agents Impériaux en armures tactiques se jetèrent soudain sur nous, nous immobilisèrent avec des clefs de bras, nous menottèrent, et commencèrent aussitôt à nous fouiller tout en nous gueulant dessus.
-Hey mais... ! Aïe ! C'est bon c'est bon ! Tempéra Mavon, cloué au sol comme un malpropre, le genou d'un agent Impérial lui écrasant la tête.
-Ta gueule ! Tu ferme ta gueule et tu restes tranquille ! Lui intima son bourreau.
-Je bouge pas. Je bouge pas. Commentai-je de mon côté en me laissant sagement menotter.

Foutu pour foutu de toute façon...
N'empêche qu'ils nous avaient bien pris de cours, ces fils de pute. C'étaient pas des branques, clairement. Et v'la l'équipement qu'ils avaient sur eux :
Arbalètes à répétition, armures tactiques légères, casques ultra modernes reliés par cristaux Welkynd....Et ils étaient bien coordonnés aussi. Quatre qui nous maintenaient au sol et nous fouillaient pendant que les deux autres nous pointaient avec leurs arbalètes, prêts à nous coller un carreau dans la gueule si on faisait mine de vouloir en découdre.
Ça changeait clairement des troufions de base de la Légion...
-Attends attends, recule les un peu, parce que là...Commenta l'un des Légionnaires.

Nous fumes traîner au sol sur plusieurs mètres, histoire d'être mis à l’abri derrière un petit banc de fortune, et pour cause : De l'autre côté de la place, ça se bastonnait sec. Les Sablards ne s'étaient pas seulement contentés de répliquer en direction des Impériaux, ils les criblaient tellement de carreaux que ces derniers étaient désormais cloués sur place, incapables de progresser d'avantage.
Non franchement, ils avaient beau se taper une réputation de débiles violents et sans scrupules, ils avaient quand même des couilles en béton ces Khajiits, car je ne connaissais franchement pas beaucoup de gangs qui auraient eu le culot de tirer sur des sections d'Impériaux comme ça, au beau milieu de la rue, et pire encore, de leur tenir tête sans fléchir.
-Hey ! Ils reculent ! Ils battent en retraite ! Lâcha soudain, contre toute attente, un Impérial quelque part devant nous.
-Choppez le Dunmer ! Laissez les autres partir ! Ordonna un autre.

Quelques derniers carreaux fusèrent au dessus de nos têtes, suivis d'un silence de quelques secondes, de bruits de pas précipités, puis d'une série de jurons particulièrement grossiers.
-Ils ont choppé Madras...Conclut Mavon.
-Ouai...Et pendant ce temps là, tous les poilus ont réussi à foutre le camp...Répondis-je, pas franchement fière moi non plus.
-Vos gueules ! Répéta l'un des Impériaux occupé à nous maintenir au sol.

Je n'aperçus pas Madras de mes propres yeux hélas, car nous fûmes bien vite cagoulés, arrachés du sol, remis sur nos deux pieds, et entraînés de force vers les Divins savaient où.
Évidemment, après un carton pareil en pleine rue, il n'était dans l’intérêt de personne, pas même des Impériaux, de traîner sur place...
-Tamika et Dreugh se replient vers Uriel quatre. Annonça celui qui me tenait par le col de ma tunique.

BlackDeViL24
Niveau 35
10 novembre 2020 à 21:30:30

Un crépitement cristallin résonna furtivement, signe que l'intéressé recevait sûrement une réponse dans son super casque enchanté de la mort qui tue.
-Marche plus vite ! Aboya quelqu'un derrière moi.

Je pris un violent coup de matraque dans le dos, manquai de trébucher, mais luttai de toutes mes forces pour rester sur mes jambes malgré tout, car je savais pertinemment bien qu'il était dans mon intérêt de ne pas faire de vagues. Surtout pas maintenant.
Marcher, suivre le rythme, me laisser guider et fermer ma gueule. On verrait plus tard pour le reste...
-Dans le chariot ! Allez on se magne ! Ordonna une voix sur ma gauche.
-Aïe putain !

Mes tibias heurtèrent violemment quelque chose de dur. Pas de quoi alarmer mes bourreaux toutefois. Ils étaient bien trop pressés de quitter cet endroit et de clôturer leur intervention. Surtout qu'à mon humble avis, leur compte rendu allait être salé. Une grosse escarmouche hyper violente en pleine rue, en pleine journée, et au bout de laquelle ils s'étaient fait dominer et avaient carrément laissé filer plus de la moitié des criminels visées qui plus est...
Certes je m'étais faite ramasser comme une bleue, mais eux, ils allaient pas rigoler non plus quand il leur faudrait expliquer tout ça a leurs supérieurs.
Un sourire bêtement moqueur se dessina sur mon visage, que personne ne vit heureusement vu ma cagoule. Quelques instants plus tard, le chariot dans lequel l'on m'avait fait grimper se mit en branle.
Difficile de dire exactement combien de temps dura le trajet. De toute façon, j'étais tellement déboussolée que je n'avais même pas pu estimer la direction qu'on prenait. On pouvait tout aussi bien filer vers le nord ou vers le sud-ouest que je n'y aurais vu aucune différence.
L'occasion de méditer un peu sur ma vie tiens...
Ainsi donc, ma petite Teleri, comment en étais-tu arrivée là, à tomber dans le panneau et à te faire maltraiter de la sorte à peine sortie de taule ? T'avais l'air belle, maintenant affublée d'une cagoule qui puait la sueur, et probablement en train de faire ton dernier allé simple vers la perpétuité. Et tout ça pour quoi d'ailleurs ? Un gros plan foireux dont tu n'avais même pas été prévenue ? A croire que j'étais la seule à ne rien savoir d’ailleurs, car vu la brutalité de cette intervention visiblement bien planifiée, les Impériaux eux même disposaient d'informations dont j’ignorais tout.
C'était à propos des explosifs ? Comment ils avaient su ? C'était quoi ce bordel d'ailleurs ? Ils visaient qui au juste en nous tombant sur la gueule comme ça sans prévenir ? Nous, ou les Sablards ? Qui les avait rencardé sur cet échange ? Et quelles allaient être les conséquences d'ailleurs ? Les Dunmers et les Khajiits allaient-ils se soupçonner mutuellement ? Allaient-ils s'accuser l'un l'autre de ce désastre ? Allait-on assister à un nouveau déchaînement de violence dans les rues et les prisons de Cyrodiil ?
-Mavon ? Madras ? Risquai-je après plusieurs minutes d'un silence uniquement entrecoupé par le cahotement du chariot filant à pleine vitesse sur des pavés.
-Ta gueule j'ai dis ! Ordonna une voix juste à côté de moi.
-Ils sont dans un autre chariot. Expliqua simplement une autre voix, juste en face de moi cette fois-ci.

Ça aussi ça puait...
-C'est bon on y est. Conclut quelqu'un après plusieurs longues minutes d'un trajet dans le noir.
-Faites-la descendre. Ordonna un autre plus loin. Prioritaire. Le commandant à demandé à l’interroger immédiatement.

Des mains solides m'empoignèrent et me déposèrent à même le sol, avant de me pousser vers une destination inconnue.
-Hey toi ! Amène toi ! Tout de suite ! Vociféra une voix quelque part sur ma gauche, bien que j'eus aussitôt la conviction que ça ne m'était pas destiné.
-On a capturé les...Hésita quelqu'un.
-T'es un putain d'incapable, tu le sais ça ?! Insista l'autre. Débile profond va ! T'es suspendu pour les trois prochain mois !

Bingo. Je le savais que quelqu'un allait se faire ramasser dès le retour au bercail...
-Faites la entrer !

Je ne savais pas exactement où j'étais, mais visiblement, on venait de me faire pénétrer à l'intérieur d'un bâtiment à en juger la baisse de température, ainsi que la réverbération soudaine des sons environnants.
Un mètre, deux mètres, trois mètres...On tournait à droit, puis...
-Non, ça ira. Expliqua calmement une voix familière. Vous pouvez nous laisser. Je prends le relais.
-Commandant...Salua quelqu'un.

Je fis quelques pas de plus, toujours dans le noir, toujours menottée.
Derrière moi, une porte se ferma, et le silence revint alors. Enfin, j'eus même envie de dire...
Lorsqu'on m'ôta finalement ma cagoule, je faisais face à un officier Impérial d'une cinquantaine d'années, laissée seule avec lui dans un petit bureau à l'allure tout à fait lambda, exception faite des milliards de dossiers et de papiers qui traînaient partout.
-Quelque chose à signaler ? Questionna l'Impérial, moqueur.
-J'ai besoin de pisser. Répondis-je sur le même ton.

L'officier souffla du nez, m'indiqua une chaise d'un geste de la main, puis fit le tour de son bureau et alla s'asseoir à son propre siège.
-Vous êtes connue, Teleri...Commença alors l'individu tout en extirpant un énorme dossier de l'un de ses tiroirs. C'est sûrement pour ça que la division anti banditisme vous est tombée dessus aussi brusquement. On devait vous suivre à la trace, j’imagine...
-Ben voyons...Ironisai-je. Oui, ça doit être ça l'explication...
-Et vous, vous nous avez mené tout droit vers les derniers chefs de la Confrérie Dunmer, et vous nous avez même permis de les prendre en flagrant délit de terrorisme. Vous saviez pour ces explosifs ? J'en juge que non, vu votre tête...Les Sablards, c'est du costaud, on s'occupera d'eux en temps voulu d'ailleurs, mais les explosions ? Tû tû tû...Les services de renseignements avaient donc raison, la Confrérie Dunmer se préparait à passer la vitesse supérieure. Une chance que vous nous ayez mené jusqu'à Madras Romavel et Mavon Hlaran...

L'Impérial ne s'attarda pas trop sur le dossier qu'il venait pourtant tout juste de sortir. En fait, il semblait avoir désormais toutes les infos dont il avait besoin. Et il semblait très satisfait...
-Bon ! On peut dire que cette opération est un franc succès ! Annonça-t-il finalement avec fracas. Et c'est essentiellement grâce à vous !

Sans plus tarder, il se leva de sa chaise, fit de nouveau le tour de son bureau, et vint à ma rencontre.
Quelques secondes plus tard, j'étais de nouveau libre, débarrassée de mes menottes, et surtout, de mon statut de criminelle infiltrée.
-Mission accomplie ! Conclut le commandant. Toutes mes félicitations, capitaine Teleri Othril !

JALLET_ledire6
Niveau 20
11 novembre 2020 à 01:38:16

Et puis bon, à quoi bon préciser tout ceci vu que les années ont filé et que plus personne ne lira cette histoire à partir de maintenant. https://image.noelshack.com/fichiers/2017/19/1494260086-zoom3.png

Paix sur toi néanmoins

BlackDeViL24
Niveau 35
11 novembre 2020 à 08:54:01

Certes mais t'es quient ? https://image.noelshack.com/fichiers/2019/08/5/1550842414-ronaldo-bg-lunettes.png

Je t'exhorte à disposax sur le champ. https://image.noelshack.com/fichiers/2019/08/5/1550842414-ronaldo-bg-lunettes.png

Paix sur ton arbre généalogique nonobstant. https://image.noelshack.com/fichiers/2019/08/5/1550842414-ronaldo-bg-lunettes.png

EsZanN
Niveau 25
11 novembre 2020 à 09:10:51

J'avais oublié tes pavés bordel. :rire:

Jack_of_blood
Niveau 11
11 novembre 2020 à 09:38:55

Salut à toi Grand Ancien du forum.:hap:

BlackDeViL24
Niveau 35
11 novembre 2020 à 15:27:27

Chapitre 2 : Un entretien presque parfait.

Le général Nero Sertorius, actuel commandant en chef du RAC, rien que ça, observa mon dossier avec un air sévère. Et franchement, j'en menais pas large...
Sexagénaire bien conservé, grand gaillard déter à la coupe courte grisonnante et aux yeux d'un gris acier à vous filer une chiasse de trouille dès qu'il les posait sur vous. Le général Nero Sertorius, c'était l'un de ces très nombreux officiers supérieurs dont on entendait pas spécialement parler dans la rue, mais qui une fois pénétré dans le giron de la Légion Impériale, était une petite célébrité, et pour cause : Il commandait le RAC, le Régiment Autonome de Cavalerie, soit tout de même, l'une des unités de forces spéciales les plus prestigieuses de la Légion...
Et moi j'étais là comme une gueuse, à tenter de faire valoir mon dossier...
Dossier qui, après réflexion, ne valait sûrement pas grand chose pour un mec de cette trempe, commandant un régiment de cette trempe...
-Tic tac tic tac tic tac ! Commenta l'horloge située au dessus de la porte du petit bureau plongé dans le silence. Regardez-moi, je fais le décompte de cet entretien muet qui a déjà duré au moins quatre mille heures !

A la gauche du général Sertorius, le commandant Levus Mico, mon supérieur hiérarchique direct depuis mon entrée dans les services de renseignements Impériaux, qui me jetait malgré les circonstances un regard bienveillant et rassurant. Levus Mico, à qui je serais éternellement reconnaissante d'ailleurs d'avoir monté et appuyé ce dossier de transfert et d'intégration sitôt ma mission d'infiltration au sein de la Confrérie Dunmer terminée. En effet, rares étaient les officiers qui acceptaient de laisser partir aussi facilement un bon élément, or je savais que Levus Mico me considérait comme un très bon élément. Il ne l'avait jamais caché d'ailleurs, surtout depuis mon succès dans l'opération visant à démanteler la Confrérie Dunmer, un des gangs de détenus les plus violents de toute l'histoire de Tamriel, tout de même...

Mais...Maintenant que j'y réfléchissais...
Je n'étais pas tout à fait sûre qu'il ait pris la bonne décision en me laissant ainsi proposer ma candidature au commandant en chef du Régiment Autonome de Cavalerie...
Ce mec là, Nero Sertorius, c'était pas en plouc. C'était un vrai de vrai. Avec du vécu, et une énorme paire de couilles. Il devait en voir tout le temps, des candidats désireux de rejoindre sa prestigieuse unité d'élite. Et là pour le coup, j'avais la très nette et très désagréable sensation que j'avais été beaucoup trop optimiste, et que mon dossier allait se faire démonter sans sommation...
-...Bon, je récapitule...Grinça le général Nero Sertorius en revenant à la première page de mon dossier. Capitaine Teleri Othril, Dunmer, trente-et-un ans, célibataire, née à l’hôpital Impérial de Cheydinhal la deux-centième année de la quatrième ère. Abandonnée par vos parents peu avant vos un an, vous avez passé les seize premières années de votre vie à l’orphelinat de la nouvelle espérance, dans l'arrondissement de Terre-neuve, dans le sud du Dun. A seize ans, vous demandez volontairement votre intégration en classe préparatoire militaire. A dix huit ans, vous en sortez deuxième de promotion et intégrez immédiatement l'académie militaire impériale, dans le corps de cavalerie plus précisément...Pourquoi avoir choisi la cavalerie ?!

Le ton abominablement soudain et caustique de la question me pris de court. Néanmoins, sur le fond, je m'y attendais.
-Parce que je voulais faire partie des meilleurs. Répondis-je simplement.

L'officier m'observa plusieurs secondes avec un visage parfaitement impassible.
Sans ajouter quoi que ce soit, il reprit ensuite sa lecture :
-Vous sortez de l'académie militaire impériale à vingt-deux ans, toujours deuxième de promotion...

Il renifla d'un air dédaigneux, mais poursuivit sans tarder :
-...gradée lieutenant, vous êtes immédiatement affectée au onzième de cavalerie Impériale et passerez les trois années suivantes à voyager entre les frontières d'Elsweyr et de Morrowind pour des missions classiques de maintien de la paix. Aucun fait d'arme particulier. Après quoi, vous demanderez votre transfert pour les services de renseignements Impériaux, et...Et c'est à partir de là que votre dossier devient flou vu que la plupart des missions auxquelles vous avez participé sont classées secret défense...

Nero Sertorius jeta mon dossier sur le bureau d'un petit air méprisant, jeta ensuite un œil suffisant à Levus Mico, puis reprit :
-Bon, le RAC a accès à ces informations, mais très honnêtement, je m'en tamponne. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, nous sommes des opérateurs de terrain accomplis, pas des petits fouilles merde procéduriers. Et moi, ce que je cherche, c'est un opérateur fiable pour rejoindre une de mes équipes d'intervention, pas un enquêteur qui aime jouer à cache cache.
-Ce sont justement nos informations qui vous permettent d'intervenir au quotidien...Fit poliment remarquer Levus Mico, que la remarque de Nero Sertorius attaquait également, pour le coup.
-En enquêtant sur un gang de taulards ? Ironisa le général en laissant négligemment balancer sa chaise sur ses pieds arrière.
-...Qui s'apprêtaient à faire sauter plusieurs monuments et à tuer des dizaines, peut-être même des centaines de personnes par la même occasion. Répliqua le commandant.
-C'est parfait. Mais je m'en contrefous. Lâcha Nero Sertorius. Ce sont les affaires du GIG ça, pas les nôtres. Vous n'avez qu'à fusionner vos services avec les leurs, vous que vous aimez tant travailler ensemble. Parait qu'ils ont encore brillé par leur efficacité ceux-là, d'ailleurs. Se faire dominer par des poilus en plein Cyrodiil...
-Les services de renseignements Impériaux travaillent de concert avec toutes les forces spéciales de la Légion Impériale. Conclut, toujours très calmement, mon commandant. Aussi bien avec le GIG, que le RAC, que la SOC, que la DSM...Et oui effectivement, le GIG n'a pas brillé d'efficacité, mais comme vous le dites si bien, c'est leur affaire à partir de maintenant, pas la notre, ni la votre.

Le général Nero Sertorius se balança nonchalamment sur sa chaise durant plusieurs secondes, à la fois contrarié, et moqueur.
Bien que ça ne m'étonne pas trop cela dit. Après tout, le GIG, Groupe d'Intervention de la Garde Impériale, était souvent considéré comme une sous force spéciale par les autres unités de forces spéciales, justement. Leur débandade contre les Sablards allait de nouveau donner du grain à moudre à tous ses détracteurs...
-Comprenez moi bien. Reprit enfin l'officier supérieur en reposant les quatre pieds de sa chaise au sol. J'ai beaucoup d'estime pour votre département. Il est vrai que les services de renseignements font un travail essentiel au quotidien, et qu'on ne pourrait pas opérer sans vous.

Il marqua une pause de quelques secondes, durant lesquelles j'eus presque l'impression qu'il allait nous féliciter.
-MAIS ! Reprit-il alors, me ramenant aussitôt sur la terre ferme. Là on ne parle pas d'un agent qui a enquêté sur le Thalmor, ou les Daedras, ou même les Sombrages.

Il me désigna d'un petit signe de tête dédaigneux :
-...Là on parle d'un agent au parcours bordélique à souhait, qui a déjà changé de service malgré son jeune âge – passer de la cavalerie aux services de renseignements c'est pas rien hein ! Faut quand même le rappeler ! - dont la seule grosse enquête à ce jour a consisté à infiltrer un gang de suprémacistes violents et stupides, et qui par ailleurs – excusez-moi – fini systématiquement deuxième de sa promotion. A croire qu'on aime pas gagner, par ici.

BlackDeViL24
Niveau 35
11 novembre 2020 à 15:28:05

Je sentis mes joues s'empourprer brusquement.
Face à moi, Levus Mico m'intima silencieusement de garder mon calme.
-...Vous comprenez ma réticence ? Insista Nero Sertorius, avant de se retourner vers moi, et d'entamer véritablement son travail de sape. Allons jeune fille, vous êtes tombée sur la tête ? Vous savez ce que ça consiste au moins, de devenir opérateur au RAC ?
-Je...Commençai-je, désireuse de défendre mon dossier à tout prix.
-C'est pas un métier, c'est un mode de vie. Me coupa l'officier. Vous passez la majeure partie de l'année en mission à l'étranger, vous ne voyez jamais votre conjoint et vos enfants – si vous en avez, j'espère que non... - et même quand vous êtes en permission ici, à Cyrodiil, vous pouvez être décroché à tout moment pour un déploiement de dernière minute. Et MÊME quand vous êtes certain de ne pas être déployé, hors de question de glander hein ! Exercices, formations, entraînements ! C'est pas un camp de vacances les forces spéciales, et surtout pas le RAC! Et vous là, il vous prend une nouvelle lubie, alors vous venez avec votre petit CV bien rédigé de petit agent infiltré en vous imaginant que ça va passer comme une lettre à la poste ? Un conseil jeune fille : restez dans un bureau à faire vos petits rapports, vous y serez plus à votre place que parmi nous.

L'avantage de ma formation militaire, c'est que je connaissais évidemment très bien les officiers tels que Nero Sertorius, et que je savais donc exactement quand je pouvais enfin répondre.
En l’occurrence, c'était le moment de répondre.
-Général, si je souhaites rentrer dans le RAC, c'est tout d'abord parce que ma prédilection pour la cavalerie n'a jamais cessé. Commençai-je. Depuis mes quinze ans, j'ai toujours...
-Pourquoi l'avoir quitté pour les services de renseignements dans ce cas ? Coupa mon interlocuteur. Vous commencez directement par une énorme contradiction jeune fille.
-Parce que j'étais jeune, que le onzième de cavalerie ne me convenait pas, et que j'avais l'impression de gâcher mon potentiel. Répondis-je aussitôt, car j'avais évidemment préparé en amont une partie des attaques et des réflexions que m'enverrait à coup sûr le général Sertorius. Et aussi parce que je n'avais pas encore les cinq années de service requises pour postuler dans un régiment de forces spéciales.
-Ça n'explique pas du tout ce transfert vers les services de renseignements...Fit remarquer l'officier.
-Je voulais changer d'univers et faire quelque chose de vraiment utile, et...

Le général tenta de nouveau de me couper la parole, mais je sentis bien que c'était le moment d'abattre un de mes arguments, aussi m'empressai-je de continuer mon explication en haussant furtivement le ton, l'empêchant ainsi de me déstabiliser d’avantage.
-...ET DONC, comme vous l'avez dit vous même, passer de la cavalerie aux services de renseignement, ce n'est pas rien. Poursuivis-je. Malgré tout je n'ai eu aucun mal à passer les tests, à m'intégrer, et à relever ce nouveau défi. Pourtant à l'époque, quand je suis arrivée, ils m'ont dit exactement la même chose que vous.
-Vous avez appris à mentir et à écouter aux portes. Quel talent. Railla Nero Sertorius.
-S'infiltrer avec autant de succès dans un gang aussi violent et bien organisé que la Confrérie Dunmer est un véritable exploit qu'il faut saluer à sa juste valeur. Intervint Levus Mico. Du reste, les conditions d'entrée au sein des services de renseignements sont extrêmement exigeantes. Peut-être même plus que pour n'importe quelle unité de forces spéciales d'ailleurs...

Le général Sertorius pouffa de rire, mais ne chercha toutefois pas à rentrer d'avantage dans ce débat avec son homologue des services de renseignements.
Non il préféra se focaliser sur moi, se pencha en avant, posa les coudes sur le bureau, croisa les doigts et planta son regard gris droit dans le mien.
-D'accord j'ai bien compris que vous étiez un vrai caméléon qui s'adapte à toutes les situations. Une vraie tueuse. Reprit le général. Peut-être même que demain vous postulerez chez les gobelins du réseau souterrain nord et deviendrez leur meilleur chaman. N'empêche que je suis toujours en train de me demander ce que vous pourriez apporter au RAC. Vous avez délaissé la cavalerie depuis trop longtemps, vous êtes sûrement bien rouillée au combat, et admettant même qu'on vous laisse intégrer le programme de sélection, vous allez vous retrouver en concurrence avec de solides gaillards d'active qui auront vite fait de vous renvoyer d'où vous venez. Comment comptez vous vous démarquer parmi tous ces cavaliers en pleine possession de leurs moyens, et toujours actifs, EUX ? Qu'est-ce que vous comptez apporter au juste ?
-Mes compétences de combattante et de cavalière, qui se portent très bien, déjà. Commençai-je. Car j'ai continué à m’entraîner durant tout ce temps, et...
-Ben voyons.
-...Et également tout ce que j'ai appris ici, aux services de renseignements. Poursuivis-je. L'écoute, l'infiltration, l'improvisation, l'adaptation, l'usage de tout un tas de tactique et de procédures militaires spéciales et confidentielles. Et puis forcément, j'ai développé un réseau de contacts, que ce soit ici, ou à l'extérieur, ce qui peut servir en mission...

Je n'étais pas tout à fait certaine de pouvoir utiliser sereinement ce dernier argument en fait.
En principe, ce genre de contacts justement, c'était propre aux services de renseignements, et ça mélangeait souvent l'officier et l'officieux, le légal, et le moins légal.
Ce n'était pas tout à fait le genre de choses qu'on exportait d'un service à l'autre en fin de compte...

Enfin...Cela dit...Levus Mico ne sembla pas broncher, donc...
-Je suis très impliquée, je sais exactement dans quoi je m'embarque. Poursuivis-je. J'ai cette vocation, je le sais. Je ne regrette pas mes années aux services de renseignements, j'y ai rencontré des gens formidables et y ai appris énormément de choses. Mais aujourd'hui plus que jamais, je souhaite revenir à la source, à ce que j'estime être mon destin.
-Votre destin, carrément...Ironisa Nero Sertorius.
-Oui ! Je ne me vois nul part ailleurs qu'ici ! Insistai-je. Je fais partie de la cavalerie, c'est comme ça, je le sais, et je VEUX exploiter mon potentiel. Le Régiment Autonome de Cavalerie, j'en rêve depuis mes quinze ans, et je SAIS que j'ai tout ce qu'il faut pour y faire carrière.
-Heureux les innocents ! Plaisanta mon interlocuteur, avant de se retourner vers Levus Mico et de lui demander, tout en me désignant d'un signe de tête dédaigneux : Elle parle bien cette petite, vous l'avez bien formée. D'ailleurs, si elle était un si bon élément, vous feriez tout pour la garder...
-C'est effectivement un très bon élément. Acquiesça le commandant. Mais ici, nous avons pour mot d'ordre de ne jamais aller contre la volonté de nos agents. Ce sont des métiers très difficiles, et après quelques années, les opérateurs ressentent presque systématiquement le besoin de...
-Ben oui bien sûr, les forces spéciales à côté c'est une vie de vacances et de plaisirs ! Répliqua aussitôt le général.
-Ce n'est pas ce que j'ai dis...Fit remarquer Levus Mico.
-Non, vous, vous êtes en train de me vendre un agent - comme je le disais - au parcours chaotique, au discours bien rodé mais creux, et dont vous admettez maintenant à demi mots que son départ des services de renseignements est probablement dû à une impossibilité de supporter d'avantage la charge émotionnelle du métier !
-Mais ! C'est pas... ! Intervins-je rapidement.
-...Qui a passé ces dernières années à se cacher parmi des petits malfrats à deux Septims. Insista le général. Et qui d'ailleurs est elle même une foutue peau grise ayant vécu la majeure partie de son existence douteuse dans un ghetto, si je puis me permettre !

Levus Mico tendit sa paume en direction de Nero Sertorius, l'air de dire « wo wo wo, doucement mon gars... »
De mon côté, je fus tout bonnement incapable de fermer ma gueule une seconde de plus :
-Euh ! Je n'ai absolument aucun problème à gérer la charge émotionnelle de mon métier ! M'emportai-je, sentant mes joues s'empourprer de nouveau. Et je pense avoir prouvé un nombre incalculable de fois mon appartenance et mon dévouement le plus total envers l'Empire malgré d'où je viens !

BlackDeViL24
Niveau 35
11 novembre 2020 à 15:28:26

Petit général agressif de mes deux...Voilà exactement tout ce que je ne supportais pas dans la Légion Impériale. Levus Mico m'avait prévenu, et je le savais déjà bien avant d'ailleurs, mais malgré tout, Nero Sertorius était bel et bien parvenu à casser ma contenance et à me faire sortir de mes gonds en insinuant que j'étais psychologiquement faible de un, et en agitant l'argument de la race et du milieu social en second lieu. Je m'étais préparée à me faire bousculer, à devoir batailler et lutter pour assurer mon dossier et mes arguments face à esprit militaire critique. Cette mise sous pression du candidat pour mieux le tester, c'était vieux comme le monde. Mêmes les entreprises civiles l'infligeaient à leurs futurs travailleurs lors des entretiens d'embauche.
Mais là c'était différent, sa dernière tirade n'avait pas attaqué le soldat, mais la personne, et ça c'était bas et mesquin. Plus encore, ce n'était absolument pas la philosophie de la Légion Impériale, qui avait toujours eu pour credo de considérer les gens pour ce qu'ils étaient, en dépit de leur race, leur sexe et leurs origines socio-culturelles ou socio-économiques.
Évidemment, Nero Sertorius était arrivé à ses fins en me cassant comme ça. Par des moyens peu orthodoxes certes, mais la fin justifiait forcément les moyens pour un officier issu des forces spéciales...Son petit sourire satisfait et son air faussement impuissant me donnaient des envies de meurtre en ce moment même...
En taule, à Fort Tharn, c'était typiquement le genre de mec que j'aurais poignardé sans scrupule...

Le général m'observa silencieusement durant de longues secondes, qui me permirent quand à moi, sous les nouvelles injonctions silencieuses de Levus Mico, de reprendre peu à peu mon calme.
A quoi pouvait-il bien penser maintenant ? Quelle vacherie allait-il lâcher cette fois-ci ?
-...Votre œil là...Reprit-il finalement après quelques instants d'un mutisme pensif. Votre dossier indique que vous êtes aveugle de ce côté là après une bagarre qui a mal tourné en prison, mais il paraîtrait que la réalité est un peu différente...
-C'est une dépigmentation. Expliquai-je le plus sereinement possible. En fait, j'ai déjà recouvert plus de quatre-vingt-quinze pourcents de ma vue, et les guérisseurs disent que ce sera totalement guéri d'ici quatre à six semaines.
-Hmmm...

Nero Sertorius resta silencieux quelques secondes de plus, puis écarta finalement les bras en mimant un geste teinté d'impuissance, mais également d'une pointe d’indifférence.
Clairement, on se dirigeait vers la fin de cet entretien.
-Bon ! Je crois que j'en ai assez entendu. Conclut l'officier supérieur. On aime pas trop traîner généralement. Vous devriez avoir une réponse d'ici la fin de semaine. Mais bon...Je serais vous, je ne me ferais pas trop d'illusions...Colonel Mico ! Capitaine Othril !

Après nous avoir brièvement salué, il quitta sans plus de cérémonie le petit bureau encombré de Levus Mico, nous laissant seuls lui et moi dans un silence de plomb.
-...Putain...Craquai-je finalement, sentant soudain la détresse me rattraper et m'envahir de toutes parts. J'ai été conne de postuler au RAC...J'avais pas la moindre chance...C'est foutu maintenant...

Un rêve de gamine qui s'effondrait...
Qu'est-ce que j'avais été conne d'être aussi naïve et optimiste...
-Vous voulez que je vous dise ? Confessa alors, contre toute attente, le commandant Levus Mico. Je crois au contraire que ça s'est très bien passé.

BlackDeViL24
Niveau 35
12 novembre 2020 à 21:36:36

Salut à toi jeune lecteur qui n'existe pas.
Si aujourd'hui je me permets de te contacter, c'est pour une raison très simple.
Est-ce que tu veux des chapitres un peu espacés, et ainsi avoir plus facile de les différencier et de les lire, ou avoir des gros pavés tous collés entre eux au point de ne plus différencier les chapitres les uns les autres dans cette masse uniforme ?
Moi je pense la question elle est vite répondue, donc laisse passer ces 2-3 messages pour ton confort de (non) lecture, ou retourne spammer tes "aya le malaise" sur ta tablette toute collante de foutre dans ton lit superposé.
Bisous.

BlackDeViL24
Niveau 35
12 novembre 2020 à 21:36:51

Voilà voilà. :hap:

BlackDeViL24
Niveau 35
12 novembre 2020 à 21:37:02

Bon je poste maintenant.

BlackDeViL24
Niveau 35
12 novembre 2020 à 21:37:42

Chapitre 3 : Le retour du roi.

J'avais rapidement oublié cette histoire de transfert au RAC les jours qui suivirent l'entretien.
Il faut dire que j'avais eu pas mal de taff concernant la clôture de ma mission d'infiltration...
Vu de l'extérieur, agent secret infiltré, ça paraissait trop classe. Ça en jetait, ça faisait fantasmer les meufs et bander les mecs. La vérité, c'était que les services de renseignements, c'était aussi et surtout une chiée de papiers et de procédures administratives qu'il fallait absolument compléter, surtout lorsque l'on clôturait une opération officielle.
Ça avait littéralement prit des journées entières pour tout circonscrire : rendre mon dossier final avec tous mes rapports écrits, que ce soit mes comptes rendus d'avancement, mes observations, mes estimations, mes conclusions et de manière générale, le moindre petit truc qui m'était arrivé ou m'était passé par la tête durant ces quasi deux années au sein de la Confrérie Dunmer.
J'avais ensuite dû passer par la cellule psychologique pour effectuer une analyse complète de mon état mental – car hélas, il était particulièrement fréquent que les agents infiltrés ressortent de leurs rôles avec des problèmes psychologues allant de modérés à sévères – bien qu'heureusement, les psys rendirent un avis très favorable à mon égard...
S'en étaient suivis ses dépistages de toutes sortes, où j'avais passé une journée entière à me faire ausculter de partout, à pisser dans des bocaux et à faire des prélèvements salivaires et sanguins pour qu'un véritable armada de mages et de guérisseurs passent ensuite le moindre de mes atomes au peigne fin. Heureusement, ils ne trouvèrent rien là non plus, hormis une vague trace de sucrelune dans mon urine – largement en dessous du seuil autorisé pour un agent infiltré cela dit – et accessoirement pas mal de lentes sur le cuir chevelu - Donc oui, à force de côtoyer des taulards dégueulasses pendant près de deux ans, je m'étais chopée des poux...
Enfin, il y eu plusieurs longs entretiens avec ma hiérarchie, ainsi que divers conseillers en orientation interne. Évidemment, une mission d'infiltration, c'était souvent le rôle d'une vie. Rares étaient les agents à s'infiltrer deux fois dans leur carrière, pour des raisons évidentes de crédibilité et d'anonymat. Il fallait donc préparer l’après...
Je me vis dès lors proposer tour à tour des postes administratifs, d'écolage, ou même des postes de terrain, mais plus volontiers tournés vers la supervision, ou encore la collecte indirecte d'informations.
Et c'était bien ça qui me déplaisait le plus, en vérité : le fait qu'à trente et un ans, et au vu de ma précédente mission, je n'étais déjà plus apte à officier directement à la source selon les règles de sécurité très strictes des services de renseignements...
Je voulais dire : bien sûr, c'était logique. On allait pas me renvoyer sur le terrain parmi les malfrats alors que ma couverture avait certainement sauté, mon identité révélée au milieu tout entier, et que j'étais dès lors devenue une véritable cible sur pattes. C'était évident.
Malgré tout...Comment expliquer...
J'avais désormais cette terrible impression d'être une vieille opératrice en fin de carrière, le genre qu'on cherchait à caser dans une voie de garage maintenant que sa mission était accomplie et que sa retraite approchait à grands pas. Et ça oui, ça me minait un peu le moral, je devais bien l'admettre.
J'étais pas encore prête à raccrocher. Pas du tout même. Je n'étais pas rentrée dans les services de renseignement pour terminer dans un bureau, ou derrière un pupitre.
Je voulais autre chose...Quelque chose de plus concret, de plus authentique...

Si seulement j'avais eu la moindre chance de retourner à la Légion, de rentrer au RAC...
Ma carrière aurait prit un nouveau bon gros coup de pied au cul, au lieu d'amorcer l'abominable pente descendante sur laquelle elle s'engageait déjà petit à petit.
-Allons ! Ne vous tracassez pas trop va ! Avait tenté de me rassurer Levus Mico avant que la hiérarchie, en accord avec la cellule psychologique, ne m'accorde une semaine de permission une fois l'opération officiellement clôturée. Terminer une mission d'infiltration, ce n'est que le début ! Un tremplin pour votre future carrière ! Vous verrez, on en reparlera !

Ouai tu parles...Une carrière de bureaucrate à la rigueur...
Tout ce que j'avais toujours voulu éviter en somme...
Enfin bon, la cellule psychologique ayant jugé que j'étais apte à une semaine de repos, je pris donc les jours suivants pour me reposer un peu, et me promener à mon aise dans la Cité Impériale.
Apte au repos oui, ça pouvait sonner bizarre, mais la cellule psy avait fini par remarquer que le calme et l’oisiveté étaient souvent contre-productifs, sinon carrément dangereux pour des agents tout juste sortis de mission. De fait, cela leur laissait souvent beaucoup trop de temps pour ressasser et se torturer l'esprit avec les choses qu'ils avaient vu ou vécu lors de leur infiltration, et généralement, cela ne donnait rien de plus que des pétages de plomb, des dépressions, voir carrément des suicides pour les cas les plus grave.
Il fallait bien dire que, si les comportements illégaux étaient officiellement interdits, les services de renseignements fermaient bien évidemment les yeux sur tout un tas de méthodes employées par les agents infiltrés lors de leurs missions. « La fin justifiait les moyens », adage bien connu qui représentait finalement assez bien la doctrine en place au sein du service.
Bien sûr, quand un agent commettait l'exaction de trop et que cette dernière devenait carrément visible, voir dangereuse sur le plan politique, il était sanctionné et finissait souvent ses jours en prison, question d'image.
Mais de manière générale, ce qui n'était pas connu ne pouvait faire de mal à personne, aussi les services de renseignements préféraient globalement regarder ailleurs lorsqu'une entorse était commise, du moment que l'agent ramenait des résultats en contrepartie.
Toujours est-il que les violations étaient monnaie courante, que c'était un secret de polichinelles, et que les remords et autres dommages psychologiques étaient bien connu eux aussi.
Mettre un agent en thérapie continue, et le mettre directement sur un autre projet, même bêtement administratif, faisait donc office de procédure type en fin de mission, simplement pour éviter des introspections inutiles et ainsi préserver l’intégrité mentale de l'opérateur.

Et donc moi...Ben moi non...
Non moi ça allait. On m'avait carrément filé une semaine de vacances, en me déconseillant toutefois de regagner directement mon appartement au Dun, le temps que le département de sécurité intérieure ne détermine la pérennité de ma couverture, ou les risques, de quelques sortes que ce soit, que j'aurais pu encourir à me promener à visage découvert dans un endroit à la sécurité jugée «préoccupante ».
Ce qui m'arrangeait d'ailleurs, parce qu'en attendant, je logeais aux frais de l'Empire dans une chambre d’hôtel quatre étoiles, l’Hôtel du Roi Nédique en l’occurrence, et située en plein cœur du quartier du marché qui plus est.

Et ça évidemment, ça me changeait du taudis que je louais pour trois fois rien dans le Dun...
-Excusez-moi ? Questionnai-je en me dirigeant vers la réception de l’hôtel le morndas matin suivant, bien décidée à profiter de ma semaine de vacances en commençant par une bonne journée de lèche vitrine dans le quartier du marché. Avez-vous reçu un quelconque message pour moi à tout hasard ? Teleri Othril...
-Teleri Othril...Répéta la réceptionne, une jeune Impériale tirée à quatre épingles, en consultant une immense liste de clients. Voyons voyons...

Accoudée au comptoir de la réception – il fallait peut-être que je réapprenne les bonnes manières d'ailleurs, et non plus à me comporter comme une grosse beaufe de taularde – j'entrepris de laisser quelques secondes la jeune réceptionniste dans ses recherches pour mieux jeter un œil inquisiteur au grand hall principal de l’hôtel du Roi Nédique.
Grandes portes sculptées dans du bois noble, grandes dalles en pierres de lave anthracites, grandes colonnades dorées adossées aux murs blancs, eux même garnis de peintures et de portraits somptueux qui coûtaient sûrement un rein, un poumon, trois estomacs et quatre paires de jambes, plafond garnis de sculptures, dorées elles aussi, représentant la venue salvatrice des Hommes anciens, apportant paix et civilisation sur le continent autrefois sombre et violent de Tamriel – C'est sûr qu'on allait pas faire une sculpture représentant la mise à sac de l'ancien empire Ayléide par des gros bourrins violents et sanguinaires, c'était moins vendeur et moins glorieux pour le coup... - proportions proprement gigantesques, qui donnaient plus volontiers à l'ensemble une allure de temple Divin que d’hôtel à proprement parler...
Non vraiment, les services de renseignement avaient été sacrément généreux en me réservant une chambre pour une semaine complète dans cet hôtel de luxe. Peut-être un petit bonus pour l'accomplissement de ma mission, allez savoir.
N'empêche que je préférais ne pas savoir le prix, en toute honnêteté...
-Teleri Othr...Ah oui, j'ai un message pour vous ! S'exclama soudain la réceptionniste, m'arrachant à ma contemplation silencieuse du grand hall de l’hôtel. Tenez, s'il vous plaît.
-Oh, euh...

En fait, je ne m'attendais pas vraiment à recevoir de courrier...
Moi à la base, j'avais surtout voulu faire genre la meuf privilégiée qui va s'adresser aux larbins de la réception. Comme dans ces romans policiers là, où ils étaient toujours entre nobles, à se la raconter et se la mesurer dans leurs énormes hôtels de richous avant que l'un des convives ne soit retrouvé mort égorgé dans les toilettes et que ne se lance alors une enquête à huis clos de quatre cent pages où l'on chercherait à déterminer qui, du serveur de cocktails à la vieille veuve à chihuahuas, avait bien pu vouloir assassiner ce bon vieux monsieur Weston.
-Oui euh...Merci...Répondis-je finalement en prenant la petite lettre que me tendait la jeune réceptionniste.
-Je vous souhaite une bonne journée. Conclut cette dernière avec beaucoup trop de manières, auxquelles j'eus d'ailleurs envie de répondre « c'est bon pète un coup ».

Lorsque je sortis enfin dans la rue, et me risquai à jeter un œil au destinateur du courrier, qu'elle ne fut pas ma surprise d'y voir apparaître le nom « Salmo ».

Salmo ? Ce Salmo là ?

Bons dieux de merde...Comment ce salopard s'y était-il prit pour me retrouver aussi vite ?

Newradion44
Niveau 10
13 novembre 2020 à 21:34:12

Sweet :bave:

Salmo ce bon vieux Salmo :bave:
Teleri un agent secret :bave:

Tetrazbi
Niveau 6
13 novembre 2020 à 22:33:30

Mince alors je pensais jamais te revoir blackdevil.

C'est cool que tu reprennes.

BlackDeViL24
Niveau 35
14 novembre 2020 à 18:12:47

Oula grossier que je suis.

Oui, après moult années. https://image.noelshack.com/fichiers/2017/20/1495181286-risitasvieux.png

Je tenais quand même, un jour, à terminer cette histoire et à faire cette dernière trilogie. Quand même, hein. Bon. Voilà quoi.

Donc me voilà. Deter comme jamais, paré pour pondre du chapitre bien dodu. https://image.noelshack.com/fichiers/2016/46/1479343542-risitasgomuscu2.png

Newradion44
Niveau 10
14 novembre 2020 à 18:18:05

Sweeeeeeeeeet il me faut ma dose après avoir cotiser pour le RSA des khey :noel:

Sujet : [Fic] Une vie d'élu
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