Ma plume tremble, et mes cheveux se dressent d'horreur au moment même où j'écris ces lignes. Les choses sont venues à un état qui ne se peut plus soutenir: nous sommes rongés par la Peste! notre magnifique cité, dévastée par la Peste! c'est la Peste! sauve qui peut! Est-il utile de vous dresser le tableau? Imaginez un amas de cadavres qui dégagent une pestilence sans bornes. C'est un fléau qui s'est abattu sur nous, pauvres mortels ! Ô ciel, comment pouvez vous souffrir tant d'horreur? Je regrette le valeureux Kain, qui est sans nul doute la clé de notre rédemption.
Je me souviens que sa dernière apparition date de deux ans. On raconte qu'il passe son temps à errer dans la nuit amère et froide. Les habitants de Nosgoth rapportent qu'il aurait perdu toute forme d'humanité. Ne serait-t-il pas devenu l'une de ces créatures nocturnes qui vident nos vierges de leur sang? Vampire ou non, notre auguste cité est sujette à une terrible malédiction. Seul le trépas est le remède de notre tourment. J'ai tout perdu! ma femme et mes enfants ont goûté aux délices de la peste! il ne me reste que mon épagneul, qui crache une dent à chaque effort, et qui ne tardera guère à traverser la septième voûte céleste pour accéder au Paradis. L’enfer est à Coolhagen, et il ne me reste plus qu'à accomplir ma dernière tâche. Je suis vieux, las et seul dans cet amas de corps verts et puants. Quel enfer! Mon âme a trop souffert. J'ai mené une vie de bûcheron modeste, et la Fortune m'a réservé un funeste sort!
L'Oracle de Nosgoth avait donc raison, car il a confié à ma mère que ma vie serait un cruel enfer! Maudit soit cet Oracle! Pourquoi n'use-t-il pas de son pouvoir pour remonter le Soleil dans sa course, et ainsi nous soustraire d'un si funeste destin? Hélas! la Providence a décidé qu'il en serait ainsi.
Le peu de forces qu'il me reste me permet d'écrire ces derniers mots. Je refuse de révéler mon identité, je ne suis qu'un grain de sable dans un énorme atome de boue. Je meurs en adorant Dieu, et en maudissant ma Destinée. Le poison pestiféré coule dans mes veines, la Peste m'emporte; je me meurs.
comme le dit Kain "un parfait retour au foyer"
c'est toi qui a fait sa ?