Vingt et une heure trente dépassées, Shielda sortait de sa cellule. Ironie du sort peut-être, mais elle avait faim. Seulement quinze minutes après avoir déversé sa frustration sur Argindiv qui lui avait tendu la main. Elle faisait d’abord un tour dans la salle principale. Il y avait une table ou était exposée la nourriture prise dans la salle de ravitaillement. Bien sûr, la nourriture ne se déplaçait seul, c’était souvent Ronislass ou Cosam qui se collait à cette tâche qu’ils s’étaient eux même attribués. Ca permettait d’avoir un accès plus simple à la nourriture et aussi ça rendait la salle principale encore plus incontournable. Shielda avait eu raison de passer par la salle principale, les cartons de pizza y étaient. Mais comme elle pouvait s’y attendre, ils étaient vides. Elle était déçue mais elle ne pouvait pas le montrer car elle n’était pas toute seule dans cette salle. Il y avait Baker et Argindiv, la personne à qui elle avait refusé la main tendue. Les deux qu’elles pouvaient considérer comme compagnon de survie si elle ne refusait pas de les voir ainsi désormais.
Elle ressortait de la salle principale bredouille et se rendait à la salle de ravitaillement. Elle y prit du pain qu’elle considérait comme moisi et également une bouteille d’eau d’un litre. Sur son chemin de retour, elle croisait Argindiv qui avait en main une assiette
- Argindiv : Je t’ai gardé des parts de pizza. T’as l’air d’avoir faim
Shielda se rapprochait timidement afin de voir le contenu de l’assiette, trois parts de pizza. Elle n’aurait jamais cru que de la pizza pouvait lui procurer autant de désir. La gêne qu’elle ressentait envers le bonhomme ne l’empêchait pas de se saisir de l’assiette et de mordre dans une des parts.
- Shielda : La bouche pleine, Merci beaucoup, c’est délicieux
Shielda ne comptait pas s’excuser pour l’injuste réaction qu’elle avait eu envers l’aide d’Argindiv. Elle ne se sentait pas en tort d’être actuellement sur les nerfs. Néanmoins, elle lui était reconnaissante.
Bathlémon attendait sur son lit, le téléphone en main comme s’il était possible qu’il ait une réponse. Il se ressassait le plan de Snowdef qu’il trouvait aussi simple que périlleux. Snowdef était persuadé que lorsqu’Omp allait être emmené à la salle neutre dit la salle de ravitaillement, les gens derrière tout ça se ramèneront afin de le récupérer ou le torturer sur place. Le Judge avait l’air très serein et n’avait pas posé beaucoup de conditions ce qui faisait comprendre le fait que de sérieuses mesures de précautions seraient mises en place. Mais toujours selon lui, ses mesures seraient prises en fonction des conditions dans lesquelles serait livré le meurtrier. Ils allaient livrer Omp qui aurait ses liens desserrés en douce avant. Par conséquent les ou l’individu(s) chargé(s) de se défendre n’auront surement pas pris en compte qu’Omp serait en mesure de se défendre. Omp criera donc au secours afin de nous alerter et se défendra comme il peut afin que la porte ne soit pas fermer et que nous puissions le rejoindre là-bas. Le pire et le plus probable des cas serait que les ou l’individu(s) soi(ent) armé(s) ce qui ne laisserait aucune chance à Omp de se défendre et qui nécessiterait que l’un de nous s’empresse vite vers la porte dans un premier temps. Dans un second temps, combien de nous voudront risquer leur vie contre quelqu’un possédant une arme à feu ? Snowdef ne s’est pas beaucoup prononcé à ce sujet, ce qui laisse penser qu’il mise tout sur le meilleur des cas. Au final sur l’ensemble du plan, nous compterons sur la volonté d’Omp de coopérer et de survivre. Après tout, notre rôle est à nous, de rester en cellule couché sur le lit comme si de rien n’était et d’intervenir au plus vite après qu’Omp ait donné le signal. Ce qui fait que celui avec la plus grande part de responsabilité après Omp est celui ayant la cellule juste en face de celle de la salle de ravitaillement, autrement dit Cosam. Il n’y avait aussi pas loin Dhaebat et Ronislass qui avait décidé d’offrir son aide pour cette fois contrairement son binôme Belly.
Le plan était pour ainsi construit sur de fragiles bases mais il ne fallait négliger le pouvoir de la désolation pensait Bathlémon qui commençait à sentir ses paupières qui s’alourdissaient. Mais il ne fallait pas qu’il dorme, ce n’était le moment.
A vingt minutes environ du rendez-vous, Omp était escorté par Snowdef, Rashed, Cosam et Modoca. Ils traversaient tous le couloir en provenance de la cellule de Dwayne. Il dépassait la salle principale sans aucun problème avant qu’Omp cause encore des problèmes. Brusquement, il échappait à la vigilance de Rashed et chargeait Cosam qui était projeté au mur. Très rapidement, il était encerclé et c’est Rashed qui prenait l’initiative de l’emmener au sol. Comme on pouvait s’y attendre d’eux, Cosam et Modoca ne manquaient pas d’assener des coups au meurtrier. Mais en vérité, tout ceci n’était qu’une mascarade. Le but de ce coup de théâtre était dans un angle mort. Les caméras du couloir étaient à des emplacements révélateurs, protégés par des carreaux de plastique. Elles étaient également assez éloignées l’une de l’autre. Si dans les cellules, ils avaient peur qu’il y ait des caméras cachées quelque part, dans le couloir, elles étaient mises en évidence. Il fallait seulement un moment sans être capturés sans qu’ils aient l’air de mijoter quelque chose de louche d’où la nécessité de cette fausse bagarre. Dans l’angle mort, ils desserraient les liens d’Omp et reprenaient par la suite leur chemin toujours en continuant de jouer le jeu.
C’est seulement une fois arrivée qu’il se rendait compte qu’ils devaient l’attacher à quelque chose pour la crédibilité de l’acte. Il n’y avait pas pensé avant et ainsi leur cinéma de toute à l’heure était dispensable. Toujours dans la même lancée, il ne serait pas les liens et s’en allait en prenant soin de fermer la porte. Tout était fait, ils ne leur restaient plus qu’à attendre dans leur cellule jusqu’au moment opportun. Snowdef rentrait dans sa cellule plutôt extenué, le résultat de cette journée en émotion déduisait-il. A peine il s’effondrait sur son lit que ses paupières s’alourdissaient de manière considérable.
Juste quelques minutes après avoir livré Omp, Cosam, l’homme en phase d’être le point culminant de l’opération se redressait et mettait les pieds au sol. Il était sur le point de tomber dans les bras de Morphée. Il ne pouvait se permettre cela à un moment aussi crucial. A ce même moment, dans la cellule de Snowdef, on pouvait entendre des ronflements. Le monsieur s’était endormi par inadvertance pareillement à Bathlémon. Cosam avait essayé de toutes ses forces mais il avait cédé lui aussi et avait plongé dans le monde du sommeil. Modoca dans sa cellule avait compris, il luttait lui aussi contre le sommeil et était sûr d’avoir compris ce qui se passait. Il avait été drogué comme surement tous ses camarades. Ça devait être la pizza raisonnait-il, ainsi tout ceux l’ayant mangé devait ressentir la même chose que lui. Il devait les prévenir, il se levait de son lit et se retrouvait au sol juste en après. L’homme avait eu l’habitude de se battre contre les drogues depuis l’enfance et ne comptait pas tomber tout de suite sous leur effet. Il se relevait et sortait de sa cellule en trainant ses lourds pas. Plus il avançait et moins ça allait comme si l’effet de la drogue ne commençait qu’à se propager et ça allait de pire en pire. Malgré la robustesse dont il faisait part, il s’écroulait au beau milieu du couloir, inconscient.
A ce même moment dans la cellule de Shielda, l’ambiance était morose. Hapo semblait déjà aller mieux mais les cartes étaient déjà jouées pensait Shielda. Jamais personne n’avait réussi à survivre à une élimination, elle doutait de la bonne chance de ce dernier.
- Hapo : Souriant, Je t’avais dit… Je t’avais dit que je partirai avant toi
Shielda haussait la tête un peu surprise. Ça lui rappelait l’idée qu’avait émise Hapo en début de journée. Vu comment les autres n’avaient montré aucune reconnaissance en éliminant celui qui les avait protégés, elle se demandait si cette idée était aussi mauvaise que ça en fin de compte.
- Shielda : Je n’en suis pas vraiment ravie… Tu sais…
- Hapo : Quoi ?
- Shielda : Je vais me sentir bien seule sans toi… Raquin et maintenant toi… Je suis pas sûr de pouvoir le faire…
Hapo se levait du lit et venait s’asseoir à ses cotés sur le sol.
- Hapo : Doucement, Hey hey qu’est-ce que tu racontes là ? T’es une femme forte. Et les femmes fortes comme toi peuvent tout faire
- Shielda : Attristée, Comme Raquin était forte ?
- Hapo : Je ne la connaissais pas aussi bien que toi mais toi… Je ne prétends pas être dans ta vie depuis longtemps mais on peut toute suite voir que tu l’es. Et c’est pour ça que je peux dire, que je peux assurer même, que tu sortiras de ce jeu vivante.
Shielda désemparée face à la confiance que lui portait Hapo se laissait embarquer dans les bras d’Hapo, une bien agréable sensation pensait-elle.
Omp attendait toujours dans la salle de ravitaillement. Il entendait enfin des bruits de serrures provenant de la porte qu’il avait en face de lui. Le temps était venu, il allait devoir affronter l’inévitable. La porte était poussée, une première silhouette apparaissait et ensuite une deuxième. Les deux bonhommes, tous deux masqués étaient grands et baraques sous leur tunique blanche. Ils avaient déjà leurs fusils braqués sur Omp avant qu’il n’ait le temps de se rendre compte de la situation.
- ???: Tu bouges d’un poil et on te trucide
Omp avait peur mais ne se laissait impressionner pour autant. Il criait de toutes ses forces afin de se faire entendre. Il allait de toute façon mourir, autant poser une bonne action avant. Étonnamment, les messieurs en face de lui n’avaient pas tiré. Plus étonnant encore, ses camarades de survie ne s’était pas montré. Il en fallait peu à Omp pour comprendre les choses à sa manière. Il était pour lui indiscutable que ses camarades l’avaient trahi, il devait se défendre seul. Il voulut se defendre avant de se faire immédiatement plaquer au sol. Il essayait par la suite de se defaire de cette situation mais rien à faire. Il ne pouvait même pas lever la tête, il était foutu. Il entendait la porte du couloir s’ouvrir et se fermer ce après quoi il apercevait les jambes de deux nouvelles personnes. « Emennez-le à l’interieur » disait les deux jambes qui s’éloignaient tandis que les deux autres ne bougeaient pas d’un pouce. La personne qui s’eloignait était un homme si Omp s’en tenait à sa voix et avait l’air d’être le chef. Celle qui était toujours devant lui s’acroupillait, lentement, jusqu’à ce que son souris narquois soit dans le champ de vision d’Omp qui reconnaissait ce visage.
- Omp : Toi…
Hapo et Shielda ne dormant pas, ils avaient entendu l’appel d’Omp. Ils n’avaient cela dit aucune idée de la mise en place d’un plan ou encore. Hapo très inquiet se separait de Shielda qui en demandait plus. Elle était quasiment en train de s’endormir dans les bras de ce dernier.
- Hapo : C’était quoi ça ?
- Shielda : Ramollie, je ne sais pas… mais n’y va pas… n’y va pas reviens
- Hapo : Je vais juste jeter un coup d’œil, je serai pas long
- Shielda : Non… Non…
Le jeune homme s’approchait et embrassait la belle. Un baiser d’une grande douceur qu’il donnait par instinct ou presque. La belle était si surprise qu’elle en perdait les mots. Et Hapo, têtu comme à son habitude s’en allait voir.
C’est dès la porte ouverte qu’il recevait un violent coup de couteau dans l’abdomen. Un homme vêtu d’une tunique blanche et d’un masque se présentait à la porte et ses intentions étaient clairement prononcées. Shielda spectatrice de ce sanglant spectacle hurlait de stupeur pendant que celui qu’elle pouvait depuis tout juste dix secondes appeler son compagnon était à l’agonie. L’homme retirait son couteau et poussait Hapo qui tombait à terre, suffocant en n’essayant de boucher le trou de sa faible mobilité. Shielda ne bougeait pas, elle était paralysée, paralysée de peur pensait-elle. Elle n’avait pas totalement tort mais il y avait également les effets de la drogue qui agissaient un peu plus tard que les autres vu qu’elle n’avait pas mangé aux mêmes moments qu’eux. L’homme se rapprochait d’elle, elle était terrifiée mais aussi terriblement fatiguée. Ses yeux se fermaient bien qu’elle essayait de résister. Il ne fut évidemment pas longtemps à la demoiselle pour céder à la fatigue et s’endormir.
-