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Cinéma

Sujet : Karhozat (damnation) de Bela Tarr
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spielrock
Niveau 10
12 février 2012 à 12:07:05

Karhozat, de Bela Tarr (1988-Hongrie).

Synopsis :"Karrer plods his way through life in quiet desperation. His environment is drab and rainy and muddy. Eaten up with solitude, his hopelessness would be incurable but for the existence of the Titanik Bar and its beautiful, haunting singer. But the lady is married and Karrer is determined to keep her husband away... "

Une de mes scène préféré : http://www.youtube.com/watch?v=45py8pY_J1Q&feature=related

Un film que je trouve magnifique, comme tous les films de Bela Tarr que j'ai vu jusque là.

resolution
Niveau 27
19 mars 2017 à 15:32:10

Si je n'ai pas retrouvé dans ce film de Bela Tarr les longs et lents travellings suivant un ou plusieurs personnages de dos marchant dans la campagne, il faut avouer que le premier plan du film impressionne immédiatement. On y voit un paysage rural, boueux, défiguré par l'activité humaine où les pilonnes tractant des sortes de bennes gigantesques font un vacarme qui durera tout le film.

Le décors est planté. Et dans ce milieu que l'on voit triste, sans vie, un homme plutôt vieux, plutôt laid, tombe amoureux. Il est prêt à tout pour elle, pour être elle, jusqu'à s'humilier, venir la voir pour qu'elle lui crache au visage. Elle couche avec lui sans tendresse, sans passion...

Et pendant que la foule s'enjoie durant les bals nocturnes le héros ne peut que rester là, assis sur sa chaise pendant que la femme aimée suce un autre homme dans une voiture garée devant le bar.

La force de Bela Tarr est là, faire sentir tout la déchéance (la damnation) du personnage, qui s'il a droit à quelques brefs moments où il obtient ce qu'il veut (la fille), ces moments sont sans vie, sans joie, pas désagréables mais atrocement mornes. Il est condamné à ne pas être heureux, à n'être rien, à n'être que de la boue parmi la boue, pendant que les autres villageois tentent d'oublier la morosité du quotidien en dansant, laissant eux aussi, une fois la fête terminée uniquement le chaos et la désolation.

SwansRublev
Niveau 9
19 mars 2017 à 16:08:32

Faudrait que je trouve le courage de regarder Satantango un de ces 4

resolution
Niveau 27
19 mars 2017 à 16:19:11

Tu en as vu d'autres ? Parce que sinon tu peux en voir qui sont moins longs et tout aussi bien, voire meilleurs.

_Vanaheim_
Niveau 10
19 mars 2017 à 17:14:11

Rien est meilleur que Satantango, mécréant.

SwansRublev
Niveau 9
19 mars 2017 à 17:16:33

Le 19 mars 2017 à 16:19:11 resolution a écrit :
Tu en as vu d'autres ? Parce que sinon tu peux en voir qui sont moins longs et tout aussi bien, voire meilleurs.

Bah j'ai vu Damnation justement (ça doit être mon préféré) et Les Harmonies Werckmeister... et aussi Prologue. Mais je sais pas si y a d'autres courts qui valent autant le coup que ces deux-là...

Le 19 mars 2017 à 17:14:11 _Vanaheim_ a écrit :
Rien est meilleur que Satantango, mécréant.

Tu l'as vu combien de fois avant de comprendre que c'était ton film préféré ?

resolution
Niveau 27
19 mars 2017 à 17:24:33

Ah ben perso j'ai préféré les harmonies.

_Vanaheim_
Niveau 10
19 mars 2017 à 17:28:22

Dès mon premier visionnage (je pense que c'est souvent comme ça pour les films préférés).

Sinon je l'ai revu une 2eme fois après avoir lu le roman dont il est tiré.

mastersouffre
Niveau 41
30 août 2024 à 23:03:38

Salut!
Je l'ai vu y a peut-être deux semaines
Comme j'aimerais bien devenir un peu actif ici, je vais essayer de mettre de l'ordre dans ce que ce film m'a fait ressentir , sans prétention aucune: je suis encore un apprenti cinéphile, et je lis jamais de critiques ou d'analyses

Bon alors, premierement, avant de rentrer dans la salle de ciné, je ne savais même pas qui était Tarr, mais au vue d'une image d'affiche promotionnelle qui montrait un homme face à un chien dans un champs de ruine poisseux, le tout en noir et blanc, je m'attendais à devoir lutter: le film allait pas couler tout seul dans mon gosier, il allait falloir mâcher

Et en effet, c'était coriace!
Le premier plan est franchement chouette pour poser l'ambiance, meme apres un moment, il est clair dans ma tête. Les cargaisons d'on ne sait quoi, emmenées au loin, dans le bruit. Et c'est au final assez deshumanisé je trouvais, on aurait dit que les machines avaient pris le controle, que s'il y a des hommes encore présents, ils doivent y être perdus, écrasés par l'immensité des espaces que seuls les machines arrivent à traverser, on sait pas comment ni dans quel but.
Et même quand on verra un match de foot retransmis à la télé, je pouvais pas m'empêcher de penser: c'est sur une autre planète, mais pas pour rire, je trouvais ça vraiment irréel de penser quelque chose comme ça puisse exister dans ce monde. Pareil, quand la femme parle d'aller en ville, je pensais pas qu'elle existait, pour moi c'était un rêve. La première scène m'a laissé un sentiment persistent, bref.

En plus, c'est vraiment organique comme film, tout est sale, cassé, rouillé, mouillé, poisseux, y a de la fumée, tout ça meme dans les baraques. Meme quand le mec bouffe, on voit les muscles de sa mâchoire se contracter. Est ce que ce seraient pas litteralement des golems, fait de boue? Est ce que ce seraient pas des gros asticots dans une flaque, sorti spontanement de la boue?

Bon le perso principal. Sa quête, c'est de retrouver le coeur de sa femme. Première scène où il lui parle, il dit qu'il est la pour sa fille, mais c'est la dernière fois qu'il la mentionnera. La scène où on le croit voire attendre sa fille sous la pluie, c'est une illusion: c'est le nouveau prétendant de sa femme qu'il attend. A un moment du film, on sait qu'il la croise dans des escaliers,mais la scène est cachée. Pour moi, ça signifie qu'il n'y a rien à voir. Son désintérêt pour elle, la jeunesse, ça exprime bien ce qui définit le perso: l'abandon.
Il a tellement abandonné que j'ai même du mal à comprendre pourquoi il veut reconquérir sa femme. En sortant de chez elle, il est à deux doigts de balancer tout le monde aux flics (oui parce que lui, son ex, l'amant de son ex et le patron d'un bar sont impliqués dans un trafic, bref). Le premier truc qu'il fait après la baise, c'est d'expliquer avec quelle méchanceté il a traité une autre fille qui lui voulait du bien. Peut-être que son abandon s'est mué en soif de détruire, il veut entrainer tout le monde avec lui. Ou peut-être qu'il souffre de cette méchanceté, que c'est ce monde froid qu'il l'a rendu comme ça, peut-être que cette femme est la seule qui puisse l'écouter raconter les symptômes inaudibles de son mal être, peut -être que la baise est ce qui l'a empêcher de rentrer chez les flics. Et ça serait cohérent, puisque quand sa femme fini par sucer le patron du bar à la fin, il partira balancer tout le monde le lendemain.

Enfin, sur la femme et le patron, ils sont au fond tout aussi malheureux que le héro, ils se perdent dans d'autres choses pour l'oublier. Mais quand je vois le héro, un peu punir comme une forme de justice divine, les deux parce qu'ils ont reussi à oublier et être heureux pour une soirée, c'est pas une fin qui me plait. Pour moi,même s'ils sont moralement compromis, philosophiquement ils ont raisons.

'fin voila, c'est un chouette film, je pourrais continuer à interpréter longtemps, j'ai bien conscience que c'est une vision bien biaisé et qu'on peut voir l'inverse fe tout ce que j'ai dit, et probablement à raison, mais j'ai écrit celle que je voulais entendre ! :salut:

_Dim
Niveau 13
30 août 2024 à 23:12:29

Chacun sa vision, en tout cas bravo pour cet avis fourni ! Dès que je profite de mon essai gratuit sur Carlotta, je le regarde (ça fait longtemps que je n'ai pas vu un film du cinéaste).

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Sujet : Karhozat (damnation) de Bela Tarr
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