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Princesse Mononoké (Mononoke Hime)

Genre : Fantastique

Sortie : 1997

Durée : 2h15min

Avec : Yōji Matsuda, Yuriko Ishida, Akihiro Miwa, Yūko Tanaka...

Nationalité : Japonnais

Synopsis : Au XVe siècle, durant l'ère Muromachi, la forêt japonaise, jadis protégée par des animaux géants, se dépeuple à cause de l'homme. Un sanglier transformé en démon dévastateur en sort et attaque le village d'Ashitaka, futur chef du clan Emishi. Touché par le sanglier qu'il a tué, celui-ci est forcé de partir à la recherche du dieu Cerf pour lever la malédiction qui lui gangrène le bras.

Ce qui m'a particulièrement marqué dans Princesse Mononoké, c'est surtout ce qu'il accomplit visuellement. Évidemment bon, c'est beau, la direction artistique est vraiment super. On se retrouve ici avec un mélange entre le Japon féodale mais aussi un aspect très chamanique, naturel, auquel je suis particulièrement sensible, j'adore la façon qu'à la culture japonaise de représenter la proximité avec la nature, les esprits, les légendes, le respect, c'est magnifique et noble, et c'est parfaitement représenté ici, avec ces animaux gigantesques qui parlent d'une voix grave et solennelle, et puis sans trop en révéler, toute cette mythologie autour de la foret et du Dieu Cerf, toute cette ambiance mystique et mystérieuse qui se révèle et se cache farouchement, ça m'a donné des frissons, ça en devient émouvant. La société humaine aussi est représentée avec beaucoup de beauté, ces travailleuses du fer qui se battent pour leur indépendance, on a de la nuance, des vrais enjeux des deux côtés, c'est génial.
Après... quand il est question du choc des deux, ça m'a un peu plus gêné. Enfin c'est l'éternelle rengaine des gros films moralisateurs écolos, et ça me fait mal mais je vais avoir l'éternelle rengaine des détracteurs... les méchants ils sont lourds, la princesse elle est lourde, ce ne sont pas de personnages ce sont des causes caricaturales et faciles et fades, jamais je ne me suis senti impliqué dans ça, je me suis totalement désintéressé de la bataille finale, c'est dommage, ça ampute le film d'une partie de son propos. Il y a aussi cette très étrange représentation de la violence. Enfin je peux comprendre que l'idée c'était de faire quelque chose qui s'éloigne du bon enfant des autres films du studio, m'enfin là les membres qui volent dans tous les sens, sans une goute de sang, j'ai surtout trouvé ça ridicule.
Enfin ça m'a quand même offert un superbe voyage, et si c'est sans doute le Miyazaki que j'ai le moins apprécié pour l'instant, ça reste du très haut niveau.

Étonnant qu'il n'y ait pas d'autre topic.

Concernant les membres qui volent, je me suis toujours dit que c'était du à la force démoniaque qui envahit Ashitaka.

Et pour les personnages je ne les trouve pas aussi simplistes que tu le dis. Enfin Dame Eboshi est quand même très complexe, de même pour la mère louve. Sam n'a pas une pensée très poussée, mais c'est parce qu'elle se laisse emporter par sa fougue et sa colère. Enfin il n'y a ni méchant ni gentil dans ce film (à part Ashitaka), je ne sais pas où tu as vu tes méchants.

Bah Eboshi c'est un méchant pour moi désolé

Oui et non. Dans le film elle n'est pas plus méchante que la mère louve par exemple. Elle défend des causes, et jamais Miyazaki ne la dénonce pour ce qu'elle fait.

Moi j'aime énormément Dame Eboshi c'est l'un des personnages féminins préférés du cinéma, justement parce qu'elle est très complexe. Elle a un certain sens moral, elle incarne une certaine forme de respect et de grandeur également. Elle est aimée par beaucoup de monde, et donne aussi beaucoup en retour. Seulement elle privilégie les êtres humains malades à la nature. Donc évidemment ça ne plait pas à Miyazaki (ni à Ashitaka), mais jamais je ne ressens le moindre mépris pour ce personnage dans le film, plutôt une sorte d'admiration, même si les causes défendues ne sont pas les mêmes.

Bah il y a une certaine connotation quand même. Enfin si on veut elles défendent toutes les deux leur "clan", mais il n'empêche que c'est Eboshi qui porte les assauts, qui a souvent un sourire maléfique sur les lèvres et qui fini par abandonner la fonderie pour attaquer le Dieu Cerf. Enfin chais pas, elle n'est pas accablée peut être mais la force des choses lui donne le mauvais rôle par défaut, c'est un peu la façon dont se déroule l'histoire qui le veut.

Et puis c'est une conquérante, ce qui va un peu à l'opposé de toute l'idéologie du film.

Bah franchement, pour vu et revu des dizaines de fois, je n'ai jamais eu l'impression qu'elle était plus méchante que la mère louve. Elle fait les choses par nécessité, pas par plaisir. Et Moro pareil.
De toute façon Princesse Mononoké ça parle du communautarisme et du racisme plus que de l'écologie. On voit de chaque côté des personnages qui ont peur de l'"étranger" et un messie venu de nulle part qui aime tout le monde. D'ailleurs au final SpoilAfficherMasquerMoro meurt et Eboshi reste en vit et accepte de cohabiter. Ce n'est pas anodin.

Ce n'est pas du tout une conquérante Eboshi. Elle passe son temps à se défendre des troupes de l'Empereur. Si elle attaque la forêt, c'est par pure nécessité.

De toute façon Princesse Mononoké ça parle du communautarisme et du racisme plus que de l'écologie. On voit de chaque côté des personnages qui ont peur de l'"étranger" et un messie venu de nulle part qui aime tout le monde. D'ailleurs au final Ce n'est pas anodin.

Mhhh je ne suis pas du tout d'accord avec ça. Enfin je ne vois pas du tout le propos sur le communautarisme, l'opposition entre nature et humain ne tient pas du tout de l'incompréhension, les humains pillent la forêt pour y trouver du fer.

Beaucoup de vérité dans vos propos ..

Le 08 janvier 2016 à 14:03:07 Zoomatt a écrit :

De toute façon Princesse Mononoké ça parle du communautarisme et du racisme plus que de l'écologie. On voit de chaque côté des personnages qui ont peur de l'"étranger" et un messie venu de nulle part qui aime tout le monde. D'ailleurs au final Ce n'est pas anodin.

Mhhh je ne suis pas du tout d'accord avec ça. Enfin je ne vois pas du tout le propos sur le communautarisme, l'opposition entre nature et humain ne tient pas du tout de l'incompréhension, les humains pillent la forêt pour y trouver du fer.

En fait j'ai l'impression que tu te sens obliger d'opposer des forces. Sauf que Princesse Mononoké ça va au-delà de ça. Il n'y a pas de dualité dans ce film.

Et bien sur que si, il y a de l'incompréhension. Eboshi voit les animaux de la forêt comme des bêtes sanguinaires, tandis que les animaux voient les humains comme des êtres qui se croient supérieur et qui veulent tout posséder. Sauf qu'aucun des deux n'est vrai. D'ailleurs ça c'est un peu plus explicité lors de la scène des singes, qui veulent manger des humains pour avoir leur force. Il y a de l'incompréhension, un manque de connaissance, car leur seule communication est la violence. "La haine ne fait qu'engendrer la haine", dit Ashitaka.

Du coup en en reparlant ça me donne presque envie de le revoir.
Ce film est d'une telle complexité et subtilité...

Le 08 janvier 2016 à 14:13:08 Melaine a écrit :

Le 08 janvier 2016 à 14:03:07 Zoomatt a écrit :

De toute façon Princesse Mononoké ça parle du communautarisme et du racisme plus que de l'écologie. On voit de chaque côté des personnages qui ont peur de l'"étranger" et un messie venu de nulle part qui aime tout le monde. D'ailleurs au final Ce n'est pas anodin.

Mhhh je ne suis pas du tout d'accord avec ça. Enfin je ne vois pas du tout le propos sur le communautarisme, l'opposition entre nature et humain ne tient pas du tout de l'incompréhension, les humains pillent la forêt pour y trouver du fer.

En fait j'ai l'impression que tu te sens obliger d'opposer des forces. Sauf que Princesse Mononoké ça va au-delà de ça. Il n'y a pas de dualité dans ce film.

Je suis d'accord avec tout ce que tu dis Melaine, sauf là-dessus. Je pense bel et bien que l'idée de Miyazaki c'est de représenter de manière absolue l'opposition entre l'Homme et la Nature, de manière quasiment mythologique et intemporelle. C'est pas pour rien qu'il situe le film dans ce contexte, qu'il le blinde de références au shinto... Après ça n'exclut pas d'autres interprétations comme celle du communautarisme.

Et ça me semble évident qu'il y a opposition et dualité dans le film, mais je ne vois pas ça comme un mal justement parce que le propos est développé avec finesse et ampleur, ça me fait un peu mal au cul quand Zoomatt parle de "gros films moralisateurs écolos".

Je ne dis pas que la dualité est forcément un mal. Bergman est un cinéaste de dualité et ça ne l'empêche pas de faire des films immenses !

Mais Princesse Mononoké j'ai vraiment l'impression que ça s'affranchit de ça. Je n'ai pas l'impression qu'il oppose l'homme à la nature, puisqu'Ashitaka et San sont des humains aussi. Pour moi c'est même plutôt l'inverse en fait, il montre en quoi l'homme fait partie intégrante de la nature, et que tout ça forme un tout.
Mais je pense qu'à ce niveau-là c'est surtout une question d’interprétation.

En tout rien que notre débat montre à quel point le film est immensément riche !

et ampleur, ça me fait un peu mal au cul quand Zoomatt parle de "gros films moralisateurs écolos".

Non mais je trouve pas vraiment le film moralisateur, c'est juste que j'aurais tendance à le mettre dans le mec sac que ceux qui le sont en terme de subtilité du propos.

Le 08 janvier 2016 à 14:48:31 Melaine a écrit :
Je ne dis pas que la dualité est forcément un mal. Bergman est un cinéaste de dualité et ça ne l'empêche pas de faire des films immenses !

Mais Princesse Mononoké j'ai vraiment l'impression que ça s'affranchit de ça. Je n'ai pas l'impression qu'il oppose l'homme à la nature, puisqu'Ashitaka et San sont des humains aussi. Pour moi c'est même plutôt l'inverse en fait, il montre en quoi l'homme fait partie intégrante de la nature, et que tout ça forme un tout.
Mais je pense qu'à ce niveau-là c'est surtout une question d’interprétation.

Ah on s'est peut-être mal compris alors. Ce que je dis, c'est qu'il met en scène une opposition dans le sens où il met en scène deux forces opposées qui s'affrontent. Mais il montre aussi tout ce que cette opposition a de vain, d'absurde, de meurtrier.

Et oui, évidemment, ce qu'il prône c'est l'harmonie, qui passe par le couple Ashitaka-San qui fait le lien (comme le lien entre les humains et les esprits se faisait par la relation entre Chihiro et Haku), parce que ce sont justement des humains qui ont conservé cette connexion très forte avec la nature, et ça c'est un peu l'idéal de Miyazaki.

Le 08 janvier 2016 à 15:05:39 Zoomatt a écrit :

et ampleur, ça me fait un peu mal au cul quand Zoomatt parle de "gros films moralisateurs écolos".

Non mais je trouve pas vraiment le film moralisateur, c'est juste que j'aurais tendance à le mettre dans le mec sac que ceux qui le sont en terme de subtilité du propos.

Ben justement je trouve ça infiniment plus subtil qu'Avatar ou des machins comme Ferngully par exemple