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Cinéma

Sujet : L'Empire - Bruno Dumont
Serval94
Niveau 62
21 février 2024 à 20:15:26

Déçu, le mariage Dumont - SF prend pas pour moi.

En revanche, France c'est superbe, oui !

Pseudo supprimé
Niveau 55
21 février 2024 à 20:16:00

Le 21 février 2024 à 19:19:03 :
C'est bien "France" ? Je vois que c'est assez mal noté sur AlloCiné et SC

J’avais bien aimé moi, mais c’est pas le Dumont le plus accessible https://image.noelshack.com/fichiers/2023/46/2/1699984446-jenna2.png

Youtubecinema
Niveau 48
21 février 2024 à 22:45:32

J'écris ma critique, c'est un assez beau film. On rit peu par contre. L'histoire d'amour est assez belle dans son genre. Il y a des défauts de rythme parce que par moment on soupire. Les scènes avec Luchini sont globalement décevantes.

DuinKerkeZee
Niveau 9
22 février 2024 à 02:51:42

Bernard Pruvost fait de la peine, il a deux répliques. Ça fait malgré tout plaisir de voir ce duo iconique peut-être pour la dernière fois au cinéma.

Pas mal de musique, de plans drones…de plans fixes absolument magnifiques aussi, peut-être parmi les plus beaux de la carrière de Dumont (le baiser avec les cheveux et les champs…wow) bref niveau mise en scène on est peut-être pas loin du film le plus accessible du réalisateur, probablement comme ma Loute, bien moins austère que ses premiers films et moins « casse gueule » que certains de ses derniers comme Jeanne et Jeannette.

En tout cas ça fait plaisir de le voir enchaîner des style si différent tout en gardant son univers, le mec explore et revisite des registre tout en conservant ses obsessions, ses thématiques et son nord que personne ne magnifie aussi bien que lui.

Par contre un peu déçu de la bataille finale, même si la dernière scène est assez géniale. On remarquera que les vaisseaux du mal sont horizontaux et ceux du bien verticaux. Bref deux axes qui se croisent avec l’humanité au milieu. Voilà ça c’était pour mon analyse simpliste mais j’imagine que pas mal de monde aura remarqué ce détail. À noter aussi que la figure suprême du bien est une femme qui s’est réincarnée dans la peau d’une maire de village et le mal un boomer visiblement guide touristique…bon ça par contre j’ai un doute.
d’ailleurs ces entités cosmiques/« divines » positives (1) et mauvaises (0) sont incarnés par les acteurs professionnels.
deux amateurs incarnant l’un un « prophète » du mal et l’autre un « disciple » du bien.

Chez les actrices professionnelles : Anamaria Vartolomei joue la « prophétesse » du bien et Lina Khoudry la « disciple » du mal…

À noter que le seul qui n’aura pas de relation sexuelle sera… le disciple du bien. À vos théories !

Nan mais le film est assez passionnant, il est clairement dans ma tête pour un moment et le second meilleur film que j’ai vu en salle en 2024 pour le moment, hâte de le revoir un jour pour approfondir la réflexion.

Youtubecinema
Niveau 48
23 février 2024 à 23:21:57

Pour ceux qui sont familiers du travail de Bruno Dumont, je considère "L'Empire" comme le film qui serait une synthèse entre ses premiers films et ses comédies telles que "Ma Loute" et sa série "P'tit Quinquin". On retrouve quelques personnages de la série, comme le commandant Van der Weyden, mais il ne joue pas un rôle important dans "L’Empire", c’est juste un clin d’œil pour les fans et il est là aussi pour faire quelques blagues, dont une qui m’a bien fait rire au début du film avec Carpentier. On a une femme décapitée lors d’un accident de voiture et il sort une phrase du genre « ça, c’est l’œuvre de Daech ».

J’ai envie de commencer par l’aspect technique parce que je sais que parmi ceux qui lisent, il y en a qui adorent les effets numériques. Rassurez-vous, ils sont soignés, mais ce qui m’amuse, justement, c’est que Bruno Dumont ait mis les moyens dans son film. Il y a un décalage entre l’argent investi et le fait de situer le récit sur la Côte d'Opale, au nord de la France, avec des acteurs amateurs de la région, en gros avec des personnes tout à fait banales, ce qui n’est pas nouveau chez Dumont.

Du coup, cela crée un décalage humoristique, et ce n'est pas seulement humoristique parce qu'il y a un message derrière. Ce décalage vient du fait qu’en général dans les films de science-fiction, on a très souvent des personnages extraordinaires, héroïques, souvent beaux gosses lorsque ce sont des mecs, et qui sont aussi des combattants accomplis ou alors ils le deviendront à travers un parcours initiatique. Par contre, il n’y a pas le petit peuple, il n’y a pas les gens du quotidien, il n'existe pas, ou alors ils sont incarnés par des personnages secondaires ou tertiaires complètement vides, ou bien on nous montre juste une foule qui est par définition anonyme. Ce qui est génial dans le film de Dumont, c’est qu'il place un affrontement intergalactique entre le bien et le mal, avec des enjeux sur terre dans le nord de la France. Vous comprenez bien que c’est aussi un ressort humoristique, et il ne place pas l’action à New York, car ça ferait plus stylé de la situer à New York comme c’était le cas dans "Avengers", par exemple, mais Dumont préfère une petite ville du Nord où l'on voit la population puis elle n’est pas caricaturée, ce sont des vrais gens, pas des acteurs professionnels. Il a une volonté de montrer le quotidien de ces personnes. Ce qui est drôle est de voir ces deux factions avec leurs vaisseaux spatiaux, leur avance technologique supérieure, se battre comme si c’était une banale querelle de voisinage, et on appelle la gendarmerie, ou alors on va directement s’expliquer chez le voisin avec des insultes, de l’intimidation. À un moment, on a les deux camps qui se croisent à l’angle d’une rue et ils se jettent des regards noirs. C’est juste drôle tellement c’est bête, c’est gamin, mais c’est comme ça dans la vie, les gens ne balancent pas des grandes tirades un peu pompeuses, un peu ridicules comme dans "Star Wars", et j’aime bien "Star Wars". C'est amusant parce qu'on rit devant des actions censées avoir des enjeux importants, mais qui sont présentées comme des situations ordinaires, loin d'être épiques, et finalement, on est quand même pris dedans justement parce qu’on peut les trouver dans la réalité. Il y a une scène où le fils de Jony (le prince du mal) se fait enlever par le camp du bien, avec un type qui entre dans une maison en hors champ et on te filme ça comme une grande victoire. Puis Jony va chercher son fils avec ses « chevaliers ». Il faut voir la gueule des chevaliers, ce sont des paysans sur des chevaux de trait. Il entre dans la maison où est retenu son gosse, il le prend, tout ça dure 2 minutes et en plus le combat est en hors champ, il met juste un coup de poing. C’est drôle, mais en même temps, c’est le genre de situation qui est possible chez les couples divorcés, et c’est ça qui garde notre attention.

Après, le film n'est pas une immense blague étalée sur deux heures ; c’est vraiment une erreur de le croire. Il aborde des thèmes propres à Dumont : il réfléchit sur le bien, le mal, la transcendance, et l'amour au centre qui est le plus important, comme dans tous ses films. Il montre aussi le quotidien des gens modestes. Je dois dire aussi qu’il y a des éléments qui m’ont moins plus, déjà je trouve que le film a un rythme inégal ; certaines scènes m’ont fait un peu soupirer, surtout celles avec Luchini, alors que j’adore Luchini. Alors j’ai compris ce que Dumont a voulu réaliser : il a emprunté les codes du film de science-fiction pour raconter son histoire. Je ne pense pas que Dumont ait tenté de nous dire : "En réalité, ce que vous aimez, ce sont les relations entre les personnages, pas les scènes épiques." Je suis persuadé qu'il a vraiment essayé d'être honnête avec son blockbuster mais les scènes de palais ne fonctionnent pas toujours. Souvent j’attendais de retourner sur Terre pour retrouver des personnages qui me touchent comme ceux de Jony et Jane.

Ce que j'ai le plus apprécié, c'est leur histoire d'amour, même si l'intrigue part un peu dans différentes directions sans avoir de centre précis, en tout cas c'est comme ça que je l'ai ressenti, et ce n’est pas un reproche. Comme je l’ai dit, il met en scène l'affrontement entre le bien et le mal, ce qui est très classique dans la science-fiction, mais ici il le fait sans réellement prendre parti, et la bataille finale se termine sans véritable conclusion, j’ai beaucoup aimé les dernières paroles du film qui sont un simple "c'est tout", c’est un genre de voilà j’ai dit ce que j’avais à dire il n’y a rien à ajouter, c’est assez modeste de la part de Dumont. Surtout, on n'a pas le bien qui triomphe sur le mal, c’est assez original comme approche, dans l’esprit de Dumont ce n’est sans doute pas si important qu’il y ait un vainqueur, je crois vraiment que ce qui le passionne c’est l’idée que l’amour transcende tout, l’amour au sens large, l’amour pour les gens simples, l’amour entre les individus. Le film est aussi une comédie, il y a des moments assez drôles, même si je n’ai pas spécialement ri. Je n'ai pas entendu beaucoup de rires dans la salle ; après l'humour de Dumont est plutôt un humour muet. En tout cas, le film est moins comique que "Ma Loute", mais certaines scènes m'ont quand même fait sourire, surtout celles avec Rudi, qui ressemble à un pauvre drogué au RSA, qui ne fait rien de ses journées, mais il joue pourtant un rôle important dans l'affrontement parce que c’est l’apprenti, même s'il n'est pas très doué.

Dumont a choisi de créer un personnage masculin avec Jony qui représente une sorte de prince du mal, l’acteur qui le joue est amateur et je trouve qu’il tient bien le rôle, bravo à lui. Son personnage s'éloigne des standards de beauté habituels ; il est simplement un homme ordinaire, sans être ni beau ni laid. Il incarne l'agressivité, la domination, c’est un pêcheur, bref un héros viril qui n'hésite pas à dire « ferme ta gueule » à une femme et à exprimer son attirance pour une autre en lui disant « qu’elle a un beau cul ». En gros, il est problématique pour l’époque, c’est le type de personne toxique que certains veulent voir disparaître. À l’inverse, Rudi représente l'homme que la société met en avant et qu’elle veut voir triompher, c'est-à-dire un homme castré, apathique, un peu faible, un assistant et surtout pas un chef. En face des ténèbres, on a la vertu, Jane, forcément une femme, elle est interprétée par Anamaria Vartolomei, que je trouve d'ailleurs être une femme très belle et une actrice talentueuse, je suis tombé sous son charme. Elle est attirée par Jony, en gros c’est l'équivalent d'un mauvais garçon, mais elle joue également la jeune femme choquée lorsque Jony lui met une main au cul. Pourtant, ça peut paraître paradoxal, mais ils s'attirent, et personne ne cherche à l'expliquer. Il n'y a pas de moments de séduction artificielle ni de dialogues superflus ; il existe une véritable alchimie entre eux, et je trouve ça juste beau. C’est beau parce que Dumont ne cherche pas à intellectualiser l'amour ; c'est simplement une question d'attraction. Lui la trouve belle, et elle est attirée par son côté dominant.

Concernant les deux camps, du côté du bien, on trouve toute une série de références spirituelles avec une utilisation abondante de l'esthétique catholique, l’équipe du tournage est allée filmer dans la Sainte Chapelle à Paris, ce qui donne de belles scènes. il y a aussi des dialogues où les personnages évoquent l’âme, donc on comprend que c’est le camp du pouvoir spirituel qui souhaite améliorer l’Homme, on y trouve essentiellement des femmes en commandant et Dumont nous glisse des évocations symboliques de leur sexe, bref. En ce qui concerne le mal, il est associé au pouvoir temporel, à savoir l'exécutif et le pouvoir civil, on le comprend à travers certaines références comme celle à Thomas Hobbes lorsque le mal se considère comme un monstre, c’est une référence au monstre froid qu’est le Léviathan c’est-à-dire l’État. C’est un pouvoir principalement masculin, où leur chef, joué par Luchini incarne l’amoralité qui caractérise ce pouvoir et le goût pour le matériel, tout ça mis-en-scène depuis son château, qui ressemble étrangement au Louvres. Après Il ne faut pas surinterpréter les symboles ; je crois que c'est plutôt une occasion pour Dumont de livrer une réflexion sur la morale et la politique. En tout cas c’est plus recherché que la simple opposition entre les gentils et les méchants : chez Dumont, il existe une véritable dualité où les deux camps se retrouvent dans le néant, comme si leur combat était finalement insignifiant au fond. Sinon je passe sur la symbolique du + et du -.

À part ça, il y a de très bonnes scènes où la reine du bien prend forme humaine et possède le corps du maire de la ville. Les dialogues qui suivent sont particulièrement bien écrits, et m’ont vraiment donné l’impression d’assister à une conversation avec une élue. C’était touchant, car il y a quelque chose de maternel dans sa manière de converser avec ses administrés. Il y a des échanges très simples comme « Comment va votre jambe ? Et votre mari ? » ça fonctionne très bien, et je n'y vois aucun cynisme chez le réalisateur.

Pour finir, j’ai envie d’évoquer un peu la polémique avec Adèle Haenel, que j’admire beaucoup en tant qu'actrice. Je n'ai pas forcément envie de la contredire par principe, mais je comprends que les thématiques du film ne lui aient pas plu. Elle avait qualifié le film de misogyne, je comprends, tout comme je comprends le point de vue de Dumont. Voilà, je pense que c’est assez clair : j’ai beaucoup aimé ce film, j’ai aimé l’acteur qui joue Jony, et j’ai adoré Anamaria Vartolomei, que j'espère retrouver rapidement dans de nouveaux rôles. C’est tout.

KaiserYe
Niveau 33
24 février 2024 à 18:52:47

Je vais faire l'opposé du commentaire d'au dessus: court et a charge.Premier film que je vois de ce mec, peut être une mauvaise idée ( ce sera le seul doute que je laisserais au film....). Pareil pour la fille qui m'avait invité. De gros cinéphile tout les deux (pour ce que ça veut dire). Je suis TRÈS enclin a voir du positif dans les films que je vois, même les pires merdes, mais celui ci...

Une purge pour tous les deux.

Youtubecinema
Niveau 48
25 février 2024 à 10:28:38

Ah une chose que j'ai oublié dans ma critique : la façon dont le bien et le mal résolvent le conflit. Spoiler : cela ne plaira probablement pas aux féministes. :rire:

tchiiik031
Niveau 35
25 février 2024 à 19:03:29

Découverte de Bruno Dumont pour moi avec ce long-métrage. Je dois avouer avoir été intrigué par le pitch étrange et je suis toujours ouvert à de la SF française.

Je comprends l'intention du réalisateur mais à part une poignée de bonnes scènes (surtout celles dans l'espace et la bataille finale), force est de constater qu'on se fait quand même bien chier les 3/4 du temps devant des acteurs qui débitent leurs phrases préfabriquées dans des décors plus austères tu meurs.

Je connais pas le travail de Dumont mais là je savais pas que c'était possible de rendre aussi ennuyeux une histoire aussi loufoque de prime abord.

Un film aussi plat que le Nord-Pas-de-Calais

Serval94
Niveau 62
26 février 2024 à 19:26:15

Interview de son actrice Anamaria Vartolomei :

Comment vous retrouvez- vous à jouer dans L’Empire après le départ du casting d’Adèle Haenel ?

Mon agent, Isabelle de la Patellière, m’a un jour appelée pour me dire que Bruno (Dumont) souhaitait me rencontrer pour le rôle et ne verrait aucune autre actrice que moi. Pour tout vous dire, à ce moment- là, je connaissais son univers esthétique mais assez peu ses films au fond. Mais comme France venait de sortir, je me suis précipitée en salles avant d’aller au rendez-vous.

Comment vous présente-t-il son film ?

Bruno a d’abord partagé avec moi son désir de travailler ensemble. Puis il m’a expliqué de manière à la fois très belle et très philosophique qu’il voyait L’Empire comme une représentation symbolique de la lutte entre le Bien et le Mal. Mais ça reste encore assez flou pour moi. Je repars avec le scénario, je le lis le soir-même et je l’appelle le lendemain pour accepter.

Cette lecture vous éclaire plus sur le récit ?

Pas vraiment ! (rires) Car Bruno n’écrit pas ses scénarios de manière conventionnelle, plus à la manière d’un roman. Avant chaque dialogue, aucun nom de personnage n’est précisé par exemple. Donc tu ne sais jamais vraiment qui parle. Ca demande à être hyper concentrée, tu t’y perds forcément. Mais c’est aussi ce côté barré et tellement éloigné de ce que j’avais pu faire avant qui m’attire. Après L’Evénement, j’ai longtemps attendu le bon projet, avec une collaboration aussi forte que celle que j’avais vécue avec Audrey (Diwan). Bruno m’est apparu comme le réalisateur idéal.

Vous répétez en amont avec lui ?

Pas vraiment. Beaucoup de choses se passent pendant les essais costumes où il est très présent. Mais, jusqu’au plateau, tout reste de l’ordre de l’ébauche et ce d’autant plus qu’on va tourner avec beaucoup de VFX. J’ai donc du mal à me projeter. Mais ce flou m’intéresse et ce d’autant plus qu’il épouse le fait que Bruno travaille avec des non-professionnels et qu’il nous dirige tous à l’oreillette. Il y a un côté inédit à tout cela pour moi forcément très excitant et cela m’habitera tout au long du tournage qui exigera vivacité et rigueur. Je faisais confiance à son génie artistique et sa vision. D’autant plus que Bruno est quelqu’un de très participatif, il te demande souvent ton avis. Il ne m'a jamais rien imposé. Il sait où il veut t’emmener mais si au milieu du chemin, tu as envie de bifurquer un peu ailleurs, il accepte. Il veut que ses comédiens se sentent à l’aise.

Ca fait quoi d’être dirigée à l’oreillette ?

J’ai adoré même si c’est bizarre les premiers jours. J’avais surtout peur à cause du procédé de ne pas pouvoir être à l’écoute de mes partenaires, ni suffisamment dans le lâcher prise. Mais assez vite, on s’habitue parce que Bruno sait distiller ses directions avec précision et parcimonie. Jamais de manière intrusive. Ca complète juste les infos qu’il te donne avant les prises.

Quelle idée aviez-vous de votre personnage, Jane, en débutant ce tournage et a-t-elle évolué au fil de celui-ci ?

Je dirais qu’elle a gagné en profondeur au fil du tournage. Jane est une extraterrestre prenant peu à peu une apparence humaine en arrivant sur Terre. Il fallait donc trouver un truc pour la distinguer d'un humain lambda. Dans sa démarche, dans sa manière de parler, dans le regard mais sans en faire trop dans le côté mécanique. Ca passe par exemple par une manière de courir, inspirée par les jeux vidéo. Et puis c’est une militaire. Elle sait où elle va. C’est même le personnage qui guide l’histoire car elle a une mission et a ce côté pragmatique pour l’accomplir. Mais quand je dis qu’elle a gagné en profondeur sur le plateau, c’est parce que j’ai vraiment ressenti là qu’elle était peu à peu déstabilisée par cette humanité-là. Ma mission était de trouver le bon dosage pour lui donner de la sensibilité, de la vulnérabilité sans pour autant la métamorphoser totalement.

Quel est votre avis sur le regard que Bruno Dumont porte sur les rapports hommes-femmes dans son film ?

J’écoutais un débat au moment où a éclaté l’affaire Depardieu. On y parlait du regard féminin et du désir dans ce qu’il peut receler de problématique. Or c’est précisément ce que Bruno montre dans le film. Ce qui impliqué qu’on trouve au fil de L’Empire des comportements misogynes, des propos qui dérangent mais qui sont là pour déranger ! Dans l’émission que j’évoquais, quelqu’un disait qu’il fallait faire attention que sous couvert de faire la chasse aux vrais prédateurs et aux vrais violeurs, aux vrais comportements dérangeants et problématiques, de ne pas censurer des œuvres qui justement mettent en scène ces situations-là. Je partage totalement ce point de vue. Distinguer une œuvre cinématographique de la réalité. Bruno, dans sa démarche, ne s’excuse pas plus qu’il ne cherche à provoquer. Ce n’est absolument pas son but. C’est quelqu'un de totalement en paix avec lui-même. Il montre la sexualité, les besoins primitifs non maîtrisés et, par ce geste, renvoie l’homme à sa violence, à sa bestialité. Mais le film se détache de tout jugement moral. Et j'ai l'impression que comme spectateur pour arriver à vivre l'expérience, il faut aussi arriver à se détacher de ça, à s’abandonner pour le suivre.

Qu'est ce qui vous a paru le plus compliqué dans la fabrication de ce film et de votre personnage ?

J’avais peur que Jane finisse par trop ressembler à mon personnage de L’Evénement. Dans le sens où comme elle, elle sait précisément où elle va. J'avais besoin qu'il y ait des cassures, des excès. J'avais peur de ne pas en faire assez. Puisque j’étais dans un Dumont et encore plus dans ce Dumont-là, j’avais la sensation de devoir faire quelque chose de décalé, de fantaisiste. Mais la fantaisie est là donc il faut savoir justement ne pas surenchérir. Et, pour ce dosage, je savais que je pouvais compter sur le regard de Bruno.

L’Empire a marqué le coup d’envoi de votre retour en force sur les plateaux car on va beaucoup vous voir dans les prochains mois…

Oui, j’ai enchaîné avec Maria de Jessica Palud où je joue Maria Schneider, Le Comte de Monte-Cristo, le projet sur De Gaulle d’Antonin Baudry et un film roumain produit et co-écrit par Cristian Mungiu (4 mois, 3 semaines, 2 jours). Maria fut un tournage dur, plus encore que L’Evénement pour moi. Je n’ai jamais été confrontée à un rôle aussi difficile en seulement 25 jours de tournage. La fin de celui-ci fut comme une libération émotionnelle pour moi. Et, par ricochet, je voyais presque Le Comte de Monte-Cristo avec les moyens dévolus à ce projet comme des vacances ! (rires) Sauf que j’y joue avec un accent roumain et je n’ai aucune idée de ce que ça donne car, avec raison, les réalisateurs n’ont pas voulu que j’écoute mes scènes sur le plateau. Mon personnage Haydée est orientale dans le roman de Dumas. Alexandre (de la Patellière) et Matthieu (Delaporte) ont voulu en faire une fille d’Europe de l’Est. Mais bien qu’origine roumaine, ça n’allait pas de soi pour moi. Et je n’avais aucune envie de me planter dans un projet qui va être autant vu ! Pour cela, je me suis inspirée de ma maman. Je l’ai enregistrée lisant le texte et j’ai donc travaillé à l’oreille à l’imitation d’un accent qui a lui-même été vachement poli avec le temps pour le faire mien. Donc ça a été tout sauf des vacances ! Mais là encore, je fais confiance à Alexandre (de la Patellière) et Matthieu (Delaporte). Et je suis forcément impatiente de voir le résultat !

https://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/L-Empire-vu-par-Anamaria-Vartolomei

Youtubecinema
Niveau 48
26 février 2024 à 21:07:59

Elle est tellement jolie :coeur:
Elle éclaire bien sur le film.

Serval94
Niveau 62
26 février 2024 à 23:25:13

Elle éclaire bien sur le film.

... et elle l'illumine !

(je la découvrais dedans, et belle découverte)

Pouerte12
Niveau 2
27 février 2024 à 21:05:26

La chialade la régalade sur twitter de ce film, par des 2k abo hein mini. Quelle époque médiocre.

Pseudo supprimé
Niveau 55
28 février 2024 à 01:46:23

Le 27 février 2024 à 21:05:26 :
La chialade la régalade sur twitter de ce film, par des 2k abo hein mini. Quelle époque médiocre.

La plupart du temps, c’est des étudiants pseudo-gauche qui bouclent sur les mêmes films https://image.noelshack.com/fichiers/2023/46/2/1699984446-jenna2.png

Quelle indignité https://image.noelshack.com/fichiers/2023/46/2/1699984446-jenna2.png

Pseudo supprimé
Niveau 55
28 février 2024 à 01:47:45

Le 26 février 2024 à 23:25:13 :

Elle éclaire bien sur le film.

... et elle l'illumine !

(je la découvrais dedans, et belle découverte)

Elle était dans L’événement, d’Audrey Diwan. Excellent film d’ailleurs https://image.noelshack.com/fichiers/2023/46/2/1699984446-jenna2.png

Mais beaucoup de mes compatriotes cinéphiles la découvrent avec ce film, et franchement c’est une bonne manière de la découvrir https://image.noelshack.com/fichiers/2023/46/2/1699984446-jenna2.png

Pouerte12
Niveau 2
28 février 2024 à 09:34:37

Le 28 février 2024 à 01:46:23 :

Le 27 février 2024 à 21:05:26 :
La chialade la régalade sur twitter de ce film, par des 2k abo hein mini. Quelle époque médiocre.

La plupart du temps, c’est des étudiants pseudo-gauche qui bouclent sur les mêmes films https://image.noelshack.com/fichiers/2023/46/2/1699984446-jenna2.png

Quelle indignité https://image.noelshack.com/fichiers/2023/46/2/1699984446-jenna2.png

On se battra :banzai:

scoob73
Niveau 19
28 février 2024 à 09:51:08

J'suis un peu ambivalent sur ce film...

Au fond j'aurai voulu que Dumont parte carrément en comédie. J'étais à deux doigts de vraiment rigoler à plusieurs reprises, mais on sent bien qu'au fond Dumont prend très au sérieux son histoire de bien et de mal, d'amour, tout ça.

Le problème c'est qu'il a déjà été très fin et passionnant sur ces sujets dans plein d'autres films, j'ai l'impression qu'il perd des deux côtés (comédie/ dramatique métaphysique) en étant le cul entre deux chaises.

En disant ça je lui accorde volontier la réussite du mélange SF / film de Dumont classique dans le Nord. Les effets spéciaux sont soignés, et les transitions avec les ruraux sont absolument géniales niveau décalage. :oui:

RamiValak
Niveau 41
28 février 2024 à 10:14:14

Le 28 février 2024 à 09:51:08 :
J'suis un peu ambivalent sur ce film...

Au fond j'aurai voulu que Dumont parte carrément en comédie. J'étais à deux doigts de vraiment rigoler à plusieurs reprises, mais on sent bien qu'au fond Dumont prend très au sérieux son histoire de bien et de mal, d'amour, tout ça.

Le problème c'est qu'il a déjà été très fin et passionnant sur ces sujets dans plein d'autres films, j'ai l'impression qu'il perd des deux côtés (comédie/ dramatique métaphysique) en étant le cul entre deux chaises.

En disant ça je lui accorde volontier la réussite du mélange SF / film de Dumont classique dans le Nord. Les effets spéciaux sont soignés, et les transitions avec les ruraux sont absolument géniales niveau décalage. :oui:

Marrant j'ai l'avis inverse, pour moi justement il en a tellement rien à foutre de tout ce qui se passe dans le film qu'il finit par m'en désintéresser aussi.

Pouerte12
Niveau 2
28 février 2024 à 10:18:03

Oui c'est un film premier degré, il n'y a pas une volonté de sa part de pasticher les films de sf. Il reprend le code, il les tourne pas en dérision mais il raconte autre chose. Pour moi c'est tout à fait neuf comme approche, par contre les gauchistes twitteriens prennent le film sous l'angle moraliste c'est à désespérer de tout. Mais bon c'est la gauche on est habitué.

Pouerte12
Niveau 2
02 mars 2024 à 20:16:12

https://twitter.com/LouysRobin/status/1763954085097595043?t=wOuYMV3bpEoKlNJD1xZvKA&s=19

Et ce genre de limité à 1k5 abo et notre modérateur passe sa vie sur twitter et il gêné par les réactions sous ses tweet avec des fans qui miment ses paroles. OH ON EST OÙ LÀ ? Moins de twitter et plus de forum.

Colverito
Niveau 38
03 mars 2024 à 18:17:54

Ça faisait longtemps que j'avais pas vu une purge pareille. C'est mon premier Dumont, pas forcément une bonne entrée dans son univers de commencer par celui-là. Je dois voir P'tit Quinquin depuis longtemps, je n'ai vu que l'épisode 1 sans jamais avoir vu la suite, eh bien mon temps aurait été mieux employé à rester chez moi à regarder ça plutôt que L'Empire. Je suis sûr que j'ai vais aimer, parce que ce qui fonctionne le mieux dans L'Empire c'est la première moitié du film quand ça reste encore assez sage et assez drôle.

Mais dès que ça part dans la SF (dès que Luchini apparait en fait) ça devient n'importe quoi : Luchini est mauvais ; on te case toutes les 15 minutes de médiocres scènes de sexe sans érotisme et précédées de dialogues affligeants pour remplir cette deuxième partie ; l'immersion dans le réel de la SF par ces grands vaisseaux spatiaux n'a aucun impact. La toute fin relève un peu la barre, mais ça ne suffit pas à m'enlever cette sensation de m'être fait arnaqué.

Je devais aller voir Dune 2 mais la salle était blindée alors je me suis reporté sur L'Empire. Mauvais idée :)

Sujet : L'Empire - Bruno Dumont
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