De Emmanuel Mouret
Par Emmanuel Mouret, Pierre Giraud
Avec Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne, Georgia Scalliet
Synopsis : Une mère célibataire et un homme marié deviennent amants. Engagés à ne se voir que pour le plaisir et à n’éprouver aucun sentiment amoureux, ils sont de plus en plus surpris par leur complicité...
Mon avis persoent Mouret est de retour avec un film bien plus simple en apparence que son précédent, il ne s'agira ici "que" d'une histoire d'adultère dont nous verrons l'évolution au cours du temps a l'aide de marqueurs temporels (la date est annoncée avant chaque scène). Une rencontre que je ne spoilerai pas va chambouler leurs habitudes.
On est face à un film d'une grande sobriété et d'une grande pudeur. La camera prendra place au centre d'un lieu et suivra lentement les protagonistes en même temps qu'ils discuteront de leurs relations. Je pense à cette scène en plan séquence dans une librairie où la caméra se déplacera en rotation suivant le parcours des personnages entre les étagères, la caméra épouse ses personnages utilisant l'espace pour exprimer leur proximité et leur éloignement.
Mouret fait un cinéma du dialogue où les personnages sont en constante introspection, chaque action et rencontre est décortiquée et malgré cette apparente transparence, les sentiments reprendront le dessus et le dialogue ne servira plus. Une scène en particulière montrera Simon (Vincent Macaigne) entamer un monologue alors qu'il ne s’aperçoit pas que se déroule sous ses yeux un tournant dans sa relation avec Charlotte (Sandrine Kiberlain). Les personnages de Mouret sont des passagers dans la vie des uns des autres, mais se rendent rapidement compte des limites de l'intellectualisation de leurs relations et commencent à vivre réellement lorsqu'ils laissent leurs sentiments s'exprimer, mais l'épanouissement amoureux leur glissera des doigts comme une grande valse sentimentale.
Souvent comparé à Rohmer, il réussi tout de même à s'en détacher avec un film au passage très drôle et plus terre à terre que son maître, moins philosophique mais pas moins beau. Du grand cinéma et la confirmation d'un grand réalisateur après les chefs d'oeuvres "Mademoiselle de Joncquières" et "Les choses qu'on dit..".
Il mériterait une palme d'or celui là.
Hâte de voir son nouveau film.
Le film est sorti hier, pour info !
J'y vais ce soir.
J'irai sûrement le voir aussi, ce sera mon premier Mouret.
Si tu accroches, ça te fait une petite dizaine de films charmants à rattraper !
Le 15 septembre 2022 à 15:26:53 :
Si tu accroches, ça te fait une petite dizaine de films charmants à rattraper !
Beaucoup quand même
Je l'ai vu hier c'est génial, hyper drôle, hyper fin, superbe alchimie, et c'est rare de voir une telle attention à la mise en scène sans démonstration de force (son sens du gros plan est tellement aiguisé, l'isolement complet de l'émotion, c'est Deleuze appliqué à la virgule près).
Mignon mais parfaitement anecdotique... un Mouret mineur, en ce qui me concerne.
Le 15 septembre 2022 à 22:03:52 :
Mignon mais parfaitement anecdotique... un Mouret mineur, en ce qui me concerne.
Ah ouais ? Après j'en ai pas vu d'autre à part Fais-moi plaisir (pâle copie de The Party, assez nul). Mais ça promet du coup.
Fais-moi plaisir, c'est le second mineur pour moi. La tentative de burlesque lui a pas trop réussi.
Vénus et Fleur, celui que j'aime pas.
Et Un baiser s'il vous plaît, Caprice, Changement d'adresse, Mademoiselle de Joncquières, Les Choses qu'on dit/fait sont très biens. Ce sont ceux-là que je recommande.
Mais du coup, le meilleur est devant toi.
(il en a aussi fait un avec JoeyStarr en tête d'affiche, que je n'ai pas vu, mais qui a pas une super réput - ce qui ne m'étonne pas des masses, compte tenu du peu de confiance que m'inspire ce choix de cast)
Avec Chronique d'une liaison passagère, Mouret livre presque l'inverse de son film précédent (Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait) qui multipliait les histoires d'amours, les personnages, les sous-intrigues. Ici il est d'une sobriété totale. Deux personnages (trois en réalité), une seule histoire, celle de la liaison du titre et c'est tout. Et pourtant thématiquement il en reste très proche puisqu'il pose la même question, celle du choix : faut-il quitter sa femme pour sa maîtresse ?
Mais cette fois il l'aborde sous l'angle du temps qui passe, car cette liaison est, comme le définissent les personnages, passagère. Il est prévu qu'elle aura une fin, les deux personnages le savent, il ne savent juste pas quand est-ce-qu'elle adviendra. En attendant ils profitent.
Mouret ne montre donc que ça, ici pas de vie de couple, uniquement des amants qui profitent d'être ensemble le temps que ça dure (l'inverse donc de Scènes de la vie conjugale de Bergman qui n'est quasiment qu’engueulades et qui est cité dans le film). On suit donc une succession de rendez-vous qui se passent quasiment tous étonnamment bien alors que Simon, joué par MacCaigne qui fait du MacCaigne, est un boulet comme c'est pas possible. Ce qui rend le film extrêmement gênant, mais aussi vraiment drôle à regarder. Enfin je dis regarder, mais j'ai passé la moitié du film à me cacher le visage pour ne pas être témoin de la maladresse du type, maladresse dont je ne pense pas être exempt.
Mais là où Mouret est fort c'est qu'il arrive, par la mise en scène, à nous montrer les fissures derrière les discours hédonistes des deux amants. On voit bien, notamment à travers un travelling avant absolument merveilleux sur le visage de Sandrine Kiberlain que quelque chose la trouble... qu'elle n'est pas aussi sereine qu'elle le prétend. Serait-ce de l'amour ? Et la puis la conversation reprend, comme si de rien n'était, mais nous spectateur, on a senti que quelque chose vient de se produire.
C'est ce qui donne à toute la fin du film un aspect tragique, ce qui devait n'être que joie s'est transformé en profonde mélancolie. Le film arrive à toucher juste, à comprendre ce que c'est que d'être amoureux et que de sentir d'avoir laissé passer sa chance, d'avoir été trop lent. Tout ça en devient juste touchant. MacCaigne est pathétique, il le sait, il le dit, mais il n'y peut rien, car quand on est amoureux, on l'est forcément un peu.
Parfois c'est peut-être mieux quand l'amour dure vraiment que le temps d'une chanson et ne tourmente pas avec des regrets l'amant éconduit pendant des années.
Bref, je dois dire que depuis Mouret n'a jamais été aussi bon que depuis qu'il confère à son cinéma un aspect plus dramatique.
Vu cet après-midi, agréable séance, premier Mouret et j'adhère déjà à son style
LA masterclass de la comédie romantique à sens unique, le film ne mise pas sur le couple libertine - débutant absolu, mais sur le dialogue fluide entre les deux protagonistes tout le long avec des pointes d'humour légères bienvenues.
Petite préférence pour la scène du déménagement qui résume parfaitement la liaison passagère : des regards inassumés, le jeu de séduction de chacun mis à nu, un affront rapidement clos.
Mais là où Mouret est fort c'est qu'il arrive, par la mise en scène, à nous montrer les fissures derrière les discours hédonistes des deux amants. On voit bien, notamment à travers un travelling avant absolument merveilleux sur le visage de Sandrine Kiberlain que quelque chose la trouble... qu'elle n'est pas aussi sereine qu'elle le prétend. Serait-ce de l'amour ? Et la puis la conversation reprend, comme si de rien n'était, mais nous spectateur, on a senti que quelque chose vient de se produire.
Il me semble qu'il y a deux zooms avant pendant le film. Une fois sur Kiberlain, et l'auttre fois sur MacCaigne. On comprend tout à fait ou veut en venir la mise en scène : ils ressentent un brin d'amour. Mais ils sont trop fiers, trop lâches, trop ancrés dans leur existence pour se l'avouer. Rarement une fin aussi culcul-la-praline (les deux personnages amoureux fuyant ensemble mains dans la mains) aura du coup été aussi puissante , et satisfaisante !
J'avais jamais vu de film de Mouret et j'ai bien aimé.
Il y a une super alchimie entre les deux amants. J'ai beaucoup aimé le contraste entre un Macaigne hésitant et timide et une Kiberlain plus extravertie qui sait ce qu'elle veut.
Purée, je suis donc le seul déçu ici.
Le film m'intéressait pas du tout mais vu vos commentaires ça me dit bien d'essayer