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Leila a dédié toute sa vie à ses parents et ses quatre frères. Très touchée par une crise économique sans précédent, la famille croule sous les dettes et se déchire au fur et à mesure de leurs désillusions personnelles. Afin de les sortir de cette situation, Leila élabore un plan : acheter une boutique pour lancer une affaire avec ses frères. Chacun y met toutes ses économies, mais il leur manque un dernier soutien financier. Au même moment et à la surprise de tous, leur père Esmail promet une importante somme d’argent à sa communauté afin d’en devenir le nouveau parrain, la plus haute distinction de la tradition persane. Peu à peu, les actions de chacun de ses membres entrainent la famille au bord de l’implosion…

Pays d'origine : Iran
Langue : persan
Durée : 2h49
Date : 24 août 2022

Et donc.. ce film ?

S'il abandonne la question étatique de la Loi de Téhéran, Roustaee reprend l'impératif du trafiquant : sortir sa famille de la pauvreté.

La répression, habilement mise en scène dans l'introduction, laisse sa place à la tradition iranienne. Ainsi se déroule pendant un peu plus de 2h30 un récit théâtral sans temps mort ni grotesque, avec un équilibre remarquable des genres (tragédie familiale et comédie sociale) et des 3 personnages clés présentés au début (le père, Leila et Alireza).

La condition féminine n'est pas l'élément principal de Leila et ses frères, mais demeure bien plus abouti que dans Les nuits de Mashhad.

Les plus cultivés préfèreront sans doute les pièces originales, je pense que le film vaut le détour si curieux du cinéma iranien diffusé en France. Roustaee s'est démarqué avec son film en incluant des légèretés humoristiques bienvenues là on aurait pu s'attendre à des outrances de fatalisme, les deniers drames sociaux de Farhadi paraissent ringards à côté

la bande-annonce annonce du lourd

je vais le voir samedi

J'ai pas encore assez de recul, mais probablement le meilleur film de l'année pour moi

Le cinéma iranien qui continue de produire des films d'une justesse incroyable dans ses relations humaines, et dans sa vision cynique de la société iranienne

99% des films francais sur ses 20 dernieres années n'arrivent pas à la cheville de ce genre de films

Le personnage de leila est la clé de voute de cette fratrie, dans sa capacité à exposer les non dits, faire une introspection sur toute cette famille malade, cette société malade
Une séance de psychanalyse familiale de 2h40

Dans une société ultra patriarcale, c'est une femme qui a le plus de couille, jusqu'a mettre en danger la réputation de toute sa famille par amour pour ses frères

FIlm qui aborde différents sujets, comme la complexité du concept d'honneur dans les pays musulmans, la solidarité face à la misère, mais aussi des sujets plus universels comme l'amour familial sous différentes formes. Et cette fratrie qui passent le plus clair de son temps à s'engueuler mais avec des liens tres forts

J'ai beaucoup aimé la scène du mariage, avec les frères qui dansent, les regards entre les différentes familles
Et le père qui vit le plus beau jour de sa vie. Ce père à la fois pitoyable, attachant parfois, mais aussi effrayant... Effrayant par son désir d'être reconnu par des gens qui le méprisent, d'avoir son quart d'heure de gloire au détriment de ses propres enfants

Le cinéma iranien qui continue de produire des films d'une justesse incroyable dans ses relations humaines, et dans sa vision cynique de la société iranienne

99% des films francais sur ses 20 dernieres années n'arrivent pas à la cheville de ce genre de films

J'aime pas ce genre de déclaration péremptoire. Toujours se rappeler qu'en réalité c'est 99% de films iraniens qu'on ne verra jamais car destinés au marché local.

Moi je méfie beaucoup de ceux qui déclarent être expert en cinéma de tel pays car ils oublient de dire que c'est le cinéma qu'ils ont eu l'occasion de voir, typiquement celui qui s'exporte.
Ce que tu tu dis sur les films français, t'as évidemment de le droit de penser mais en plus d'être dommage car il y a du très bon chez nous, faut pas non plus oublier que tous les films iraniens, que tu as vu que tu encenses (à raison hein, je te fais pas ce procès) sont pensés pour le marcher occidental, a fortiori la France qui a une appétence pour le cinéma iranien. Il n'y a qu'à voir la place de certains films iraniens dans les grands festivals étrangers.
Pour finir que ça, je rappelerai deux choses : c'est une cinématographie qui est très soutenue par la France soit sous forme d'une coproduction soit avec une aide du cnc (donc par ces 99% de films français que tu conspues) ; ce sont des films qui sont systématiquement censurés en Iran quand ils ne sont tout simplement pas diffusés. Il y a une vague d'arrestation de cinéaste il y a quelques mois pour bien nous le rappeler.

Moi j'ai beaucoup aimé ce film qui a beaucoup de qualité mais qui peut se retrouver à provoquer l'effet inverse de ce qu'il souhaite faire. Par exemple, c'est un film très volubile et où la mise en scène est complètement au service des personnages. On a donc des séquences de dialogues longues et très bien jouées, on retrouve les acteurs de La loi de Téhéran qui ont su prouvé leur solidité. L'auteur évite l'écueil du verbiage car chaque ligne a un sens. Au bout d'un moment, je me suis même dit si j'allais pas prendre note des quelques punchline. Ça m'a beaucoup fait penser aux Raisins de la colère dans la façon qu'a le réalisateur de disséquer cette société. Une des forces des films, mais qui peut décontenancé certains, c'est qu'il va vraiment au bout de son propos. On assiste donc à une longue descente sur 2h40 faite d'à-coup et de sursauts pour bien maintenir la tension. Mais ça en devient frustrant parce que c'est jamais agréable de voir des personnages repoussés les limites de la conneries humaine.

Je le disais, la mise en scène est au second plan sur ce film. On est pas sur le thriller nerveux qu'il avait pondu où ça allait dans tous les sens. En fait le réal revient à son premier film (dispo sur YT avec sous titre) où tout passe par les dialogues. C'était déjà drame familial porté par les mêmes comédiens. Très acerbes sur la société iranienne, la narration n'hésitait pas à nous emmener sur des terrains que le cinéma iranien traite avec pudeur.
Cependant, c'est quand même quelqu'un qui sait se servir d'une caméra. Je prendrai trois séquences en exemple (no spoil tqt) qui démontrent un vrai savoir faire de mise en scène :
Celle à la mosquée au début avec ce travelling latéral.
La dispute à l'hôpital avec un grand angle et les personnages séparés par l'architecture du bâtiment
La dispute à la fin, lors du mariage, dans un cagibi où l'un des protagonistes est littéralement écrasé par la configuration de la pièce.

Pour moi c'est un film à ne pas manquer et qui vaut absolument ses 3 heures à débloquer dans sa semaine. Mais ne vous attendez pas à un La Loi de Téhéran 2. C'est beaucoup moins énervé mais on retrouve ce qui faisait le sel de film : un regard sans fard sur le quotidien.

"J'aime pas ce genre de déclaration péremptoire. Toujours se rappeler qu'en réalité c'est 99% de films iraniens qu'on ne verra jamais car destinés au marché local."

ou est le problème que certains films soient pensés pour le marché occidental ? encore heureux, y'a tellement de différences culturelles entre l'occident et d'autre région , que si on se tapait tous les films chinois, indiens, ou iraniens qui sortent, ca marcherait pas. Et réciproquement

Dans tous les cas, le cinéma francais, un des plus subventionnés du monde nous pond une majorité de merdes, et meme sur notre terrain de prédilection on fait moins bien que des pays qui n'ont pas la meme histoire ciné que nous

Tu réponds à côté mon kheyou. C'est pas ça que je dis. Mais c'est pas grave. Paix sur toi.

Ni Dieu ni zét

Je pensais que la beauté de ce film résiderait dans sa victoire marquée de la spiritualité, mais la défaite est meilleure encore. Le pessimisme est l'absence de salut, c'est frustrant mais sur-puissant, au sein d'un récit embrassant autant la grandeur que le misérable, d'une densité qui colle au semelles, n'ayant besoin d'aucun grand thème pour élever cette famille concassée, qui n'a réellement pour elle ni le cœur ni l'esprit. Vous ne verrez rien d'autre qui met quatre-vingt piges d'histoire familiale dans deux champ/contre-champ entre deux vieillards à un mariage. L'étendue, l'état d'hypnose, de totale captivation est atteint, car si la misère est si belle je peux tenir bien plus que 2H40, tant on est face à un objet autonome, capable d'avant, d'après, où tout tiendra, et où la réussite n'est qu'un mirage - un mirage -, les blanches quittant la voiture, quand tout est rebalancé, que la rationalité devient absurde quand le bon choix devient des chiottes, bref on balance, et il n'y a pas de place pour un authentique romantisme salvateur, la violence c'est jusqu'à la dernière minute.

Je pensais avoir loupé le film mais il passait encore ce matin au UGC des Halles, du coup je suis content. C'était bien.

Et merci Al_Batard pour ta réponse aux âneries du VDD. Je me serais senti obligé de la faire sinon (mais en moins intelligent et en plus grossier).

"J'aime pas ce genre de déclaration péremptoire. Toujours se rappeler qu'en réalité c'est 99% de films iraniens qu'on ne verra jamais car destinés au marché local.

[...]

Très acerbes sur la société iranienne, la narration n'hésitait pas à nous emmener sur des terrains que le cinéma iranien traite avec pudeur."

Typiquement la porte ouverte dont on pouvait se passer puisqu'on finit par remployer cet abus de langage

up, pour annoncer l'arrestation de l'actrice qui joue dans ce film, Taraneh Alidoosti

https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=1000006616.html
https://www.leparisien.fr/international/iran-les-appels-a-liberer-lactrice-taraneh-alidoosti-se-multiplient-19-12-2022-NDMZCONORBGGBEG6T4HM6OXSUM.php

Libérée, pour info - sa détention aura duré 3 semaines : https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=1000008134.html

Et maintenant ils s'en prennent au réalisateur du film.

"Le réalisateur Saeed Roustayi vient d'être condamné à 6 mois de prison par le gouvernement iranien, pour cause de "propagande anti-régime".

Après les puissants #LeïlaEtSesFrères ou #LaLoiDeTéhéran, il ne pourra pas réaliser de films pendant 5 ans !"

https://twitter.com/CineverseOff/status/1691345565219487745?t=bajAPl3cVp_z88_k91h3NQ&s=19

Qu'il vienne faire des films en occident

Je préfère Leila sans ses frères perso, donc ce sera sans moi.