[Perla-Basilique Saint-Pierre- Vatican]
Cet autre jour n'échappait pas à la règle, le même constat se faisait toujours sentir en Italie. Celui d'une situation critique, d'une misère, d'une maladie se propageant dans le sud du pays, un constat pessimiste mais réaliste de désespoir. En effet ce jour n'avait pas échappé à la règle. Les habitants du pays à la forme de botte voyaient le courroux divin perpétuel, tomber sur leurs épaules. Un temps frais, maussade, une pluie incessante. Depuis les événements de la précédente guerre du Graal tout semblait plus triste, plus chaotique et la pluie n'arrangeait rien à cela. Elle s'abattait et s'abattait, si bien qu'elle semblait aussi commune que de voir son facteur, aussi commune que de voir une voiture traverser les rues de la majestueuse Rome. La pluie incessante renforçait le désespoir local. On ne pouvait être sûr qu'il pleuve plus qu'avant le désastre mais c'est ce que ressentait en tout cas les citoyens Italiens …
"- Merci, mon père. Prononça une fidèle."
Outre l'économie ainsi que la population, les hommes de foi se voyaient également grandement impacté par le désastre Italien. Père Antonio faisait partie de l'un d'entre eux. Un fervent religieux, croyant et prêtre du Vatican réputé parmi ses pairs. C'était une autre de ces journées, désormais commune pour lui. Il s'était vu toute la journée accueillir de nombreux fidèles, assez aisés comme de milieux populaires. Malgré son âge avancé, il n'avait pas lésiné sur les moyens et s'appliquait à tous leur adresser ses plus sincères encouragements. Multipliant les versets, paroles vertueuses afin d'aider ses concitoyens. Le vieil homme ne se défilait pas et tentait d'aider par tous les moyens possible les citoyens mais … Au cours d'une nouvelle journée éprouvante, il fléchit …
Le prêtre perdit ses esprits un instant, vacilla et faillit s'écrouler au sol. Heureusement il se reprit in extremis dans sa chute et s'appuya sur une table assez basse de la basilique. On pouvait lire toute la fatigue et la tristesse sur le visage du vieux prêtre. Néanmoins en dépit de sa condition et de son âge, Antonio avait accepté cette tâche donnée par l'Eternel. . . Celle d'être une figure forte et de faire perpétuer l'espoir chez les fidèles. C'est pour cette raison que Père Antonio se releva assez rapidement, esquissant un léger sourire, reprit sa mallette et reprit sa route vers la sortie de la basilique.
"- Seigneur, en ces temps troubles, donne moi la force de continuer à te servir. Il se fait tard maintenant . . .Pensa-t-il en inspectant sa montre "
Père Antonio avait raison, il se faisait tard, très tard. Après avoir inspecté sa montre, mallette en main il positionna sa main sur la poignet de la porte avant qu'il ne soit stupéfait . . . Au même moment, une main frêle empoigna la poignée extérieure avant d'ouvrir l'enceinte sacrée. Une personne de taille moyenne, une femme visiblement s'était vêtue de sa veste pour se couvrir de la pluie incessante. Un léger temps surpris, Père Antonio cherchait à distinguer qui pouvait bien être cette mystérieuse femme. En effet, son visage couvert de sa veste était imperceptible, on pouvait uniquement distinguer sa chevelure brune tombant sur ses épaules. Cette femme avait en sa possession une solide valise et tenait plus fort que tout sa Bible dans l'autre main, son pendentif tombant sur le livre sacré. Quoi qu'il en soit, cette femme était trempée jusqu'à l'os et frissonnait due au froid. L'homme bien élevé qu'était Antonio lui proposa une serviette avant qu'elle ne fasse tomber sa veste protectrice. Il put donc enfin apercevoir le visage de la jeune femme.
"- Ah Perla ! S'exclama le prêtre soulagé. Vous avez suscité beaucoup de peur pour le cœur d'un vieux monsieur comme moi. Continu a-t-il en souriant. C'est plutôt rare de vous voir ici en dehors des enseignements, d'habitude vous possédez un goût prononcé pour les édifices protest...
- Père Antonio . . .Coupa la jeune femme. J'aimerai me confesser.
Lorsque le regard du prêtre croisa celui de la jeune Italienne, il comprit très vite quelque chose. Les yeux verts perçants de la femme pieuse exprimait une multitude d'émotion et sentiments. Un regard exprimant des émotions et sentiments contradictoires comme le doute et la compassion, la détermination ou encore la peur. La talentueuse Perla Verchias bienveillante semblait sérieuse. Et ce regard, l'homme sage qu'était Père Antonio il le connaissait beaucoup trop bien chez les jeunes pousses. Un regard emprunt par la fougue de la jeunesse, naïf, celui de ceux s'apprêtant à faire quelque chose d'insensé . . .
- A l'heure qu'il est, les confessions sont normalement fermées et puis, votre identité ne m'est pas inconnue . . .Hésita-t-il désemparé. Mais . . . puisque c'est vous Perla, allons-y. Ne perdons pas plus de temps, il se fait déjà tard.
La femme pieuse laissa ses affaires à l'entrée de l'enceinte de la basilique et partit se placer dans l'isoloir. On pouvait sentir une atmosphère spéciale. Une crispation ambiante entre ces deux personnes qui se connaissaient bien. Le Père attendait patiemment les dires de la jeune prodige avec une certaine appréhension en tête. Tandis que de son côté, la jeune Verchias empoignait farouchement son collier et semblait rassembler ses idées. Après un certain silence au sein de l'isoloir, elle commença à parler d'une voix douteuse.
- Mon Père . . . Dernièrement, je doute. . . je doute beaucoup. Commença sur un ton calme Perla
Le prêtre de l'autre côté de l'isoloir fut dans un premier temps rassuré. A vrai dire il s'attendait à beaucoup pire comme le fait qu'elle ait rompu certains de ces vœux. Mieux que quiconque, Père Antonio Blanchi avait ce don pour réconforter, encourager et conseiller à l'aide de sa sagesse les fidèles.
- C'est normal et d'autant plus en ces temps troublés, Perla. Encore plus vous qui provenez d'un village directement impacté par la maladie, qui œuvrez chaque jour que Dieu fait pour la sécurité d'autrui. Sous vos airs des fois assez distantes et maladroite, j'ai appris à découvrir une jeune femme à la détermination incroyable. Cette époque est une épreuve que le Seigneur nous a envoyé ! Une épreuve où le rôle de notre Sainte Institution est d'aider le plus possible et de guider avec la Parole nos fidèles. Une épreuve particulièrement difficile mais combien de fois l'Humain s'est-il relevé ? Avec les écrits entre nos mains, soyez-sûre Perla, l'aube verra le jour. Dieu est miséricordieux, dans cette période plus que jamais nous devons revenir à nos fondations, l'Enseignement !
- Justement, mon Père, c'est de l'enseignement, de l'Eglise que je doute.
Les paroles de l'une de ses disciples glacèrent le sang du vieux Antonio. Evidemment tous croyants passent par cette phase de questionnement de sa religion mais . . . Le prêtre connaissait Perla comme une femme pieuse, très pieuse, respectable. Stupéfait, il poussa un léger gémissement mais avait à cœur de laissa continuer la jeune femme.
- Croire . . . Prier . . . Pleurer . . . Attendre un signe divin, je suis las de tout ça, mon Père. Vous le savez mieux que quiconque, après 2016, je passais mes journées, toutes mes nuits à implorer la miséricorde divine. Des nuits qui se transformèrent en semaine voire en mois à pleurer la mort de ma grand-mère, attendre un changement. . . Je sais déjà pertinemment ce que vous me direz, celui de continuer à croire et prier. Que le Dieu miséricordieux entendra un jour mes prières mais personnellement . . . Je vois cela comme un signe, le signe que comme pendant trop longtemps nous sommes restés prier, retranchés dans nos églises plutôt que d'intervenir. Le signe qu'il faut . . . que c'est à moi de provoquer le changement . . .
Déjà désemparé, le prêtre Antonio Blanchi reprit brièvement ses esprits. Seul la séparation de l'isoloir pouvait marquer sa stupéfaction. Outre cela, la situation s'était inversée. Après avoir reprit ses moyens, il reprit également le fil du dialogue et interrogea la jeune femme.
- "Provoquer le changement" ? Perla, vous me faites peur . . . Qu'est-ce que vous entendez au juste par cela ?
Les trous fin de l'isoloir laissèrent entrevoir aussitôt la main gauche présentée par la femme pieuse. Une main gauche prise de rougeurs, d'irritations qui formèrent autour de multiples boutons mais plus que ça . . . Un tatouage rougeâtre ornait la majeure partie de la main de Perla, le tatouage de . . . Un tatouage similaire à un aigle. Pris d'effroi, Père Antonio comprit tout de suite là où l'une de ses disciples voulait en venir et agit en conséquence.
- Perla, enfin ! C'est tout bonnement insensé et vous le savez très bien ..! S'impliquer dans une guerre du Graal . . . Je connais votre valeur, votre don inenseignable et bien que je crois en v...
La femme pieuse coupa une nouvelle fois le prêtre. Une légère larme perla le long de sa joue droite tandis que son regard fixait à travers les trous celui de Père Antonio. Elle affichait en même temps un sourire narquois tout en se mordant la lèvre de colère. Néanmoins ses paroles ne dégageaient aucune haine ni colère, uniquement une déception.
- Non . . . justement Père Antonio, vous n'avez jamais cru en moi. Après le manifestement de ce tatouage, combien de fois j'ai entendu dans les rangs de l'Ordre ces sermons si communs. Des sermons perpétuels que j'ai gravé dans ma mémoire. "Enfin elle est beaucoup trop jeune" "Suite au préjudice du Sud, elle n'est mentalement pas en état" "Perla Verchias est trop faible physiquement" "Elle devrait laisser sa place à quelqu'un de plus qualifié" "Elle n'en est pas digne". Toutes ces remarques, père Antonio, je sais que vous pensez le contraire mais je les ai entendu, je les ai vu. Ces dévisages en pensant que je pourrai être appelé par le Graal . . . C'est insensé, c'est vrai, mais j'irai. En tant que représentante de l'Eglise à ma propre solde, avec mes propres ambitions et mon vœu propre.
- Perla, attendez, vous ne pouvez pas . . ."
Suite aux paroles de la jeune femme, elle sortit immédiatement de l'isoloir avant d'être suivie par Père Antonio. Ce dernier tentant par tous les moyens de la raisonner, agrippa légèrement le bras de la femme pieuse mais fut arrêté. La magicienne chuchota une incantation et l'homme d'Eglise se retrouva … inconscient ! Sa disciple tâcha d'accompagner sa chute et le posa délicatement sur une chaise non loin. Enfin elle se dirigea vers la porte mais fut rattrapée par un dernier regard . . . Celui d'un sentiment, de la raison l'implorant de ne pas mettre sa vie en danger et de rester prier au Vatican. De la raison l'implorant de rester aux côtés de ses proches et amis.
L'Italie, le village D'Ambrosio, le Vatican, l'Eglise, avec un simple regard vers l'arrière, Perla voyait tout. Sans garantie ni assurance de revenir sain et sauve de la guerre, elle franchit le seuil de la basilique. Symbolique de sa nouvelle aventure et de la nouvelle étape à affronter, l'invocation de son Servant.
La jeune femme repartit comme elle arriva. De nuit, sous la pluie incessante, veste sur la tête, valise et Bible dans la main droite mais avec cette fois-ci les idées claires.