Dans le cadre des discussions budgétaires, le gouvernement a annoncé une hausse de 5,2 % des retraites du régime général pour l'année prochaine. C'est la quatrième revalorisation en deux ans.
Certes, les textes de loi stipulent que les retraites doivent suivre l'inflation, mais, comme ce sont des dépenses sociales, l'arbitrage ultime revient au gouvernement. Il peut très bien choisir de les surindexer ou de les sous-indexer, comme il l'a d'ailleurs déjà fait en 2019. C'est donc une décision éminemment politique.
Elle interpelle à plusieurs égards. Elle représente une facture de 14 milliards d'euros que les actifs vont, d'une manière ou d'une autre, devoir régler alors qu'ils subissent déjà des niveaux de cotisation qu'aucune autre génération d'actifs n'a connus.
Pression sur les actifs
Ils sacrifient actuellement près d'un tiers de leur salaire tous les mois pour financer les pensions du nombre record de retraités que compte aujourd'hui la France. Quand eux sont entrés sur le marché du travail, la solidarité intergénérationnelle était pratiquement indolore pour les actifs : les aînés étaient peu nombreux, partaient plus tardivement à la retraite et vivaient moins longtemps qu'aujourd'hui.
Depuis, la bosse démographique des baby-boomers a remonté, et déformé, la pyramide des âges. Nous comptons aujourd'hui 18 millions de retraités qui seront 23 millions en 2060. Comme l'illustre le taux de récupération décroissant du régime de retraite, cette génération n'a pas assez cotisé pour compenser le poids démographique de sa taille et de sa longévité. Avec toujours moins d'actifs pour financer toujours plus de retraités, la pression s'accroît comme jamais sur les premiers.
Rapport économique inversé
Le déséquilibre démographique est devenu tellement fort qu'il a inversé les rapports économiques entre les âges. Les rapports du Conseil d'orientation des retraites montrent que nous sommes dans une situation exceptionnelle d'un point de vue historique et international : nos retraités bénéficient à présent d'un niveau de vie moyen supérieur à celui des actifs.
L'inverse avait jusqu'ici toujours été la norme. Autrement dit : les bénéficiaires de la protection sociale sont désormais en moyenne plus riches que ses contributeurs. Plutôt que de chercher à tempérer cet écart, et à défaut d'oeuvrer à le corriger, le gouvernement fait pile l'inverse en choisissant de protéger de l'inflation le revenu des retraités au détriment de celui des actifs, qui s'appauvrissent d'autant plus que leurs propres revenus sont érodés par une inflation augmentant plus vite que les salaires.
Un choix plus juste et courageux aurait été de désindexer les retraites pour donner la priorité à la jeunesse, aux salaires et à la valeur travail. Même si les retraités ont un taux de pauvreté inférieur au reste de la population, une telle décision ne peut être prise sans considération pour les 10 % de retraités pauvres.
Les dispositifs d'aide existent, ils peuvent être renforcés. D'ailleurs, la récente réforme des retraites, qui demande des efforts supplémentaires aux actifs, a ouvert des droits nouveaux pour les retraités, dont ils ont pu bénéficier dès cette rentrée avec une forte revalorisation de la retraite minimale.
Par ailleurs, l'Aspa, ex-minimum vieillesse, disponible sans condition de cotisation à tous les plus de 65 ans, a augmenté de 20 % depuis 2017 et est aujourd'hui supérieur de 60 % au RSA.
Elections européennes
Sans oublier que les soins dentaires, optiques et auditifs sont désormais remboursés à 100 %, une décision qui avait été prise en 2018 pour faire passer la pilule de la hausse de la CSG, hausse qui avait finalement été annulée pour les retraités, pas pour les actifs, le trop-perçu ayant même été intégralement remboursé à quelques semaines des élections européennes de 2019.
Effective le 1er janvier 2024, à quelques mois seulement des prochaines élections européennes, le timing de cette nouvelle hausse des retraites n'est pas anodin. La question posée est celle de l'équité intergénérationnelle dans un pays vieillissant où les écarts entre les âges se creusent dangereusement. Elle implique de choisir son horizon politique, de donner la priorité à la prochaine élection ou à la prochaine génération.
![[Magean]](https://image.jeuxvideo.com/avatars/0/magean_-1359572454-b.jpg){kind=avatar}
Après on peut trouver (je dis pas que c'est mon avis) qu'on taxe pas de façon juste, qu'il faudrait que certains contribuent plus pour en demander moins à d'autres mais quand on taxe la moitié de la richesse produite notre déficit n'est pas un problème de recette. Le problème c'est les dépenses.
:
