Chapitre 3 :
- Que s’est-il passé bon sang ? Fulmina-Samus en tapant du pied.
Un bruit l’interpella lorsque son pied tapa contre ce caillou géant, comme un bruit d’eau. Lorsqu’elle releva sa jambe, elle s’aperçut qu’elle venait de s’éclabousser dans une petite flaque de sang. A qui appartenait-t-il ? Ce n’était pas le sien. Mais alors qu’elle s’apprêta à se retourner, un cri de rage s’éleva comme un écho dans son dos. Samus n’était pas toute seule.
Le temps semblait s’être suspendu. Tout se passa au ralenti. Samus aperçut Corrin, épée en main pointée vers le haut, foncer droit devant elle. Elle avait le visage rouge de colère et de grosses larmes perlaient au coin de ses joues. Une flamme meurtrière brûlait dans son regard. Une fraction de seconde plus tard et Samus posa ses yeux au sol. Ce qu’elle y vit provoqua en elle des sentiments contradictoires. Syana était étendue au sol, dans une mare de sang : son bras gauche avait été arraché on-ne-sait-où. Elle paraissait vivante, mais la mort la guettait. Samus comprit alors : Corrin allait la tuer. Sans réfléchir, instinctivement, la mercenaire dégaina son blaster paralysant et tira tout droit vers son ancienne amie. Le choc provoqué par ce tir fit convulser la noble. Elle lâcha son épée et s’écroula au sol. Aussitôt, Samus passa par-dessus une Syana presque morte et récupéra l’épée de Corrin. Lorsqu’elle celle-ci fut sortie de sa paralysie temporaire, toujours par terre, elle jeta un regard noir vers la mercenaire.
- Pourquoi as-tu fait ça ? S’écria-t-elle, enragée.
- Elle est désarmée, elle ne peut pas se battre … Elle ne peut plus se battre, déclara-Samus après une brève pause.
Son regard se posa une nouvelle fois sur sa pire ennemie, haletant de plus en plus. Quant à Corrin, elle se mordit la lèvre jusqu’à sang. Elle détourna la tête sur le côté comme pour cacher ses larmes. Puis, elle serra férocement le poing pour le taper sur le caillou sur laquelle elle était.
- Elle a tué mes frères … Lâcha-t-elle, totalement brisée.
Samus se doutait bien que sa présence à l’entrepôt n’était pas du au hasard. Perspicace, elle comprit alors que Syana avait du la forcer à coopérer. Au fond d’elle, la mercenaire était furieuse que son amie ait pu commettre de tels actes, la jugeant un peu faible mais avec du recul, elle ne pouvait avoir que pitié d’elle. Et en parlant de pitié, Samus en ressentait également pour Syana. L’attaque dévastatrice de Palutena qui les avaient placées toutes les trois ici lui avait arraché son bras. Elle avait beau la haïr, Samus refusait qu’on la tue ainsi, c’était déloyal et ce en dépit des atrocités qu’elle a pu commettre. Elle ne pouvait pas non plus la regarder mourir comme cela. Il fallait la soigner. La mercenaire prit l’épée de Corrin en main et se dirigea vers elle afin de lui couper sa longue cape malgré les protestations étouffées de cette dernière qui resta dans son coin, sa tête emmitouflée dans ses genoux. Puis, Samus s’abaissa vers Syana et s’apprêta à lui faire un bandage. Toutefois, la meurtrière, pas encore morte, propulsa sa rivale au loin par la force de ses pieds. La faible gravité de cette dimension la fit s’élever dans les airs et manqua de la faire tomber dans le vide, le rocher flottant étant plutôt petit. Samus se releva néanmoins rapidement se revint à la charge.
- Ne bouge pas ! Lui cria-t-elle dessus.
- Je n’ai pas besoin d’aide ! Et encore moins de la tienne ! Grinça-t-elle entre ses dents.
- Quelle idiote tu fais, c’est pas croyable, fulmina-Samus, exaspérée.
- Je n’ai pas besoin d’être soignée ! Hurla-Syana de plus belle.
Mais pour la mercenaire, c’était trop. Elle ne pouvait pas l’entendre une seconde de plus. Tout comme Corrin, elle pointa son blaster vers elle et lui tira dessus. La meurtrière fut alors paralysée. Sa méthode peu orthodoxe avait au moins le mérite d’être efficace : puisque Syana ne pouvait plus bouger, Samus pouvait lui faire un bandage. Et à peine le fit-elle qu’il était déjà induit de sang. La jeune femme devait utiliser plusieurs tissus qu’elle arrachait à la lancière ou à elle-même afin que le saignement se stoppe. Elle la soigna pendant dix minutes environ. Bien évidemment, Syana était consciente durant ce laps de temps, le tir paralysant n’avait plus effet. Cette dernière était bien trop faible pour contester quoique ce soit et puis, au fond d’elle, Syana voulait se faire soigner. La lancière avait une attitude très étrange depuis son arrivée à l’entrepôt et elle commençait à le réaliser. Pourquoi s’était-elle présentée face aux candidats alors qu’elle aurait très bien pu prendre la cassette et partir ? Cassette qui, soit dit en passant, était tombée de sa poche sans qu’elle ne le sache encore. La vérité était qu’elle voulait qu’on l’arrête ; elle commençait à discerner le mal du bien. Lorsque son état se stabilisa, Samus tomba presque à la renverse, épuisée. Son corps tout entier était maculé de sang. Elle leva alors la tête vers le ciel, tentant de reprendre son souffle tout en se demandant si sauver la vie d’une femme aussi dangereuse que Syana était une bonne idée après tout.
- Nous ne sommes pas dans l’espace, note-t-elle en tant que connaisseuse, mais alors … Où sommes-nous ?
En effet, cet environnement n’avait rien à avoir avec l’espace que Samus connaissait si bien, même s’il partageait quelques similitudes. En réalité, les trois femmes étaient prises au piège dans une dimension parallèle à la leur. Dans celle-ci se trouvait d’immenses rochers flottants qui ne semblaient pas soumis à la loi de la gravité qui était d’ailleurs très faible ici, bien que présente. Le décor était à couper de souffle et Samus aurait même pu oublier le temps d’un instant qu’elle était emprisonnée ici : le ciel était violet et parsemé d’éclats bleutés. La jeune femme tourna la tête et aperçut à l’horizon quelque chose qui l’interpella. Au loin, il semblait y avoir comme une pluie d’astéroïdes mais c’était à peine perceptible. C’était à peine visible et très éloigné mais …
- Cela se dirige-t-il … vers nous ? Se questionna-Samus dans ses pensées.
Elle réalisa alors qu’à première vue … Il n’y avait aucune sortie possible et qu’elle était peut-être piégée ici pour l’éternité avec deux meurtrières, une blessée et l’autre brisée. Au même moment, perdue dans ses pensées, Samus se sentit comme … habitée. Tout son corps se raidit et ses yeux s’ouvrirent en grand. C’était une sensation qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant : quelqu’un rentrait en contact psychique avec elle.
- **
- A-t-elle réussi à entrer en contact avec elle ?
- Je ne sais pas, elle a l’air endormie …
Dans la mairie de Smahville, cinq protagonistes aux destins différents s’étaient réunis. Après avoir découvert les trois cadavres des candidats, le petit groupe est rentré au « QG ». Viridi était totalement effondrée en voyant le corps sans vie de son amie. Luigi et Léopoldine l’étaient tout autant ; leurs camarades et amis étaient décédés eux aussi. Toutefois, aucune trace des trois autres femmes, il semblerait qu’elles avaient disparu. En dépit de son profond désarroi, dans un éclair de lucidité, Viridi avait émis l’hypothèse que Palutena les avaient envoyé dans une dimension parallèle. Dydain avait alors ordonné qu’ils rentrent tous à Smashville afin de faire le point, ayant une idée en tête. Entre temps, Mario les avaient quitté, prétextant qu’il devait rejoindre son royaume au plus vite vu son absence prolongée, laissant ainsi Luigi seul. Etant revenus de leur « voyage », le maire avait demandé à Viridi si elle était capable de communiquer avec Samus. La déesse de la nature avait dans un premier temps hésité dans sa tristesse, proclamant le fait qu’elle ne pouvait le faire qu’avec ses semblables et que puisqu’elle n’avait jamais rencontré Samus, cela pouvait s’avérer ardu voire irréalisable. Cependant, Viridi dit par la suite qu’elle pouvait toutefois essayer de la repérer en localisant d’abord la dimension dans laquelle elle et les autres étaient emprisonnées.
Léopoldine et Luigi la regardaient, anxieux. Elle représentait leur seul espoir de ramener Samus parmi eux. De son côté, Dydain était debout, fixant non pas Viridi mais l’écran plasma qui lui faisait face. C’étaient les infos qui montraient la personne ayant assassiné le précédent Empereur et pris sa place sur le trône royal. XXXX avait annoncé pas plus tard qu’hier qu’une nouvelle édition d’Illusion Game allait être diffusée juste après que celle-ci soit terminée (à l’heure où Dydain regardait l’émission, le pauvre Arti n’allait pas tarder à mourir). Cela le glaça le sang ; il avait déjà réussi à rompre ce cycle de violence une fois, allait-il le briser à nouveau et pour toujours ? Luigi et Léopoldine arrivèrent derrière lui, n’osant même pas voir la tête de XXXX à l’écran. Ils paraissaient comme compatissants envers Dydain, ils n’aimaient pas le voir anxieux, il était leur leader après tout. Ce dernier se retourna vers eux.
- Je vais recommencer … Je vais arrêter Illusion Game … Déclara-t-il la voix serrée. Mais le temps me manque et Samus n’est toujours pas revenue. Il me faut aussi rassembler les miens. Sauf que la prochaine saison sera déjà commencée … Je ne peux rien faire pour éviter cette saison de se produire …
Dydain baissa tristement la tête. Un plan commençait à se dresser dans sa tête : obtenir toute l’aide qu’il pouvait avoir, notamment en faisant appel à ses anciens camarades. Mais le temps qu’il fasse tout cela, il y aura une autre saison d’Illusion Game … Léopoldine s’avança un peu plus de Dydain et leva son regard vers lui. Elle lui offrit un petit sourire faible.
- Que comptez-vous faire Dydain ? Lui demanda-t-elle alors.
Le maire baissa une dernière fois la tête avant de la relever fièrement. Ses yeux disaient tout autre chose qu’il y a trente secondes. Il avait l’air … Combattif. Le héros d’Illusion Game était déterminé à aller jusqu’au bout de sa quête. Il était plus motivé que jamais. Et pour cause, Dydain avait un nouvel objectif. Calmement, il déclara :
- Je deviendrai le prochain Empereur.