La salle du Conseil était remplie d’une énergie néfaste. Lucina, assise à sa place habituelle, tapota frénétiquement ses doigts contre la table en bois. Elle ne put s’empêcher de repenser à ces dernières vingt-quatre heures. Tout était passé si vite. La veille, après les révélations de Joker au sujet de Falcon, il avait été question de prendre une décision radicale mais la reine, souffrante, s’en était remise à son amie et à sa protectrice : Samus. Après une longue réflexion, celle-ci avait décidé qu’il était plus prudent de dissoudre le Conseil afin de stopper Falcon et de lui mettre des bâtons dans les roues. Il y avait déjà eu bien trop de morts ; placer un espion au sein de son organisation ne pouvait pas être une bonne idée. Lucina avait alors approuvé.
Aujourd’hui, la reine allait mettre son plan à exécution. Après la réunion, elle annoncerait à ses collègues qu’elle les relèverait de leurs fonctions pour une durée indéterminée. Néanmoins, ils n’étaient pas tous présents, seules les femmes du Conseil étaient à l’heure. Il manquait Falcon et bien évidemment, Kamui, toujours enfermé dans les cachots et de toute manière, il ne regagnerait jamais son statut de conseiller.
En réalité, Lucina était anxieuse non pas à cause du silence qu’Yña et Corrin instauraient inconsciemment ou non, mais à cause du retard de Falcon. De tous, il était le plus à cheval sur la ponctualité. Ce n’était pas normal. Et s’il préparait quelque chose ? Débarquerait-il pour toutes les assassiner ? Et au contraire si ce n’était pas le cas et qu’il arrivait comme si de rien n’était, comment Lucina était-elle supposée réagir ? Elle allait devoir jouer une sorte de pièce de théâtre afin de masquer toutes les stratégies mises en place.
Soudain, Dame Yña vint briser le silence en tapotant sa canne contre le sol dallé.
- Mon enfant, l’interpella-t-elle doucement, que diriez-vous d’une promenade dans les jardins royaux, vous et moi, lorsque nos emplois du temps nous le permettront ?
Lucina fut surprise de l’entendre prendre la parole. Elle la jaugea du regard quelques instants avant de hocher la tête, affublée d’un faux sourire. Elle aurait aimé vouloir se promener à ses côtés comme elles avaient l’habitude de le faire auparavant, mais plus maintenant. Hier soir, Phila était venue la voir pour lui informer de sa découverte : un téléporteur reliant les canalisations du château d’Hyrule à l’auberge de Dame Yña. Etait-elle au courant ? Etait-elle de mèche avec Captain Falcon ? Lucina ne savait plus quoi en penser. Elle était véritablement perdue. Quant à Corrin, la reine n’avait aucune opinion sur elle. Sa conseillère ne lui avait pas décroché un seul mot depuis la fin du bal ou plutôt depuis l’arrestation de son frère. Et ce reniflement de nez qu’elle avait volontairement exprimé lorsque la doyenne prit la parole … Etait-ce de la jalousie à son égard ? A cet instant précis, Lucina ne se sentait plus en sécurité.
Au même moment, un bruit fracassant vint perturber le calme ambiant de la pièce. Les portes de la salle du Conseil venaient de s’ouvrir brutalement. Alertée, Lucina bondit hors de sa chaise et avait quelque peu dégainé son épée sans pour autant la sortir de son fourreau. Elle était totalement paniquée. C’était Falcon mais il n’avait pas l’air menaçant, juste contrarié.
- C’est un scandale ! S’écria-t-il, un journal à la main.
Ne remarquant même pas que sa reine avait une main posée sur son pommeau, le conseiller véreux s’assit rapidement à sa place. Lucina quant à elle, fit de même, le souffle court. Elle croyait vraiment que Falcon venait de débarquer pour la tuer. Corrin, tout aussi surprise que la reine, exprima son mécontentement.
- Que nous vaut ce raffut ? Demanda-t-elle, profondément agacée par son collègue.
- Demande à ton beau-frère, répliqua-Falcon, en colère.
- Claude ?
Le conseiller agita devant lui le journal qu’il avait en mains. Il l’ouvrit si violemment qu’il faillit en arracher toutes les pages.
- Je vous le dis depuis des semaines : l’alliance de Leicester ne laisse filtrer aucune information hors de son territoire. Mais ce matin, grâce à un contact, j’ai enfin réussi à me procurer un journal de la capitale, Derdriu. Il est daté de la semaine dernière, expliqua-t-il, énervé.
Lucina était particulièrement attentive aux dires de son collègue pour la simple et bonne raison que Claude était une personne qui l’intriguait énormément. Il émanait de cet homme une aura particulière qui oscillait entre la bienveillance et le mystère. Il lui avait fait une forte impression avant-hier soir. La reine se demanda si cette affinité inexpliquée avec Claude était due à la ressemblance de son nom avec celui de Cloud, deux prénoms très similaires ayant une prononciation différente en fonction du territoire. Lucina s’étonna de se faire cette remarque.
Enfin, Falcon, après avoir sorti pour la première fois des petites lunettes noires, approcha le journal près de son visage et en lut un article.
- « C’est désormais officiel : l’alliance de Leicester n’est plus ! Après des accords passés entre l’impératrice Edelgard et le dirigeant Claude, l’indépendance pleine et totale a été déclarée pour le pays. De ce fait, l’alliance de Leicester devient dès aujourd’hui « la République de Leicester ». Ce tout nouveau système gouvernemental défini comme étant « démocratique » selon Claude, est une grande première dans le continent. Claude a quant à lui renoncé à ses droits pour les transmettre à son bras droit, Byleth, devenant ainsi le tout premier Président du pays. De nouvelles mesures devraient prochainement voir le jour, comme l’arrivée d’hommes et femmes d’affaires s’occupant d’un domaine en particulier, appelés « ministres » mais aussi des vo-- »
Le conseiller fut interrompu par un nouveau fracassement de portes. Lucina sursauta pour la seconde fois, tout comme l’ensemble du Conseil. Devant le seuil se trouvait Claude, esquissant un petit sourire. Il était vêtu de jaune et d’or, comme d’habitude. Sans demander l’autorisation il entra d’un pas joyeux, comme s’il sautillait sur place. Corrin, véritablement agacée, protesta contre ces deux arrivées fracassantes successives. L’intrus quant à lui, se permit de toucher de bout des doigts les chaises occupées de la pièce.
- Bonjour à tous, les salua-t-il ironiquement.
Claude adressa à Lucina un bref hochement de tête tout en la saluant par son propre nom ce qui dérangea les conseillers.
- On peut savoir ce que vous faîtes ici ? Râla-Corrin, son visage posé contre son poing renfermé. Vous n’êtes aucunement autorisé à pénétrer en ces lieux.
- Belle-sœur, quel plaisir de vous revoir, lui lança-Claude d’un clin d’œil qui sonna faux.
Plus qu’hautaine, la jeune noble effectua un mouvement de tête tout en grâce, détournant ainsi le regard. Lucina était quant à elle un peu sous le choc de cette entrée. Par réflexe, elle s’était levée d’un bond, une main sur son ventre arrondi. Elle s’étonna d’avoir pris le réflexe de protéger son ventre. Elle se rassit en douceur. D’un bref coup d’œil, Lucina inspecta la réaction d’Yña. Son visage était figé mais sa main était fermement cramponnée à sa canne ; encore un peu plus et elle briserait le pommeau en cristal. Lucina ne l’avait jamais vue ainsi. Et alors qu’elle s’apprêta à demander des explications à Claude, elle aussi un peu ennuyée de sa venue, Falcon intervint.
- Qu’est-ce que c’est « ça » ?! L’interrogea-t-il en lui montrant le journal qu’il avait dans les mains.
Comme si on l’y avait autorisé, Claude s’installa confortablement à la place vide de son mari, Kamui. Il étala ses deux grandes jambes sur la table, faisant valser quelques feuilles ici et là. Puis, après avoir placé ses bras derrière la tête, Claude observa le papier qu’on lui tendit.
- « Ça » c’est un journal, le taquina-t-il dans un petit rire.
- Arrêtez de vous foutre de moi ! Fulmina-Falcon en tapant des poings sur la table. C’est quoi cette histoire de république ? Et pourquoi nous l’avoir caché ?! Répondez !
Claude soupira comme s’il avait bien trop d’air dans les poumons. Le comportement du quadragénaire l’agaçait au plus haut point et il le faisait bien savoir, tout en gardant son sourire charmeur. Faussement fatigué, il s’étira en baillant puis il se décida à tout leur raconter.
- J’ai instauré une démocratie dans mon pays, commença-t-il d’un ton un peu plus sérieux. C’est un système gouvernemental donnant le pouvoir au peuple. Toutes les plus grandes décisions au sujet de l’avenir de Leicester seront dorénavant prises par le peuple tout entier ; la majorité l’emportera.
- Le peuple ? Cracha-presque Falcon oubliant un instant qui il représentait.
- Le peuple ? Répéta en même temps Corrin, choquée voire dégoûtée.
- Le peuple, conclut-Claude, amusé. Et c’est ce même peuple qui choisira son nouveau dirigeant une fois que Byleth, mon ancien bras droit, aura fini son mandat d’une durée encore incertaine.
- Êtes-vous en train de nous dire que vous avez abandonné tous vous pouvoirs royaux pour les reléguer à votre second qui lui aussi viendra à être remplacé à l’avenir et ainsi de suite ? Reformula-Falcon, perturbé. De ma vie je n’ai jamais vu une telle bêtise, une telle stupidité !
Cette remarque sembla réjouir le concerné. Visiblement, Claude aimait provoquer, il aimait être le centre de l’attention. Il expliqua ensuite que ce choix a été fait en commun accord avec l’impératrice voisine, après que celle-ci ait reconnu le déclin grandissant et menaçant de Leicester. Avec Claude, ils avaient donc décidé de signer l’indépendance pour Leicester, permettant ainsi à son dirigeant de construire son propre régime politique.
Alors qu’on l’avait pas du tout entendu depuis l’arrivée de cet intrus, Dame Yña frappa sévèrement sa canne contre le sol. Son regard avait changé, il n’était plus aussi doux qu’avant. Il en était presque mauvais. Ses petits yeux noirs, en amande, fixèrent Claude.
- Pourquoi ? Demanda-t-elle simplement.
Claude attendait cette question. Il eut un petit rire suffisant avant de se tourner vers Lucina. Surprise, la reine haussa les sourcils, ne réalisant toujours pas pleinement ce qui était en train de se passer.
- J’ai une proposition à vous faire.
- Je vous écoute ? Fit-Lucina, très intriguée.
- Permettez-moi de vous épauler en tant que votre nouveau vassal, je saurai vous assister et vous protéger, se proposa-t-il toujours tout sourire.
Le Conseil retint son souffle. Cette requête était pour le moins inattendue. Puis, lorsque tout le monde ici présent comprit ce que venait de dire Claude, il y eut une tension presque palpable. Furieux, Falcon bondit de sa chaise.
- Vous ? Vassal ? Et puis quoi encore, prenez la place de votre époux tant que vous y êtes ! Lui asséna-t-il.
- Oh non, sans façon, déclina-poliment Claude. Ce poste ne m’intéresse guère.
- Nous vous exclurions, de la même façon que nous avons exclu Philadelphia, le menaça-Corrin, contrariée.
- Au risque de vous surprendre, ma belle-sœur, je connais vos lois conservatrices. Un délai de trente jours est accordé au vassal du dirigeant d’Hyrule pour faire ses preuves, après quoi, les membres du Conseil restreint peuvent le destituer de ses fonctions uniquement si celui-ci représente un danger pour le royaume. Or, je vous rassure, je ne cherche nullement à nuire à Hyrule.
- Et quand bien même si notre reine acceptait votre offre farfelue, intervint-Yña étrangement crispée, vous ne seriez que vassal suppléant, ce qu’était Philadelphia ; le véritable vassal, Link, s’étant absenté.
- Peut-être n’ai-je pas été clair ? S’interrogea-Claude, arquant les sourcils. Je ne me propose pas pour le poste vacant, je souhaiterais prendre la place de ce Link.
La situation tournait au ridicule. Consternés, les trois membres du Conseil exprimèrent tous un profond mépris à leur manière. Falcon râla de plus belle, Corrin plaqua doucement sa main contre son visage et enfin, Yña secoua nerveusement la tête. Ils étaient tous les trois affolés de voir qu’une telle personne pouvait se comporter ainsi. Claude, quant à lui, s’amusait de cette scène. Il avait réponse à tout, il contrecarrait absolument tout ce que pouvait lui envoyer ses détracteurs, comme s’il avait réfléchi à ça pendant des heures et des heures, anticipant chaque prise de parole.
Lucina, en observant les réactions de ses collègues, eut la même sensation qu’à chaque réunion, celle d’être invisible. Elle avait beau être respectée, elle avait beau être la décisionnaire majeure de chaque choix faits en ces lieux ou presque, elle avait encore l’impression de ne pas être prise au sérieux, un peu comme si elle n’était qu’une marionnette. Même Claude, fraichement débarqué ici avec sa proposition vraisemblablement mûrement réfléchie, lui faisait aussi cet effet.
Soudain, dans un profond soupir, Dame Yña se leva péniblement de sa chaise. Elle ne fixa plus Claude mais Lucina. Cette dernière ne l’avait jamais vue ainsi. La vieille femme était très différente de d’habitude, c’en était presque angoissant.
- Je vous en conjure mon enfant, refusez cette offre, la somma-t-elle, légèrement désespérée.
Falcon et Corrin imitèrent le même regard dur de la doyenne, signifiant qu’ils étaient du même avis qu’elle. Claude quant à lui, s’avança dans son fauteuil et plaça ses deux coudes sur la table, plissant ses petits yeux vers la reine.
- Alors Lucina ? A qui accorderez-vous votre confiance ?
En entendant cette question, la jeune femme rit en son for intérieur. Les récents événements lui avaient prouvé qu’elle ne pouvait faire confiance à personne à la cour. Il y avait tout de même quelques exceptions : sa famille, Lissa, ses amies Samus et Philadelphia et dans une moindre mesure ses associés, Layton, Joker et Azura. Et puis, elle avait confiance en Cloud, bien évidemment et ce malgré leur récente rupture. Mais parmi les quatre personnes qui lui faisaient face actuellement, il était impossible pour Lucina de déterminer précisément à qui pouvait-elle faire confiance et à qui ne pouvait-elle pas.
Elle réfléchit longuement à la proposition saugrenue de Claude. Quoiqu’elle choisît, Lucina allait de toute manière dissoudre le Conseil juste après avoir rendu cette décision, cela n’affecterait pas le potentiel nouveau rôle de Claude, un vassal n’étant pas vraiment un membre du Conseil à part entière. Un roi ou une reine pouvait choisir n’importe qui pour être son bras droit et Claude n’étant plus le dirigeant de son propre pays, semblait être le candidat idéal. Mais Lucina allait-elle pour autant transmettre le poste de Link à un parfait inconnu ?
Face à tous ces regards insistants, Lucina devrait prendre rapidement une décision.
Qu’allait-elle choisir ?
A) Nommer Claude comme nouveau vassal.
B) Refuser la proposition de Claude.
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Voilà ! 
Un chapitre présentant Tifa, nouveau personnage secondaire/tertiaire et un gros focus sur Claude ! 
Le choix de fin revient à DMK, mais vous pouvez bien entendu partager vos avis et vos hypothèses, comme d'habitude !
Comme l'a annoncé Azura, les choses vont drastiquement s'accélérer ... 
On arrive à la moitié de la fiction, les chapitres 35 et 36 débuteront des événements majeurs et sans précédent pour les deux arcs. Après une trentaine de chapitres, on va "enfin" rentrer dans le coeur de l'histoire ! J'ai vraiment hâte de vous montrer ça ! 
Merci d'avoir lu ! 
Alors ça je ne l'avais pas vu venir !
Depuis le départ, le mari de Kamui est, à titre personnel, un personnage que j'aime bcp et que j'ai hâte d'écrire ; et le fait que ce soit Claude colle parfaitement à ce type de personnage. Je suis persuadé que tu l'apprécieras ! 
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