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2023 (S6), Chapitre 47 (n°255) : N1K1 K0FL3R
Jeudi 26 octobre 2023, Circuito Hermanos Rodriguez, Mexico
Pour mon arrivée au Mexique ce jeudi, j’ai la mine fermée. La mine des jours où il ne faut pas essayer de rigoler avec moi car je ne suis pas très réceptif. Je n’ai toujours pas digéré ce couac texan et, depuis dimanche, je ne vaux pas grand-chose, c’est certain. Mes proches essaient de me rassurer, de me consoler, mais l’amertume de mon raté est encore là, en travers de ma gorge. Je n’aurai pas dû laisser filer cette victoire, encore moins face à mes deux adversaires directs. Sauf que ce qui est fait est fait et ma priorité, désormais, c’est de résorber ce gouffre qui me sépare de la tête du championnat : dix-neuf points.
Journaliste : Niki, on vous a quitté un peu frustré après le Grand Prix des Etats-Unis...Quel est l’état d’esprit en arrivant ici à Mexico ?
Niki : Je vais me battre comme un beau diable, je vais faire ce que je peux avec les armes que j’ai. Tant que rien n’est mathématiquement fini il reste une chance alors je dois m’assurer de pouvoir la prendre si elle se présente.
Journaliste : Comment est-ce que vous vous êtes remobilisé après votre déception du week-end dernier ? Est-ce que vous avez eu une sorte de “gueule de bois” au réveil lundi ?
Niki : Je suis un sportif, je sais ce que c’est que de gagner mais je sais aussi ce que c’est de perdre, fort heureusement. Je garde encore le dernier Grand Prix en tête et vous faites un très bon boulot pour me le rappeler alors je n’ai pas complètement tourné la page, cependant je suis concentré sur ce qui va arriver ce week-end.
Journaliste : Pensez-vous que l’écurie pourrait vous demander d’aider Sebastian ?
Niki : Ils ne le feront pas. Ou alors ils le feront et vous entendrez des jolis bruits à la radio. (rires) Ca ne devrait pas arriver tout le temps que nous sommes encore tous les deux en lice pour le titre. Sebastian le sait depuis 2010 : dès lors qu’une équipe a deux pilotes encore en course pour le championnat, elle ne doit pas en favoriser l’un au détriment de l’autre car si, au final, le second fait une meilleure fin de saison et que les deux échouent pour quelques points, c’est l’équipe toute entière qui passera pour une bande d'incapables et personne ne veut ça. Si quelqu’un doit avoir des responsabilités de l’échec, il vaudrait mieux que ça soit nous, pilotes, plutôt que l’équipe, sinon ça pourrait faire du bruit.
Ce n’était pas ma meilleure prestation micro en main, certainement la nervosité, mais je n’avais pas réellement envie de trop m’étendre en conférence de presse. Ce week-end plus que jamais, je dois gagner et rien d’autre. Ce ne sont pas mes déclarations de conférence de presse qui me relanceront dans la course.
Dimanche 29 octobre 2023, Circuito Hermanos Rodriguez, Mexico
La machine est lancée et personne ne pourra l’arrêter. Depuis que je suis monté dans ma voiture vendredi pour les essais libres, je suis entré dans une phase de concentration extrême ; peut-être celle-ci arrive trop tard mais, en tout cas, une chose est sûre : j’obtiendrai vraisemblablement le meilleur résultat possible ce week-end à Mexico car je suis au maximum de mes capacités dans tous les domaines. Chaque millimètre de piste, chaque seconde d’angle de braquage, chaque millinewton exercé sur la pédale de droite en sortie de virage, tout est optimisé.
D’ordinaire, dans un week-end de course, je me laisse aller à des distractions, quelques moments “off” où je fais l’imbécile avec Luca Ghiotto ou Nyck de Vries mais, cette fois, rien de tout ça. Je suis dans ma bulle et personne ne m’en fera sortir. J’ai déjà suffisamment de regrets d’avoir laissé échapper des points bêtement, je ne veux pas repartir d’ici avec des unités supplémentaires gaspillées, pas une seule. L’animation du paddock en prévision du jour des morts bat son plein mais je ne suis pas vraiment dans le thème, si ce n’est que j’ai tué le chrono hier en signant la pole pour plus de trois dixièmes. Seb me suit à la deuxième place et Russell, initialement crédité du sixième temps, partira cinquième après que McLaren a dû “malheureusement” changer une boite “défaillante” sur la voiture de de Vries, qui s’était qualifié juste devant son équipier.
Grille de départ :
1 Kofler (AUD) 2 Vettel (AUD)
3 Vandoorne (REN) 4 Gasly (REN)
5 Russell (MCL) 6 Ticktum (RBR)
7 Verstappen (RBR) 8 Ráfaga (SAU)
9 Ocon (SAU) 10 de Vries (MCL)
11 Leclerc (FER) 12 Zoranovic (AMR)
13 Ricciardo (FER) 14 Bottas (WIL)
15 Sainz (AMR) 16 Sette Câmara (WIL)
17 Maini (HAA) 18 Pérez (HAA)
19 Gunther (CHR) 20 Ghiotto (DAL)
21 Schumacher (DAL) 22 Zhou (CHR)
Depuis la qualification d’hier, j’ai une chanson en tête et ce n’est pas anodin quand on se fie aux paroles ;
"So don't stop me now, don't stop me
'Cause I'm having a good time, having a good time
I'm a shooting star, leaping through the sky
Like a tiger defying the laws of gravity
I'm a racing car, passing by like Lady Godiva
I'm gonna go, go, go
There's no stopping me"
C’est exactement mon état d’esprit à l’amorce de cette course. Certains diront que je m’y prend mal, que j’aurai pu être concentré depuis bien plus longtemps, mais la réalité est que ma fatigue mentale est grande et que la double désillusion de Suzuka et Austin m’a servi d’électrochoc. Désormais, vous pouvez en être certains : je ne laisserai plus rien m’échapper.
Avec cette optique en tête, je reste impérial au premier virage malgré l’attaque de Seb. Mieux sorti de l’enchaînement 1-2-3 que mon équipier, je peux garder les commandes sans avoir à trop batailler et c’est tant mieux.
La suite, ce n’est qu’un enchaînement de tours ; certainement ennuyant pour le spectateur mais très enrichissant personnellement car j’ai senti cette invincibilité, que je n’ai bizarrement ressentie que lorsque ça s’est mal fini, en Espagne ou au Japon par exemple. Ce qui m’importe, à ce stade de la saison, c’est d’amasser les points, peu importe la manière, d’autant plus que ma méthode du jour était parfaitement propre et même exemplaire. Impérial du premier au dernier tour, je n’ai lâché la tête que quelques tours au moment de mon arrêt au stand, sans quoi j’aurai signé ma première “lights to flag”.
Steven : Incroyable Niki. Simplement incroyable. Quelle performance !
Niki : Toujours vivant.
Steven : Plus que jamais. Tu es toujours vivant, Niki, ne t’en fais pas.
Niki : Merci les gars. Beau boulot. J’imagine que c’est une bonne manière de sceller le titre constructeurs, félicitations à tous. On l’a bien mérité.
Classement final du Grand Prix :
1 Kofler (Audi)
2 Vettel (Audi)
3 Russell (McLaren)
4 Vandoorne (Renault)
5 Gasly (Renault)
6 Ráfaga (Sauber)
7 Ocon (Sauber)
8 Ticktum (Red Bull)
9 Verstappen (Red Bull)
10 Leclerc (Ferrari)
Championnat pilotes Championnat constructeurs
David Coulthard : Niki, quelle démonstration ! On aurait dit un robot programmé pour gagner, vous étiez intouchable ! Comment est-ce que vous expliquez cela ?
Niki : Je ne l’explique pas, je sais juste que j’ai donné le meilleur de moi-même et que ça a payé. Ca fait du bien, dans le contexte actuel, de sortir une course pareille, c’est certain.
David : Après la course d’aujourd’hui, vous vous placez en véritable outsider pour le titre en étant troisième mais en n’étant qu’à neuf points. Cela parait peu mais, étant donné que Seb a gagné les trois courses précédentes et que George est abonné au podium depuis des mois, est-ce que vous pensez que c’est toujours capable ?
Niki : Je vais vous avouer un truc ; pour moi, c’est plus possible maintenant que ça ne l’était ce matin. La course d’aujourd’hui s’est bien passée, bien sûr j’aurai adoré que Seb et George me concèdent plus de points mais, au moins, le fait que George soit troisième permet de me rapprocher encore un peu plus de la première place et c’est ce que je retiens. Maintenant, je ne crois pas que des quelconques stats permettent de dire qui est favori ou quoi que ce soit : le favori est celui qui est en tête, tout simplement, car il sait qu’en finissant devant les deux autres ça se finira forcément très bien. George a les clés en main et je crois que mon destin ne m’appartient plus totalement, même s’il faudra bien évidemment que je sois au meilleur de moi-même à Sao Paulo.
Après avoir bu une coupe de champagne et pris la pose pour fêter le titre constructeurs, je rentre à nouveau dans une sorte d’état robotique. Il ne reste que quatorze jours avant le verdict de cette saison horriblement stressante et mes nerfs commencent à sentir le poids de toute cette pression accumulée récemment.Nom de code : N1K1 K0FL3R
Réglage actuel : 1N4RR3748L3
Mission : 646N3R