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Chapitre 9 (n°365) : Honeymoon
Vendredi 3 avril 2026, Streets of Long Beach, Long Beach, CA
C’est maintenant que les choses sérieuses commencent. Une dizaine de jours s'est écoulée depuis ma victoire en Floride et, en dix jours, beaucoup de gens ont reçu l’information que j’étais le premier vainqueur de la saison. Mes confrères de F1, mes compatriotes, les américains ; tout le monde sait maintenant qui est ce mec à la snapback violette.
J’ai reçu des demandes d’interviews, des messages de félicitations de mes anciens adversaires en F1, et l’attention se porte sur moi lors de mon arrivée en Californie. La Californie est d’ailleurs un bel endroit en avril, l’image est différente de la carte postale de juillet que je n’apprécie pas trop, en revanche le climat du printemps est bon ici et le soleil est déjà de la partie.
Ce week-end, je reçois la visite d’une fan qui saute à bord du “hype train” avant que celui-ci ne soit bondé ; Julia-Anna est résidente de l’État américain auquel je m’identifie le plus - la Californie étant l’État de l’Ours à travers son emblème du grizzly - et elle a souhaité venir voir comment je me débrouille sur ses terres d’adoption, qui sont aussi un peu les miennes pour le coup. La saison de biathlon a pris fin il y a un peu moins d’un mois et, pour récupérer de cette saison marquée par les Jeux Olympiques de Milan, Julia est revenue là où elle s’identifie le plus : sous le soleil californien. De son propre aveu, elle n’a rien fait depuis la fin de sa saison, et il faut dire qu’elle a probablement besoin d’un break après une olympiade ratée où elle n’a jamais existé et une fin de saison en dents de scie où elle est loin d’avoir impressionné.
A propos d’impressionner, mon objectif du week-end est justement de faire bonne figure. Le tracé de Long Beach est globalement moins technique que celui de St. Petersburg ; les pleines charges y sont plus longues, les virages à angle droit moins nombreux et les onze courbes du tracé se négocient globalement plutôt bien, même si le tarmac est plus bosselé qu’il ne l’est en Floride.
Ma description du circuit vous convient ? Parce qu’en réalité, elle ne me convient plus ; en plein milieu des libres 2, j’ai fait une erreur, piégé par l’une de ces bosses à l’amorce du virage 4. Le seul truc que je ne maîtrise pas est donc le théâtre de mon baptême d’Indycar : premier crash pour moi, lors du second week-end de course. Pas idéal, c’est sûr, notamment d’un point de vue connaissance de la piste.
Samedi 4 avril 2026, Streets of Long Beach, Long Beach, CA
J’ai revu les images une dizaine de fois pour comprendre ce qui s’est passé ; désormais, je sais où est située cette bosse, je sais les conséquences qu’elle peut avoir et je ne m’y ferai plus prendre.
Évidemment, dans l’effervescence de l’entame de championnat, les questions ont fusé, on m’a parlé de pression, de nervosité, d’inexpérience, mais ce n’est pas ça que je retiens. Le tracé est bosselé et je me suis fait avoir une fois, maintenant je sais de quoi il s’agit. Je reste pleinement concentré sur mon sujet et ça se traduit sur les chronos en libres ; sixième en libres 1, j’ai été refroidi en libres 2 avec le quinzième chrono, mais ma session de ce matin a rétabli les choses dans l’ordre. Après un gros travail des gars pour remettre l’avant-gauche de ma voiture en état dans la soirée d’hier, j’ai pu les remercier en signant le quatrième chrono des libres 3. Boom.
GROUPE 1 : Rosenqvist, VeeKay, Rossi, Newgarden, Stevenson, Ferrucci, O’Ward, Claman DeMelo, Haymond, Leist, Karam, Kopinski, Ilott
GROUPE 2 : Herta, Kofler, Milligan, McMullen, Rahal, Fittipaldi, Sette Câmara, Chevalier, Stroll, Askew, Fioretti, Pigot
Par chance, le groupe 2 est - sur le papier - moins relevé que le premier ; celui-ci contient les noms de tous les champions depuis 2019 à l’exception d’Herta ainsi que les noms de Stevenson, Ferrucci ou encore O’Ward. Le mien est composé de Colton Herta et d’Adam Milligan, qui sont les deux gros épouvantails, mais je devrais être en mesure de passer.
Au terme de quatre tours, la tendance se confirme ; je me qualifie pour le Top 12 avec, en prime, le meilleur temps. Je n’ai pas paniqué comme j’ai paniqué à St. Pete, ma qualification s’est cette fois montrée inévitable et ce assez rapidement. Dans le groupe 1, comme prévu, il y a de beaux noms qui ne sont pas passés ; Rosenqvist a pris la porte tout comme Newgarden. Grosse désillusion pour le suédois, tout comme pour le triple champion américain et deux redoutables prédateurs déjà hors de la lutte pour la pole.
GROUPE 1 : Ferrucci, Rossi, O’Ward, VeeKay, Stevenson, Karam / / / Newgarden, Rosenqvist, Haymond, Claman DeMelo, Ilott, Leist, Kopinski
GROUPE 2 : Kofler, Milligan, Rahal, Herta, McMullen, Fittipaldi / / / Askew, Chevalier, Sette Câmara, Stroll, Fioretti, Pigot
Pour le Top 12, plus question de bénéficier d’un groupe favorable ; les mecs qui sont là y sont pour une bonne raison. Si Newgarden, Rosenqvist ou encore Askew manquent à l’appel, il ne faut pas pour autant se reposer sur ses lauriers car il reste des gros bras. Ma qualification manque de prendre fin dès l’entame du Top 12 alors que je me fais avoir en arrivant au niveau du rond-point qui constitue les virages 2 et 3. Il n’y a que les américains qui sont assez fous pour mettre des ronds-points sur un circuit… Surpris par un survirage, j’ai évité le mur à ma gauche en donnant un gros coup de cerceau qui m’a envoyé à la perpendiculaire par rapport au sens de la marche. Heureusement pour moi, aucun dégât à déplorer même si ma qualification est compromise et, toujours dans la rubrique “heureusement pour moi”, puisque cette erreur est survenue dans mon premier tour, aucun de mes chronos n’a été supprimé.
Revenu en piste après avoir troqué mes gommes carrées pour de nouveaux pneus, je me remet rapidement en marche en signant le cinquième chrono pour mon premier tour. C’est correct mais néanmoins insuffisant car des améliorations peuvent rapidement arriver de la part des sept mecs qui sont derrière moi.
Enchaînant avec un deuxième chrono, je tombe sur les pilotes en train de ralentir avant de rentrer aux stands et, inévitablement, l’un d’entre eux finit par me bloquer. Le coupable se nomme Santino Ferrucci, qui voit sa qualification s’arrêter ou presque ; alors deuxième, ses deux premiers chronos viennent d’être annulés. Voici la justice mise en place par l’Indycar, qui sert à compenser le tour compromis que j’ai subi. Trois tentatives de chrono, une seule marque au tableau, on a connu mieux…
Néanmoins, je vais bénéficier de deux tentatives supplémentaires en fin de séance, comme la plupart des pilotes. C’est maintenant que je dois entériner ce qui est devenu ma quatrième place pour accéder au Fast Six ; après une amélioration suffisante pour consolider ma quatrième place, je me retrouve dans l’attente après avoir raté mon second tour. Aucune amélioration dans le final pour moi et j’attend à la radio qu’Heather me confirme ma présence dans le Fast Six, confirmation qui finit heureusement par arriver. C’était chaud, mais ça passe.
TOP 12 : Rossi, O’Ward, Herta, Stevenson, Kofler, VeeKay / / / Rahal, Ferrucci, Milligan, Fittipaldi, McMullen, Karam
Arrivé dans l’ultime partie de la séance, j’ai déjà le léger sentiment que le contrat est rempli ; le Fast Six, c’est une première assurance : sauf désastre en course, ça vous assure d’un bon résultat. Le vainqueur du Grand Prix part généralement dans ce top 6 alors c’est sûr que tout est possible mais atteindre le dernier tiers de la qualif est déjà annonciateur de quelque chose de bon. Toutefois, dans un week-end décidément agité, la séance n’est pas d’un calme plat…
Au terme de deux des trois efforts chronos réalisables dans les six minutes imparties, je me classe cinquième devant Pato O’Ward ce qui n’est pas fondamentalement mauvais. En revanche, alors que mon troisième et ultime tour suit son cours, je perd le train arrière en rentrant dans ce virage 4 qui m’a piégé hier et vais taper en marche arrière dans le mur à ma gauche.
Niki: Fuck...I binned it in the wall. Sorry guys, that’s all on me.
Heather: Copy. Everything OK?
Niki: Yep, I'm ok. Sorry.
Une erreur en libres hier, une erreur dans le Top 12, une erreur dans le Fast Six ; c’est trois erreurs, au moins trois de trop. Habituellement peu enclin aux bourdes de pilotage, je me fais peut-être avoir par l’inexpérience que j'ai au volant de ces voitures, combinée à une relative méconnaissance des tracés sur lesquels je me rend. Ca ne s’est pas vu à St. Pete mais Long Beach n’est pas aussi accommodant pour moi. Déjà trois erreurs dans le week-end, c’est clair que c’est beaucoup, mais ça m’inquiète surtout pour la course de demain.
FAST 6 : Rossi, Stevenson, Herta, VeeKay, O’Ward, Kofler
Grille de départ :
Revenu aux stands, je m’excuse auprès des gars, à qui je donne beaucoup de travail et certainement des maux de tête ce week-end. Mon problème dans cette discipline ne semble pas tant être la rapidité mais plutôt la régularité : sur un tour, je me défend sans problème, en revanche sur plusieurs tours, j’ai l’air assez vulnérable et erratique par moments. A l’opposé de ma performance tout en contrôle de St. Pete, je semble ici plus sujet au chaos et il faudra absolument calmer le jeu demain pour avoir du positif à tirer de la course.