Les singes-motards gagnaient lentement sur eux. Qu'il le veuille ou non, Boubou Mc-Leod s'acheminait tristement vers la fin de la course...Ni sa moto-cougar Vespero IV, ni son indémodable coupe banane ne pouvaient le sortir de ce mauvais pas. Il était cuit, et il le savait.
Boubou Mc-Leod...Lui qu'on surnommait le "détrousseur de savates" ou, en quelques occasions, simplement "trouduc" - connu dans les sept systèmes du consortium Gveo - allait finir sa vie au fond d'un ravin. Triste fin pour l'un des meilleurs pilotes de la galaxie.
Zkwabax - son fidèle second - rechargeait vainement la sulfateuse du sidecar. On pouvait déjà distinguer la fin de la route, qui se jetait invariablement dans les gorges de Verdant Road. L'équipée furieuse touchait à son but et Boubou Mc-Leod adressa un regard entendu à son officier...
Zkwabax tira sur un fil de fer relié à la roue du sidecar, le réservoir de la Vespero croassa et une flopée d'essence primo-védust se déversa sur le tracé de l'engin. De mauvaise grâce, il alluma un pétard frézillien. Zkwabax détestait ça, ça coute cher, c'est dangereux est l'odeur dégagé par ce tour de magie finit invariablement par dégager une odeur de porc Stegerien fumé, "c'est quand tu veux Boubou, et par Gromof, enlève moi ce sourire niais de ta face"
Il n'en fallu pas plus au légendaire Détrousseur de savates pour imprimer un virage serré sur la route exiguë des gorges, faisant volte-face et dégainant "Death Slinger of Hell doom", sa non-moins réputée pétoire :
- Garde les yeux fermés Zkwabax, ça va illuminer comme dans l'intestin d'un crapaud-lampadaire.
Une première détonation retentit, rompant le silence artificiel de la nuit. Les singes-motards aperçurent une discrète flammèche dans le lointain, avant d'apercevoir l'embrasement soudain de la route. Le feu dévorant traçait des sillons menaçants en direction de l'équipée simiesque :
- Ouk ouk waaaa ! jura Silver Founty, le lémurien sabreur, avant de décrocher de la route et d'éviter - de justesse - une langue de flammes qui vint flatter le dessous de la machine d'un de ses assistants. En l'espace de quelques secondes, le no man's land s'illumina d'un chapelet d'explosions - à peine couvertes par les hurlements fanatiques de Zkwabax.
- Tout ça me rappelle 2127 Boubou ! L'odeur de singe brûlé en plus. Surtout...eh mais qu'est-ce que c'est que ça ?
La fumé dégagé par cet enfer ne masqua que provisoirement l'arrivé de 3 aéronefs propulsés par les engIVN plasma-tron, connu pour peser chacun le prix d'un astéroïde sur agglomération de purple-eden 36Pii. Seulement 7 personnes en voulait autant à Boubou pour déployer de telle moyen sur un secteur aussi perdu que Ape-doom 21.
"Big-wake Pinhut Strangler... elle ne me pardonnera jamais ce divorce"
La simple arrivé des vaisseaux dispersait ce qu'il restait de la chasse pillard-lemure, Zkwabax les regrettait déjà, les amours de Boubou étaient invariablement classés comme "risque system-nébuleuse".
Ces tergiversations furent de courte-durée. Le principal aéronef s'illumina d'un coup : les projecteurs embarqués braquèrent leurs faisceaux sur nos deux fugitifs, annonçant la voix nasillarde de Big-wake Pinhut Strangler :
- Alors Boubou Mc-Leod, tu pensais pouvoir te faire la malle ? M'amener jusqu'à l'autel et disparaître le jour de la cérémonie, en ayant pris soin de chier dans le fond du gâteau de mariage avant ? Quel genre d'homme fait ça ?
Boubou Mc-Leod, la banane au vent, s'efforçait de rester digne à l'évocation de cet épisode peu glorieux de sa vie. Les invités gardèrent un souvenir amer de cette journée - mais pas autant que Boubou qui, malgré la finesse de son tour, avait développé une allergie sévère à la crème anglaise présente dans le gâteau, allergie qui avait durablement enflammé ses parties intimes et conduit le pirate stellaire à sept semaines de rééducation. Par amitié, Zkwabax avait feint de croire à la version du "j'ai été sélectionné pour un road trip all inclusive dans le ceinture de Be'Kzlvr", lorsque Boubou avait mystérieusement disparu pendant plusieurs mois, laissant dans son sillage une forte odeur de crème anti-inflammatoire...
- Je n'appartiens à personne Big-wake. Seul l'infini partage ma couche.
La formulation hasardeuse de Boubou ne produisit pas l'effet escompté et un silence gênant s'installa pendant deux bonnes minutes. La scène devint encore plus pesante lorsque Boubou - pensant que le bruit de sa bécane couvrait sa voix - se mit à répéter neuf fois - toujours plus fort - cette phrase dont il semblait particulièrement fier. Ce moment de tension fit reconsidérer à Zkwabax l'ensemble de ses choix de vie, ainsi que sa tentative de suicide ratée six mois auparavant.
- J'ai dit : "Je n'appartiens à..." s'égosilla Boubou.
Un strident "Feu à volonté" fit office de réponse.