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Télévision & Séries

Sujet : Watchmen [HBO]
MasterBeenV3
Niveau 7
16 décembre 2019 à 13:48:59

La fin d'Inception n'est absolument pas ouverte. Et celle de la série Watchmen ne l'est pas au final, elle n'est pas conclue à bien des niveaux je trouve ça dommage. Y a une différence entre une fin ouverte :d) on imagine la suite et une fin qui n'est pas conclue :d) on imagine la fin.
Désolé mais l'arc de Looking Glass n'est pas conclu. Celui de Laurie non plus. Celui de Petey non plus (enfin il l'est dans le Peteypedia théoriquement). Celui d'Angela l'est presque, je pense que ça aurait dû se finir avec sa transformation . Je comprends pas le besoin de créer une ambiguité là-dessus.
Dans le roman graphique, tous les arcs sont conclus, l'histoire se finit juste avec un nouveau chapitre qui s'ouvre pour chaque personnage, et ça c'est une bonne ouverture.
Après ce n'est que mon opinion, je suis content que vous ayez aimé, mais je ne trouve pas que ce soit une "bonne" fin ouverte.

lechatbleu
Niveau 10
16 décembre 2019 à 14:41:22

Le 16 décembre 2019 à 13:26:30 Darkasher2 a écrit :

Le 16 décembre 2019 à 13:17:43 lechatbleu a écrit :
Excellent dernier épisode.

Surpris que les gens parlent de "fin ouverte" toutefois. Si on s'en tient à l'aspect purement narratif de la chose, certes ça l'est, mais en réalité ce qui prévaut dans cette dernière image, c'est le thème, et le thème lui est conclu. Lindelof reprend là de façon quasiment identique le principe de la toupie de Inception : il ne s'agit pas de laisser l'intrigue ouverte mais de transcender le thème. Là, Lindelof nage parfaitement dans ses marottes : la frontière entre le réel et l'irréel, entre la matière et l'idéal, entre la vie et la mort. Cette putain de ligne inaccessible, qui était un espoir dans Lost et une fatalité dans The Leftovers. C'est pas une question de référence pour fan ou quoi que ce soit, ici (enfin) : c'est un thème, c'est une obsession, c'est beau et passionnant. Je me fiche, en réalité, de savoir si Angela va réellement marcher sur l'eau ou y tomber. C'est cet interstice de l'hésitation qui est beau.

Bref, dommage sinon quand même que la série ait pris précisément cette structure du "puzzle" (ce que Lost ne faisait en réalité qu'à moitié). Je pense que si Watchmen avait révélé plus rapidement son cœur (Veidt, Trieu, Dr. Manhattan... je trouve notamment la relation entre Veidt et Trieu, révélée dans la première partie de cet épisode, passionnante), elle aurait été tout de suite moins conceptuelle et plus intuitive. Mais enfin ce qui est fait et fait. À croire que Lindelof a tellement été traumatisé par la réception de Lost qu'il a construit tout le récit de cette saison en fonction de ça : la fin. Quitte je pense à trop longtemps cacher ce qui habitait le cœur de ses personnages (et ne parlons même pas de Angela, avec la révélation de la fin de l'épisode 7...).

Et puis "wounds needs air" : plus belle réplique de la saison.

Mec tu as tellement bien compris l'essence de cette série et de The Leftovers. :coeur: L'important n'est pas de savoir ce qu'il adviendra mais de le choisir ! :bave: C'est comme pour The Leftovers et choisir si Nora a vraiment voyagé dans l'autre réalité pour en revenir ou si elle bullshit pour la beauté du récit , dans les deux cas qu'elle l'ait fait ou non ne change rien, elle a transcendé le récit.

Oui, c'était déjà d'ailleurs le questionnement de Nora dans la saison 1, avec ces questionnaires. Faut-il pousser les gens à croire ou non à l'au-delà ? Faut-il construire un récit pour l'autre, auquel soi-même l'on ne croit pas ? Ce que Lost, précisément, dans sa dernier saison, faisait avec les flash-sideways -- choix au cœur du tiraillement de Lindelof. "The leap of faith" de John Locke et, éventuellement, de Jack Shephard.

Je regrette seulement que Lindelof ait pris le parti d'axer les twists de Watchmen sur le cœur des personnages. Ça enfouit trop longtemps l'émotion. Lost ne twistait que sur la mythologie, mythologie qui mettait en avant l'intimité, la sensibilité, visible depuis le début. Lost n'aurait pas été Lost s'il avait fallu cent épisodes pour comprendre que le mec qu'on voit en costume dans la jungle est le père de Jack. Pareil pour Locke et son handicap, pareil pour tout le monde. Je crois que j'aurais presque davantage apprécié "Watchmen" si je l'avais visionné à l'envers. On comprend les réelles motivations de Angela, Dr. Manhattan, Trieu, tellement tard.

Jalis-Snake
Niveau 10
16 décembre 2019 à 14:42:36

Beaucoup aimé ce dernier épisode, et plus globalement la série en générale. C'est impressionnant comme le show monte très rapidement en puissance d'ailleurs.

Un peu déçu de la fin avec Ozy qui repart en prison. :hap:

Curieux de voir si HBO va commander une nouvelle saison et surtout si Lindelof va resigner. Une nouvelle réussite à ajouter à son compteur en tout cas.

TonySrSoprano
Niveau 26
16 décembre 2019 à 14:59:58

SPOILER

Très bon épisode et très bonne conclusion.
Je regrette par moments l’aspect trop mécanique du récit par moments pour lier chaque storyline.
La fin de l’épisode est très bonne. Vous parliez d’Inception, et je crois me souvenir (et peut être que vous y faites référence) que Lindelof, au milieu de toutes ces discussions sur la toupie, avait été pragmatique et bien exprimé ce que je ressentais : « peu importe que la toupie tombe ou pas, le récit est terminé ». C’est simple mais c’est vrai, là où beaucoup se focalisait sur « est ce qu’il est dans un rêve ou non ? », on oubliait le plus important : le sentiment de Di Caprio. Et Nolan avait appuyé dessus en disant que l’essentiel, c’était qu’il ne prêtait plus attention à la toupie.
Parenthèse fermée sur Inception, c’est la même chose ici. Peu importe qu’elle marche ou non sur l’eau, au delà du récit, c’est une marque d’humilité vis à vis de l’oeuvre originale et du personnage du Dr Manhattan.

TonySrSoprano
Niveau 26
16 décembre 2019 à 15:00:55

Et je pense vraiment pas que Lindelof resigne pour une saison 2. La première saison se suffit à elle-même par rapport à notre temps.

Jalis-Snake
Niveau 10
16 décembre 2019 à 15:08:05

J'aimerais le voir sur un nouveau projet perso. :hap:

leonidananas
Niveau 10
16 décembre 2019 à 15:24:01

"Magnifique"
C'est mon sentiment après avoir conclu la série. La perfection n'existe pas mais on s'en rapproche, qu'il y ai une suite ou pas les 2 me conviennent tellement je ne m'attendais pas à prendre une telle claque. Ceci est un avis de néophyte dans l'univers de watchmen donc les puristes soyez indulgent :rire2:
Irons vraiment énorme dans son rôle, Regina King aussi même si beaucoup ne la trouve pas charismatique.
Bref un vrai régal :-)

lechatbleu
Niveau 10
16 décembre 2019 à 15:25:09

Le 16 décembre 2019 à 14:59:58 TonySrSoprano a écrit :
SPOILER

Très bon épisode et très bonne conclusion.
Je regrette par moments l’aspect trop mécanique du récit par moments pour lier chaque storyline.
La fin de l’épisode est très bonne. Vous parliez d’Inception, et je crois me souvenir (et peut être que vous y faites référence) que Lindelof, au milieu de toutes ces discussions sur la toupie, avait été pragmatique et bien exprimé ce que je ressentais : « peu importe que la toupie tombe ou pas, le récit est terminé ». C’est simple mais c’est vrai, là où beaucoup se focalisait sur « est ce qu’il est dans un rêve ou non ? », on oubliait le plus important : le sentiment de Di Caprio. Et Nolan avait appuyé dessus en disant que l’essentiel, c’était qu’il ne prêtait plus attention à la toupie.
Parenthèse fermée sur Inception, c’est la même chose ici. Peu importe qu’elle marche ou non sur l’eau, au delà du récit, c’est une marque d’humilité vis à vis de l’oeuvre originale et du personnage du Dr Manhattan.

C'est à ça que je faisais référence, oui ! La toupie comme symbole méta qui dépasse le cadre de la narration. Le film est un rêve et le rêve est un film : ils s'arrêtent tous deux quand ils s'arrêtent en nous.

Pour une saison 2, ça se fera ou sans Lindelof (peu probable) ou alors avec lui mais d'ici plusieurs années, parce que pour l'instant il n'a clairement pas pensé à la possibilité de suite. Cela dit il n'exclut pas la possibilité, un jour, d'une inspiration soudaine, donc ce n'est pas nécessairement qu'il n'en a pas envie : c'est qu'actuellement il n'en voit pas l'intérêt.

Mais enfin, maintenant que les personnages semblent avoir pris une réelle consistance (pour ceux encore en vie...), ce ne serait pas une mauvaise idée. The Leftovers avait vraiment pris vie avec la deuxième saison, une fois débarrassée de son postulat conceptuel.
Sinon il y a la possibilité d'un projet-retrouvaille avec Carlton Cuse, ce dont ils parlent depuis plusieurs années. Ce serait évidemment fort excitant.

TonySrSoprano
Niveau 26
16 décembre 2019 à 15:40:44

J’espère qu’HBO ne lancera pas une saison 2 avant un moment, histoire d’avoir du grain à moudre.

Du coup, lechat tu étais parti mitigé et n’étais plus revenu depuis le 3eme ou 4ème épisode, j’imagine que tu as finalement aimé cette saison ?

Incolore_
Niveau 55
16 décembre 2019 à 15:44:25

bon, bah dernier épisode plutôt réussis sur l'essentiel malgré la fin ultra forcée et convenu qu'on voit arriver à des kilomètres.

Sans atteindre la puissance et l'intelligence du watchmen de base, ça reste un climax intéressant.

Et j'ai trouvé la scène du cinéma vraiment poignante ( et ce retour sur le plan où on voit angela vivant l'horreur qu'à vécu son grand père est d'une puissance inouïe )

Pour le reste, il faut bien admettre que le discours ne pisse pas très haut, et pour cause, les nemesis présentés sont...très médiocres.

Entre monsieur raciste qui commence par un discours contre l'ethnomasochisme avant d'embrayer sur des clichés du raciste primaire et la pourtant très intéressante lady Trieu mais qui...est une mégalomane souffrant du complexe de dieu sans projet précis derrière, vraiment très cliché pour le coup on a vu ça des centaines de fois , l'histoire n'avait aucune chance de rivaliser avec le comic, vu qu'on suit des personnages avec des motivations assez merdiques, on va pas se mentir.

Dans un contexte vraiment minuscule finalement.

Lindelof a choisis la voie de la facilité concernant ozymandias, le retenir captif et impuissant pendant 8 épisodes et le montrer en train de radoter, affaiblis, lui permet de ne pas avoir à traiter ce surhomme finalement. Et pourtant, il continue à stopper des balles, il orchestre bien des choses, mais il reste très en dessous de ce qu'il peux faire

Quand aux autres personnages et bien...ils ne sont pas très travaillé finalement, gros regret pour Mirror Man qui ne va pas plus loin que le chemin nécessaire pour sauver Laurie

Alors bon, est-ce que ça valait le coup, finalement, tout ça ?

Plus ou moins.

La série demeure passionnante et d'une richesse rare pour être souligné, tout en tenant à coeur de ne pas trahir l'oeuvre de base et en ayant quelques épisodes vraiment très bon.

Maintenant, pour ce que ça veut raconter, ça ne vole pas très haut sur le propos global.

C'était fort sympa le temps que ça a duré :hap:

Ward_littel
Niveau 10
16 décembre 2019 à 15:56:20

L'épisode m'intéresse peut être moins dans le sens où il s'évertue en premier lieu à conclure les différents axes narratifs de la série, là où les développements à la fois symboliques et métaphoriques autour des personnages d'Angela et de Lady Trieu m'avaient davantage fasciné. Il reste que la conclusion se fait sans fausse note. Certaines séquences ont su même m'émouvoir comme les derniers mots de Jon à Angela, et le dialogue entre Angela et son grand père dans l'ancien cinéma. Lindelof continue de parfaire son oeuvre, et d'explorer ses obsessions - lesquelles s'habillent d'une nappe davantage politique dans Watchmen que dans Lost ou The Leftovers. On lui reconnait sa patte habituelle, avec les questionnements autour de la vérité, et du mensonge, du besoin des êtres humains à croire en quelque chose pour se rassembler (voire se ressembler), de la notion de communauté - et ce que j'aime ici, c'est qu'il extrapole ce thème de la communauté dans un contexte beaucoup plus réel et politique que dans ses autres oeuvres. On voit bien le lien entre ce qu'était la guerre froide au temps du Watchmen de l'oeuvre originale, et ce qui pourrait faire office de guerre froide aujourd'hui, avec les tensions entre les communautés de plus en plus éclatées, et les démons de l'Amérique qui ressurgissent à l'orée dans nouveau monde qui se bâtit sur une promesse (à priori fausse) d'une société plus juste et égalitaire, qui gommerait le passé, la couleur, l'histoire de chaque individu (donc par extension, la politique).

Je comprends ta critique lechatbleu, sur la construction du récit. Moi ça ne me dérange pas. J'aime bien le rythme qui est donné à la série, avec cette montée en tension des enjeux et des motivations des personnages. Il y a toujours ce petit côté méta chez Lindelof, qui nous amène à nous réinterroger sur ce que nous avons vu, et à reconsidérer ce que nous avons compris. Et c'est à mon sens grâce à cette construction en "puzzle" comme tu la nommes très bien, que la série le permet.

En bref, je pense que cette série pourra faire date. Qu'elle gagne à être revue, analysée, décortiquée. Je suis convaincu qu'elle contient des motifs d'analyse inépuisables, et qu'on la regardera dans quelques années comme une parfaite cartographique de ce qu'est l'Amérique d'aujourd'hui, de la même manière que l'on relit Watchmen pour comprendre ce qu'elle fut hier.

lechatbleu
Niveau 10
16 décembre 2019 à 15:57:14

Je doute qu'HBO lance une saison 2 si Lindelof n'est pas partant. Donc pas d'inquiétude à ce sujet à mon avis.

Sinon beaucoup aimé l'épisode 6. Beaucoup moins le 7 et le 8, qui étaient symptomatiques de tout ce que je n'aimais pas dans la série, à savoir cette distance avec les personnages, cette absence d'axe et de cœur. Enfin l'idée par exemple de faire de Cal le Dr. Manhattan, pourquoi pas, mais celle de doublement twister la chose en révélant qu'en fait Cal ne le sait pas mais Angela oui, m'a un peu désespéré. C'est très représentatif des défauts que je trouve à la saison, Lindelof cherchant tellement la perfection, la surenchère du twist et de la surprise, qu'il en oublie l'essentiel : le fait qu'on doit être AVEC les personnages, et non pas devant ou derrière. Cette révélation sur l'identité du Dr. Manhattan, on aurait du à mes yeux la découvrir avec Angela. Au lieu de ça, comme trop souvent dans la série, on reste à distance, comprenant qu'on ne sait en fait rien des personnages principaux, qu'on ne peut jamais vraiment emprunter leur point de vue. Comme je l'écris plus haut, Lindelof twist sur l'intimité même des héros, ce que Lost ne faisait jamais. C'est original et stimulant, mais cela crée également une sensation de vide (sans doute atténué au revisionnage).

J'ai beaucoup aimé ce finale parce qu'on est enfin avec les personnages (comme on était avec Will dans l'épisode 6). Ce faisant, je trouve qu'on retrouve le cœur et les thématiques de Lindelof, qu'elles s'incarnent véritablement, au lieu de prendre la forme de références ou de concepts. Un peu triste que la série ne se soit pas "dénudée" plus tôt.

lechatbleu
Niveau 10
16 décembre 2019 à 16:09:08

Le 16 décembre 2019 à 15:56:20 Ward_littel a écrit :
L'épisode m'intéresse peut être moins dans le sens où il s'évertue en premier lieu à conclure les différents axes narratifs de la série, là où les développements à la fois symboliques et métaphoriques autour des personnages d'Angela et de Lady Trieu m'avaient davantage fasciné. Il reste que la conclusion se fait sans fausse note. Certaines séquences ont su même m'émouvoir comme les derniers mots de Jon à Angela, et le dialogue entre Angela et son grand père dans l'ancien cinéma. Lindelof continue de parfaire son oeuvre, et d'explorer ses obsessions - lesquelles s'habillent d'une nappe davantage politique dans Watchmen que dans Lost ou The Leftovers. On lui reconnait sa patte habituelle, avec les questionnements autour de la vérité, et du mensonge, du besoin des êtres humains à croire en quelque chose pour se rassembler (voire se ressembler), de la notion de communauté - et ce que j'aime ici, c'est qu'il extrapole ce thème de la communauté dans un contexte beaucoup plus réel et politique que dans ses autres oeuvres. On voit bien le lien entre ce qu'était la guerre froide au temps du Watchmen de l'oeuvre originale, et ce qui pourrait faire office de guerre froide aujourd'hui, avec les tensions entre les communautés de plus en plus éclatées, et les démons de l'Amérique qui ressurgissent à l'orée dans nouveau monde qui se bâtit sur une promesse (à priori fausse) d'une société plus juste et égalitaire, qui gommerait le passé, la couleur, l'histoire de chaque individu (donc par extension, la politique).

Je comprends ta critique lechatbleu, sur la construction du récit. Moi ça ne me dérange pas. J'aime bien le rythme qui est donné à la série, avec cette montée en tension des enjeux et des motivations des personnages. Il y a toujours ce petit côté méta chez Lindelof, qui nous amène à nous réinterroger sur ce que nous avons vu, et à reconsidérer ce que nous avons compris. Et c'est à mon sens grâce à cette construction en "puzzle" comme tu la nommes très bien, que la série le permet.

En bref, je pense que cette série pourra faire date. Qu'elle gagne à être revue, analysée, décortiquée. Je suis convaincu qu'elle contient des motifs d'analyse inépuisables, et qu'on la regardera dans quelques années comme une parfaite cartographique de ce qu'est l'Amérique d'aujourd'hui, de la même manière que l'on relit Watchmen pour comprendre ce qu'elle fut hier.

Le côté "puzzle", c'est TonySoprano qui en parlait justement. C'est ce qui m'avait fait réaliser que la série était en réalité plus intellectuelle, plus joueuse, que Lost, beaucoup moins frontalement intuitive. La saison 3 de Twin Peaks était assez similaire dans sa construction, ce qui m'avait un peu surpris tant Lynch fait habituellement prévaloir l'intuition dans tout ce qu'il fait. Mais enfin bref. Que "Watchmen" constitue un prolongement passionnant à l'oeuvre de Lindelof, ça reste néanmoins indéniable. Aucune idée quant à sa possible "postérité" toutefois. En tout cas c'est certain que sa structure presque inversée (on part en quelque sorte des enjeux jusqu'aux personnages, et non le contraire) parle en sa faveur et jouera sur sa longévité.

TonySrSoprano
Niveau 26
16 décembre 2019 à 16:22:41

Plutôt d’accord avec ce que tu as dit et la distanciation vis à vis des personnages. L’épisode 6 sur la genèse de Will Reeves est excellent car on est proche de lui. Là où il y a en effet plus de distance sur les deux épisodes suivant, et donc moins d’empathie.
Lindelof a peut être été dépassé par ses ambitions, ce qui donne un aspect fourre-tout et en dents de scie. Tantôt très empathique, tantôt très joueurs avec les codes, figures et symboles, mais assez peu souvent les deux ensemble.

Ward_littel
Niveau 10
16 décembre 2019 à 17:09:26

Vos réserves sont intéressantes. Néanmoins j'aimerais y apporter deux nuances.

La première c'est que le ressenti est fortement tributaire de la mise en scène. Or je ne sais pas à quel point Lindelof influe sur les choix esthétiques de la série. Cela dit, je pense raisonnablement qu'il a son mot à dire.

La deuxième c'est qu'il ne faut pas perdre de vue qu'à la différence de Watchmen, Lost et The Leftovers sont deux séries fantastiques. Et se prêtent donc davantage à une approche intimiste des personnages. Les questionnements sont universels et métaphysiques. Là Lindelof se situe sur un tout autre terrain, beaucoup plus ancré dans le réel (au sens politique). Comme je le disais plus haut, il cartographie ce qu'est l'Amérique d'aujourd'hui, et les conflits entre les communautés. Dès lors, ce parti pris de la distance, de la hauteur, fait absolument sens pour moi. D'où cette esthétique très métallique, un peu froide et clinique. Elle renvoie aussi à des cinéastes comme Kubrick, Fincher, ou certains films de PTA. Et c'est d'autant plus intéressant qu'on voit un Lindelof qui se renouvelle dans l'approche de ses histoires, et ne se cantonne pas à ce qu'il sait déjà faire.

lechatbleu
Niveau 10
16 décembre 2019 à 17:18:23

Le 16 décembre 2019 à 17:09:26 Ward_littel a écrit :
Vos réserves sont intéressantes. Néanmoins j'aimerais y apporter deux nuances.

La première c'est que le ressenti est fortement tributaire de la mise en scène. Or je ne sais pas à quel point Lindelof influe sur les choix esthétiques de la série. Cela dit, je pense raisonnablement qu'il a son mot à dire.

La deuxième c'est qu'il ne faut pas perdre de vue qu'à la différence de Watchmen, Lost et The Leftovers sont deux séries fantastiques. Et se prêtent donc davantage à une approche intimiste des personnages. Les questionnements sont universels et métaphysiques. Là Lindelof se situe sur un tout autre terrain, beaucoup plus ancré dans le réel (au sens politique). Comme je le disais plus haut, il cartographie ce qu'est l'Amérique d'aujourd'hui, et les conflits entre les communautés. Dès lors, ce parti pris de la distance, de la hauteur, fait absolument sens pour moi. D'où cette esthétique très métallique, un peu froide et clinique. Elle renvoie aussi à des cinéastes comme Kubrick, Fincher, ou certains films de PTA. Et c'est d'autant plus intéressant qu'on voit un Lindelof qui se renouvelle dans l'approche de ses histoires, et ne se cantonne pas à ce qu'il sait déjà faire.

J'ai mes problèmes avec la mise en scène de Watchmen mais dans l'ensemble ils restent quand même assez secondaires : c'est vraiment la narration et le rapport aux personnages qui me gênent. Sinon Lindelof est le showrunner, le numéro 1, donc c'est lui qui dicte l'esthétique. En accord avec les réalisateurs/producteurs bien sûr, mais c'est lui qui les engage en fonction (ici c'était Nicole Kassell et Stephen Williams, qui d'ailleurs n'ont pas même réalisé le dernier épisode, signe quand même de l'importance prioritaire de Lindelof).

Après la question du genre est assez épineuse. C'est très discutable de dire de The Leftovers que c'est une série fantastique, de la même façon que c'est très discutable de dire de Watchmen que ça ne l'est pas. De toute façon je ne sais pas si c'est une question très importante, Lindelof étant un auteur qui s'est toujours placé au-delà de ce genre de distinction. Cela dit, ta réflexion sur le fait que la série prend davantage de hauteur parce qu'elle a une nature "cartographique" est très intéressante et je n'y avais pas pensé. Je ne suis pas sûr toutefois que cela justifie cette forme d'inconnue que l'on éprouve par rapport aux personnages (ne pas savoir que Angela est marié au Dr. Manhattan, ne pas savoir que Trieu est la fille de Veidt, et j'en passe) puisque le principe de la carte, c'est aussi justement d'avoir une vue totale des événements. Là, si on est face à une carte, on est face à un carte fort obscurcie, d'un jeu vidéo où l'on a encore parcouru qu'une bien petite partie du territoire...

Ward_littel
Niveau 10
16 décembre 2019 à 17:28:29

Ah par contre sur la question du genre je vais être obligé de m'inscrire en faux. Evidemment que Lost et Leftovers sont des séries fantastiques. C'est même sur ce matériel de base que Lindelof plante toutes ses réflexions. Dans Lost notamment avec la dualité Locke/Jack, la foi contre le scepticisme. Et dans Leftovers avec le conflit de l'être humain dans le fait d'accepter ou non quelque chose qui le dépasse. C'est pour ça entre autre que la religion est aussi importante dans ces deux oeuvres, contrairement à Watchmen (si ce n'est l'épisode 8 sur le Dr, qui est pour moi à placer vraiment à part dans la série). Et Watchmen n'est en aucun cas une série fantastique. Aucun événement surnaturel ne vient déranger l'ordre du monde, ou la croyance des personnages dans ce qu'ils voient ou savent.

Pour le coup je suis persuadé que la question du genre et du fantastique est très importante dans la manière dont sont écrites les oeuvres de Lindelof.

SorAnea
Niveau 10
16 décembre 2019 à 17:33:45

On voit Angela et Cal coucher ensemble, parler, vivre dans la même chambre, dans l'épisode 6, difficile de faire plus clair.

À la fin de l'épisode 7 Laurie est surprise qu'Angela, en quittant la salle, ne lui demande pas qui est le docteur Manhattan : tout simplement parce qu'elle le sait déjà.

Le film Watchmen a plus de suspens et moins de profondeur, Lindelof oblige.

L'épisode 8 va plus loin qu' Inception : être réalisé, comme l'ont été Bouddha, Moïse, Jésus ✝, Mahomet, comme l'est aujourd'hui Amma, en Inde 🇮🇳, fait voir le temps simultanément dans un éternel présent, exactement comme ce qui est montré au bar entre Cal et Angela.

Cal/Manhattan est un être réalisé, un dieu incarné, comme le Christ qui voyait sa torture et crucifixion, il voit l'avenir 🔮 en même temps que le présent.

Pierre Lunel, le biographe de l'abbé Pierre, sœur Emmanuelle, du père Pedro ou d'Amma, l'explique bien dans https://www.furet.com/livres/le-futur-existe-deja-yaguel-didier-9782266280303.html

lechatbleu
Niveau 10
16 décembre 2019 à 17:36:16

Le 16 décembre 2019 à 17:28:29 Ward_littel a écrit :
Ah par contre sur la question du genre je vais être obligé de m'inscrire en faux. Evidemment que Lost et Leftovers sont des séries fantastiques. C'est même sur ce matériel de base que Lindelof plante toutes ses réflexions. Dans Lost notamment avec la dualité Locke/Jack, la foi contre le scepticisme. Et dans Leftovers avec le conflit de l'être humain dans le fait d'accepter ou non quelque chose qui le dépasse. C'est pour ça entre autre que la religion est aussi importante dans ces deux oeuvres, contrairement à Watchmen (si ce n'est l'épisode 8 sur le Dr, qui est pour moi à placer vraiment à part dans la série). Et Watchmen n'est en aucun cas une série fantastique. Aucun événement surnaturel ne vient déranger l'ordre du monde, ou la croyance des personnages dans ce qu'ils voient ou savent.

Pour le coup je suis persuadé que la question du genre et du fantastique est très importante dans la manière dont sont écrites les oeuvres de Lindelof.

Pas parlé de Lost concernant le fantastique, j'ai parlé de The Leftovers. Tout l'intérêt de celle-ci, à mon avis, c'est ce que c'est précisément un anti-Lost, en cela qu'au lieu du fantastique, il y a un trou béant. C'est une série sur l'absence de genre, quelque chose qui m'avait beaucoup intéressé à l'époque et dont je suis à peu près certain que Lindelof a longuement discuté par la suite. Ou dans Lost il y avait, en réponse à la morne réalité, la rencontre du genre fantastique, il n'y a dans The Leftovers que l'absence. L'on était autrefois avec ceux qui disparaissaient d'un vol d'avion et se retrouvaient dans une île magique. L'on est à présent avec ceux, au contraire, qui ne savent pas où sont passés les disparus et vivent dans l'incertitude du monde réel. La seule façon dont on pourrait considérer The Leftovers comme une série fantastique, ce serait en cela que c'est peut-être une série fantastique en creux. Elle parle du fantastique que l'on espère. À mes yeux, c'est de l'anti-fantastique. Le fantastique ne vient pas justement accomplir ou combler la croyance religieuse : elle nous laisse, comme dans la réalité, avec la seule possibilité de la foi. Dans le fond, traiter réellement de la religion, c'est justement ne pas faire de fantastique. C'est tout l'intérêt du vide que l'on doit soi-même "remplir" (Darkasher2 en parlait notamment dans la page précédente).

Tu as raison sur l'importance du genre chez Lindelof, je ne te contredisais pas là-dessus. Mais il n'est pas prisonnier du genre : il le déconstruit et s'y oppose. The Leftovers, par exemple, c'est totalement cela. Sinon bon, pour Watchmen... on est dans le cadre de la science-fiction, surtout. Donc pas de surnaturel à proprement parler, effectivement. Mais la limite est quand même très fine à certains moments.

(Tiens d'ailleurs j'écoute en ce moment-même le dernier podcast de Watchmen et Lindelof compare la fin... à Inception)

SorAnea
Niveau 10
16 décembre 2019 à 17:41:46

Sinon dans les rues des États-Unis on voit trop souvent des cadavres, quasiment tous noirs.

30 000 morts 💀 par arme à feu par an aux USA, presque mille par jours, les 3/4 de Noirs.

La plupart entre eux, comme à Harlem.

Les Européens 🇪🇺 avons buté les Amérindiens après Colomb, l'esclavage a fait venir des Africains 🌍 aux USA, en esclavage, comme dans les Tarantino, les Blancs leur avons inscrit la violence dans le sang, ils l'ont bien retenu.

La série est bien en-dessous de la réalité, Obama est le président US qui a le plus fait tuer de gens, Trump est un suprémaciste blanc et sémite (sa fille est mariée 👰 à un Juif ✡), pour qui aime flinguer des gens, les lyncher, brûler.., pour les Satanistes comme l'est George W. Bush, des Skulls 💀 and Bones, les USA sont depuis 1600 le pays idéal :(

Sujet : Watchmen [HBO]
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