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Sujet : Mort au prestige ! (pour ne pas dire mort aux éditeurs !)
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CahierDeLArt
Niveau 4
06 mai 2021 à 17:37:02

Texte salé et haut en couleurs concernant des travers du milieu de l'édition et sur la mode de partir à l'aventure en autopublication, auto-édition :

https://guillaumedefaucigny.com/2021/05/06/mort-aux-prestiges/

Beaucoup de métaphores filées en pelote.

CahierDeLArt
Niveau 4
06 mai 2021 à 18:45:37

Évidemment apprécié ? Tu as un contentieux ou des avis déjà établis ?

Je pensais bien faire mouche en proposant ça par ici.

Je transmets les coquilles ! Merci, généreux Tonitruel.

CahierDeLArt
Niveau 4
06 mai 2021 à 19:39:58

Texte d'un ami d'ami. Pas testé son livre mais le mini-pamphlet m'a amusé.

Visiblement le gars déteste le milieu et ne manque pas de la dire ! Le paradoxe de vouloir se faire éditer par des maisons qu'on méprisent ou détestent lui aura été fatal.

Testimonial
Niveau 9
06 mai 2021 à 19:48:52

C'est quoi la plus-value de ce type par rapport à n'importe lequel des très nombreux sous-sous-nabiens sous-asensio qui pullulent dans la "jeunesse" dorée parisienne et sur internet, ayant poursuivi le sale délire bobo de droite ?

CahierDeLArt
Niveau 4
06 mai 2021 à 19:54:50

Le texte m'a fait rire. Ce que n'a jamais réussi à faire un Asensio.

Après je ne sais pas ce que c'est que le sale délire bobo de droite.

Testimonial
Niveau 9
06 mai 2021 à 20:00:19

C'est allier le pire narcissisme de la petite différence dans l'approche culturelle à des opinions socio-politiques réactionnaires.

Testimonial
Niveau 9
06 mai 2021 à 20:02:28

Un mec avec cette gueule qui ose se présenter comme ça :

Il coule une enfance et une adolescence sans vague : on en tirerait des copains, quelques déménagements, des grosses tours de Villeurbanne aux contreforts du 6ème arrondissement ; des souvenirs de Lego, Game Boy et l’ordinateur comme dominateur de l’oisiveté.

Ensuite… ensuite, en vrac : collège et lycée, les grandes amitiés, école d’ingénieur, les stages, les voyages, les remugles de soirées, musique, les livres, la curiosité tous azimuts, les projets, les cours, l’alcool, les amours ratées, les ambitions des autres, des césures et des CV…

si c'est pas une forme d'humour dans le travail du cliché c'est à foutre à la broyeuse je sais pas.

Testimonial
Niveau 9
06 mai 2021 à 20:25:53

Certains diraient que Nabe, c'est du sous-sous-Céline, n'est-ce pas ?

Oui mais c'est faux en l'occurrence, alors que là les emprunts stylistiques sont évidents et directs, en plus d'être assumés. Le méta-discours nabien sur Céline est extrêmement fourni au cours de son oeuvre et Nabe s'explique très bien tout seul sur ses rapports avec cette parenté. On regarde la formation des phrases et on peut raisonnablement le suivre. Nabe dans le texte, ça ne ressemble que localement et rarement à du Céline.

Je te sors une page de n'importe lequel de ces types à l'aveugle tu seras incapable de les distinguer parce qu'ils n'ont aucune personnalité stylistique. A contrario, si on fait la sélection honnête - et pas un passage de pastiche - d'une page de Céline et de Nabe, sans référence historique ou autre, je suis sûr que tu les identifies.

Y en a qui disent que les éléphants ont des trompes, d'autres des ailes de dragon en cuir, et y en a qui ont raison et pas les autres. Le relativisme a ses limites face à l'observation.

C'est de l'humour ou il s'agit de se vendre ? Je vois mal la conciliation possible entre les deux en l'occurrence. Moi, je crois que l'idée c'est que si t'essaies de te vendre t'as déjà un problème en amont.

Testimonial
Niveau 9
06 mai 2021 à 21:38:46

Trouverais-tu une différence entre deux passages choisis honnêtement ?

Honnêtement, je pense que j'ai assez lu Nabe pour, oui. Mais en soi ce ne sont que des mots. Si un jour t'as du temps à perdre pour quelque chose d'aussi peu productif et que tu lances un blind test - dans tous les sens du mot test -, je te promets a minima que je ferai l'exercice au risque de me planter. Après, c'est toujours la même question, c'est Ménard et le plagiat par anticipation, c'est les pastiches de Proust, page contre page on peut se gourer un écrivain n'est pas réductible à sa micro-analyse localisée (je ne crois pas l'avoir suggéré, et si je l'ai suggéré c'était du coup par maladresse et pas à dessein).

Qu'ils appartiennent ou non à une ligne,–école–, littéraire n'enlève en rien les capacités de la-dite école, non ?

Les écoles, c'est de la merde. A ma connaissance, Nabe n'a jamais demandé à personne de le pasticher même s'il a montré de la complaisance un peu coupable à mon goût pour une bande de minables comme les Vesper. Je veux personnellement des écrivains qui aient leur truc. Ca ne veut pas dire qu'ils vont sortir ex nihilo, on a évidemment toujours (souvent) des compagnons de route et des inspirateurs, mais ça veut dire qu'à un moment j'attends d'une vision qu'elle ait un minimum de singularité. J'aime Nabe parce qu'il a jeté un regard sur la vie à travers des maturations culturelles que, je pense, je n'aurais jamais lu chez un autre. Il a des trouvailles. Les types en question, je ne vois que leurs échos, leur discours partagé et rabâché, et les idées toutes faites je déteste ça, tout simplement. Même à une époque où les codes pèsent très lourdement sur les auteurs, tu peux en distinguer qui savent digérer ces codes avec singularité et d'autres non. Et je postule que c'est pour ça qu'on connait un Corneille et qu'on ne connait pas un Mairet, même si les matérialistes / relativistes refusent ce schéma explicatif. Ce sous-débat là par contre j'ai pas envie de l'engager je l'ai déjà eu cette semaine au taf avec une collègue d'éco et ça m'a suffi.

Je m'interroge à ce que tu considères devoir être une plus-value ; elle serait uniquement stylistique ?

Je t'ai répondu du coup dans le paragraphe précédent mais elle n'est pas stylistique non, elle est singulière. J'attends que des moyens reproductibles en soi - le style - soient tordus de façon habile pour habiller une vision impossible avant que quelqu'un n'y ait pensé. J'attends de l'invention, au sens rhétorique et poétique du terme. Le talent c'est jamais que ça. Y a 1 inventeur et y a 99 bavards qui publient des livres. Et c'est pas parce que ceux-là reprennent à celui-ci la même manière de je ne sais pas, antéposer un adjectif qu'on peut tirer une équivalence.

Tu parlais d'autres écrivains dans la même veine, à qui pensais-tu ?

Outre la bande des Vesper déjà cités et de tous les immondices de chez Leo Scheer et d'ailleurs genre Richard Millet, Jauffret avant de se blanchiser et d'autres, je garde pas en tête avec ma mémoire de merde les noms de tous ces cons. Il y en a un milliard de semi-anonymes qui postent partout sur internet des pavés dignes d'un apprenti réactionnaire sur JVC. Maintenant ils font des chaînes youtube pour t'apprendre comment te saper, te laver et tirer des gonzesses, ce sont les mêmes. Ou tu les croises à Paris dans une réunion des FNJ. J'ai pas une liste de cent noms à te citer mais je suis convaincu empiriquement de l'existence de cette sociologie, tu mets qui tu veux sous ce portrait.

Je pense qu'il s'agit de se vendre avant tout

C'est un tapin, donc.

Testimonial
Niveau 9
06 mai 2021 à 21:42:16

J'ai fait très long pour finalement dire qu'une seule chose : je revendique le droit à faire exister une compréhension romantique de la critique d'art, ce qui est dénié maintenant à notre activité puisqu'on se prend à grand tort pour une science humaine avec de la méthodologie expérimentale, ce qui nous met en tort épistémique systématiquement parce que ces outils de merde ne sont pas adaptés.

Y a un mot de Scarron que j'adore, que j'emprunte, qui intervient dès le début du Roman Comique. Il dit de la merde, mais il prend le soin de préciser :

Un vieillard vêtu plus régulièrement, quoique très mal, marchait à côté de lui. Il portait sur ses épaules une basse de viole et, parce qu'il se courbait un peu en marchant, on l'eût pris de loin pour une grosse tortue qui marchait sur les jambes de derrière. Quelque critique murmurera de la comparaison, à cause du peu de proportion qu'il y a d'une tortue à un homme ; mais j'entends parler des grandes tortues qui se trouvent dans les Indes et, de plus, je m'en sers de ma seule autorité

SaintLui
Niveau 9
06 mai 2021 à 22:00:27

Le 06 mai 2021 à 21:42:16 :

Un vieillard vêtu plus régulièrement, quoique très mal, marchait à côté de lui. Il portait sur ses épaules une basse de viole et, parce qu'il se courbait un peu en marchant, on l'eût pris de loin pour une grosse tortue qui marchait sur les jambes de derrière. Quelque critique murmurera de la comparaison, à cause du peu de proportion qu'il y a d'une tortue à un homme ; mais j'entends parler des grandes tortues qui se trouvent dans les Indes et, de plus, je m'en sers de ma seule autorité

le "et, de plus" me fume.

Par contre, sur la question de la canonicité des auteurs, j'aimerais bien connaître tes arguments. Je ne demande qu'à adhérer à ton idée.

--G--
Niveau 29
06 mai 2021 à 22:06:14

Sans intérêt. La bise.

Testimonial
Niveau 9
06 mai 2021 à 22:12:32

Ça ne sert à rien de les exposer, les dés sont déjà pipés, les arguments que j'aurais envie de sortir ne sont typiquement pas audible dans le paysage intellectuel français.

Typiquement, si je décidais par exemple de sortir la carte du providentialisme, je passerais pour un illuminé même aux yeux des gens qui croient. On est un peuple sans mysticisme, on est incapable d'accepter l'idée que les choses puissent advenir pour autre chose que la conjonction d'un ensemble de facteurs matériels pseudo objectifs. C'est pour ça que ça me fatigue d'avance.

Mais mon gros argument plus disputable raisonnablement, c'est qu'il n'y a globalement que très peu de corrélation entre le canon et la littérature prônée par une société à un instant donné.

Mais les contre-arguments marxiens à cette idée je les ai entendus mille fois, et je sais qu'ils passent pour plus raisonnables.

En fait, c'était un peu l'idée derrière mon commentaire et mes interventions en ce moment, qui correspond à ma manière d'envisager la littérature et la vie.

Si c'est séduisant, on a pas besoin de logique pour se soutenir.

Je suis pour un sophisme du charme :)

Tiki_
Niveau 3
06 mai 2021 à 22:13:52

Je retourne au Désespéré.

Testimonial
Niveau 9
06 mai 2021 à 22:16:15

(J'ai pas poussé la logique mais en creux ca me semble couler : si la littérature prônée à un instant T n'est pas celle qui reste et qui marque dans l'ensemble, ca veut dire qu'une autre cause garantit sa survivance. Je propose que cette cause soit la singularité des visions, l'avant gardisme en somme, pas forcément formel, de ces écrivains. Après il y a du cas par cas je ne propose pas de système, je n'aime pas ça je n'en prends pas ca me fait mal à la tête)

--G--
Niveau 29
06 mai 2021 à 22:19:48

Il manquerait plus que la littérature soit un projet de groupe.

SaintLui
Niveau 9
06 mai 2021 à 22:43:21

Le 06 mai 2021 à 22:12:32 :
Ça ne sert à rien de les exposer, les dés sont déjà pipés, les arguments que j'aurais envie de sortir ne sont typiquement pas audible dans le paysage intellectuel français.

Typiquement, si je décidais par exemple de sortir la carte du providentialisme, je passerais pour un illuminé même aux yeux des gens qui croient. On est un peuple sans mysticisme, on est incapable d'accepter l'idée que les choses puissent advenir pour autre chose que la conjonction d'un ensemble de facteurs matériels pseudo objectifs. C'est pour ça que ça me fatigue d'avance.

Si c'est pas trop impudique, j'aimerais bien que tu m'en dises plus par mp, un jour. Je n'ai strictement aucun problème avec la mystique, même avec celle à laquelle je n'adhère pas.

J'ai beaucoup de mal moi-même à adhérer à une conception purement matérialiste de la canonisation littéraire. Ça vient probablement du fait qu'on a bazardé 80% du corpus ancien, et que j'aimerais qu'on me dise que tout ça peut avoir un vrai sens.

Mais mon gros argument plus disputable raisonnablement, c'est qu'il n'y a globalement que très peu de corrélation entre le canon et la littérature prônée par une société à un instant donné.

Je ne sais pas si tu as suivi cette année le séminaire le William Marx au Collège de France, Les Bibliothèques invisibles. Y a quelques bonnes interventions qui donnent à réfléchir. Tu t'en doutes, ça va pas forcément dans ton sens, mais ça peut sans doute t'intéresser. La conférence de Martine Jey, notamment, dévoile certaines mécaniques de la canonisation.

En fait, c'était un peu l'idée derrière mon commentaire et mes interventions en ce moment, qui correspond à ma manière d'envisager la littérature et la vie.

Si c'est séduisant, on a pas besoin de logique pour se soutenir.

Je suis pour un sophisme du charme :)

Amen. Les gens raisonnables sont ennuyeux.

Testimonial
Niveau 9
06 mai 2021 à 22:51:20

Je prends note je jetterai un oeil.

SaintLui
Niveau 9
06 mai 2021 à 22:55:45

J'avais d'ailleurs un petit doute quand tu évoquais les "contre-arguments marxiens"... Parce que pour le coup, William Marx est celui qui a le plus largement abordé la question ces derniers mois. Le providentialiste saura en tirer les bonnes conclusions...

Au plaisir d'en discuter.

Testimonial
Niveau 9
07 mai 2021 à 20:54:48

En jeu vidéo on a encore le droit fort heureusement. La critique JV "légitimiste" c'est des ânes comme des pigistes JVC, donc ça passe tout seul de dire que tu envoies chier tout un système au profit de tes propres goûts. Enfin "goûts". Au profit de ta capacité à discuter tes goûts en regard d'une pratique soutenue.

En littérature, où on développe une critique secondaire avec une autorité depuis plusieurs milliers d'années - prenons Aristote comme fondateur légendaire -, c'est un peu plus chaud.

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Sujet : Mort au prestige ! (pour ne pas dire mort aux éditeurs !)
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