Alors, on va faire de la poésie, mais on va retirer les rimes, la métrique, et parfois même virer les strophes. 
On va retirer aussi la ponctuation, parce que ça ne sert à rien.
Et on va s'amuser quelquefois à faire des tropes qui n'ont aucune raison d'être, tout en ajoutant bien sûr, à peu près dans un poème sur cinq, les mots "fesses", "cuisses" et "seins", parce que c'est quand même vachement attirant toutes ces choses-là.
La puissance de l'espoir
Autant parler pour avouer mon sort :
Je n'ai rien mien, on m'a dépossédé
Et les chemins où je finirai mort
Je les parcours en esclave courbé;
Seule ma peine est ma propriété :
Larmes, sueurs, et le plus dur effort.
Je ne suis plus qu'un objet de pitié
Sinon de honte aux yeux d'un monde fort.
J'ai de manger et de boire l'envie
Autant qu'un autre à en perdre la tête;
J'ai de dormir l'ardente nostalgie :
Dans la chaleur, sans fin , comme une bête.
Je dors trop peu , ne fais jamais la fête.
Jamais ne baise une femme jolie ;
Pourtant mon coeur vide ,point ne s'arrête,
Malgré douleur mon coeur point ne dévie.
J'aurais pu vivre, ivre de mon caprice.
L'aurore en moi pouvait creuser son nid
Et rayonner subtile et protectrice,
Sur mes semblables qui auraient fleuri.
N'ayez pitié , si vous avez choisi
D'être bornés et d'être sans justice :
Un jour viendra où je serai parmi
Les constructeurs d'un vivant édifice,
La foule immense où l'homme est un ami.
Le mec nous explique qu'il garde espoir malgré le fait qu'il soit au bout de sa vie. Pourquoi y est-il ? Parce que, ô, grand drâme, monsieur est privé de baises, de fêtes et de sommeil. La vie très nihiliste des mouvements artistiques de gauche : manger, baiser, dormir, comme des bêtes. Finalement on n'est pas très loin du métro, boulot, dodo.
Je dois être trop con, ne pas avoir le niveau pour comprendre, un peu comme pour l'art dégénéré, moderne et contemporain (Si les nazis ont eu raison quelque part, c'était bien sur ce point), moi, pauvre bête, pauvre plébéien, autiste misomuse, incapable de saisir la toute-puissance de l'art pour l'art.
Que les rats écarlates me jugent, moi qui ne comprends rien à l'art.
