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Sujet : Annie Ernaux, on peut en TALK ?
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CardinalSarah
Niveau 9
05 août 2021 à 19:36:44

Je viens de finir La place que j'ai trouvé dans une boîte aux livres, et j'adore, je trouve ça vraiment intéressant. Déjà, le projet de faire la biographie de son défunt père en l'associant à un monde que l'auteur (e ? :( ) a quitté, à savoir celui des petits commerçants Normands, et puis même, j'ai aimé son projet littéraire.

Je vais citer quelques phrases que j'ai notées parce que je les trouvais évoquantes :ok: :

Pour rendre compte d'une vie soumise à la nécessité , je n'ai pas le droit de prendre d'abord le parti de l'art. (Page 24)

L'écriture plate me vient naturellement. (Page 24)

Aucun bonheur d'écrire dans cette entreprise. (Page 46)

À propos de la complicité avec le lecteur : Je [la] refuse sous toutes ces formes (Page 46)

Un prof à la fac m'avait dit qu'Ernaux s'inspirait de Flaubert : ça se voit dans son impartialité, son souci de réalisme, et même le refus de chercher à prendre plaisir en écrivant. J'apprécie cela : ça rend la littérature bien plus "sérieuse ", et ça rend son "Je" utile, nécessaire parfois. On est loin de Carrère à qui ce forum reprochait de ne cesser de s'autoapitoyer et de parler sans arrêt de lui-même ! https://m.jeuxvideo.com/forums/42-34-67238350-1-0-1-0-que-pensez-vous-d-emmanuel-carrere.htm#post_1124028406

J'avais déjà lu Les années , il y a deux ans, et j'avais aimé : on y voyait le même projet littéraire de fixer ce qui fuyait, de faire du livre un moyen de se remémorer ce qui allait disparaître.

Et vous, qu'en pensez-vous ?

SunZhongshan
Niveau 10
05 août 2021 à 20:00:03

Subtil https://image.noelshack.com/fichiers/2021/23/6/1623522740-jamel.png

CardinalSarah
Niveau 9
05 août 2021 à 20:01:47

Le 05 août 2021 à 20:00:03 :
Subtil https://image.noelshack.com/fichiers/2021/23/6/1623522740-jamel.png

Ça vaut le coup de se casser le cul à faire des topics argumentés pour avoir ce genre de réactions :)

SunZhongshan
Niveau 10
05 août 2021 à 20:06:06

Les projets littéraires sociologiques à trois francs six sous c'est non. https://image.noelshack.com/fichiers/2021/23/6/1623522740-jamel.png

LeopoldBloom4
Niveau 8
05 août 2021 à 21:00:29

Le 05 août 2021 à 20:06:06 :
Les projets littéraires sociologiques à trois francs six sous c'est non. https://image.noelshack.com/fichiers/2021/23/6/1623522740-jamel.png

J'aurais pas mieux dit.
On rappelle qu'Erneaux c'est celle qui pour parler de sa mère défunte pond un bouquin de quatre-vingt petites pages subtilement intitulé " Une femme ". Elle parle de sa mère avant tout comme une femme de telle condition, à telle période et dans telle région, de telle classe sociale, etc.
Je ne sais pas... L'intelligence ou la sensibilité étriquée de l'auteur, l'un ou l'autre, mais je sais qu'en comparaison, je m'amuserais pas à présenter mes parents comme des gens lambdas à telle époque si je devais les raconter ; je dirais le fou, le merveilleux, le minable, le risible, le grand, et ça pétillerait, et les jugements acerbes ou complaisants, vachement biaisés, seraient omniprésents, et il n'y aurait pas de connerie type [insérer cours de SES lycée, 1re générale, p. 23], sauf pour s'en gausser.

CardinalSarah
Niveau 9
05 août 2021 à 22:20:34

Le 05 août 2021 à 21:54:48 :
Après avoir lu son nom tout à l'heure, je me suis un peu renseigné, lu quelques critiques Babelio et je suis bien tenté de lire La place pour me faire mon propre avis...d'autant plus que c'est court. J'aime beaucoup les milieux populaires, je trouve qu'on ne les met pas souvent à l'honneur en les romantisant (ce qui est agréable aussi) et un regard...disons froid et réaliste peut me plaire ou, la démarche pourrait au moins me paraître honnête et travaillée.

:ok:

N'hésite pas à uper le topic quand tu auras fini le bouquin.

UnRoiAuRSA
Niveau 10
05 août 2021 à 23:50:37

Ses seuls bons textes sont ceux où elle ne tente pas de faire de la socio bourdieusienne à la con. Donc pas La Place. Mais y a du bon chez Ernaux.

Zinzindufutur11
Niveau 5
06 août 2021 à 03:40:31

Le 05 août 2021 à 20:06:06 :
Les projets littéraires sociologiques à trois francs six sous c'est non. https://image.noelshack.com/fichiers/2021/23/6/1623522740-jamel.png

Ceci

J'ai trouvé "La honte" dans un grenier l'autre jour, c'était court et j'ai quand même réussi à m'ennuyer et perdre mon temps. Je ne sais pas si elle n'a écrit que des navets du genre, mais en tout cas, c'était le parfait cliché du torchon de bourgeois nombriliste qui n'a rien à raconter et cherchant de l'attention.
Elle a été éditée dans la collection Quarto de Gallimard avec le sous-titre "Écrire la vie." Écrire du vent oui.

teji
Niveau 10
22 octobre 2021 à 16:56:36

j'avais bien aimé Les Années et L'Evénement (âmes sensibles s'abstenir), mais après avoir lu ces deux, j'ai eu du mal à en lire d'autres. J'avais fait La Honte je crois, et un autre ? ça commençait à tourner en rond, même si les deux cités au début de mon message ont quand même quelques singularités qui valent le détour, à mon avis (même si le côté méta des Années - les 50 dernières pages, en gros - ça me gonfle absolument).

TaynChaoticOrb
Niveau 8
24 octobre 2021 à 22:16:08

Une idéologue pas très intéressante qui représente bien la littérature moderne je trouve.

Elehall
Niveau 6
25 octobre 2021 à 09:04:20

Je partage une critique qui m'a parlé de Nastasia-B sur Babelio.

J'ai un peu de colère ce matin, un peu d'indignation : je viens de lire La Place. Probablement pas de quoi se mettre en rogne, penseront certains. Peut-être, mais c'est assez spécial pour moi cette affaire.

Comme Annie Ernaux, je suis née dans le trou du cul de la Normandie, à quelques kilomètres d'elle seulement, dans l'une des villes citées dans l'ouvrage. Comme elle, je suis issue d'un milieu ouvrier mâtiné de paysan. Comme elle, je suis la seule de ma famille à avoir suivi des études supérieures. Comme elle, j'ai vu chaque jour se creuser un peu plus le fossé social qui me sépare encore aujourd'hui — et plus que jamais — de ma famille.
Je vais même vous faire une petite confidence supplémentaire, c'est qu'à la différence d'Annie Ernaux, même parmi les culs terreux, ma famille était considérée comme le top du top de la ringardise et de l'arriération sociale. Nous ne partions jamais en vacances, ne portions aucune marque, n'étions jamais au courant des nouveautés, mes parents avaient une 2 CV pourrie sur toute la durée des années 1980, époque où elle était ultra passée de mode à la campagne et pas du tout vintage… (Exemples pris parmi une multitude d'autres qu'il n'est pas nécessaire de déballer ici.)
Comme Annie Ernaux, je suis désormais enseignante loin des terres chéries où j'ai grandi. Voilà pourquoi je me permets d'être indignée par ce livre que je trouve, malgré toutes les précautions dont se barde l'auteure, très méprisant pour la condition sociale de ses parents.
Personnellement, j'y perçois du racisme. Certes, ce n'est pas du racisme ordinaire, mais c'est du racisme de classe. Pour moi, ce qui constitue l'essence même du racisme, ce n'est pas de dire qu'il existe des différences entre les groupes humains, car ça, il faudrait vraiment être atteint d'une forme de cécité assez invalidante pour ne pas les percevoir. Le vrai racisme, c'est de classer les groupes humains sur la base même de ces différences ; de dire que ça c'est mieux ou ça c'est moins bien parce que je suis plus ceci ou moins cela.
Or, quand je lis Annie Ernaux, à aucun moment je ne ressens de bienveillance pour les classes populaires. Elle nous fait une liste longue comme le bras de leurs manquements ou de leurs insuffisances sans jamais la nuancer par les aspects puants de la bourgeoisie à laquelle elle accède et qui pourtant sont absents chez les classes populaires. Elle n'aime pas le milieu dont elle est issue et ça se voit, ça suinte de partout, ça transpire.
Moi non plus mon père n'a jamais lu de livre, moi aussi mon père est un rustre fini, pourtant, combien de fois me suis-je dit auprès de gens très bien sous tous aspects, très bien nés, qui ont une bonne PLACE, combien de fois me suis-je dit, que vous êtes cons mes braves et que mon père vous torcherait si vous aviez l'un et l'autre à résoudre un problème auquel vous n'avez jamais eu à faire face ni l'un ni l'autre.
J'ai vécu auprès d'Amérindiens analphabètes qui m'ont fascinée. J'ai vécu auprès de chercheurs imbuvables et imbus qui m'ont révulsée. J'ai vécu auprès de certains culs terreux normands absolument sans intérêt ; j'ai vécu auprès de certains culs terreux normands dont la puissance de raisonnement m'impressionne encore aujourd'hui et à laquelle je me réfère bien des années après avoir quitté mon milieu et ma Normandie natale.
Donc je ne peux pas lire ce livre sans m'indigner quelque peu. Je n'y ressens aucun amour des classes populaires, juste un sentiment de culpabilité de leur avoir tourné le dos et d'essayer vaguement de se racheter en écrivant ce bouquin.
Mais cette écriture !!?? Cette écriture !! L'écriture plate, la bien nommée. Comme c'est méprisant. Je cite : « Pour rendre compte d'une vie soumise à la nécessité, je n'ai pas le droit de prendre d'abord le parti de l'art, ni de chercher à faire quelque chose de " passionnant ", ou d' " émouvant ". Je rassemblerai les paroles, les gestes, les goûts de mon père, les faits marquants de sa vie, tous les signes objectifs d'une existence que j'ai aussi partagée. Aucune poésie du souvenir, pas de dérision jubilante. L'écriture plate me vient naturellement, celle-là même que j'utilisais en écrivant autrefois à mes parents pour leur dire les nouvelles essentielles. »
Voilà l'argument le plus petit, le plus mesquin qu'on puisse imaginer. Encore heureux qu'elle n'est pas devenue peintre d'art sans quoi, pour faire le portrait de ses parents, elle se serait sentie obligée d'utiliser un gros rouleau de peintre en bâtiment. Quelle connerie ! C'est d'autant plus une connerie que dans ses autres romans par la suite, elle ne s'est plus défaite de ce style (ou de ce non style, c'est selon), preuve qu'il n'a qu'un rapport assez éloigné et douteux avec le propos.
Pour en finir avec ce non style, j'aimerais convoquer une citation de Herman Broch dans Les Somnambules et qui m'est revenue à l'esprit à la lecture de ce livre : « Au fond de tout cela il y a une logique complètement dépouillée d'ornements et il semble qu'on ne fait pas une conclusion trop risquée en disant qu'une pareille logique requiert en tous lieux un style dépouillé d'ornements. Certes, ce style apparaît même aussi bon et aussi juste que l'est tout ce qui est nécessaire. Et cependant, c'est le néant, c'est la mort qui sont liés à ce dépouillement d'ornements, derrière lui se cache la figure monstrueuse d'un trépas, où le temps s'est effondré en ruines. »
Pourtant, j'aurais aimé aimer ; j'aurais aimé me sentir en résonance avec cette auteure qui a vécu des choses si proches de celles que j'ai vécues et que je vis encore. Il est vrai qu'elle restitue bien la sensation de se sentir étrangère chez soi, de ne plus avoir grand-chose à partager quand on se voit. Mais elle occulte un autre aspect : elle nous parle d'un " héritage ", sous-entendant qu'il est lourd à porter dans le milieu bourgeois où elle évolue désormais, sans jamais nous en dire quoi que ce soit si ce n'est que du négatif. J'ai peine à croire que son père ne lui ait absolument rien légué de positif et qui lui serve encore aujourd'hui. Pourtant, pas une ligne ne l'évoque.
En somme, ce que je lis dans cette platitude, c'est un portrait sans aménité, sans chaleur. Elle écrit dans l'extrait que j'évoque plus haut " les faits marquants " de la vie de son père. Mais qu'est-ce qu'elle en sait ? Sa naissance à elle n'est-elle pas un fait marquant de l'existence de son père ? Elle évoque rapidement, très rapidement le fait qu'elle ait eu une soeur qui est décédée en bas âge. D'où sa naissance à elle, d'où le fait que ses parents soient " âgés ", d'où le fait qu'ils lui " passent " beaucoup de ses lubies, notamment les longues études. Elle n'en dit pas un mot.
J'ai bien connu des gens comme le père d'Annie Ernaux, des Normands simples et pudiques, pas expansifs mais avec beaucoup de coeur, des gens sincères et droits, et j'ai plus de respect et d'amour pour eux qu'elle ne semble en éprouver pour son propre père.
Bref, un drôle d'hommage qui, sous des airs de vouloir saluer sa mémoire, sonne à mes oreilles comme une ultime marque de mépris et d'incompréhension. Désolée de ne pas vous suivre Annie Ernaux, désolée de ne pas goûter votre snobisme (au sens premier " sine nobilitate ") des couches populaires qui se sont saignées pour que vous soyez ce que vous êtes. J'en viens, j'en suis et c'est peut-être pour ça que je réagis si fort aujourd'hui. D'autant plus fort que le non style de cet ouvrage a donné des idées à de bas suiveurs comme Delphine de Vigan, pour ne citer qu'elle, dont la prose et l'éthique me dégoûtent.
Aussi, plus que jamais, souvenez-vous que ce que j'exprime ici n'est que mon avis, un avis pas forcément à sa place, c'est-à-dire, pas grand-chose.
P. S. (suite aux commentaires) : J'ai omis de parler, puisque la barque était déjà bien pleine, de certains petits côtés racoleurs dans l'écriture d'Annie Ernaux qui me déplaisent au plus haut point, loin du respect que j'aurais attendu vis-à-vis d'un père, quand bien même on ne partage rien avec lui et l'on ne le comprend pas.
Par exemple, parmi plusieurs autres, l'évocation totalement gratuite du fait que pendant la toilette mortuaire de son père, elle ait vu son sexe. Qu'est-ce qu'on en a à foutre, et surtout, qu'est-ce que ça apporte au portrait ou pseudo-portrait ? Ce voyeurisme ordinaire me débecte au plus haut point, et c'est précisément cet aspect, ainsi que l'écriture plate et l'autojustification de ses choix d'écriture qu'a repris Delphine de Vigan, en bon âne suiveur, dans sa mixture imbuvable.

TaynChaoticOrb
Niveau 8
26 octobre 2021 à 17:42:19

J'ai relu ce livre après la critique de Nastasia-b, qui a fait couler tellement d'encre. Je n'en avais conservé aucun souvenir.
Indifférence, et hypocrisie. Ernaux est cachée derrière son "objectivité", mais elle juge, sans jamais se remettre en question. Pauvre papa qui croyait avoir vécu dangereusement : " l'épopée de cette époque sera récitée à plusieurs voix, reprise indéfiniment avec toujours les thèmes de la peur, de la faim, du froid pendant l'hiver 1942." Euh, Cocotte, j'y étais pas, hein, mais l'hiver 42, à mon avis, en Normandie, c'était pas un "thème", c'était une horrible réalité. Ils ont vraiment eu peur (pour toi) faim et froid..." Sous les bombardements incessants de 1944, il a continué d'aller au ravitaillement, quémandant des suppléments pour les vieux, les familles nombreuses...Ultérieurement, certitude d'avoir joué un rôle, d'avoir vraiment vécu en ces années-là " Arrête de le dénigrer c'est horrible ! Bien sûr qu'il a joué un rôle, qu'il a pris des risques, et qu'il a été sympa ! Il aurait pu d'enrichir, faire le salaud, ou se prendre une bombe !
Orgueil ! Ça commence avec son Capes ( bravo ! ) et ça finit avec une ancienne élève caissière ( trop la loose !) dont elle nous fait bien comprendre qu'elle la reconnait à peine, quand l'autre lui explique son parcours. Méchant ça, Annie. C'est quoi le rapport avec ton père ? Les caissières sont les nouveaux paysans ? Mais en tout cas, dans ta reaction, tout est là : indifférence ( c'est qui celle-là), hypocrisie, et orgueil ( nananère, je suis pas caissière)
Froideur ! Je crois que c'est ça le plus insupportable. Égocentrisme complet. J'ai l'impression qu'elle n'a rien su de l'homme qu'était son père. Et nous non plus, du coup. Donc aucun intérêt.
Je rejoins donc complètement Nastasia, mais en pire. Je trouve ça nul.
Et maintenant j'oublie, encore une fois.

Cette critique :ouch:
ça tire à boulets rouges

Pseudo supprimé
Niveau 5
26 octobre 2021 à 19:25:49

C'est impressionnant l'ambiance intellectuelle par ici. :hap:

Ça critique Annie Ernaux sans avoir jamais fait l'effort de comprendre son projet littéraire - qui est bien moins simpliste que ce qu'on dépeint ici - tout en la traitant immédiatement d'idéologue, mais, par ailleurs, ça conseille et lit Bainville en masse comme le sommet de l'historien.

À quoi cela sert-il d'émettre des critiques au vitriol sans aucun talent dès qu'une œuvre littéraire entend s'interroger sur quelque chose ? Hormis se livrer à une séance de masturbation en public ? Dire qu'Ernaux est une idéologue ou méprise les pauvres, c'est vraiment le degré moins un de la lecture de son œuvre. Le minimum d'honnêteté, c'est de commencer par lire l'auteur, en tâchant de mettre de côté ses convictions immédiates, et de faire un effort minimum d'intelligence. Rien de cela ici.

Par exemple, elle a une réflexion explicite sur ce qui peut apparaître comme ses propres jugements ou perceptions. Elle l'écrit noir sur blanc en de nombreux passages. Donc, le coup du jugement dans le double fond, c'est vraiment ne rien comprendre. Je crois plutôt que c'est là l'aveu de droitards stupides ulcérés par le fait qu'on pose des questions.

La critique de l'autre débile qui avoue ne pas comprendre pourquoi Ernaux écrit cela ou cela tout en critiquant, c'est quand même d'un certain niveau. Surtout que ça ne demande pas deux doigts d'intelligence en l’occurrence (la vue du sexe du père après sa mort). Allez, encore, un effort. :nonnon:

Qu'on n'adhère pas à son projet - après l'avoir compris, c'est une chose. Le condamner par une lecture étriquée et de mauvaise foi, c'est autre chose. En fait, ce que beaucoup condamnent ici - et ça transparaît clairement - ce n'est pas Ernaux, c'est la sociologie dans son ensemble et Bourdieu en particulier. De la misologie en somme, qui est tout de même l'apanage de quelques tristes esprits.

PrinceArkadi
Niveau 8
26 octobre 2021 à 19:36:59

Le 26 octobre 2021 à 19:25:49 :
C'est impressionnant l'ambiance intellectuelle par ici. :hap:

Ça critique Annie Ernaux sans avoir jamais fait l'effort de comprendre son projet littéraire - qui est bien moins simpliste que ce qu'on dépeint ici - tout en la traitant immédiatement d'idéologue, mais, par ailleurs, ça conseille et lit Bainville en masse comme le sommet de l'historien.

À quoi cela sert-il d'émettre des critiques au vitriol sans aucun talent dès qu'une œuvre littéraire entend s'interroger sur quelque chose ? Hormis se livrer à une séance de masturbation en public ? Dire qu'Ernaux est une idéologue ou méprise les pauvres, c'est vraiment le degré moins un de la lecture de son œuvre. Le minimum d'honnêteté, c'est de commencer par lire l'auteur, en tâchant de mettre de côté ses convictions immédiates, et de faire un effort minimum d'intelligence. Rien de cela ici.

Par exemple, elle a une réflexion explicite sur ce qui peut apparaître comme ses propres jugements ou perceptions. Elle l'écrit noir sur blanc en de nombreux passages. Donc, le coup du jugement dans le double fond, c'est vraiment ne rien comprendre. Je crois plutôt que c'est là l'aveu de droitards stupides ulcérés par le fait qu'on pose des questions.

La critique de l'autre débile qui avoue ne pas comprendre pourquoi Ernaux écrit cela ou cela tout en critiquant, c'est quand même d'un certain niveau. Surtout que ça ne demande pas deux doigts d'intelligence en l’occurrence (la vue du sexe du père après sa mort). Allez, encore, un effort. :nonnon:

Qu'on n'adhère pas à son projet - après l'avoir compris, c'est une chose. Le condamner par une lecture étriquée et de mauvaise foi, c'est autre chose. En fait, ce que beaucoup condamnent ici - et ça transparaît clairement - ce n'est pas Ernaux, c'est la sociologie dans son ensemble et Bourdieu en particulier. De la misologie en somme, qui est tout de même l'apanage de quelques tristes esprits.

Merci bordel.
Je n'aurais absolument pas mieux dit.

TaynChaoticOrb
Niveau 8
26 octobre 2021 à 21:14:11

Oui oui le fameux projet littéraire alors qu'elle écrit toujours pareil. Le reste c'est que des attaques personnelles évidement les critiques ont toutes rien compris et sont débiles. Et y a aucune neutralité axiologique et des jugements de valeurs tout le long du livre mais ça se veut du Bourdieu. Ernaux est une branleuse intellectuelle bourgeoise qui assume pas d'avoir été dans une famille prolo. C'est pas assez subtil et scientifique pour être une étude et pas assez littéraire pour être un bon roman.

Pseudo supprimé
Niveau 5
28 octobre 2021 à 12:04:14

Le 27 octobre 2021 à 20:20:49 :

C'est impressionnant l'ambiance intellectuelle par ici. [...]

Je n'ai lu que La Place, mais mes critiques te semblent si déplacées ou stupides ? Superficielles, je l'entends bien, mais en admettant le prisme limité,–une simple porte d'entrée après tout–, tu trouves que je suis réellement passé à côté de l'œuvre ?

Ce n'est pas toi que je visais ici. Je pense plutôt à ceux qui condamnent d'un mot, ou qui hurle à ceci ou cela sans avoir fait l'effort de comprendre le projet littéraire à l’œuvre - qu'on est libre ou non d'apprécier. Ernaux est souvent rabaissée au rang d'idéologue sans autre forme de procès. Ce qui est une simple tentative de diversion de la part de véritables idéologues qui ne supportent pas la sociologie qui met à nu les mécanismes sociaux. La troisième humiliation du genre humain après Galilée et Darwin n'est pas Freud, mais la sociologie, ce que certains ont beaucoup de mal à digérer. Ça lit une demi-page de Nietzsche puis ça s'imagine surhomme, sans jamais comprendre que Nietzsche dit que le surhumain n'est précisément pas un humain. Bref, les lecteurs pressés et de mauvaise foi. Ils viennent casser les burnes avec leurs airs de ne pas y toucher, aucune raison de les laisser faire dans la paix. Les idiots, c'est au chenil, et nul part ailleurs - ce qui, au fond, correspond bien à ce qu'est un site comme JVC.

Sérieusement, j'ai été assez sidéré de lire de façon répétée ici des mises au pilori d'auteurs comme Hugo, Zola et que sais-je encore en trois mots. Je ne plaide pas pour la vénération aveugles des auteurs, mais pour l'effort d'étayer son jugement et d'être dans un processus de discussion rationnel. Sinon, ça s'appelle Twitter, et ça n'a à peu près aucune espèce d'intérêt. Pourquoi s'improviser critique quand on n'a ni la volonté, ni les capacités intellectuelles, ni le vocabulaire pour se faire ? Déjà que les critiques du Monde, de Libération ou du Figaro sont des colonnes de merde... Il me semble qu'il n'est pas utile d'en jeter plus encore. Le plaisir autotélique de rompre des lances passe vite du douceâtre au rance. Autant discuter de façon rationnelle et polie.

GenghisCohen
Niveau 8
28 octobre 2021 à 12:17:06

Le lecteur philistin ne peut que s'incliner devant l'agrégée ou les proto-sociologues. Sinon c'est qu'il a une petite bite. En gros.

Pseudo supprimé
Niveau 5
28 octobre 2021 à 17:54:27

Absolument pas.
Il faut être de fort mauvaise foi pour prétendre qu'il n'existe aucune figure médiane entre ces deux pôles. On peut être dilettante et avoir le souci de posséder, sinon de faire valoir, des avis bien charpentés.

En revanche, l'appel à la génitalité ne te grandira nullement, ni toi, ni tes pudenda.

TaynChaoticOrb
Niveau 8
30 octobre 2021 à 17:14:15

Ça va tu te sens pas de trop a mettre Zola et Hugo au même niveau d'analyse qu'Ernaux. Y a une différence d'écriture et de travail sociologue entre eux hein.

Pseudo supprimé
Niveau 5
01 novembre 2021 à 17:50:03

Le 30 octobre 2021 à 17:14:15 :
Ça va tu te sens pas de trop a mettre Zola et Hugo au même niveau d'analyse qu'Ernaux

Je n'ai jamais fait cela. Il faut lire.
En revanche, la technique de liquidation employée ici par quelques uns est la même que celle infligée à Zola ou Hugo.
Donc, avant de répondre, je conseille de lire deux fois - au moins - ce que tu commentes.

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