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Savoir & Culture

Cours et Devoirs

Sujet : Scène au restaurant dans la littérature naturaliste
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Derdavoli
Niveau 5
25 novembre 2021 à 19:38:38

Bonsoir bonsoir,

Je dois rendre un dossier où je dois trouver un exemple de scène au restaurant dans la littérature naturaliste (seulement resto, pas café malheureusement). Le must serait un repas de bourgeois, aristocrates.
Si jamais vous avez des pistes je suis preneuse car j’ai vraiment du mal à trouver. :ouch:

Merci beaucoup, bonne soirée :coeur:

LeSiracide
Niveau 10
25 novembre 2021 à 21:01:06

Et il était en train de suivre et d'escorter une femme
qui portait dans un seau du bouillon à la file des cochers
de fiacre, quand il vit au cadran de la station : quatre
heures moins cinq... — Tiens! dit-il, c'est l'heure
d'avoir faim, — et renonçant au bal, il s'était dirigé
vers Philippe.

Les masques arrivaient. Anatole criait :

— Oh I c'te tète !... Bonjour, Chose 1... Et tu fais tou-
jours des affaires avec le clergé? « A la renommée pour
l'encens des rois mages !...]& T'es l'épicier du bon Dieu !
Tais-toi donc!... Et lu te costumes en Turc! c'est indé-
cent!...

Et à chaque arrivant, il jetait un pareil passe-port, un
signalement grotesque en pleine figure. La salle jubilait.
Les soupeurs se poussaient pour entendre de plus près
cette pluie de bêtises, apostropiies cocasses, baptêmes
saugrenus, l'AImanach Boltin tombant du Catéchisme
poissard ! On faisait cercle, on entourait Anatole. Les
tables peu à peu marchaient vers lui, se soudaient l'une
à l'autre; et tous les soupers, en se pressant, ne faisaient
plus qu'un souper où les folies, débitées par Anatole,
couraient à la ronde avec les bouteilles de Champagne
passant de mains en mains comme des seaux d'incendie.
On mangeait, on pouffait. Les nappes buvaient de la
mousse, des hommes pleuraient de rire, des femmes se
tenaient le ventre, des pierrots se tordaient.

Anatole, exalté, jaillit sur la table, et de là, dominant
son public, il se mit à danser la danse des œufs entre
les platSy essaya des poses d'équilibre sur des goulots de

88 MANETTE SALOMON.

bouteille, toujours parlant, débagoulant, levant pour des
liDasts inouïs un verre vide au pied cassé, piquant un
morceau dans une assiette quelconque, chipant sur une
épaule de femme un baiser au hasard, criant : — Ah !
ça me donne vingt ans de moins... et trois cheveux de
plus !

Le tout petit jour pointait, ce jour qui se lève comme
la pâleur d*une orgie sur les nuits blanches de Paris. Le
noir s'en allait des carreaux de la salle. Dans la rue
s'éveillaient les premiers bruits de la grande ville. Le
travail allait à Touvrage, les passants commençaient.
Anatole sauta de la table, ouvrit la fenêtre : il y avait
dessous des ombres de misère et de sommeil, des gens
des halles, des ouvriers de cinq heures, des silhouettes
sans sexe qui balayaient, tout ce peuple du matin qui
passe, au pied du plaisir encore allumé, avec la soif de
ce qui se boit, la faim de ce qui se mange, Tenvie de ce
qui flambe là-haut !

— Une... deux... trois... ouvrez le bec, mes enfants I
— cria Anatole; et saisissant deux bouteilles de Cham-
pagne, il les vida sans voir dans des gosiers vagues qui
buvaient comme des trous. Chaque table se mit à l'imiter,
et des trois fenêtres du restaurant, le Champagne ruis-
sela quelque temps sans relâche, ainsi qu'un ruisseau
d'orage perdu, à mesure, dans une bouche d*égout. La
foule s*amassait, se bousculait, il en sortait des hourras,
des cris, des têtes qui se disputaient une gorgée. La
rue ivre se ruait à boire; le jour montait.

Dans Manette Salomon.

HypoBowling
Niveau 30
05 décembre 2021 à 00:41:17

J'ai en tête La curée de Zola. Scène du restaurant avec Aristide et Angèle :
Deux mois avant la mort d’Angèle, il l’avait menée, un dimanche, aux buttes Montmartre. La pauvre femme adorait manger au restaurant ; elle était heureuse, lorsque, après une longue promenade, il l’attablait dans quelque cabaret de la banlieue. Ce jour-là, ils dînèrent au sommet des buttes, dans un restaurant dont les fenêtres s’ouvraient sur Paris, sur cet océan de maisons aux toits bleuâtres, pareils à des flots pressés emplissant l’immense horizon. Leur table était placée devant une des fenêtres. Ce spectacle des toits de Paris égaya Saccard. Au dessert, il fit apporter une bouteille de bourgogne. Il souriait à l’espace, il était d’une galanterie inusitée. Et ses regards, amoureusement, redescendaient toujours sur cette mer vivante et pullulante, d’où sortait la voix profonde des foules. On était à l’automne ; la ville, sous le grand ciel pâle, s’alanguissait, d’un gris doux et tendre, piqué çà et là de verdures sombres, qui ressemblaient à de larges feuilles de nénuphars nageant sur un lac ; le soleil se couchait dans un nuage rouge, et, tandis que les fonds s’emplissaient d’une brume légère, une poussière d’or, une rosée d’or tombait sur la rive droite de la ville, du côté de la Madeleine et des Tuileries. C’était comme le coin enchanté d’une cité des Mille et une Nuits, aux arbres d’émeraude, aux toits de saphir, aux girouettes de rubis. Il vint un moment où le rayon qui glissait entre deux nuages fut si resplendissant, que les maisons semblèrent flamber et se fondre comme un lingot d’or dans un creuset.

Ou alors le repas donné par les Sacards, même si techniquement ce n'est pas un restaurant, c'est un bon repas de bourgeois. Dans le chapitre 1 : https://fr.m.wikisource.org/wiki/La_Cur%C3%A9e/I
Ça commence là :
« Quelques convives arrivèrent encore. Il y avait au moins une trentaine de personnes dans le salon. Les conversations reprirent ; pendant les moments de silence, on entendait, derrière les murs, des bruits légers de vaisselle et d’argenterie. Enfin, Baptiste ouvrit une porte à deux battants, et, majestueusement, il dit la phrase sacramentelle :

— Madame est servie. »

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