Le 25 septembre 2018 à 04:51:51 pasdesavon- a écrit :
J'étais sur la route pour rejoindre un pote dans la baraque de ses parents à la campagne. On allait y passer le week-end avec toute la bande. Arrivé au deux-tiers du chemin, la batterie de mon iphone m'a lâché. Je me suis garé, j'ai fouillé mon sac une dizaine de fois avant de verser son contenu sur la banquette arrière. Pas de chargeur.
C'est pas grave, je me suis dis. Je connais le nom du patelin et je suis pas très loin, j'arriverais à me débrouiller. Si j'avais su.
Je sortais de la voie express quelques minutes plus tard, et j'allais tourner en rond pendant des heures. Quand j'ai vu que le soleil allait se coucher, j'ai pété un câble au volant de ma vieille Citroën. Et puis j'ai compris que j'allais bientôt tomber à cours d'essence, alors je me suis garé pour me calmer et reprendre mes esprits. J'avais honte d'être aussi dépendant de google maps, même pour un coin paumé au fin fond de la Bretagne.
Il suffit que je trouve un village dans le coin, j'irai dans un bar et quelqu'un aura forcément un chargeur d'iphone. J'ai repris la route et je me suis engagé plus profondément dans les routes de campagne. Contente-toi de suivre les panneaux, prend le premier bourg que tu croises.
La nuit était presque entièrement tombée, on devait approcher les 23h. J'avais traversé deux villages, des petits patelins de 300 habitants. Impossible de trouver un chargeur. J'aurai pu demander à passer un coup de téléphone dans un bar mais je connaissais aucun numéro par cœur.
Je suis tombé en passe d'essence sur un petit chemin de campagne, au milieu de nulle-part, en pleine nuit, sans téléphone, à la fois désespéré et plein de rage. Hors de question de dormir ici, dans ma voiture. Je voulais régler cette situation le plus rapidement possible. J'ai pris une lampe dans mon coffre, enfilé une veste fluorescente et j'ai marché le long de la route. J'avais aucun plan précis en tête, je voulais juste rester proactif.
Imaginez un gros bouton rouge avec un panneau juste en dessous qui dit "N'appuyez surtout pas". C'est ce que j'ai ressenti au premier croisement que j'ai rencontré. Le gros bouton c'était cette route, cette vague de goudron qui s'enfonçait sous les branches d'arbre dans l'obscurité. Le panneau c'était la voix dans ma tête qui me disait "Ne va surtout pas par là".
Jusque là j'avais suivis mon instinct et j'avais perdu à chaque virage, alors j'allais tenter l'inverse. De toute façon, quand on est perdu de nuit en pleine campagne, un chemin en vaut un autre.
Je me suis engagée entre les arbres, perçant l'obscurité et le silence. A chaque pas, je croyais voir dans la lueur de ma lampe des formes et des mouvements entre les branches. Je suis pas du genre peureux et je savais bien que ce n'était que des illusions, mais impossible de retenir les quelques frissons qui traversaient mon corps. L'air était frais. Á chaque respiration, je voyais la vapeur qui s'échappait de ma bouche traverser le rayon lumineux de ma lampe. J'ai entendu un bruit.
Une sorte de miaulement lointain. Un animal blessé?
J'ai enjambé le talus qui bordait la route et traversé la barrière d'arbres sans feuillages. Je me trouvais sur une parcelle de terre désœuvrée, le sol était mou sous mes pieds. Il doit y avoir un ruisseau dans le coin, pourtant je n'entends pas le bruit de l'eau. Le miaulement par contre était toujours là. Il semblait venir de l'autre côté du champ.
J'ai préféré longer le talus plutôt que de traverser l'étendu de terre molle. J'étais proche, j’éteignis ma lampe et tendis l'oreille. Prêt de cet arbre, là-bas. Non, c'est par là. A mesure que j'approchais, je réalisais que je n'entendais pas le miaulement d'un animal, mais les gémissements d'une femme.
Elle était à une dizaine de mètre de moi, assise au pied d'un arbre. Sa tête était penchée en avant contre son torse, les reflets de la lune révélaient sa chevelure blonde qui tombaient sur son visage.
Dissimulé derrière un arbre, je scrutai les alentours dans l'obscurité. Il n'y avait personne d'autre. Elle s'était peut-être perdue, comme moi. Mais pourquoi aurait-elle quitté la route?
J'approchai tout doucement. Il valait mieux révéler ma présence avant qu'elle ne m’aperçoive, pour ne pas trop l'effrayer.
"Madame?", dis-je timidement.
Pas de réponse, pas même un mouvement.
"Madame?"
Toujours rien. Elle est peut-être sourde.
J'allumai ma lampe pour me faire remarquer. Lentement, je la dirigeai sur elle, et mon cœur fit un bon dans ma poitrine. Elle n'était pas seulement adossée à l'arbre, elle y était attachée. Ma lampe éclairait les cordes qui de chaque côté du tronc emprisonnaient ses poignets.
Sans réfléchir, j'approchai et m'agenouillai juste devant elle.
"Hé ! Hé !! Madame..."
D'une main sur son front, je relevai prudemment sa tête. Ce n'était pas une madame mais une mademoiselle, elle devait avoir à peine 18 ans, sa peau était très pâle, elle avait les traits fins et harmonieux. Je compris pourquoi elle ne m'avait pas répondu, ses yeux étaient fermés, vivante mais totalement épuisée.
"Je vais vous détacher", dis-je avant de m'attaquer au nœud derrière son poignet gauche. Il était complexe et très serré, la peau de mes doigts gelés brûlaient contre la texture épaisse de la corde. Je n'y arriverais pas à main nue. Il y a une boite à outils dans le coffre de ma voiture.
"Qu'est-ce tu fé?"
Je reculai d'un bond en arrière et mon coude se cogna contre une racine au sol. La douleur était intense mais passa rapidement.
"Qu'est-ce tu fé là?" répéta la voix d'homme.
Je rampait à toute vitesse pour récupérer ma lampe et la braquai sur l'individu qui me questionnait. Un vieux paysan appuyé sur une canne. Il me regardait avec un étrange mélange de colère et d'appréhension.
"Je..." les mots s'étouffait dans ma gorge.
"Va t'en d'là! T'es su' mes tè' !", s'exclama-t-il en frappant sa canne au sol.
Il ne semblait pas remarquer la jeune femme attachée à l'arbre à deux mètres devant lui. Je la montrai du doigt en guise d'explication. L'homme lui jeta un rapide coup d’œil.
"T'occup' pa d'ça don! C'pas tè affai' !"
En me remettant debout, je remarquai que le vieux n'était pas si vieux que ça, et qu'il était beaucoup plus grand et large que moi. L'adrénaline envahissait mon corps. S'il a une canne, c'est qu'il doit boiter. Si j'attaque au bon moment, en plaçant un bon coup de lampe torche je pourrais peut-être le maîtriser.
"C...c'est vous qui avait fait ça?" dis-je d'une voix faible.
Il resta silencieux un instant sans me quitter du regard avant de répondre.
"T'occup' pas jt'ai dis ! Va t'en d'là!" insista-t-il.
Putain, sur quel genre de taré je suis tombé? Si ça se trouve c'est sa propre fille. Je serrai un peu plus les doigts autour de ma lampe torche et avançai d'un pas en direction de la jeune femme.
"Fais pas ça don!", s'exclama-t-il.
Étrangement, il me suivait du regard mais ne bougeait pas d'un poil. J'avançai encore d'un pas, j'étais juste au dessus d'elle. Lui restait immobile. Je me penchai pour toucher le nœud de la corde.
"Fais pas ça jt'e dis!"
"Je vais la détacher, maintenant."
J'avais pris mon courage à deux mains pour mettre de la confiance dans ma voix. Pourquoi est-ce qu'il ne bouge pas? Je voyais la colère se transformer en peur dans le regard du vieil homme. Fais quelque chose, attaque moi, frappe moi avec ta canne. Ça n'avait pas de sens.
Je commençais à donner des coups dans le nœud avec la torche pour le détendre, tout en gardant un œil sur le vieux qui ne faisait toujours pas un geste. Est-ce qu'il a peur de moi? Pourtant je ne suis genre imposant. Il faut s'attendre à tout avec les tarés.
Tout en tenant un morceaux du nœud de la main gauche, j'ai frappé de plus en plus fort avec la torche, sous le regard du vieux, qui restait silencieux en plus d'être immobile. Le nœud commençait à se détendre. La corde ne faisait qu'une seule fois le tour de l'arbre, entourant les poignets de la jeune femme d'un côté et de l'autre, il suffisait que je défasse un côté pour la libérer. Je la porterais sur mon dos jusqu'à la voiture, j'espère que le vieux ne nous suivra pas. Cette situation n'a vraiment aucun sens.
Et soudain, j'avais compris. Il a suffit d'un coup d’œil, durant l'espace d'un quart de seconde, alors qu'il avait le regard perdu dans les mouvements de ma torche, j'avais aperçu une inexplicable lueur d'espoir sur le visage du vieil homme. Et dans le même instant, il avait paru comprendre son erreur. Incapable de l'expliquer, je le savais à présent, j'en étais sûr, toutes les fibres de mon corps vibrait de certitude. J'étais en train de me faire avoir.
Il veut que je la détache
La quasi totalité a été prise entre 3,500 et 5,700m d'altitude 
Everest) 
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LE 18-25 CAPTURE ET ÉTUDIE CES CRÉATURES 
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