Depuis une semaine j'erre dans les rues tel un fantôme sans but. La survie étant maintenant mon principal objectif. Heureusement j'ai un petit peu d'argent de côté et quelques vivres que j'ai pu récupérer à mon ancien appart. Heureusement aussi que nous ne sommes pas en hiver car même si les nuits sont froides elles ne sont pas insurmontables.
La nuit tombe, et je dois trouver un coin pour dormir. Je suis de nouveau au parc ou, une semaine plus tôt, je m'étais fais engueuler par une femme qui ne supportais pas que je boive, car je repère non loin de là une grande demeure avec une fenêtre ouverte. Je regarde si personne ne me voit actuellement et ni une, ni deux j'escalade le mur du jardin et me faufile par cette fenêtre dans la maison. C'est un salon magnifique, le sol tout en parquet, la déco et les meubles du XVIIe siècle, un piano et des bibelots en tout genre, appartenant probablement à une vielle personne.
Sur un fauteuil, je remarque une superbe veste de treillis militaire kaki. Tellement belle et classe que je ne peut m'empêcher de la prendre et de l'enfiler. Elle me tient chaud, jackpot.
J'essaie ensuite de me faufiler dans la maison pour m'incruster dans un endroit ou je serais bien pour la nuit et ou le propriétaire ne me voit pas. Seulement, manque de bol...
-Hé! Que faites-vous la?!
Il m'a vu. C'est un vieil homme, de taille moyenne, de longs cheveux blancs ébourifés, des lunettes en loupes, habillé de façon peu conventionnel. Je n'ai pas le temps de voir puisque c'est trop tard, je m'enfuis déja en courant. Je peux juste entendre:
-Barre-toi ou j'appelle les flics!
Ouais, ça en devient un running-gag. Il ne remarque même pas que je lui ai volé une veste, tant mieux et m'enfuis hors de la propriété. Je trouve comme seul refuge le parc désert a cette heure-ci. Essoufflé, exténué, je m'assois en plein milieu d'un carré d'herbe, et me met a boire mon whisky.
-Cette nuit sera peut-être la dernière en ce monde... A quoi bon de toute façon...
Ainsi, je sors de mon sac poubelle mon matériel pour me rouler un joint. Se ballader avec un sac poubelle comme porte-bagages... Comment en suis-je arriver la? Comment...
Les minutes passent, seul dans la nuit. J'ai froid... J'ai faim... Je me sens mal, si seul, si... Usé...
-Dis moi... pourquoi j'ai froid? Chuchotai-je en regardant le ciel noir sans étoiles. Suis-je vraiment entrer en sort? Est ce que... C'est la que tout se termine?
Mon pétard se consume et des pensées noires me traverse l'esprit. Avec personne pour en parler... Seul à ruminer la noirceur... Seul dans les ténèbres...
Et qui peut être à mes côtés? Toute mes relations se sont mal finis, je me suis toujours retrouvé dans ces ténèbres... L'éclairage public, est la seule source de lumière qu'il me reste pour le moment, c'est bien maigre...
Alors que je vogue sur la route des songes, de plus en plus endormi, des pensées de plus en plus flous et difficiles à cerner, une voix m'interpelle:
-Eh mec?
Un flash m'aveugle. Est-ce un rêve? Suis-je en train de mourir? Ce flash serait-il le bout du tunnel?
-T'es encore avec nous man?
-On dirai pas...
On dirai que c'est bien réel. Et cette lumière est seulement un flash d'appareil photo de téléphone portable. Je lève les yeux:
Une bande de quatre personnes m'entoure. Difficile à identifier. Qui sont-ils?
-Quoi?... Crachai-je.
-On voulait savoir, t'aurais pas des feuilles slims a nous dépanner? Dit le mec en face de moi en s'accroupissant.
Je peux le distinguer lui. C'est un homme qui à l'air un peu plus vieux que moi, il a un visage assez beau, de longs cheveux noirs de jais lui tombant sur les trapèzes, des yeux marrons, un bouc noir bien fourni lui entourant toute la bouche, du menton jusqu'au nez. Il porte un jean beige très clair et un sweat noir à fermeture éclair, rien de plus.
-Tu sens la weed mec, m'annonce-t-il, et on veut savoir si t'as pas des feuilles slims à nous filer, et tu pourras fumer avec nous.
-Et si t'allais plutôt te faire foutre?
-Laisse David, dit une voix féminine derrière moi, il à l'air arraché...
-Le prend pas comme ça mec, me dit l'homme calmement.
Je me lève brusquement et, manquant de tomber, attrape l'homme aux long cheveux par le col de son sweat, prêt à le frapper. Il m'empoigne le bras me le bloquant.
Les autres de la bande ont bondi eux aussi, mais avant qu'ils puissent me toucher, l'homme leur dit:
-C'est bon les gars, je gère.
Et les autres s'arrêtent net. Et moi aussi, sous la surprise.
-Pourquoi? Pourquoi tu me saute dessus? Annonce-t-il calmement en me lâchant le bras.
Je ne peux même pas répondre à cela.
-Touche moi et c'est la fin pour toi mec, me dit-il d'une voix puissante et ferme, c'est débile non? On est quatre t'es tout seul. Et puis même, c'est idiot de se battre juste pour ça.
Je marque un temps d'arrêt. Il veux juste une feuille slim. Et me propose de fumer avec lui. Mais...
-Tu veux me racketter en fait hein? Enfoiré!
-Aaah non pourquoi? Répond-il en levant les mains, je te demande si tu as quelque chose pour nous. Pourquoi on te volerai.
-Humm...
-Quelque chose me dit que tu passe une sale nuit toi, sourit-il, tu veux pas venir te détendre un peu avec nous, fumer un petit pét'?
Je le regarde fixement dans les yeux. Il a l'air sérieux et sincère. Mais la vie m'a toujours appris a me méfier de l'apparence des gens, et même des gens en général.
Une grosse partie de moi veut le renvoyer chier et le tabasser jusqu'a la mort. Les autres interviendront, et tant mieux, ce serai la la meilleure fin.
Mais une infime partie de moi veut le suivre, sans savoir pourquoi. Juste.... Pour voir.
-Ouais. Je paye ma feuille alors.
-Moi c'est David. Tout va bien man.
Je lâche son col.
-Gael.
-T'es bien éméché Gael, ça va?
-T'inquiète pas pour moi. Bon on va le fumer ce joint?
-On a l'habitude de se poser par la-bas, dit-il en me désignant un banc en dessous d'un lampadaire.
-Ok.
Et je suis alors cette petite bande de quatre. je n'ai plus rien à perdre de toute façon... Ou cela va-t-il me mener?
Seule le temps le dira...
On veut le retour du Gaeligator, le vrai ! 😝
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