CHAPITRE FINAL : Le stage, l’hésitation, le choix, la fin, regarder derrière soi.
Après ces aventures au ski, il était tout de même temps de reprendre les cours et de choisir son stage.
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Même si vous aviez déjà commencé à prospecter, il fallait encore signer la fameuse convention. Vous alterniez entre stage et cours.
Ton stage se passait bien mais tu étais toujours un peu hésitant. 
Tu aimais bien la physique mais tu ne savais pas si tu voulais en faire ton métier. 
Tu en as parlé à tes parents, à Johnny, à ta tante, et ils t’ont dit de voir si autre chose pouvait te plaire.
Tu as donc naturellement songé au monde de l’industrie, du privé et tu as passé des entretiens. 
Vu que tu avais fait 5/2 et que c’était ta 4ème année d’école tu avais un bon nombre de tes anciens camarades de prépa qui commençaient à avoir des jobs ! 
Certains partaient à l’étranger (mais assez peu mine de rien !), certains bossaient dans des boites tout ce qu’il y a de plus classiques : Thalès, EDF, SNCF, etc..) et c’est à cette époque là que tu as entendu parler des cabinets de conseil. 
Grosso modo ils recrutent sur le diplôme même si ce que tu y fais ne requiert bien souvent… pas du tout la qualité de ton diplôme. 
Tu voyais des mecs de CentralePa ou de l’X tous fiers de leur premier salaire à 5K chez les grands groupes de conseils. 
5K tu te dis… pour un premier salaire c’est vraiment pas mal. 
Puis ça ne coute rien d’essayer, même si certains, toujours un peu prétentieux, disaient que l’ENS c’était pas forcément bien vu pour ce genre de métiers… 
Allons bon, tu vas leur montrer ! 
C’était décidé, il était temps pour toi de faire ce que tout le monde en école d’ingénieur sait faire (s’agirait de savoir faire quelque chose… ! 
) : envoyer des CV. 
Alors évidemment, vu ton ego démesuré tu n’as pas envoyé des CV n’importe où (fake c’est juste que venant d’une ENS contrairement aux dires de certains, les grands groupes de conseil apprécient notre « ouverture d’esprit » , notre « capacité d’analyse ». S’ils savaient ! ) !
Du coup toi qui avais commencé un stage qui te plaisait, tu allais devoir te retrouver à expliquer à des gens plus bêtes que toi que tes connaissances en théorie quantique des champs seraient extrêmement utiles pour tes analyses futures du marché du textile en Ouzbékistan. 
Alors déjà il faut savoir que cela ne s’est pas fait rapidement.
Après avoir envoyé mail, dossier et tout ce qu’il faut, tu as été recontacté. 
Je ne donnerai ici qu’un exemple (un peu romancé) des différentes étapes de l’entretien que j’ai passé dans un grand groupe de conseil.
Si vous voulez un indice sur le groupe en question, pensez aux Celtics. 
Tu arrives donc pour un entretien de personnalité car blablabla ton profil les intéresse blablabla mais qu’il y a plein de candidats etc etc etc.
Alors là tu joues le jeu, tu pipotes à mort, tu déclames ta passion pour l’entreprise. L’optimisation, que tu as du recul que tu as géré des gens pendant tes stages que tu es ultra autonome et tout ce qu’ils veulent entendre.
Ils essaient de te piéger un peu en mode
« Je connais peu de boite qui travaillent en mécanique kouantique M. Hipopotaupin » 
Toi t’étais évidemment préparé.
« Ah, pourtant regardez les boites X, Y et Z qui travaillent sur la technologie d’intrication pour crypter leur données. Il me semble d’ailleurs qu’en 2008 vous avez travaillé avec l’une d’entre elle regardez ». 
Ok là tu les as mis en PLS.
Mais tu enchaines :
« Evidemment la plupart du temps le savoir en tant que tel ne sera pas utile, VOUS AVEZ RAISON (toujours les brosser dans le sens du poil), mais le recul nécessaire, et la capacité d’analyse que j’ai pu développer, je pense que ce n’est que du positif pour le genre de mission auxquelles je vais être amené à prendre part » 
Très bien, tu finis et ils te reconvoquent quelques jours plus tard pour te faire passer les fameuses études de cas.
Alors les études de cas, tu es certes un peu présomptueux mais tu as acheté quand même un bouquin (ultra cher, c’est vraiment des gros rapias) qui t’y prépare.
Une étude de cas donc, tu as deux mecs qui te mettent en situation en te demandant par exemple d’expliquer ta stratégie pour pénétrer le marché automobile au Liberia et particulièrement à combien tu estimes les couts d’implantation pour une entreprise qui vise sous les 10 ans de décrocher 40% du marché local. 
Le jeu c’est d’y répondre très vite ils veulent tester ta culture évidemment, tes capacités en calcul mental car c’est des enchainements de petits chiffres et enfin voir si t’es capable de prendre des initiatives, de poser les bonnes questions.
Car ils sont là pour te répondre, tu peux leur poser les questions que tu veux, si tu as besoin d’un chiffre par exemple. Ils ne sont pas obligés de te répondre mais peuvent aussi le faire.
C’est un peu pour simuler les réponses que pourrait filer l’entreprise au gars qui est en relation avec eux pour les aider, les conseiller, d’où le nom. 
Alors la première étude de cas c’était une histoire de brevet aéronautique, donc passer de l’invention à l’innovation et voir combien ça pouvait rapporter.
Tu aimes plutôt bien les avions sans être un expert donc tu les désarmes un peu quand tu commences à demander les types d’appareils et que tu parles des couts de production et d’entretien car tu as retenu ces chiffres. Et oui, tu as une bonne mémoire. 
La deuxième était un peu plus délicate, t’avais des données géographiques et démographiques a prendre en compte mais t’avais fait un bon truc et sans leur poser beaucoup de questions car tu connaissais en chiffre les pays en question. La CHANCE. 
Enfin la troisième phase était à nouveau une sorte d’étude de cas mais où les gars testaient un poil plus ta personnalité.
Pendant l’entretien c’était assez gênant car ils avaient du mal à suivre quand tu présentais les chiffres qui te semblaient juste.
Un des mecs a même tenté de faire le malin avec des mètre cube et des litres, c’était assez gênant. Surtout quand tu as du le reprendre en levant un sourcil devant les inepties qu’il débitait…
Au final tu en es ressorti très content, pour trois raisons :
La première évidemment c’est que tu avais réussi, c’était réputé ultra dur mais ça je pense que c’est car les gens en moyenne on beau faire de grandes études, et bien ils ont un sens des réalités assez moyen et très souvent ne savent pas calculer assez vite et mélanger culture, calcul et réflexion. Car a priori ils ont les 3 quand même. 
La seconde c’est parce que ça t’a ouvert les yeux, tu ne veux absolument pas faire ce genre de taff, pour baigner au milieu de collègues qui se prennent pour des oufs alors qu’au fond ils ne font vraiment pas quelque chose de difficile. 
Et puis l’idée de « celui qui part le plus tard du boulot il a gagné » ne te plaisait pas trop. 
Et enfin, tu sais qu’après ta thèse, si jamais tu ne parviens pas à avoir ce que tu veux, tu pourras aisément trouver un boulot BIEN payé, il suffira pour cela de jouer le jeu et d’être malin ! 
Tu reçois la réponse positive mais tu leur dis que finalement tu n’es pas intéressé.
Bah oui tu préfères augmenter ton salaire de 100€ en thèse plutôt que de pratiquement le quadrupler. 
Ton stage se passe bien et t’es très content de l’avoir choisi il t’a conforté dans ton choix de poursuivre dans le groupe en doctorat.
Johnny a eu moins de chance, son stage était absolument horrible et heureusement il avait tapé dans l’oeil d’une autre équipe qui lui a proposé de poursuivre en thèse avec eux. Tant mieux pour lui ! 
Tu soutiens ton stage et cela se passe bien puis tu prends un mois et quelques de vacances histoire de décompresser avant le début de la thèse.
Parait qu’en thèse il y a plein de vacances de toute façon !
Si tu savais !
En célébrant la fin de votre stage Johnny et toi étiez nostalgique en revoyant le chemin parcouru jusqu’aujourd’hui. Une enfance pas toujours aisée sans trop dramatiser…
Quoiqu’il en soit même si je n’ai pas forcément adoré les années passées à Ulm, je suis quand même bien content de ce que cela m’a apporté, Marco, Elisa, Max (même si j’en ai peu parlé ici, c’est vraiment un bon pote). Ce sont vraiment des personnes précieuses. 
La thèse fut très sympa, parfois dure, extrêmement démotivante par moment, mais c’est en s’accrochant et en redoublant d’efforts qu’on arrive à quelque chose.
Je l’avais dit à la fin du risitas sur la prépa mais je le redis ça ne fait pas de mal :
Surtout démerdez vous pour faire quelque chose le plus plaisant (ou le moins déplaisant à la rigueur) possible.
Renseignez-vous, demandez aux potes, aux potes de potes, aux inconnus, allez à des forums, ne vous laissez pas enfermer dans la case « ingénieur lambda » généraliste et tous les préjugés qui vont avec. 
Un travail on est sensé le faire toute sa vie, 40 ans c’est long (42 ceci dit maintenant, bientôt 43,44 ? Cimer Manu putain ! 
), donc je pense sincèrement qu’il faut maximiser le temps pour soi où on se fait plaisir.
La dépression c’est pas bon pour la santé, et j’en parle en connaissance de cause avec des potes qui sont un peu spectateurs de.. leur vie et ont perdu l’étincelle qui pouvait animer leur regard il y a quelques années ! 
Voila j’espère que ça vous a plus même si c’était bien différent, moi j’ai bien aimé encore une fois, même si ce fut plus dur à mettre en oeuvre et encore une fois n’hésitez pas si vous avez des questions de tous types, c’est un plaisir.
A la revoyure ! 
Sinon je voulais avoir l’ENS m’attire pour son prestige mais je n’ai aucunement envie de faire de l’enseignement ni de la recherche sous payé. Peut-on faire autre chose après ?
