Je me souviens bien de cette affaire, celle du “tueur aux waifus” de Brooklyn-est, honnêtement quel homme sain d’esprit pourrait oublier un tel déferlement d’horreurs ? 
Tout a commencé au cours de l’année 1982. A l’époque j’étais encore un jeune inspecteur, je venais de terminer mes concours et d’obtenir ma première affection au célèbre poste de la 45e.
Bercé par le clapotis de la pluie sur le toit métallique de ma vieille Cadillac 1965, je conduisais au travers des rues moroses de Chicago en direction de mon appartement situé dans les quartiers ouest. L’automne s’était déjà bien installé, les nuits s’étaient allongé et chaque soir la même bruine tombait sur la ville. 
grrrrrrrrrr grrrrr
”Centrale, ici centrale, à toutes les unités disponibles, veuillez vous rendre d’urgence au 152 Simpuly Street, au croisement de la 36e et de la 8e. Terminé” 
“Ici agent Celestinio à Centrale, je me rends immédiatement sur le site. Terminé” 
Sans attendre, vous enclenchâtes votre sirène, fîtes demi-tour sur l’artère et accélérâtes vers l’est de Chicago. 
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Les lieux de l’urgence ne furent pas difficile à trouver, un grand nombre de patrouilles de police, ambulances et véhicules banalisés encombraient l’étroite rue Simpuly. 
Vous vous garâtes à côté d’une voiture que vous connaissiez bien, la Ford fairline 1956 de votre partenaire, Lenny O’Connor. 
A peine descendu de votre Cadillac, vous vîtes votre coéquipier s’approcher, reconnaissable à son vieil imperméable beige Khey & Wonki qu’il portait en toute occasion.
- Tu en as mis du temps fiston. 
- Désolé, j’habite de l’autre côté du fleuve.
Lenny était un robuste gaillard d’origine irlandaise. Petit mais trapu, Norwood quatre, ventre bedonnant, un amateur de whiskys et de bonne chère comme il aimait à dire. C’était un gars de la vieille école.
- Bon, je te préviens petit, j’en viens et c’est pas jolie jolie par là bas, en 20 ans de maison j’ai jamais vu ça, si tu préfères rester en arrière je comprendrais. 
- T’inquiète pas Lenny, c’est le métier, je suis prêt. 
- C’est toi qui voit, je t’aurais prévenu, j’espère seulement que tu ne viens pas de manger. C’est par là, suis-moi. 
Vous passâtes sous la banderole de sécurité et suivîtes Lenny vers la scène de crime, saluant quelques officiers sur votre passage. Le docteur John Richardson, médecin légiste en chef de l’unité était déjà sur place, agenouillé auprès du corps. Vous vous approchâtes un peu plus de la victime, mais l’horreur que vous vîtes vous fit reculer d’un bon, la vision de cette amas de chair qui devait être autrefois un être humain était insoutenable. 
Lenny, impassible comme à son habitude, sortit son calepin et un stylo de la poche de son imperméable.
- Alors John, premières constatations ?
- Multiples lacérations, des dizaines, voir des centaines, difficile de les compter. Des coups avec des objets contondants de différentes tailles, principalement au marteau je dirais, ainsi que des brulures sur l’ensemble du corps. Certains des sévices sont post-mortem, d’autres ante-mortem, difficile actuellement d’affirmer quel coup a causé le décès. Le gars qui a fait s’est acharné pendant plusieurs heures, voir plusieurs jours. 
Même sans voir le corps, le résumé détaillé du légiste était difficile à supporter. Vous vous concentrâtes sur le bruit des griffonnements provoqués par le stylo de Lenny afin de ne pas vaciller.
- Un vrai taré, qui peut faire ça… et la tatouage dont tu m’avais parlé ?
- Oui, le tatouage. Regarde, ici, à la base du poignet, il y a marqué : “LUCY”. D’ailleurs c’est étrangement une des rares zones du corps qui a été épargné.
- Le tueur devait vouloir qu’on voit se tatouage, ça ne peut pas être un hasard.
Lenny rangea son calepin, et se retourna vers vous.
- Alors Celestinio, une première idée ?
- Une dispute de couple qui a mal tourné, un mari alcoolique ?
- Je ne pense pas, j’en ai vu des gars mettre des torgnoles à leur bonne femme, là c’est différent. 
- Une prostituée, et un client mécontent ?
- C’est vrai que son tatouage fait penser à celui d’une catin, cette piste n’est pas à exclure.
- J’ai terminé les premières constations, j’analyserais le corps plus en détail au labo, afin notamment de déterminer la cause du décès, et de voir s’il n’y pas eu de sévices sexuels.
- Compris.
Le docteur Richardson se leva et fit signe à ses assistants d’apporter de quoi transporter le corps jusqu’à l’ambulance.
Bien que cette première soirée fut extrêmement pénible pour vous vous étiez loin de vous doutez que ce n’était que le début, et que le pire restait à venir. 
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