Salut tout le monde.
J'ai envie de poster ici à ce sujet car la question me taraude l'esprit depuis un moment et que j'ai droit plus ou moins tout le temps à la même réponse au vu de mon entourage. J'ai été et suis encore aux États-Unis depuis ~mi-août 2012 pour mes études et je suis actuellement en programme doctoral en mathématiques pures à Stony Brook. Je suis principalement intéressé par l'analyse géométrique ; donc tout ce qui est théorie d'Einstein-Maxwell, théorie de Yang-Mills (mathématiquement parlant uniquement dans les deux cas), applications d'outils issus de la théorie des EDPs à des problèmes de nature géométrique (ex. équation(s) de Monge-Ampère), et j'en passe. Mes intérêts de recherche se préciseront naturellement très bientôt.
J'ai passé mes trois dernières années à étudier des maths et de la philo pour mon Bachelor, et vu que je suis un p'tit rapide, je vais probablement en finir avec mon programme actuel d'ici quatre ans (étés inclus). Sauf que voilà, le fait d'avoir choisi de faire de la recherche en maths n'exclut en aucun cas mes intérêts philosophiques et je me vois bien mathématicien et philosophe (entre autres) simultanément mais d'une façon assez précise : je me vois mieux en tant que logicien à l'intersection des deux, géomètre et analyste en tant que mathématicien exclusivement, et puis plus dans le genre philo des maths, philo de la logique et épistémologie en tant que philosophe exclusivement.
Je n'ai pas de problème à jongler entre mes intérêts, mais j'ai quand même ce ressenti naturel (qui me semble justifié) qu'il faudrait d'abord que je sois formellement éduqué dans une telle discipline avant de prétendre à faire de la recherche dans ladite discipline – mon cas actuel avec les maths. Je me suis aussi dit que je pourrais soit opter pour un master corsé en logique après mon doctorat en maths ou un autre programme doctoral et abandonner à mi-chemin pour un master (soucis financiers). (En même temps, j'aurais à peine ~24 ans à la fin de mon doctorat. J'ai un peu le temps pour un an ou deux de plus.) Le but étant dans tous les cas d'obtenir une base solide en logique auprès de spécialistes afin d'entamer de la recherche en logique, même si cela pourrait très probablement se faire à titre partiel à côté de ma recherche en analyse géométrique.
Cela dit, voici le petit bémol : à chaque fois que j'en parle avec mes profs, ils estiment que c'est inutile et qu'il est suffisant que je "lise" afin d'élargir mes horizons de recherche. Ils ne semblent pas établir les fines distinctions entre la logique formelle et les mathématiques. (De toute façon, y a bien une raison pour laquelle les programmes de cycle supérieur en logique et en maths ne sont pas identiques, mais bon...) En même temps, il me semble qu'il y a cette "peur" aux États-Unis de la multi-diplomation/spécialisation car j'ai remarqué que plein de professeurs/chercheurs et autres ont souvent tendance à ne pas réclamer de masters durant leurs programmes doctoraux respectifs et qu'ils ont tendance à ne mentionner que leur éducation doctorale sur leurs CVs, en conférence et autres, assez souvent. Qui plus est, j'ai plus l'impression que les personnes à qui j'ai demandé semblent identifier la logique comme étant des mathématiques tout court et voient donc de l'inutilité dans l'obtention de deux diplômes assez "proches" en termes de discipline, on va dire. Quoique, je précise, la plupart des programmes en logique que j'ai vus offrent des mélanges entre logique (mathématique et/ou philosophique), informatique théorique et philosophie – puis quelquefois des modules de communication. La recherche en logique se distingue quand même assez clairement des problèmes typiques attaqués par les mathématiciens puristes au sens moderne, il me semble.
(J'ai ce programme en tête, à titre d'exemple : http://www.illc.uva.nl/MSMScLogic/programme/index.html)
Donc au final, j'aimerais savoir si l'idée d'acquérir une éducation formelle supplémentaire est inutile à ce point ou si elle est justifiée et qu'il y a juste une sorte de "clash" culturel entre mes projets et les personnes que j'ai consultées. Il me semble bien que je ne serais pas la première personne à le faire. J'ai bien vu des russes acquérir un doctorat dans leur pays puis un second aux États-Unis, et ce dans la même discipline carrément ! Ou encore des gens avec deux ou trois masters. Ou encore d'autres entamer un deuxième doctorat après des années d'enseignement. Etc, etc. Je ne veux pas être insultant, mais j'ai l'impression que ces américains sont quand même un peu nombrilistes, et à chaque fois qu'on me parle, on me parle comme si j'allais vivre là-bas alors que j'y suis à peine pour mes études et que rien ne m'engage à rester ici. Du tout.
M'enfin bref, la question principale étant : est-ce que mes projets sont, à ce point, dangereux pour ma carrière de chercheur tant désirée ?
Je demande ici car j'aimerais des opinions "françaises", on va dire, ou du moins un peu plus européennes. Qu'on le veuille ou pas, les mentalités diffèrent.