Comment est-il possible qu'en France nous soyons à ce point dépendant d'une énergie pour nous déplacer au point qu'à la moindre pénurie toute l'économie est impactée ? Il y a 8 raffineries en France, le simple fait qu'elles soient en grève totale provoque une crise d'État. Au delà même des raisons dû à la loi Travail qui poussent le gouvernement et les syndicalistes à s'affronter - en sachant en plus que Macron n'a rien trouvé de mieux que de mettre de l'huile sur le feu en affirmant qu'il faut élargir la loi - il nous faut nous interroger sur les moyens de circulation de la population et des marchandises en France.
Premièrement, nous dépendons trop du véhicule individuel. Le parc automobile en France est largement suffisant, même en sur-abondance. Chaque véhicule peut accueillir en moyenne 5 personnes, et généralement il n'y a qu'une personne au volant. Si cela peut se justifier pour les déplacements en groupe, cela fait beaucoup de voitures inutiles pour les navettes quotidiennes entre le domicile et le lieu de travail, qui d'ailleurs sont de plus en plus éloignés - jusqu'au deux heures de route en aller/retour. Et cela ne va pas en s'arrangeant avec la concentration des bassins d'emplois dans les grandes villes au détriment des communes alentours. Et ce n'est pas sans parler du chômage qui pousse à la compétition les travailleurs donc à cet accroissement de leur mobilité journalière.
Deuxièmement, la "transition énergétique" comme aime le dire la gauche écolo, restera un fiasco tant que l'écrasante majorité des moyens de transports useront du pétrole pour se mouvoir. Il n'est pas question de remplacer le pétrole par autre chose mais d'accroître la concurrence exercée par les autres énergies permettant un déplacement rapide et efficace. Le train et le tramway en usant de l'énergie électrique ont fait leur preuve mais ceux-là se concentrent encore une fois dans les agglomérations et la privatisation de ces structures aggrave la situation, comme avec le TER/TCL lyonnais ou le RER parisien. En effet les territoires et les heures de passage pas assez rentable sont tout simplement abandonné, nous assistons à un abandon des vieux réseaux ferrés ruraux, il existe des départements comme la Dordogne où il n'y a qu'une seule ligne de chemin de fer pour les deux sens de circulation avec des trains qui marchent encore au pétrole ! Côté voiture, il existe des voitures hybrides électriques, eau, ou que sais-je mais cela reste des voitures marginales et ne résout pas le problème évoqué précédemment.
Troisièmement, l'État en abandonnant peu à peu le sérieux de son rôle de régulation des transports, parce que c'est pas en imposant des taxes pourris sur l'écologie ou en se goinfrant sur la taxation des énergies que ça va changer les choses, est responsable de la situation actuelle. La SNCF, les autoroutes mais aussi les aéroports doivent rester propriétés publiques pour assurer un maillage serré du territoire en terme d'infrastructures de transport, et qu'aucun ne soit abandonné. Les services proposés doivent inciter les gens à abandonner leur véhicule personnel en tout point du territoire, si le processus est avancé dans les grandes villes, le défi est d'accroître l'attractivité des villes moyennes et petites d'arrondissement : si on parle du poids écrasant de Paris au niveau national, le poids écrasant de Lyon, Marseille, Strasbourg, Bordeaux, Toulouse, Nantes, etc. est aussi à évoquer au niveau régional.
En proposant un service de transports de qualité sur l'ensemble du territoire, en facilitant l'installation des entreprises dans les petites et moyennes villes au détriment des grandes, nous pourrons dévier les flux de travailleurs, réduire leur mobilité territoriale tout en réduisant et variant la consommation des énergies pour le déplacement. Cependant, avec la réforme territoriale qui a agrandi les régions au lieu de revenir au département, avec l'UE qui impose l'abandon de la mission d'État de régulation des réseaux de transports et de manière générale de la plupart des services publiques monopolisant, tout ce que nos gouvernements font c'est aggraver les choses au lieu de les résoudre. Pour ce faire il n'y a qu'une solution : dénoncer les traités européens qui entravent l'action de l'État pour nationaliser et restructurer les sociétés et infrastructures de transports publiques, et procéder au rééquilibrage du réseau national selon les objectifs sus-nommés.