Se connecter

Savoir & Culture

Politique

Sujet : Comment étudier l'économie?
1
cobra35291
Niveau 11
11 juillet 2020 à 17:39:08

Bonjour à tous,
Régulièrement, certains se demandent comment étudier l'économie en tant qu'autodidacte (par ce que bon, à la Fac, il suffit de travailler). Je propose un petit guide devant permettre de vous lancer.

I- les erreurs fréquentes

Souvent, le néophyte s'appuie sur quelques idées pour commencer son périple dans la discipline. Cependant, elles sont souvent assez discutables, voir carrément contre-productives.

A- Commencer par les "classiques"

Quoi de mieux que de commencer à s'intéresser à l'économie en lisant la Richesse des Nations d'Adam Smith, le livre fondateur de la discipline dans la mémoire collective? Et bien, en réalité, plein de choses. Smith c'est peut être très bien, mais c'est aussi ancré dans une époque maintenant révolue. Sa critique des physiocrates est intéressante et peut avoir une actualité (les débats sur la mondialisation et ses conséquences), mais n'est, malgré tout, pas un bon point d'entrée. Entre temps, de très nombreux concepts ont été ajoutés, les problèmes ne sont plus les mêmes et les termes du débats ont changé. C'est pourquoi, je déconseille de commencer par ce genre de texte composés à 90% de choses qui n’intéresseront que des historiens de la pensée, capables de replacer Smith dans un contexte intellectuel et connaissent bien ceux à qui Smith répond.

S'intéresser à l'histoire de la discipline est bien sûr très important, mais plutôt une fois que les bases et certains débats contemporains sont très bien maîtrisés. J'ai pris l'exemple de Smith, mais mon propos s'applique aussi à Ricardo ou Keynes. Si vous êtes réellement intéressés par l'histoire de la pensée économique, alors lisez plutôt ce qu'écrivent les historiens de la pensée sur les grands penseurs plutôt que de lire les grands penseurs directement. Vous aurez ainsi le contexte et vous pourrez comprendre l'originalité de la pensée d'un auteur.

B- Commencer par la théorie fondamentale

Si, dans le monde de la recherche, il y a eu un tournant empirique dans les années 1990, la théorie garde tout son prestige chez les amateurs de science économie/économie politique. Je suis moi-même très intéressé par la théorie et je m'ennuie très rapidement devant les études empiriques (je force le trait, mais c'est l'idée). La théorie semble apporter des réponses plus définitive que l'empirie, puisqu'on arrive à trouver des études qui défendent à peu prêt n'importe quelle position. Pourtant, je pense que commencer par des débats théoriques trop précocement ne constitue pas une bonne entrée en matière.

Je ne pense pas que l'on s'intéresse à l'économie avant tout par fascination pour le concept de taux marginal de substitution, mais plutôt pour répondre à certaines questions politiques ou à des énigmes. Fallait-il bien supprimer l'ISF? Mais pourquoi diable alors qu'il y a des besoins non satisfaits, il y a du chômage? La réponse à ces deux questions nécessite un recours à la théorie (la seconde question est le point de départ des travaux de l'ancien président de la Fed, Ben Bernanke par exemple), dès lors beaucoup vont se tourner vers elle, délaissant alors l'empirie.

Pourtant, les débats théoriques pour avoir du sens, et ne pas partir dans des palabres hors sol, doivent être replacer dans leurs contextes, avec des enjeux clairs. C'est pourquoi je pense que les approches appliquées sont un meilleur point d'entrée, suivit d'une montée dans l'abstraction. Cela permet de voir les enjeux derrières une discussion théorique, et ainsi de pouvoir prendre du recul vis-à-vis des propos d'un auteur. En lisant deux trois livres vous n'aurez très probablement pas les moyens de formuler une critique pertinente de la pensée d'un spécialiste en mobilisant la seule logique. Par contre, avec plus d'empirie, vous pourrez garder en tête que la théorie n'est que de la théorie, une simplification du monde devant aider à penser.
J'ajoute que pour répondre à des questions politiques, comme celle sur l'ISF, il vaut mieux se tourner vers la philosophie politique ou la philosophie sociale.

C- Les orthodoxes ont-ils perdu tout bon sens?

Il est fréquent qu'en découvrant l'économie, on s'appuie sur la dichotomie entre les économistes standards, orthodoxes et la "brave armée des hétérodoxes". Souvent, on mélange ensuite tout ça pour associer l'orthodoxie au macronisme (pour faire simple) et on s'étonne de la faible pertinence de certains concepts ortodoxes (homo oeconomicus en tête, l'angélisme concernant la mondialisation et les délocalisation - même si c'est moins le cas depuis la crise de 2008, etc).

Là encore, c'est le manque de connaissance du contexte dans lequel les théories sont produites qui conduit à ce type de jugement. Homo oeconomicus n'est pas une hypothèse que l'on fait pour produire une représentation réaliste du monde, mais pour produire une simulation du monde permettant de produire des prévisions. Bien sûr, il y a un intérêt à dépasser cette hypothèse, pour obtenir de nouveaux résultats ou prendre en compte un nombre plus importants de phénomènes, mais celle-ci permet de fixer un cadre permettant d'étudier de très nombreux comportements humains (c'est une hypothèse ayant une grande force heuristique).

L'humilité est donc de mise quand on veut découvrir une discipline. Une des conséquences des jugements trop rapide est de se tourner vers des hétérodoxies pour de mauvaises raisons (le "bon sens" et n'ont une réflexion théorique plus poussée). Ayant des sympathies hétérodoxes, je ne décourage pas du tout la lecture de leurs travaux, mais il ne faut pas que cette lecture soit exclusive. Hétérodoxies et orthodoxie se répondent, se nourrissent l'une l'autre, et offre des cadres différents pour discuter d'un même problème. Se passer des hétérodoxies, c'est appauvrir considérablement le nombre de raisonnement permettant de comprendre un phénomène. Se passer de l'orthodoxie(ne faudrait-il pas aussi mettre un pluriel? J'hésite tant il y a de diversité dans les travaux standards), c'est se priver d'un cadre extrêmement puissant et permettant aussi l'expression d'une diversité de raisonnement.

II- Que lire?

A- La presse et les blogs

Une première source très utile quand on s'intéresse à l'économie, c'est la presse économique. L'actualité économique est riche, et il y a d'excellents journalistes qui permettent aux savoirs académiques d'entrer dans la sphère médiatique. Que ce soit dans la presse généraliste (Le Monde, Libé, Figaro, Mediapart, etc) ou dans la presse économique (Les échos, la tribune, etc) vous pourrez découvrir des aspects relativement peu connus du grand public (on ne parle jamais de la politique monétaire au JT, c'est pourtant l'une des politiques économiques les plus importantes) d'une manière simplifiée. Si vous lisez l'anglais, les blogs alphaville du Financial Time sont gratuits et très bons.
On peut aussi citer des blogs, comme econoclaste ( http://econoclaste.eu/econoclaste/ ) où vous trouverez des billets qui appliquent les concepts de base de la discipline à l'actualité. Je les trouve très pratiques pour comprendre les raisonnements économiques de base. Pour trouver d'autres blogs, je vous conseille d'utiliser twitter. Le twitter des économistes français est riche et permet d'assister à des discussions entre des économistes reconnus au niveau mondial.
Je recommande aussi la chaîne de Xerfi Canal: https://www.xerficanal.com/

B- les livres d'introduction

Concernant les livres, je vais me répéter: il vaut mieux commercer par des ouvrages d'introduction (les "que sais-je?" sont très bons) que par les gros classiques. Les classiques ont fait avancer la discipline, et ne sont pas là pour ceux qui n'ont pas des connaissances approfondies en économie. Il y a des exceptions comme " la passion et les intérêts" de Hirshman, qui est un classique que l'on peut lire très tôt.
Des "prix Nobel" (Stiglitz, Tirole, Duflo) ont écrit des ouvrages "grands publics" qui sont très biens quand on s'intéresse à l'économie. De même, on trouve sur le portail VoxUE des résumés de nombreux travaux récents ( https://voxeu.org/ ).

Voilà, je pense que cela constitue un bon début.

Rominou777
Niveau 38
11 juillet 2020 à 17:42:12

Un livre récent: https://www.amazon.fr/Tout-sur-l%C3%A9conomie-presque-comprendre/dp/2228926132/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=1DZ3P7616NWCB&dchild=1&keywords=tout+sur+l%27%C3%A9conomie+ou+presque&qid=1594482118&sprefix=tout+sur+l%2Caps%2C161&sr=8-1

CHAT0N_BARBARE
Niveau 10
11 juillet 2020 à 20:47:20

La théorie semble apporter des réponses plus définitive que l'empirie

Franchement moi je pense que l'économie théorique n'a aucune substance scientifique et n'apporte aucune réponse, au contraire elle n'apporte que des problèmes insolubles.
Les modèles théoriques de l'economie orthodoxe ne se sont pas construit de façon déductive mais inductive. Ils ne sont pas partis des données empiriques pour construire un schéma de synthèse de l'économie. Ils ont suivis la voie inverse, partir d'un modèle construit mentalement de toute pièce, pour au final interpréter les données en les pliant dans tous le sens pour les faire coller au modèle.

Je trouve donc que si apprendre les théories économiques peut avoir une utilité c'est essentiellement pour pouvoir en comprendre les limites et s'émanciper du discours public subordonnant le politique à l'economique.

Du reste, je pense que ce qui est important c'est de connaitre des termes économiques (inflation, PIB, valeur ajoutée, profit, salaire, pension, impôts directs, impôts indirects, subvention, cotisation, prestation, consommation intermédiaire, coût de catalogue, monopoles, oligopole, barrière à l'entrée, action, obligation, option, épargne, investissement, dette, rentabilité, faillite, liquidation, consommation ostentatoire, élasticité prix, demande anticipée, chômage, productivité, récession, déflation,
hyperinflation, externalité, etc...).
Et de connaitre le circuit monétaire (qui crée la monnaie, comment elle est détruite, quels en sont les composantes, etc...).
Et enfin c'est important de comprendre que dans le capitalisme la concurrence s'effectue par deux voies : les prix et les produits et de connaitre les stratégies de developpement des firmes (guerre de prix ou guerre de produit).
La notion d'information imparfaite est également intéressante.

Du reste je trouve la sociologie économique, ou l'histoire économique bien plus scientifiques et intéressants que l'économie théorique.

Pour ce qui est de l'économie empirique, il s'agit la plupart du temps encore une fois de modélisation, s'appuyant sur des statistiques inférentielles combinées à des modèles théoriques qui laissent souvent à désirer.
J'y préfère à nouveau la sociologie et ses méthodes qualitative ou encore le recours aux statistiques descriptives d'analyse de données (ACP, analyse de réseaux, etc).

Mais clairement connaitre la notion d'equilibre de marché ou encore de fonction de production fait régresser intellectuellement.
Les théories du monétarisme, de l'equilibre général ou de l'equilibre partiel, ou même la théorie des avantages comparatifs, tout ce bourbier, vous pouvez vous l'épargner.

CHAT0N_BARBARE
Niveau 10
11 juillet 2020 à 20:47:48

Le 11 juillet 2020 à 17:42:12 Rominou777 a écrit :
Un livre récent: https://www.amazon.fr/Tout-sur-l%C3%A9conomie-presque-comprendre/dp/2228926132/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=1DZ3P7616NWCB&dchild=1&keywords=tout+sur+l%27%C3%A9conomie+ou+presque&qid=1594482118&sprefix=tout+sur+l%2Caps%2C161&sr=8-1

Très bonne référence :ok:

frede69
Niveau 10
11 juillet 2020 à 21:38:12

T'es de retour Cobra :hap:

Hippy1
Niveau 10
11 juillet 2020 à 22:41:17

Cobra ? Après toutes ses années :snif: ?

CHAT0N_BARBARE
Niveau 10
11 juillet 2020 à 22:50:52

Ps : bon retour en effet ! Enfin je veux dire heureux que tu sois de retour :noel:

Hippy1
Niveau 10
11 juillet 2020 à 22:57:18

Après lecture, le topic m'a l'air qualitatif. J'appliquerai ces conseils.

cobra35291
Niveau 11
11 juillet 2020 à 23:33:05

Je ne sais pas si cela veut dire grand chose "les modèles de la théorie standards". Entre les théoriciens de l'équilibre général (Walras, Debreu ou Arrow) et les auteurs de la nouvelle économie keynésienne (Blanchard, Summers, Tirole), il y a quand même des différences que l'on ne peut négliger. Les nouveaux keynésiens ont quand même réellement la volonté de faire des recommandations de politiques économiques. Il suffit de voir comment Tirole arrive à en faire de très nombreuses.

Après pour savoir si l'économie est une science ou pas, je trouve les débats globalement inintéressants et indécidables. Je ne suis pas certain non plus que la déduction soit inférieure à l'induction d'un point de vue scientifique ni même que l'on puisse associer à l'économie standard une de ces deux méthodes (Duflo, Piketty et les économistes expérimentaux font de l'induction, la synthèse néo-classique était déductive). Les deux tendances traversent l'histoire de la discipline, actuellement l'induction a même plus la cote que la déduction je pense.

Ma ligne est plus celle du pluralisme: la théorie économique standard et l'histoire économique n'ont pas le même rôle, mais apportent une diversité intellectuelle appréciable.

Enfin, merci pour les messages sur mon retour.

CHAT0N_BARBARE
Niveau 10
12 juillet 2020 à 02:46:29

Le 11 juillet 2020 à 23:33:05 cobra35291 a écrit :
Je ne sais pas si cela veut dire grand chose "les modèles de la théorie standards". Entre les théoriciens de l'équilibre général (Walras, Debreu ou Arrow) et les auteurs de la nouvelle économie keynésienne (Blanchard, Summers, Tirole), il y a quand même des différences que l'on ne peut négliger. Les nouveaux keynésiens ont quand même réellement la volonté de faire des recommandations de politiques économiques. Il suffit de voir comment Tirole arrive à en faire de très nombreuses.

Walras, Debreu, Arrow, Marschall, etc, avaient également la prétention de préconiser à l'autorité publique quoi faire. Ils lui disaient de laisser faire le marché.

Quoi qu'il en soit je persiste et signe, l'ensemble des fonctions algébriques qui se juxtaposent maladroitement pour conduire à la construction d'une courbe d'offre croissante et d'une courbe de demande décroissante n'a aucune portée scientifique ni même herméneutique.

Ces grandes théories dogmatiques que sont la théorie de l'équilibre et la théorie des avantages comparatifs ne valent scientifiquement rien selon moi.
Le seul équilibre qui puisse exister est l'equilibre de la comptabilité nationale, qui peut-être intéressant d'apprendre en effet.

Après pour savoir si l'économie est une science ou pas, je trouve les débats globalement inintéressants et indécidables. Je ne suis pas certain non plus que la déduction soit inférieure à l'induction d'un point de vue scientifique ni même que l'on puisse associer à l'économie standard une de ces deux méthodes (Duflo, Piketty et les économistes expérimentaux font de l'induction, la synthèse néo-classique était déductive). Les deux tendances traversent l'histoire de la discipline, actuellement l'induction a même plus la cote que la déduction je pense.

J'ai confondu induction et déduction.
Les grandes théories de type loi de l'offre et de la demande, équilibre général, ou encore théorie des avantages comparatifs sont complémentement déductives.

L'induction (partir des données empiriques pour fonder une théorie) a mille fois plus de valeur que la déduction (partir de prémisses axiomatiques par lesquels on fonde un modèle théorique).
Le modèle déductif conduit à faire des interprétations erronées des données empiriques, et souvent à les tordre dans tous les sens pour les faire rentrer dans le modèle.

Toutefois je ne jette pas l'opprobre sur toutes les méthodes de modélisation. La modélisation statistiques qui s'appuie sur des régressions est intéressante ( si tant est qu'on travaille sur des données fiables et que les corrélations statistiques renvoient à des liens de causalités).

Ma ligne est plus celle du pluralisme: la théorie économique standard et l'histoire économique n'ont pas le même rôle, mais apportent une diversité intellectuelle appréciable.

L'économie ne peut se passer d'une recherche qualitative, ce qu'elle fait pourtant trop souvent. Et quand elle emprunte aux méthodes qualitatives on lui attribut plus généralement les labels de sociologie économique ou d'histoire économique.
Justement le volet qualitatif de la recherche permet de distinguer rapport de corrélation et rapport de causalité et d'eviter ainsi une sur-interprêtation des données.

BALAVOALLAHPSG
Niveau 6
12 juillet 2020 à 03:08:43

tu fais erreur je pense c'est une science sur le point de mourir, étudie l'IA

PaulAlexandre
Niveau 15
12 juillet 2020 à 18:14:50

Le 11 juillet 2020 à 20:47:20 CHAT0N_BARBARE a écrit :

La théorie semble apporter des réponses plus définitive que l'empirie

Franchement moi je pense que l'économie théorique n'a aucune substance scientifique et n'apporte aucune réponse, au contraire elle n'apporte que des problèmes insolubles.

Diantre je suis d'accord avec Chaton :hap:

La théorie économique c'est très sympa pour la culture, on peut briller en société quand on parle de Smith, on cerne mieux les intérêts politiques derrière certaines mesures économiques qui sont avant tout idéologiques avant d'être rationnelles, c'est très bien d'avoir une base théorique quand on étudie l'économie.

Mais il ne faut surtout pas rejeter les expériences empiriques et penser que "la théorie semble apporter des réponses plus définitive que l'empirique". Comme tu le dit l'économie a évolué depuis ces 30 dernières années, il y a désormais une méthodologie scientifique, de la mathématisation (au point qu'on parle d'économétrie) couplée à des travaux historiques, sociologiques, psychologiques etc. La très grande majorité des travaux scientifiques en économie sont désormais empiriques, il faut une validation par les pairs, de nombreuses études économiques portent sur la pauvreté et le développement des pays ou populations les plus fragiles.

Sinon je suis d'accord, il faut lire de tout, y compris (et surtout) ce avec quoi on est pas d'accord. Et pour "commencer" l'économie, éconoclaste est un très bon blog, le livre de Delaigue et Ménia "nos phobies économiques" est un bon condensé" (merci Xanloch :hap:), "Economie du bien commun" de Jean Tirole (prix nobel d'économie français) est aussi une bonne entrée en matière et accessible. Personnellement je te conseille aussi "le négationnisme économique" de Cahuc et Zylberberg mais là je vais pas me faire que des amis :noel:

1
Sujet : Comment étudier l'économie?
   Retour haut de page
Consulter la version web de cette page